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Citations de Gaston Miron (116)


je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m’affale de tout mon long dans l’âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n’ai plus de visage pour l’amour
je n’ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m’assois par pitié de moi
j’ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n’attends pas à demain
je t’attends
je n’attends pas la fin du monde je t’attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

(Extrait de La marche à l’amour)
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Parle-moi
  
  
  
  
Parle-moi parle-moi de toi parle-moi de nous
j’ai le dos large je t’emporterai dans mes bras
j’ai compris beaucoup de choses dans cette époque
les visages et les chagrins dans l’éloignement
la peur et l’angoisse et les périls de l’esprit
je te parlerai de nous de moi des camarades
et tu m’emporteras comblée dans le don de toi

jusque dans le bas-côté des choses
dans l’ombre la plus perdue à la frange
dans l’ordinaire rumeur de nos pas à pas
lorsque je rage butor de mauvaise foi
lorsque ton silence me cravache farouche
dans de grandes lévitations de bonheur
et dans quelques grandes déchirures
ainsi sommes-nous un couple
toi s’échappant de moi
moi s’échappant de toi
pour à nouveau nous confondre d’attirance
ainsi nous sommes ce couple ininterrompu
tour à tour désassemblé et réuni à jamais



(L’amour et le militant)
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SENTANT LA GLAISE



1

extrait 3

      C'est à voir
      l'homme
      le doigt dessus

      aujourd'hui je m'avance
      avec des preuves



      Les mots nous regardent
      ils nous demandent
      de partir avec eux
      jusqu'à perte de vue

      Le monde ne nous attend pas
      il a pris le large
      le monde ne attend plus
      l'avenir lui parle
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SENTANT LA GLAISE



1

extrait 2

Nous sommes dans nos cloisons
comme personne n'a d'idée là-dessus
sur un mur le corps s'imprime
les yeux se font soupiraux

les yeux voient par en dedans
à travers la tête éparse
monter le mercure de l'usure

mais je sais qu'elle y est
la lumière au recto des murs

elle travaille pour nous

un jour les murs auront mal
et ce qui adhère

nous verrons comment c'est dehors
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SENTANT LA GLAISE
1



extrait 1

Sentant la glaise
le sanglot
je m'avance ras
et gras, du pas
de l'escargot

à mon cou je porte
comme une amulette
un vertical néant

j'ai aussi, que j'ai
la vie comme black-out
sommeil blanc



C'est mon affaire
la terre et moi
flanc contre flanc

je prends sur moi
de ne pas mourir
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La vie agonique
ET L'AMOUR MÊME EST ATTEINT



extrait a

Dans l'envol d'un espace baigné d'eaux médiantes
dans le cours d'une nostalgie rauque et basse
recouverte et découverte par l’aile des saisons
mes yeux sont ancrés dans le sort du monde
mon amour je te cherche dans l'aboli toi
ô solitude de trille blanc dans le mai des bois
je veux te posséder en même temps que ma vie
mes gestes
sont pleins de blessures mes pleins poignets
de compassion


p.89
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La vie agonique
LA BATÈCHE



extrait 1

nous sommes nombreux silencieux raboteux rabotés
dans les brouillards de chagrin crus
à la peine à piquer du nez dans la souche des misères
un feu de mangeoire aux tripes
ô nous la tête, nous la tête
un peu perdue pour reprendre nos deux mains
ô nous pris de gel et d'extrême lassitude

la vie se consume dans la fatigue sans issue
la vie en sourdine et qui aime sa complainte
aux yeux d'angoisse travestie de confiance naïve
à la rétine d'eau pure dans la montagne natale
la vie toujours à l'orée de l'air
toujours à la ligne de flottaison de la conscience
au monde la poignée de porte arrachée

ah sonnez crevez sonnailles de vos entrailles
riez et sabrez à la coupe de vos privilèges
grands hommes, classe écran, qui avez fait de moi
le sous-homme, la grimace souffrante du cro-magnon
l'homme du cheap way, l'homme du cheap work
le damned Canuk

seulement les genoux seulement le ressaut pour dire

                                                                                             1954-58
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La vie agonique
SAUVE QUI PEUT



