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Citations de Geneviève Dormann (101)


Le pire, c'est la peur. Si, dans la maison froide de la rue Sainte-Croix, grelottent Sophie, sa tante et Julie, c'est d'effroi plus que de froid. La ville entière tremble de peur. Le tocsin des cloches sonne la peur et c'est la peur que battent les tambours.
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Elle refuse qu'on pose l'enfant dans le berceau accolé à son lit. Elle sent, elle sait qu'il ne faut pas l'éloigner d'elle une seconde.
(...) Elle pose le bébé contre sa peau. Dieu, qu'il est petit ! Il tient tout entier, si léger, dans les deux mains de sa mère.
(...) Mille fois , dans la nuit, elle contrôle le souffle imperceptible, la caresse de ses lèvres, de sa langue, l'adjurant de vivre.
Pas un tressaillement, pas une crispation de l'enfant ne lui échappe. (...) Victor, dit-elle, mon petit Fanneau.
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Elle a conservé, des croyances et des rites qui lui viennent de son enfance paysanne.(...) Elle ne supporte pas de voir le pain posé à l'envers sur une table, signe évident que, quelque part, un bateau coule. Elle disperse du sel brut pour conjurer les sorts contraires. Quand le jeune oncle Louis est mort, elle a insisté pour qu'on voilât de noir les ruches des abeilles , qu'on arrêtât les pendules et qu'on retournât les miroirs.
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Les roses nous survivent, dit Fanneau. Planter un rosier, c'est peut-être
l'entreprise humaine la plus importante. Nous nous y emploierons, si tu le veux bien. Des roses, partout par milliers. Un champ de roses.
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Dieu que ce Paris ressemble peu à ce qu'elle en a imaginé ! Cette ville immense, bruyante, tourbillonnante, cette foule, ce mouvement incessant des fiacres, des charrettes, des tombereaux, des calèches et des cabriolets (...) Et ce vacarme qui cesse à peine la nuit, ces hurlements, ces cris des marchands d'herbes, de fruits, d'eau, de balais, de sable. Ce tintamarre des attelages qui se heurtent, s'accrochent dans les rues étroites, s'agglutinent en d'inextricables agglomérats d'où fusent jurons, invectives et claquements de fouet. Et cette saleté, cette boue qui gicle de partout dès qu'il pleut, rend les pavés glissants, mortels.
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Elle vagabonde dans les forêts avoisinantes, avec des enfants de son âge. On cueille des fleurs et des fraises des bois. On attrape des papillons. (...)
On pêche des carpes dans les étangs et des écrevisses dans les rivières (...)
On se roule dans la paille des granges, on barbote dans le grain sous les hangars des moulins. (...) Sophie rentre le soir, fourbue, les joues roses, de la paille dans les cheveux.
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La citoyenne Joséphine Bouonaparté et son amie Thérézia Cabarrus, qui est la femme de Tallien et la maîtresse du citoyen Barras, ne savent pas quoi inventer pour se faire remarquer. Elles se promènent déguisées en courtisanes de Pompéi, avec de longues robes fluides et transparentes, des cothurnes, des anneaux aux chevilles, des bagues aux doigts de pieds et d'invraisemblables perruques blondes.
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Il n'y a rien de plus troublé, de plus malheureux qu'une jolie fille de vingt-cinq ans, privée de galant. Sophie n'échappait pas à la règle. Elle se trouvait vieille et se comparait aux salades négligées qui montent en graine, durcissent et se décolorent.
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Elle y a vu la Brinvilliers et la Voisin décapitées, partir en fumée. Et des coquins pendus. Et des gentilhommes hachés menu. Et des criminels écartelés.. Elle a montré à Sophie l'emplacement du bûcher où hérétiques, sorciers et juifs relaps grillaient, tandis que la foule accourait., huant les condamnés. "Il en venait, il en venait, ma fille, les toits étaient noirs de monde !" Parfois, on frottait les pieds du condamné avec du lard pour qu'ils s'enflamment plus vite. Ou bien on l'enduisait de souffre. Ou encore on lui arrachait au cou un sachet de poudre à canon qui le faisait exploser dans les flammes. Et la vieille édentée sourit, évoquait les beaux jours enfuis. Il y en avait du joyeux monde et le commerce allait bon train.
