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Citations de Georges Minois (263)


Au cours de la quarantaine d’années de son existence (1627-1666), la Compagnie du Saint-Sacrement a accumulé contre elle une multitude d’inimitiés, d’accusations, voire de haines, dans tous les milieux : bas clergé menacé par ses attaques contre les désordres et l’indiscipline des clercs, haut clergé, l’épiscopat en particulier, qui ne supporte pas de se voir concurrencé sur le terrain de l’autorité spirituelle par un groupe occulte qui échappe à son contrôle, monde ouvrier, dont les organisations de compagnonnage sont poursuivies sans relâche, monde paysan, choqué de voir ses « superstitions » contestées, noblesse, furieuse de voir son code d’honneur remis en cause notamment dans la pratique du duel, pouvoir politique, qui craint la constitution d’une sorte d’État dans l’État d’autant plus dangereux et suspect qu’il est secret et bénéficie de puissants appuis. Et globalement il y a dans l’immense majorité de la population un refus de se voir imposer un genre de vie d’une extrême austérité, rejetant plaisirs et divertissements : plus de tabac, plus d’alcool, plus de carnaval, plus de théâtre, plus de danse, plus de décolletés, plus de jurements, plus de sexe, sauf dans un but strictement procréatif et excluant toute jouissance, sur le mode de ce que les puritains ont tenté d’imposer en Angleterre avec Cromwell. Les catholiques français supportent une religion souple, avec ses rites et ses fêtes, ses multiples accommodements avec les passions humaines ; ils refusent le carcan d’un ordre moral que voudrait mettre en place le Saint-Sacrement.

Chapitre IX. La mort lente de la cabale
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Cette fois, la cause est entendue aux yeux des dévots : Molière est un athée. C’est bien ce que déclare le prince de Conti à l’égard de son ancien condisciple chez les jésuites. Il exprime là l’avis général de la Compagnie du Saint-Sacrement. Mais nous sommes en 1665-1666, et cette dernière a d’autres problèmes. Suspectée, recherchée, dénoncée, pourchassée, elle vit ses dernières heures. Par ses méthodes aussi bien que par ses objectifs, elle s’est rendue odieuse : « Le monde était si déchaîné contre les dévots qu’on n’osait parler et recommander une bonne action qu’à ses amis fort particuliers », écrit d’Argenson dans ses Annales. Le pouvoir politique ne peut tolérer plus longtemps cette société secrète, et il peut compter sur la coopération des sujets, qui rejettent massivement le projet d’une société austère interdisant toute forme de divertissement.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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L’École des femmes conduit au Tartuffe, et le Tartuffe conduit à Don Juan, dans un crescendo antidévot. D’une parodie supposée d’un sermon et d’une banale équivoque grivoise on passe à l’hypocrisie des faux dévots et des directeurs de conscience, et de là à une attaque frontale contre la foi religieuse. Les dévots du Saint-Sacrement ne s’y trompent pas.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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D’une part, Molière est accusé d’avoir fait une parodie de sermon, et même une parodie des dix commandements, avec les recommandations d’Arnolphe à Agnès et la liste des Maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée (III, 2). D’autre part, on lui reproche l’équivoque obscène du « Le », à propos duquel Conti écrit qu’« il n’y a rien de plus scandaleux que la cinquième scène du second acte de L’École des femmes », dans l’édition de 1666 de son Traité de la comédie. Rappelons l’objet du délit : Arnolphe interroge la naïve Agnès sur ce qui s’est passé entre elle et son amoureux, Horace. Agnès avoue candidement qu’il lui a fait la cour, qu’il lui a baisé les mains et les bras. « Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelqu’autre chose ? » Honteuse, Agnès hésite, et Arnolphe s’attend au pire : « – Hé, il m’a … – Quoi ? – Pris… – Hé ? – Le… » En fait, il s’agit d’un simple ruban, mais comme Arnolphe les spectateurs s’attendent à tout autre chose. À quoi exactement ? Car il est remarquable que de tous les dévots détracteurs de Molière, qui parlent, comme Bossuet, de cette « équivoque la plus grossière », pas un seul n’a précisé le sous- entendu. Et jusqu’à aujourd’hui même tous les commentateurs et critiques littéraires parlent du fameux « Le » comme d’une évidente équivoque obscène sans jamais nous dire clairement quel mot serait supposé suivre ces deux lettres. Horace lui aurait donc pris « Le » quoi, au juste ? Inutile d’attendre un terme grossier, pas plus qu’un terme savant, dont la naïve Agnès ignore jusqu’à l’existence ; alors quoi ?