Chacun ses pas
dans ses pieds

chacun ses larmes
au large des yeux

chacun sa main
dans l'aumône

son mal de poudrerie
dans ses désirs

son mal de nébuleuse
dans ses pensées

au repas
chacun sa dent

chacun son cou
dans l'amour

chacun, chacun

chacun ses os
au cimetière

                         1954
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FÉLICITÉ

Félicité Angers que j’appelle, Félicité où es-tu?
toi de même tu n’as pas de maison ni de chaise
tu erres, aujourd’hui, tel que moi, hors de toi
et je m’enlace à toi dans cette pose ancienne

qu’est-ce qu’on ferait, nous, avec des mots
au point où nous en sommes, Félicité, hein?

toutes les femmes, Félicité, toutes encore
rien n’a changé comme en secret tu l’appelas”
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POUR RETROUVER LE MONDE
ET L'AMOUR


Nous partirons de nuit pour l'aube des mystères
et tu ne verras plus les maisons et les terres
et ne sachant plus rien des anciennes rancœurs
des détresses d'hier, des jungles de la peur
tu sauras en chemin tout ce que je te donne
tu seras comme moi celle qui s'abandonne

nous passerons très haut par-dessus les clameurs
et tu ne vivras plus de perfides rumeurs
et loin des profiteurs, des lieux de pestilence
tu entendras parler les mages du silence
alors tu connaîtras la musique à tes pas
et te revêtiront les neiges des sagas

nous ne serons pas seuls à faire le voyage
d'autres nous croiserons parmi les paysages
comme nous, invités à ce jour qui naîtra
nous devons les chérir d'un amour jamais las
eux aussi, révoltés, vivant dans les savanes
répondent à l'appel secret des caravanes…

p.37
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L'HOMME AGONIQUE


Jamais je n'ai fermé les yeux
malgré les vertiges sucrés des euphories
même quand mes yeux sentaient le roussi
ou en butte aux rafales montantes des chagrins

Car je trempe jusqu'à la moelle des os
jusqu'aux états d'osmose incandescents
dans la plus noire transparence de nos sommeils

Tapi au fond de moi tel le fin renard
alors je me résorbe en jeux, je mime et parade
ma vérité, le mal d'amour, et douleurs et joies
...

Mais je ne peux me déprendre du conglomérat
je suis le rouge-gorge de la forge
le mégot de survie, l'homme agonique

Un jour de grande détresse à son comble
je franchirai les tonnerres des désespoirs
je déposerai ma tête exsangue sur un meuble
ma tête grenade et déflagration
sans plus de vue je continuerai, j'irai
vers ma mort peuplée de rumeurs et d'éboulis
je retrouverai ma nue propriété

p.83-84
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VÉRITÉ IRRÉDUCTIBLE


Ô ton visage comme un nénuphar flottant
et le temps c’est le chœur des aulnes
à regretter continu sur des rives insensées

ton âme est quelque part
sur les collines de chair oubliée
et le temps c’est mon soulier
à creuser contre le ciel

à vivre mon angoisse poudrait
éclairait l’obscure arête de ma transparence
et le temps c’est ton visage à aimer blanc

dans cette ville qui m’a jeté ses mauvais sorts
là ton passage dure encore creuset de feu
et le temps c’est une ligne droite et mourante
de mon œil à l’inespéré

p.29
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Ce monde sans issue

Pleure un peu, pleure ta tête, ta tête de vie
dans le feu des épées de vent dans tes cheveux
parmi les éclats sourds de béton sur tes parois
ta longue et bonne tête de la journée
ta tête de pluie enseignante
et pelures
et callosités
ta tête de mort

et ne pouvant plus me réfugier en Solitude
ni remuer la braise dans le bris du silence
ni ouvrir la paupière ainsi
qu’'un départ d'’oiseau dans la savane
que je meure ici au cœoeur de la cible
au coeœur des hommes et des horaires
car il n'’y a plus un seul endroit
de la chair de solitude qu ne soit meurtri
même les mots que j’'invente
ont leur petite aigrette de chair bleuie

souvenirs, souvenirs, maison lente
un cours d’'eau me traverse
je sais, c’est la Nord de mon enfance
avec ses mains d’'obscure tendresse
qui voletaient sur mes épaules
ses mains de latitudes de plénitude

et mes vingt ans et quelques dérivent
au gré des avenirs mortes, mes nuques
dans le vide
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pas de temps pour le temps, le temps nous manque
faut ce qu’il faut: tirer juste, et juste à temps
à bout portant, partout et tout l’temps