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Bocage et marais se soulèvent. On se rassemble, par paroisses et par régions. Les rustres en sabots se heurtent aux soldats de la Nation, qu'ils appellent les "Bleus" à cause de la couleur de leur vareuse ou encore les "Patauds" car leur ignorance du terrain les rend malhabiles.
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Les premiers marquoirs étaient des morceaux d'étoffe sur lesquels on répertoriait des exemples de points de couture et de broderie pour les garder en mémoire. Dans les pays anglo-saxons, on les appelait samplers (du latin exemplum = exemple).
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Ce qui fait l'intérêt du Chemin des dames, c'est premièrement l'autorité du style et c'est deuxièmement la même chose. La rapidité, le raccourci. On a affaire à la postérité de Morand, à l'école de Nimier. A beaucoup de parti pris. A un cynisme qui exagère, mais qui, en même temps, purifie. A un humour qui fait du bien. A un mariage assez curieux de romantisme et de lucidité. Un certain goût des "enfants tristes", du plaisir d'être malheureux ; un besoin d'absolu qui se venge de son échec par l'ironie, la poésie, la sincérité agressive. Une férocité, une tendresse. Une générosité cachée. Un grand dégoût de la platitude. Un document sur une époque, sur un milieu et sur une mode du sentiment. Alexandre Vialatte .
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Le chagrin est un méchant animal qu'il faut tenir en laisse courte pour éviter de se faire dévorer. Caroline ne cesse de le tenir en lisière mais, parfois, l'animal lui échappe et lui plante, à l'improviste, ses crocs dans le cœur. Le chagrin est ce qu'elle déteste le plus au monde et depuis toujours, plus encore que la peau du lait, les ploucs qui veulent se faire bourgeois, les sports d'hiver ou la toile de Jouy. Et qu'on ne vienne pas lui dire que personne n'aime le chagrin. Taisez-vous donc ! Il n'y a qu'à voir comme les gens se drapent dedans, s'en parent, s'en glorifient, le brandissant avec délectation. Comme si le chagrin était honorable ! La pire des crapules est innocentée au nom du chagrin. Elle a beaucoup souffert, pensez...
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Elle découvrait, trop tard, à quel point elle tenait aux moindres plantes de ces landes sauvages qu'Auguste avait vendues. Vendues ! Par la bêtise de cet homme, il lui semblait qu'elle avait perdu les scintillantes fleurs jaunes de la roquette, les églantines entrelacées aux ronces, les prunelles violettes, les mûres de septembre, les aubépines de mai, les grandes valérianes pourpres qui se haussent du col au revers des talus. Adieu, les lys de mer et les étoiles bleues de la bourrache ! Adieu, jacinthes des bois, bruyères vagabondes et rosiers pimprenelles ! Adieu, daturas et belladones ! Adieu, statices et joncs marins ! Adieu, les bouillons-blancs aux feuilles de velours, douces comme des oreilles de lapin ! Tiens, ce mot "lapin", si maudit, si honni des marins à qui il porte tant la poisse qu'ils n'osent le prononcer et ne désignent la bête que par "l'animal aux longues oreilles", ce mot, elle allait l'employer jusqu'au vertige, jusqu'en enfer ! Lapin ! Lapin ! Lapin ! Et que coulent tous les bateaux achetés traitreusement avec le sang des îles !
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- Tu as fait ça ? Tu as osé me faire ça ? Et sans me dire ? Tu as vendu sous-Bretagne et la Gênetaie ?
Avait suivi un flot de vilaines choses. Auguste s'était entendu traiter de sabot pourri, de congre enragé, de maudit calfat. Pour finir, Lazélie, les yeux étincelants de colère, lui avait promis que jamais, jamais plus, elle ne lui parlerait. Il allait le payer cher, son bateau neuf ! Elle n'aurait pas assez de toute sa vie pour le lui faire payer !