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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(...) ce « démon vêtu de chair et habillé en homme », comme l’abbé Roullé qualifie Molière, est l’objet de la haine des dévots, qui se vengeront en lui refusant les derniers sacrements, ce qui était lui ouvrir les portes de l’enfer. On connaît l’infâme épisode. Lorsque Molière est victime d’un malaise en jouant Le Malade imaginaire le 17 février 1673, les prêtres tiennent leur vengeance. Quand un valet et une servante courent les chercher à la paroisse Saint-Eustache, les deux présents, les abbés Lenfant et Lechat, « refusèrent plusieurs fois de venir », dit Armande Béjart. On réussit à en trouver un troisième, l’abbé Paysant, mais il arrive trop tard : « toutes ces allées et venues tardèrent plus d’une heure et demie, pendant lequel temps le sieur Molière décéda. » Le clergé pousse délibérément et en toute connaissance de cause Molière en enfer.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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« Molière est un des plus dangereux ennemis que le démon ait suscité aux bonnes mœurs ; son poison, tantôt subtil, tantôt grossier, s’insinue à la faveur de ses agrémens, et si les portes de l’enfer pouvoient prévaloir contre la morale du christianisme, ce seroit à Molière à qui l’on en auroit l’obligation », écrit Losme de Montchesnay dans une lettre à Boileau.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Pour Molière, ce sont toutes les croyances religieuses qui sont des « tartufferies ». Il le dit de façon voilée non seulement dans Don Juan, mais aussi dans Les Amants magnifiques, où, derrière l’imposture de l’astrologie, c’est bien celle de la théologie chrétienne qui est visée par des expressions comme « faire vivre éternellement », « savoir tous les secrets de l’avenir », « commander aux démons ». Et dans Amphitryon, c’est bien le dieu chrétien qui se cache derrière le « tyrannique » Jupiter, qui « nous promet l’infaillible bonheur », car « chez vous il doit naître un fils d’un très grand cœur. » Arrêtons ces délires, dit Molière : tout cela est très bien,

" Mais enfin coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire. Sur telles affaires toujours, Le meilleur est de ne rien dire. "

Il n’est donc pas surprenant que Molière soit devenu la bête noire des dévots. Car si beaucoup de libertins érudits vont plus loin que lui dans l’athéisme, leur discrétion et le caractère confidentiel de leurs œuvres les mettent à l’abri des poursuites, alors que Molière met tout cela en scène, il en fait un spectacle, qui touche toutes les catégories sociales. Le théâtre est le grand média du xviie siècle, propageant les débats dans un large public.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Quand on sait que Molière est un familier de Le Vayer, avec qui il a de fréquentes conversations et dont il possède les œuvres complètes dans sa bibliothèque, on ne peut s’empêcher de penser qu’il partage ses idées, ou du moins qu’il en est fortement influencé. Sans doute n’est-il pas athée, mais plusieurs indices laissent penser que ses convictions religieuses sont à la fois très floues et fort tièdes.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Parmi ses amis, il en est un dont l’influence a été sous-estimée, c’est François de La Mothe Le Vayer (1588-1672). Ancien juriste, ayant abandonné le droit pour se livrer librement aux études, c’est un des grands érudits du siècle, auteur d’ouvrages pédagogiques, politiques et moraux, dont les principaux titres sont assez évocateurs : De la Philosophie sceptique, Le Banquet sceptique, Soliloques sceptiques, De l’Ignorance louable, De la vertu des païens, De la diversité des religions, Quatre dialogues faits à l’imitation des Anciens par Orasius Tubero. Ce pyrrhonien intégral, au sourire énigmatique, discret, mène une vie simple, ce qui ne l’empêche pas d’être nommé précepteur du duc d’Orléans en 1649 et, plus surprenant, de Louis XIV en 1651.
Qualifié d’athée par Guez de Balzac et Guy Patin, c’est en fait un sceptique, mais du genre radical. S’appuyant sur les récits de voyages, Le Vayer conteste la possibilité d’un sentiment universel de la vérité et de l’existence de Dieu. Le bien, le mal, le vrai et le faux sont des notions relatives, et la sagesse veut que l’on suspende son jugement, en se cantonnant dans un modeste détachement. « Ce n’est donc pas sans sujet, écrit-il dans De la vertu des païens, que nous croyons le système sceptique, fondé sur une naïve reconnaissance de l’ignorance humaine, le moins contraire de tous à notre créance et le plus approprié à recevoir les lumières surnaturelles de la foi. Nous ne disons en cela que ce qui est conforme à la meilleure théologie. ».
(...( Quant à la Providence, c’est une chimère : il suffit de constater l’existence de tous les maux naturels, de ces « mille monstres qui font honte à la nature », pour s’en convaincre. Dans l’impossibilité de discerner la vérité, « faisons donc hardiment profession de l’honorable ignorance de nostre bien-aimée Sceptique.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Pour les dévots, le problème de l’hypocrisie est un problème de théologie, dont un laïc n’a pas à débattre, surtout si c’est un comédien, et surtout s’il s’appelle Molière. Car au moment où paraît le Tartuffe, sa réputation est faite, notamment depuis que le prince de Conti converti l’a rejeté de sa compagnie. Cet épisode a joué un rôle important dans la formation des idées religieuses de Molière et dans la façon dont il a été perçu par les contemporains.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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(...) pour la plupart des théologiens et auteurs spirituels, l’hypocrisie n’est qu’un péché véniel. Le plus sévère à cet égard est encore Bossuet qui, dans son sermon Sur le jugement dernier, prononcé au Louvre devant le roi pendant l’Avent 1665, déclare : « Mais de tous les pécheurs qui se cachent, aucuns ne seront découverts avec plus de honte que les faux dévots et les hypocrites. Ce sont ceux-ci, Messieurs, qui sont des plus pernicieux ennemis de Dieu, qui combattent contre lui sous ses étendards. Nul ne ravilit davantage l’honneur de la piété, que l’hypocrite qui la fait servir d’enveloppe et de couverture à sa malice. (...) Nul doute qu’en prononçant ces paroles, Bossuet ait en tête la querelle du Tartuffe, qui a éclaté l’année précédente, et il tient à « récupérer » le thème de l’hypocrisie, pour montrer que Molière n’est pas le seul à s’y attaquer. L’Église elle aussi condamne l’hypocrisie ; les pires ennemis des faux dévots, ce sont les vrais dévots, et non les libertins : voilà le message. C’est à Dieu de les condamner : « qu’ils cabalent, qu’ils intriguent, qu’ils mêlent le ciel et la terre pour se cacher dans la confusion de toutes choses, ils seront découverts au jour arrêté, leur cause sera portée aux grandes assises générales de Dieu. ».

