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Citations de Gaston Miron (116)


un jour j'aurai dit oui à ma naissance
j'aurai du froment dans les yeux
je m'avancerai sur un sol, ému, ébloui
par la pureté de bête que soulève la neige
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J'AVANCE EN POÉSIE

LA CORNEILLE


Corneille, ma noire
corneille qui me saoules
opaque et envoûtante
venue pour posséder ta saison et ta descendance

Déjà l’été goûte un soleil de mûres
déjà tu conjoins en ton vol la terre et l’espace
au plus bas de l’air de même qu’en sa hauteur
et dans le profond des champs et des clôtures
s’éveille dans ton appel l’intimité prochaine
du grand corps brûlant de juillet

Corneille, ma noire
parmi l’avril friselis

Avec l’alcool des chaleurs nouvelles
la peau s’écarquille et tu me rends
bric-à-brac sur mon aire sauvage et fou braque
dans tous les coins et recoins de moi-même
j’ai mille animaux et plantes dans la tête
mon sang dans l’air remue comme une haleine

Corneille, ma noire
jusqu’en ma moelle

Tu me fais prendre la femme que j’aime
du même trébuchant et même
tragique croassement rauque et souverain
dans l’immémoriale et la réciproque
secousse des corps

Corneille, ma noire

p.150-151
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TÊTE DE CABOCHE

Une idée ça vrille et pousse
l'idée du champ dans l'épi de blé
au coeur des feuilles l'idée de l'arbre
qui va faire une forêt
et même, même
forcenée , l'idée du chiendent

c'est dans l'homme tenu
sa tourmente aiguisée
sa brave folie grimpante

non, ça n'déracine pas
ça fait à sa tête de travers
cette idée-là, bizarre ! qu'on a
tête de caboche , ô liberté.
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EN UNE SEULE PHRASE NOMBREUSE

Je demande pardon aux poètes que j'ai pillés
poètes de tous pays, de toutes époques,
je n'avais pas d'autres mots , d'autres écritures
que les vôtres, mais d'une façon, frères,
c'est un bien hommage à vous
car aujourd'hui, ici, entre nous , il y a
d'un homme à l'autre des mots qui sont
le propre fil conducteur de l'homme,
merci.
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Aujourd'hui sur la place publique qui murmure
j'entends la bête tourner dans nos pas
j'entends surgir dans le grand inconscient résineux
les tourbillons des abattis de nos colères.
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J'ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant
Il y a longtemps que je ne m'étais pas revu
me voici en moi comme un homme dans une maison
qui s'est faite en mon absence
je te salue, silence

je ne suis pas revenu pour revenir
je suis arrivé à ce qui commence
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La braise et l’humus

Rien n’est changé de mon destin ma mère mes camarades
le chagrin luit toujours d’une mouche à feu à l’autre
je suis taché de mon amour comme on est taché de sang
mon amour mon errance mes murs à perpétuité

un goût d’années d’humus aborde à mes lèvres
je suis malheureux plein ma carrure, je saccage
la rage que je suis, l’amertume que je suis
avec ce bœuf de douleurs qui souffle dans mes côtes

c’est moi maintenant mes yeux gris dans la braise
c’est mon cœur obus dans les champs de tourmente
c’est ma langue dans les étapes des nuits de ruche
c’est moi cet homme au galop d’âme et de poitrine

je vais mourir comme je n’ai pas voulu finir
mourir seul comme les eaux mortes au loin
dans les têtes flambées de ma tête, à la bouche
les mots corbeaux de poèmes qui croassent
je vais mourir vivant dans notre empois de mort
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L’été

Voici l’été de ton nom murmuré
le grand été vert tout autour de ta maison
et si doux quand glisse dessus ton regard
voici les miels de somnolence
à ton cou d’herbes folles
l’oubli collier de mésanges

je soufflais sur toi un vent de puits
alors tes yeux avouaient
leur beauté d’années-lumière
et sous ma main de parfaite innocence
naissait ton corps le parfait pays

voici l’été profond dans ton oreille
mais pour moi l’été cratère où tu n’es pas
le grand châle bleu de l’espace où mourir
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La noirceur d'ici qui gêne le soleil lui-même
me pénètre, invisible comme l'idiotie teigneuse
chaque jour dans ma vie reproduit le précédent
et je succombe sans jamais mourir tout à fait

celui qui n'a rien comme moi, comme plusieurs
marche depuis sa naissance, marche à l'errance
avec tout ce qui déraille et tout ce qui déboussole
dans son vague cerveau que l'agression embrume
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POUR RETROUVER LE MONDE ET L'AMOUR