Toucher aux terres, s'en défaire, c'était, pour cette paysanne de souche, pire que de la mutiler elle-même. Surtout Chausey ! Ces îles, elle les avait dans le cœur et dans la peau depuis sa petite enfance. Elle était fière d'en posséder les quelques arpents qui lui étaient venus en épousant Auguste Cheviré. Peut-être même était-ce, en partie, parce qu'il était légalement propriétaire d'un morceau des îles qu'Auguste l'avait séduite, autrefois et qu'elle avait accepté de partager sa vie. (...) Et voilà que cette vente sournoise la rejetait de son royaume et la laissait dépossédée, étrangère à nouveau et désemparée comme ces barques brisées qu'on laisse pourrir au fond des anses.
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De l'âge bête à la fin de l'adolescence, il n'est pas de fille qui ne possède une "meilleure amie" à qui l'on ne cache rien, une oreille attentive, une personne du même âge avec qui l'on peut partager les fous rires et les larmes, les bonheurs et les indignations. On la trimbale partout, on la brandit, on ne peut s'en passer. Elle succède à l'ours en peluche de la petite enfance. Elle est l'intermédiaire entre les parents, les frères et sœurs à qui l'on ne peut tout dire et les autres, les étrangers innombrables d'un monde trop vaste pour ne pas être inquiétant.
Cette meilleure amie est une confidente, une suivante, une subalterne de toute façon, quelquefois un repoussoir, au mieux un faire-valoir. C'est une oreille attentive, complice, c'est aussi un conseil. Elle est ce qu'Œnone est à Phèdre ou Phénice pour Bérénice. Malléable, patiente, un peu maso, modeste, elle peut, à l'occasion, servir de punchingball, de passe-nerfs. Sa docilité et sa capacité d'admiration président à son élection mais peuvent, aussi, déterminer son éviction.
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C'est à Granville, ce port de pêche blotti dans le cou du Cotentin, que les Cheviré ont fait souche à la fin du siècle dernier. Tous liés à la mer. Tous la maudissant et l'aimant à la folie, incapables de s'en éloigner. Et tous amoureux de cet archipel des Chausey qu'on aperçoit, par beau temps, des falaises de Granville avec sa maîtresse île allongée sur l'horizon, parmi ses îlots, comme une chatte parmi ses petits.
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Ce qui le trouble aussi, c'est le temps qu'il met à s'attacher à chaque nouvel enfant. Il lui faut, pour cela, des semaines et même des mois. Il aimerait s'attendrir immédiatement sur le nouveau-né ou comme on le lit dans les livres ou comme on le voit dans les films, se sentir soulevé par une vague d'amour à sa vue, au lieu de quoi le bébé à l'arrivée ne lui semble qu'une petite larve étrangère, vaguement usurpatrice et il se demande même comment Caroline peut, si vite roucouler sur la créature, la lécher, la humer, complètement captivée par elle, par son moindre souffle, sa plus légère grimace. A chaque fois, il l'a vue ainsi, illuminée, transportée d'admiration pour le minuscule enfant qu'elle proclame, à chaque fois, superbe, même quand lui, Sylvain, le trouve très vilain. Son fils Thomas, par exemple, lui était apparu comme un croisement regrettable de Galabru et de la mère Denis.
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– Est-ce qu'on a pu prévenir ton père, au moins ?
A quoi Bénie, de sa voix la plus sèche, avait répondu :
– Oh, vous savez, ma grand' mère avait tout de même quatre-vingt-huit ans. Quant à mon père, vous êtes au courant sans doute, il vit heureux avec sa maîtresse à Tahiti et je crois bien qu'il nous a tous oubliés. Pourquoi l'inquiéter ? De toute manière, cela ne ressusciterait pas sa mère.
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La belle maison de l'Hermione avait été construite en 1837 sur des terres achetées par l'ancêtre Hervé de Carnoët, avec l'argent reçu comme indemnité, après l'abolition de l'esclavage.
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