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Citations de Geneviève Dormann (101)


Même si cela ne s'avoue guère, la femme qui épouse le fils qu'on préfère est toujours, pour sa mère une ennemie. Menteuse est celle qui dira le contraire. Normal : on abandonne pas de gaieté de cœur à une autre femelle un homme qu'on a tenu dans son ventre. C'est aussi pourquoi les jeunes filles préfèrent épouser des orphelins.
Ce qui agaçait Mme de Carnoët, c'était d'avoir été mise au pied du mur dans cette affaire, de n'avoir pas vu venir 'l'ennemie", de ne pas avoir eu la possibilité de la choisir comme un moindre mal. Qu'elle fût anglaise ne faisait qu'ajouter à l'inimitié viscérale de Françoise de Carnoët, une notion de fatalité historique. Ainsi Albion continuait à s'acharner sur la France. Non contente de lui avoir empoisonné l'existence depuis la nuit des temps, d'avoir brûlé Jeanne D'Arc, coulé ses bateaux, débarqué au Cap Malheureux pour voler l'Isle de France, voici qu'elle posait sa patte avide sur Yves de Carnoët. Et impossible, désormais, de clamer fièrement que jamais sang britannique ne s'était mêlé à celui de la famille.
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Ne sont-elles pas toutes, au fond d'elles-mêmes, des filles de shérif qui rêvent d'un cow-boy à la main ferme qui les arrache du sol, les jette en travers de sa selle et les emporte au grand galop, indifférent aux cris, aux petits poings qui tambourinent, aux pieds qui battent le crawl dans le vide puisqu'il sait que les cris, comme dans tous les westerns, se termineront en roucoulements et que la belle finira par s'accrocher à son cou, ne serait-ce que pour ne pas tomber du cheval au galop, ce qui fait très mal.
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Les cyclones qui balayent l'île depuis la nuit des temps ont donné à ses habitants un fatalisme qui exclut les gémissements. Dans un mois, les plantes auront repoussé, la mer à nouveau sera claire. Le cyclone sera passé. D'autres seront peut-être pires. Tous sont inévitables. A quoi bon se plaindre ? Rares sont les années épargnées. Un vieillard, à la fin de sa vie, en a vu passer au moins cent cinquante. Et Bénie se demande parfois si son flegme en face du malheur, sa faculté de rebondissement, son aptitude à effacer les chagrins, cet espoir indéracinable qui subsiste en elle au fond de la plus sombre détresse, si cela ne lui vient pas d'une longue hérédité cyclonique.
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A quoi de mieux peut servir une femme qu'à accueillir au plus chaud d'elle-même un ancien bébé qui a un peu froid?
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L'aimable Abel, qui jamais ne pleure, hurlait à en faire tomber les gargouilles.
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Car, bien entendu, elle ne veut le confier à personne, prétendant que la vivacité de son fils est plus grande que celle de sa grand-mère et de ses tantes réunies.
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Vous voulez peut être aussi que je le pende à un clou comme on faisait dans l'ancien temps? dit Sophie, acerbe.
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Cette tante Louise est une petite femme maigre et timide, très pieuse et toujours vêtue de noir. [...] Comme toutes les filles Le Normand, elle a été écrasée, dès son enfance, par la tyrannie de son père et les adversités la trouvent sans défense. Quand on lui parle un peu vivement, on dirait qu'elle va détaler comme une souris. Depuis trois ans, elle fond en larmes à tout propos et vit avec un mouchoir en permanence sous son nez rouge. C'est pourquoi ses deux enfants sont enchantés quand ils voient arriver leur cousine Sophie et leur tante Robin. La tristesse de la maison, soudain, s'envole.
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Que j'ai aimé ce livre , plein de vie et de courage et il en fallait pour vivre sous le régime de la terreur , et pourtant cette jeune fille pétillante , réussira à quitter sa ville natale et se retrouvera à Paris ou l 'amour et de nombreuses aventures l'attendent .Et qui aurait pu penser qu'elle deviendra un jour la mère d'un grand écrivain
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J'ai adoré cette saga historique. Le texte, les mots, le rythme des phrases... de vrais moments de plaisir. Cette histoire qui vous transporte dans le temps et dans l'espace est si bien écrite qu'on comprend facilement pourquoi elle a été primée en son temps. Je n'ai pas cité d'extrait : le choix serait trop difficile. Allez-y les yeux fermés... grands ouverts.
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Véréna, qui avait toujours détesté la campagne, aimait à la folie le Paris désert des longs week-ends d'été, quand les boulevards sans voitures prennent des airs de plages à marée basse. quand des chats baguenaudeurs s'étirent au milieu des rues et que toutes sortes de bruits exquis, inaudibles dans le tintamarre de la semaine, sont à nouveau perceptibles. Elle aimait entendre les cloches se répondre d'une église à l'autre, les chants d'oiseaux invisibles dans le feuillage épais des marronniers et même, par les fenêtres ouvertes des vieux immeubles, ces fragments de valses de Chopin que des pianistes malhabiles s'obstinent à déchiffrer.
