"Décidément
il était le bon génie de la cité, qui la révélait à elle-même,
lui mettait au jour d'occultes trésors, qu'elle ignorait.
Georges Rodenbach, ... "Le Carillonneur"
« Ay Marieke ....Marieke je t'aimais tant
Entre les tours de Bruges et Gand
Ay Marieke....
Marieke il y a longtemps ... »
chante le Grand Jacques
« C'est tout là-bas, parmi le nord où tout est mort :
Des beffrois survivant dans l'air frileux du nord »
chante Grand Georges
( Georges Rodenbach - poème, paysages de ville ( XIV) )
« leçon de silence venue des canaux immobiles, à qui leur calme vaut la présence de nobles cygnes »
« J'ai voulu montrer combien par un seul trait, on pouvait évoquer tout un paysage, des côtes découpées, des récifs… Et ainsi toucher l'infini. »
Fabienne Verdier
« Cela sent la mort ,le Moyen-Age, Venise en noir, les
spectres routiniers … cependant Bruges s'en va, elle aussi » Charles Baudelaire
les marbres portent,
les mantes noires ,
la nuit coule et les âmes pleurent…
« Ay Marieke Marieke il y a longtemps ... »
« il flotte une odeur de linge humide, de coiffes défraîchies à la pluie,... »
« Ils peignent comme on prie »…
ils peignent la lumière ...à s'y méprendre..
L'illusion crée la profondeur.
Du pain béni. ...
....Elles murmurent,
elles espionnent, elles trottent ,
se signent , se faufilent.
Les miroirs de Bruges ont leurs servantes.
Bruges la froide, Bruges la morte…
étonnante création.
Bruges ... « soror dolorosa » ...
« pénétrations de l'âme et des choses »,
« nous entrons en elles tandis qu'elles pénètrent en
nous, »... Bruges, ...cette morte.
« Toute cité est un état d'âme ».
Bruges la morte... , étrange roman,
qui me fait découvrir une ville que je pensais... mais ignorais.
Bruges, les « Bruges »,
ville pleine, ville vide, ville ombre, ville flamme, ville chant, ville psaume, ville glas, ville tocsin, ville seule , ville pardon, ville songe, ville fantôme, ville refuge, ville dérive, ville phare.
Les Flandres se dressent, se reflètent, les Flandres
regardent, scrutent, dominent.
Bruges , la Venise du Nord. Bruges l'espagnole,
Bruges la catholique, Bruges l'étrange..,
la mystique, la gardienne.
« La ville est une sirène qui fait perdre la mémoire à celui qui la façonne afin qu'elle puisse conserver son âme. Architecture mnémonique.
Prend garde conquérant !
La ville peut te transformer en esclave.
La ville tient registre d'elle même.
Par les signes qu'elle porte en elle elle offre un nouveau langage à l'homme.
Signe de pouvoir, de servitude, de magnificence,
de plaisir , de rêve.
Tout fait signe dans la ville.
Celui qui a reçu la lecture des signes d'une ville ,
où qu'il se trouve tentera de retrouver ces signes n'importe où.
C'est le langage de la ville qu'il l'occupe à présent,
qu'il a à l'esprit.
"Il ne sait plus voir dans un vol d'oiseau l'arrivée d'un orage mais à présent il reconnaîtra le visage d'un dieu dans l'écorce d'un arbre... » ainsi commentais-je
les Villes Invisibles d'Italo Calvino.
L'empreinte qu'une ville nous laisse est elle plus marquante que la forme que nous lui donnons ? …
Bruges , tout là bas, parmi le nord...
Bruges toujours muette , et de ce saint-sang coule en corps.
Astrid Shriqui Garain
Lien :
https://dutremblementdesarch..