Citations de Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil du Châtelet (18)
"Il faut commencer par se bien dire à soi-même et par se bien convaincre que nous n'avons rien à faire dans ce monde qu'à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables."
"Nous avons beau faire, l'amour-propre est toujours le mobile plus ou moins caché de nos actions; c'est le vent qui enfle les voiles, sans lequel le vaisseau n'iroit point"
J'ai dit que plus notre bonheur dépend de nous, et plus il est assuré ; et cependant la passion, qui peut nous donner de plus grands plaisirs et nous rendre le plus heureux, met entièrement notre bonheur dans la dépendance des autres : on voit bien que je veux parler de l'amour.
Cette passion est peut-être la seule qui puisse nous faire désirer de vivre, et nous engager à remercier l'auteur de la nature, quel qu'il soit, de nous avoir donné l'existence. Mylord Rochester a bien raison de dire que les dieux ont mis cette goutte céleste dans le calice de la vie pour nous donner le courage de la supporter :
Il faut aimer, c'est ce qui nous soutient :
Car sans l'amour, il est triste d'être un homme. [...]
C'est bien le cas de pratiquer le proverbe, "les plus courtes folies sont les meilleures" ; ce sont surtout les plus courts malheurs : car il y a des folies qui rendraient fort heureux, si elles duraient toute la vie ; il ne faut point rougir de s'être trompé ; il faut se guérir quoi qu'il en coûte, et surtout éviter la présence d'un objet qui ne peut que vous agiter, et vous faire perdre le fruit de vos réflexions : car chez les hommes la coquetterie survit à l'amour ; ils ne veulent perdre ni leur conquête ni leur victoire, et par mille coquetteries ils savent rallumer un feu mal éteint, et vous tenir dans un état d'incertitude aussi ridicule qu'insupportable. Il faut trancher dans le vif, il faut rompre sans retour ; il faut, dit M. de Richelieu, découdre l'amitié et déchirer l'amour.
L'amour de l'étude est de toutes les passions celle qui contribue le plus à notre bonheur.
J'ai dit que l'amour de l'étude était la passion la plus nécessaire à notre bonheur; c'est une ressource sûre contre les malheurs, c'est une source de plaisirs inépuisable, et Cicéron a bien raison de dire : Les plaisirs des sens et ceux du cœur sont, sans doute, au-dessus de ceux de l'étude; il n'est pas nécessaire d'étudier pour être heureux; mais il l'est peut-être de se sentir en soi cette ressource et cet appui.
Tâchons donc de nous bien porter, de n'avoir point de préjugés, d'avoir des passions, de les faire servir à notre bonheur, de remplacer nos passions par des goûts, de conserver précieusement nos illusions, d'être vertueux, de ne jamais nous repentir, d'éloigner de nous les idées tristes, et de ne jamais permettre à notre coeur de conserver une étincelle de goût pour quelqu'un dont le goût diminue et qui cesse de nous aimer. ... Enfin, songeons à cultiver le goût de l'étude, ce goût qui ne fait dépendre notre bonheur que de nous même. Préservons-nous de l'ambition, et surtout sachons bien ce que nous voulons être : décidons-nous sur la route que nous voulons prendre pour passer notre vie, et tâchons de la semer de fleurs.
Entre un XVIIe siècle réglé par le goût, la morale et la raison, et un XIXe siècle où éclatent les passions, les excès et les frustrations des rebelles romantiques, entre une pensée théologique fondée sur la toute-puissance de l'Eglise catholique et une pensée positiviste animée par une foi absolue dans le progrès et la science, le siècle des Lumières fait figure de transition.
Les gens heureux ne cherchent rien, et ne vont point avertir les autres de leur bonheur ; les malheureux sont intéressants, les gens heureux sont inconnus
Ce n'est la peine de vivre que pour avoir des sensations et des sentiments agréables ; et plus les sentiments agréables sont vifs, plus on est heureux.
Les passions ne font-elles pas plus de malheureux que d'heureux ? Je n'ai pas la balance nécessaire pour peser en général le bien et le mal qu'elles ont faits aux hommes ; mais il faut remarquer que les malheureux sont connus parce qu'ils ont besoin des autres, qu'ils aiment à raconter leurs malheurs, qu'ils y cherchent des remèdes et du soulagement. Les gens heureux ne cherchent rien, et ne vont point avertir les autres de leur bonheur ; les malheureux sont intéressants, les gens heureux sont inconnus.
On connaît donc bien plus l'amour par les malheurs qu'il cause, que par le bonheur souvent obscur qu'il répand sur la vie des hommes.
Mais supposons, pour un moment, que les passions fassent plus de malheureux que d'heureux, je dis qu'elles seraient encore à désirer, parce que c'est la condition sans laquelle on ne peut avoir de grands plaisirs ; or, ce n'est la peine de vivre que pour avoir des sensations et des sentiments agréables ; et plus les sentiments agréables sont vifs, plus on est heureux. Il est donc à désirer d'être susceptible de passions, et je le répète encore : n'en a pas qui veut.
Enfin, songeons à cultiver le goût de l'étude, ce goût qui ne fait dépendre notre bonheur que de nous-mêmes. Préservons-nous de l'ambition, et surtout sachons bien ce que nous voulons être ; décidons-nous sur la route que nous voulons prendre pour passer notre vie, et tâchons de la semer de fleurs.
tous les états ne sont pas susceptibles de la même espèce de bonheur. Je n'écris que pour ce qu'on appelle les gens du monde, c'est à dire ceux qui sont nés avec une fortune toute faite
Nous n'avons rien à faire dans ce monde qu'à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables.
Sachons bien que nous voulons être ; décidons-nous sur la route que nous voulons prendre pour passer notre vie, et tâchons de le semer de fleurs.
Notre âme veut être remuée par l'espérance ou la crainte; elle n'est heureuse que par les choses qui lui font sentir son existence.
La bonne philosophie... est la ferme persuasion que nous n'avons autre chose à faire dans ce monde que d'être heureux