Nous partirons de nuit pour l'aube des mystères

[…]

après le temps passé dans l'étrange et l'austère
on nous accueillera les bras dans la lumière
l'espace ayant livré des paumes du sommeil
la place des matins que nourrit le soleil
ô monde insoupçonné, uni, sans dissidence
te faisant échapper des cris d'incontinence
nouvelle-née, amour, nous n'aurons pas trahi
nous aurons retrouvé les rites d'aujourd'hui
le bonheur à l'affût dans les jours inventaires
notre maison paisible et les toits de nos frères
le passé, le présent, qui ne se voudront plus
les ennemis dressés que nous avons connus
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Foyer naturel

Ma belle folie crinière au vent
je m'abandonne à toi sur les chemins
avec les yeux magnifiques du hibou
jusque dans les fonds du mal monde
parce que moi le noir
moi le forcené
magnifique
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L’HOMME RAPAILLE
Influence 2. Quelque part ici



FAIT DIVERS

Il n'a pas fait vieux os
ses os ont blanchi la nuit

il n'avait que sa folie
vous lui avez tiré dessus

il s'est mis à s'tasser
il s'est mis à s'manger
on n'a jamais vu ça
un homme qui se mange
un homme debout qui s'insère
dans la fêlure de sa vie

hors du vivant, vivant
un homme que le monde enferme

il a compté, s'amenuisant
les coups de pied de son sang
s'est vu descendre
le nœud coulant glissait bien

adieu la visite
salut les caves

dispersez-vous
rentrez chez vous

p.49
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Parle-moi parle-moi de toi parle-moi de nous
j'ai le dos large et je t'emporterai dans mes bras
j'ai compris beaucoup de chose dans cette époque
les visages et les chagrins dans l'éloignement
la peur et l'angoisse et les périls de l'esprit
je te parlerai de nous de moi des camarades
et tu m'emporteras comblée dans le don de toi.
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Mon bel amour navigateur
mains ouvertes sur les songes
tu sais la carte de mon coeur
les jeux qui te prolongent
et la lumière chantée de ton âme
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Il fait nuit dans la neige même
Les maisons voyagent chacune pour soi...
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je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m'affale de tout mon long dans l'âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n'ai plus de visage pour l'amour
je n'ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m'assois par pitié de moi
j'ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n'attends pas à demain je t'attends
je n'attends pas la fin du monde je t'attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie


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et j'élève une voix parmi des voix contraires
sommes-nous sans appel de notre condition
sommes-nous sans appel à l'universel recours

hommes, souvenez-vous de vous en d'autres temps
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On a jamais vu ça
un homme qui se mange
un homme debout qui s'insère
dans la fêlure de sa vie
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MA DÉSOLÉE SEREINE

Ma désolée sereine
ma barricadée lointaine
ma poésie les yeux brûlés
tous les matins tu te lèves à cinq heures et demie
dans ma ville et les autres
avec nous par la main d'exister
tu es la reconnue de notre lancinance
ma méconnue à la cime
tu nous coules d'un monde à l'autre
toi aussi tu es une amante avec des bras
non n'aie pas peur petite avec nous
nous te protégeons dans nos puretés fangeuses
avec nos corps revendiqués beaux
et t'aime Olivier
l'ami des jours qu'il nous faut espérer
et même après le temps de l'amer
quand tout ne sera que mémento à la lisière des ciels
tu renaîtras toi petite
parmi les cendres
le long des gares nouvelles
dans notre petit destin
ma poésie le coeur heurté
ma poésie de cailloux chahutés
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Il n'est pas de tout repos d'être un homme libre et responsable...
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