Il y avait aussi les odeurs apaisantes de la ville abandonnée, celle de l'asphalte et de la pierre au soleil à laquelle se mêlaient l'haleine parfumée au champignon et à l'encens des soupiraux, les effluves désuets et troublants d'un tilleul en fleur ou d'un seringa d'un autre siècle oublié dans le jardin en friche d'un hôtel égaré entre deux résidences bétonneuses.
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Vous étiez le symbole du matérialisme, de l'étouffement administratif, vous étiez cette France de retraités précoces, de fonctionnaires, de petits-bourgeois pusillanimes, cette France assurée sociale qui promène ses idées courtes en chaussons à carreaux, cette France qui confond humanité et démagogie, qui matraque l'homme avec ses droits.
Vous étiez des militaires, nous étions des soldats. Vous aviez cette "odeur de réfectoire" dont parle si bien Alain, nous étions le vent du large. Vous étiez les bonnes sœurs racornies de mon enfance, les pères dont la suffisance est à la mesure de leur embuscade, les collèges grisâtres aux pupitres noirs ; nous nous efforcions d'êtres de joyeux, d'intacts sauvages. Vous étiez Louis-Philippe, nous étions Attila.
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Je me souviens que, pendant toute cette année 1967, j'ai vécu dans un état d'attente et d'impatience. Attente de quoi ? Impatience de quoi ? je n'en savais rien. Le désir des désirs. J'étais comme un océan transformé en lac et qui aurait la nostalgie de ses marées, de ses vagues et de ses tempêtes.
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- En tout cas, dis-je à Tony, quand je mourrai, je veux que tu jettes un Mickey sur mon cercueil. Jure-le.
Tony avait horreur de ce genre de plaisanterie.(...)
Pour le taquiner, j'ai insisté.
"Tu prétends m'aimer et tu refuses de faire ma dernière volonté !
- Tu m'embêtes, dit Tony. Pourquoi mourrais-tu avant moi, d'abord ?
- Par égoïsme. Pour que ce soit toi qui aies le chagrin.
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En grandissant, Matthias est devenu très bizarre. Long, mince et mou. A seize ans, on aurait dit qu'il avait du mal à porter sa carcasse. Il ne s'asseyait pas mais s'alanguissait, se renversait sur les fauteuils, les tables ou même par terre. Un garçon liquide.
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Ma grand'mère Martha ressemblait à ces femmes inaltérables dont les traits romains et la charpente solide ont toujours inspiré les sculpteurs pour symboliser les institutions et les grandes idées. Les ans et les coups du sort n'avaient pas altéré sa haute stature qui semblait devoir toujours dominer les pusillanimités en tout genre de cette vallée de larmes.
Le nez droit, la natte épaisse qui couronnait sa tête aux traits réguliers, la musculature puissante de son corps, on les trouvait, de pierre ou de bronze, sur les monuments et dans les squares. Martha Eschenbrenner aurait très bien pu brandir une palme de la main droite en soutenant un poilu défaillant de la main gauche. Ou cracher de l'eau, toute nue, au milieu d'un bassin, parmi des chevaux cabrés.
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Mais pas de danger qu'elle s'effondre ni même qu'elle se mette à pleurer ici, en pleine esplanade. Elle n'a pas été élevée dans ces idées-là. La grand'mère Martha était implacable à ce sujet : "On ne pleure pas n'importe où. Si tu as envie de pleurer, va aux cabinets." Elle y est souvent allée. En trente-deux ans, Verena Wäber a sangloté dans d'innombrables chiottes. Elle a connu les chagrins puants des cabinets de pensionnats, les chagrins chics des restaurants de luxe aux discrètes chasses d'eau azurées, elle a eu des chagrins campagnards, à la turque, et des chagrins cosmopolites d'aéroports que l'on paie modestement, à la sortie, par un penny ou un pfenning ou une roupie. De toute façon, le chagrin, c'est de la merde, pas autre chose. Pas mettre le pied dedans. Donc, Verena attendra pour pleurer. Si elle pleure.
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Quand tu fais la muette ,je sais ce que ça veut dire. Que je te bouscule là ou tu n'as pas du tout envie de l'etre. Tu m'entends mais ton cœur entend autre chose que tu n'oses me dire.
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Il est devenu sans age ,une sorte de bébé vieilli qui ne manque pas d'une certaine sagesse.Il est libre dans sa tete.
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Ses doigts s'apprivoisent peu à peu ,retrouvent le fil du chant ,noires liées ,croches enlevées ou appuyées .Avec des hésitations ,ils réapprennent à détacher la voilure de la mélodie qui s'appuie sur une broderie de triolets en main droite et des octaves affirmés en main gauche
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