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Critiques de George Berkeley (6)
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Principes de la connaissance humaine

La thèse de l'auteur est, bien évidemment, plus subtile que ce que l'on en a fait : il ne nie pas l'existence du "monde réel", mais plutôt, que si la matière est la substance - le support d'accidents, de qualités ou d'attributs -, la matière (en tant que materia secunda des scolastiques, donc) "n'existe" pas, car nous ne connaissons jamais sa "réalité" ontologique, mais, plutôt, nos perceptions sensorielles, "filtrées" par notre mental et donc, "le réel n'existe pas", non dans le sens où sa réalité objective est niée, mais plutôt que, puisque ne nous ne pouvons jamais connaître les propriétés et qualités des objets, qui différent selon l'observation subjective (étendue, couleurs, ...), nous ne connaissons jamais leur réalité - donc "elle n'existe pas" dans le sens du sujet pensant (subjectif).



Il "radicalise" le point de vue de John Locke (en niant même la légitimité ontologique de ses "qualités premières"), sera lui-même radicalisé par David Hume (qui amène sa vulgate à son terme logique, niant le rapport de causalité et l'induction, et donc la consistance du "moi" percevant et de toute théologie ou métaphysique... plus de Dieu ou de miracles pour l’évêque !) et, plus tard, aura ses théories tempérées par Emmanuel Kant (son "esthétique transcendantale" donnera, par exemple, une importance séminale - littéralement - au monde externe, celui ciselé par l'espace et le temps, comme source de notre propre "self-cognition").



Il serait bien sûr aussi intéressant de faire des rapprochements entre notre auteur et les théories du bouddhisme mahayana cittamatra ("esprit-seulement"), un "idéalisme subjectif" fomenté dans l'Inde du Gandhara (actuel Pakistan) du quatre et cinquième siècles de notre ère - soit un peu plus d'un millénaire avant notre évêque -, par les demi-frères Asanga et Vasubandhu (entre autres), mais cela est une autre histoire.



Un autre point primordial qu'on pourrait rapporter est sa critique du temps et espace absolus de la mécanique newtonienne, prédominante à son époque, et ce jusqu'à assez récemment : c'est que, dans le paradigme berkleyien, "l'absolu" perçu est "relatif" au sujet pensant (ou "observateur") - et, bien sûr, cela annonce les résultats de la physique moderne (théorie de la relativité générale d'Albert Einstein, ...)
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Principes de la connaissance humaine

Les idées, pour Berkeley, se divisent entre les imaginations et les perceptions. Rien n'interdit en effet de penser, puisque nous ne percevons la réalité que par les sens, que nos perceptions ne soient que fabriquées par une puissance extérieure que l'on nommerait, par exemple, Dieu, ou lois de la Nature, si cela fait plaisir. le réel n'est donc que le contenu d'une perception. De même, si l'on insiste, on appellera "chose" l'idée (la perception) de ce qui nous semble unitaire hors de nous, les vêtements par exemple.



C'est là que se pose un petit problème : si Berkeley ne connaît le monde que par ses perceptions, qu'est-ce qui l'autorise à demander l'avis des uns et des autres, à dire "nous" et à supposer d'autres intelligences que la sienne ? La question est finalement inopportune ; le texte ne pose aucunement la manière dont l'être humain accède à la connaissance, mais plutôt celle dont Dieu crée le monde, où l'être humain n'est qu'une des créatures dépendante de son démiurge et absolument pas libre de quoi que ce soit. Par ailleurs, puisque Berkeley dit "nous", accepte les appellations "chose", "lois de la Nature" et ne voit pas d'inconvénient à ce que l'être humain continue de les rechercher, sa conception du monde redevient très classique : Dieu a créé le monde et nous y sommes, à devoir l'appréhender par l'intermédiaire de nos perceptions. La solution ne se justifie plus que pour contourner la difficulté du lien entre la réalité et l'intériorité : on ne compare les idées qu'avec des idées, écrit-il.



Il ne reste que la disparition de la notion de substance pour les choses extérieures et l'affirmation de l'existence du "je", intelligence capable de volonté, de penser et de percevoir et non réductible à une "idée" (imagination ou perception). On est ici beaucoup plus loin que Locke, à l'opposé de Hobbes et de Hume (qu'il rejoint cependant sur le refus des idées abstraites) ; et finalement, par l'insistance sur la volonté, le sujet pensant et l'idée de ce Dieu manipulateur, assez proche de Descartes. Ce qui les différencie cependant, c'est que Descartes a levé le doute et placé l'individu au centre du monde, là où Berkeley conserve la main de Dieu, comme celle d'un marionnettiste derrière ou au-dessus de lui, comme chez Leibniz, pour le diriger comme bon lui semble. La connaissance humaine passe donc toujours par la connaissance et la volonté de Dieu.