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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C’est dans ce contexte de rejet massif du théâtre par les milieux dévots que se déroule l’affaire Tartuffe, dont nous avons relaté les péripéties. Si l’attention se focalise sur cette pièce, c’est parce qu’elle touche les dévots au point sensible : l’hypocrisie. Piqués au vif, ils réagissent violemment, non pas tant à cause de la gravité de l’accusation qu’à cause de la personne qui se permet d’accuser, et du lieu du débat.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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« Quant à Molière, qui Dieu merci vient de mourir, il a été puni par où il a péché : Le Malade imaginaire lui a valu une mort bien réelle. Ses pièces pleines d’« impiétés » et d’« infamies », ont rempli les théâtres « des équivoques les plus grossières dont on ait jamais infecté les oreilles des chrétiens. Ne m’obligez pas à les répéter ; songez seulement si vous oserez soutenir à la face du ciel des pièces où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours défendue et toujours plaisante, et la pudeur toujours offensée ou toujours en crainte d’être violée par les derniers attentats. »
Pourquoi cette violence ? Bossuet semble régler de vieux comptes, des comptes avec lui-même. Sans doute est-il furieux d’être tombé souvent sous le charme de ces fictions, et il s’en veut d’avoir eu pour Chimène les yeux de Rodrigue. S’il est si convaincu du pouvoir du théâtre, c’est qu’il l’a éprouvé lui-même, et on peut soupçonner que c’est sa propre faiblesse qu’il attaque ainsi.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Nicole est un des plus profonds auteurs spirituels du siècle. Aussi s’attaque-t-il à la racine du mal, qui est le « besoin de divertissement » éprouvé par la nature humaine déchue, et que constatent aussi bien Molière que Pascal. Mais alors que pour Molière ce besoin doit être satisfait, ce qui justifie la comédie, pour Nicole « ceux qui sentent en eux ce besoin le doivent considérer non comme une faiblesse, mais comme un vice d’accoutumance, qu’il faut guérir en s’occupant sérieusement. ».

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Pourtant, la littérature spirituelle religieuse est massivement hostile au théâtre et produit de nombreux traités condamnant ce damnable divertissement. L’un des principaux est le Traité de la comédie de Nicole, publié en 1667, dans lequel on lit qu’« un faiseur de romans et un poète de théâtre est un empoisonneur public, non des corps, mais des âmes des fidèles, qui se doit regarder comme coupable d’une infinité d’homicides spirituels. » Pour Georges Couton, « il est bien visible que nous avons là non pas des expressions isolées d’hostilité au théâtre, mais les manifestations convergentes d’un véritable état-major d’ennemis du théâtre, et de celui de Molière en particulier. »