(Extrait de Doublure d’un combat)
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Adieu la visite
Salut les caves

Dispersez-vous
Rentrez chez vous

(Extrait de Fait Divers)
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Quand je te retrouve
  
  
  
  
Quand je te retrouve après les camarades
le monde est agrandi de nos espoirs de nos paroles
et de nos actions prochaines dans la lutte
c’est alors de t’émouvoir que je suis enhardi
avec l’intensité des adieux désormais dénoués
et de l’aube recommencée sur l’autre versant
lorsque dans nos corps et autour
lorsque dans nos pensées emmêlées
lentement de sondes lentement de salive solaire
jonchés de flores caressés de bêtes brûlantes
secoués de fulgurants déplacements de galaxies
où des satellites balisent demain de plus de dieux
ainsi de te prendre dans le tumulte et l’immensité
lucide avec effervescence
tu me hâtes en toi consumant le manège du désir
et lors de l’incoercible rafale fabuleuse
du milieu de nous confondus sans confins
se lèvent et nous soulèvent
l’empan et le faîte de l’étreinte plus pressante
que la fatalité
noueuse et déliée, chair et verbe, espace
que nous formons largués l’un dans l’autre



(L’amour et le militant)
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Gaston Miron
Tout écrivain conscient de sa liberté et de sa responsabilité sait qu’il doit écrire souvent contre lui-même.
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La vie agonique
COMPAGNON DES AMÉRIQUES



extrait c

devant toute les litanies
               de chats-huants qui huent dans la lune
devant toutes les compromissions en peaux de vison
devant les héros de la bonne conscience
les émancipés malingres
               les insectes des belles manières
devant tous les commandeurs de ton exploitation
de ta chair à pavé
               de ta sueur à gages

mais donne la main à toutes les rencontres, pays
toi qui apparais
               par tous les chemins défoncés de ton histoire
aux hommes debout dans l'horizon de la justice
qui te saluent
salut à toi territoire de ma poésie
salut les hommes et les femmes
des pères et mères de l'aventure

p.102
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La vie agonique
COMPAGNON DES AMÉRIQUES



extrait b

mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi
et marche au rompt le cœur de tes écorces tendres
marche à l'arête de tes dures plaies d'érosion
marche à tes pas réveillés des sommeils d'ornières
et marche à ta force épissure des bras à ton sol

mais chante plus haut l'amour en moi, chante
je me ferai passion de ta face
je me ferai porteur des germes de ton espérance
veilleur, guetteur, coureur, haleur de ton avènement
un homme de ton réquisitoire
un homme de ta patience raboteuse et varlopeuse
un homme de ta commisération infinie
               l'homme artériel de tes gigues
dans le poitrail effervescent de tes poudreries
dans la grande artillerie de tes couleurs d'automne
dans tes hanches de montagnes
dans l'accord comète de tes plaines
dans l'artésienne vigueur de tes villes


p.101-102
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La vie agonique
COMPAGNON DES AMÉRIQUES



extrait a

Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d'haleine dans la touffe des vents
j'ai de toi la difficile et poignante présence
avec une large blessure d'espace au front
dans une vivante agonie de roseaux au visage

je parle avec les mots noueux de nos endurances
nous avons soif de toutes les eaux du monde
nous avons faim de toutes les terres du monde
dans la liberté criée de débris d'embâcle
nos feux de position s'allument vers le large
l'aïeule prière de nos doigts défaillante
la pauvreté luisant comme des fers à nos chevilles


p.101
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