Le texte est par ailleurs très rébarbatif malgré sa briéveté : incessants allers et retours, réflexion continûment rallongée et non synthétique ; Berkeley fait systématiquement les questions et les réponses (on me dira que, je réponds que, vous insisterez et direz que, je répondrai que...) ; il est de plus très agressif dans son expression (les philosophes ne comprennent rien, il est évident que, il ne faut pas beaucoup penser pour...). Enfin, il est très agaçant de lire sans arrêt des "si l'on tient que...", "que l'on me dise que et je retire mes cartes...", etc. surtout quand après cent trente pages, on trouve un "si l'on considère que l'ensemble de la création est l'oeuvre d'un agent sage et bon..." qui est la thèse centrale, jamais remise en cause, et que l'on aurait aimé trouver en début de texte et discutée avec un peu plus de profondeur, plutôt que glissée par une politesse feinte et comme s'il s'agissait de tout remettre en cause à quarante pages de la fin. Finalement, on a envie de lui demander s'il tient un salon ou s'il écrit un livre, et s'il est sincère dans sa croyance que tout n'est que perception puisqu'il s'adresse incessamment à son lecteur (qui, en plus, est absent...).
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Trois dialogues entre Hylas et Philonous

Un ouvrage qui peut faire partie d'une culture philosophique, mais dont la lecture n'est pas facile, tant les raisonnements sont serrés et parfois répétitifs.

En deux mots : seul ce qui est perçu existe, ce qui est perçu nous est accessible sous forme d'idées, seules les idées existent. Nous ne connaissons le monde qu'au travers des idées, le monde matériel n'a pas d'existence réelle. La matière, inerte, ne peut pas être la source des nos idées. Les idées ont seules, une existence réelle. C'est la théorie radicale de l'immatérialisme.

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Principes de la connaissance humaine

Berkeley est l’un des premiers à avoir assumé l’idéalisme moderne – sans le nommer, toutefois. Son idéalisme est, comme on le dirait aujourd’hui, « subjectif » : les idées consisteraient à être perçues, et toute perception est interne à l’esprit idéalisant. Une telle idéalisation n’a rien à voir avec l’abstraction : Berkeley prend bien son temps pour critiquer l’abstraction, qui consiste au contraire à poser des idées à « l’extérieur », c’est-à-dire des substances séparées. Cet extérieur est d’ailleurs, selon Berkeley, tout à fait inutile pour l’inférence, puisque la cognition humaine peut bien s’effectuer sans référence au caractère soi-disant séparé de ces idées. A ce titre, l’utilisation du mot « idée » est intéressante, car elle va à la fois contre et avec Platon : contre, car il s’agit de toute évidence d’un empirisme radical (si radical qu’il en devient idéaliste) qui réduit l’idée au sensible ; pour, car Berkeley pose toute la réalité dans l’idée, bien que celle-ci soit interne à l’esprit. Les idées sont passives, l’intelligence est active. Voilà une formule de l’idéalisme subjectif et pointe un aspect important : il s’agit davantage de s’intéresser aux similitudes des sens, sans en abuser, qu’aux causalités illusoirement réalistes.



On s’aperçoit que la critique kantienne de l’empirisme doit beaucoup à des auteurs comme Berkeley. En outre, le kantisme ne serait-il pas la « correction » de l’idéalisme subjectif en idéalisme transcendantal ? L’essai est globalement écrit dans un style accessible mais il ne sera pas possible de le saisir sans un minimum de culture. Conformément à une tradition empiriste, Berkeley annonce ne pas vouloir tomber dans des chimères verbeuses, mais prend malgré cela du temps pour établir les nuances conceptuelles nécessaires. On notera une argumentation à la qualité variable : les réponses aux objections sont souvent pertinentes, mais certains propos sont tenus trop rapidement ou polémiquement. On note également que Berkeley a un rapport relativement sceptique aux sciences comme les mathématiques, et passe parfois à coté de certains aspects importants à leur propos.
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Principes de la connaissance humaine

Comme l'indique le titre, ce livre pose la question de la connaissance humaine: que peut-on connaître et comment? Il recouvre aussi plusieurs domaines d'étude parmi tout ce qui peut être l'objet d'une connaissance.

La thèse de Berkeley est qu'on ne peut connaître que ce qu'on peut percevoir, tout ce qui hors du sensible n'est donc pas objet de connaissance et n'existe donc pas. Cette thèse est assez originale, mais pose néanmoins de nombreux problèmes. À lire, bien sûr.
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Principes de la connaissance humaine

Berkeley, en son époque, arrive à soutenir la thèse de l’inexistence de la matière. L’idée d’une chose n’est rien d’autre que la perception de celle-ci : ce à quoi l’on donne de l’existence, n’est rien d’autre que ce qui est perçu, « être c’est être perçu », et rien de ce que l’on pourra dire exister ne sera pas en même temps perçu. Mais cette définition, si elle bien valable pour qui est omniscient, Dieu par exemple, ne l’est pas pour l’Homme. De ce qu’un être naît sourd, suivrait-il que le son n’existe pas ? La définition de l’être de Berkeley, qui, dans sa forme longue donne « être c’est percevoir, ou être perçu, ou vouloir, c’est à dire agir » s’écarte du langage humain et son usage par celui-ci est donc impropre.



Néanmoins, le pas considérable de côté qui est fait par Berkeley et la force de son argumentaire pousse à la réflexion, même si celle-ci, au malheur peut-être de Berkeley, doit chercher un raisonnement à sa hauteur pour le contredire.
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