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Mais le successeur de Richelieu, Mazarin, est moins à cheval sur les principes de la morale conventionnelle. Il faut dire qu’il a été formé à Rome dans l’entourage du pape et de la Curie. Passionné d’opéra et de théâtre à grand spectacle, il fait venir à Paris des troupes italiennes, dont les indécences scandalisent les dévots. En 1643 il invite le chanteur et harpiste Marco Marazzoli ; en 1644 une diva à la mode, dont il a peut-être été l’amant, Leonora Baroni, ainsi que le castrat Atto Melani, un virtuose de dix-huit ans ; en 1645 l’ingénieur Jacomo Torelli, qui met au point de fastueux décors, actionnés par des machines complexes. Il fait jouer des comédies à intermèdes musicaux, italiennes aussi bien que françaises, comme Les Amours d’Apollon et de Daphné, Le Triomphe de l’Amour, Ariadne et Bacchus, des sujets à faire fuir les dévots.
Et en plus il communique sa passion à sa tendre amie, la reinemère Anne d’Autriche qui, dans la petite salle du Palais-Royal, assiste discrètement aux comédies, dissimulée derrière des jalousies disposées à l’initiative de Mazarin en 1644. Olier et Vincent de Paul tentent de la détourner du théâtre, mais à la demande de Mazarin des théologiens de Sorbonne la rassurent : la comédie ne met pas en danger le salut de son âme. Et très tôt son fils partage ses goûts. Le jeune Louis XIV inaugure son règne personnel par des spectacles grandioses, avec une machinerie sophistiquée, comme dans l’opéra de Cavalli, l’Hercule amoureux, donné au théâtre des Tuileries le 7 février 1662. Puis viendront les Plaisirs de l’Île enchantée, en mai 1664. La passion du théâtre gagne tous les grands, à commencer par Condé, qui entretient une troupe, parraine le fils du comédien Jean-Baptiste Raisin, dit « le petit Molière », invite à Chantilly la troupe du « grand Molière », en 1662, et lui fait jouer L’École des femmes, Le Prince jaloux, L’École des maris, L’Étourdi, Le Dépit amoureux, Les Précieuses ridicules, L’Impromptu de Versailles, et en 1664 se fait lire le Tartuffe en privé.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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Les choses commencent pourtant à changer vers 1630. D’une part, les goûts évoluent. On entre dans la phase de « l’honnête homme » et de la préciosité, le public s’assagit un peu, et les auteurs produisent des œuvres plus respectables. (...)
La tragédie classique se met en place, avec ses règles strictes d’unité, de bienséance, d’héroïsme, et donne désormais des leçons de morale après avoir été un spectacle de dépravations. On y donne des sujets nobles, et on y déclame des monologues pompeux. Pierre Corneille est le plus brillant représentant de ce nouveau courant d’un théâtre des grands et nobles sentiments, soutenu même par des dévots notoires. Né en 1606, élève des jésuites et soutenu par eux, il produit en 1636 la pièce emblématique de la nouvelle tragédie classique, Le Cid, et en 1643 il opère la fusion entre le théâtre et l’idéal chrétien avec Polyeucte. Dès lors, il est dans le camp dévot, fréquente l’hôtel de Liancourt, qui est un de leurs repaires, est protégé par le maréchal de Schomberg, membre du Saint-Sacrement, et il critique Molière.

Chapitre VIII. Retour au théâtre
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En 1633, William Prynne publie un énorme traité de plus de 1 000 pages contre le théâtre : Histrio-Mastix : the Players Scourge or Actors Tragoedie. Dans ce « fléau des comédiens », il développe tous les arguments que l’on retrouvera sous les plumes catholiques de Bossuet, Conti et d’autres : les acteurs provoquent la colère de Dieu en se déguisant en femmes, en proférant des obscénités ; ils incitent à la débauche en jouant des adultères, des passions coupables ; les spectateurs viennent au théâtre pour jouir par procuration de la satisfaction des instincts mauvais, des interdits de la vie réelle ; les voleurs y viennent pour couper les bourses, les jeunes gens pour apprendre la séduction, les femmes pour s’initier aux modes indécentes ; au théâtre, on gaspille son temps et son argent, on profane les jours de fête ; les bousculades provoquent des disputes, des bagarres, parfois des meurtres.

Chapitre VII. Retour au théâtre
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Le débat rebondit dans la seconde moitié du xvie siècle dans le contexte de la Réforme et de la Contre-Réforme. Des deux côtés, les extrémistes de la dévotion condamnent le théâtre, considéré comme une forme de perversion morale. Les puritains protestants et les dévots catholiques, ennemis mortels, sont pourtant d’accord sur ce point, et utilisent les mêmes arguments.

Chapitre VII. Retour au théâtre
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Entre la spiritualité chrétienne et le théâtre, le contentieux est ancien. Il remonte aux premiers siècles de notre ère, lorsque les Pères de l’Église et les premiers conciles condamnent pêle-mêle les jeux du cirque, les courses de chars, les chasses, les comédies, les tragédies, bouffonneries, comme manifestations de la dépravation du monde païen.

Chapitre VII. Retour au théâtre
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