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Critiques de Georges Simenon (2964)
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Cahiers Simenon, Tome 1 : Simenon, l'Ostrog..

Je ne connaissais pas encore les intervenants de ce beau cahier graphique sur une partie de la vie de Simenon. Ici, on parlera de ses débuts, avant que la gloire ne l'emporte vers d'autres lieux. On y parle de sa façon de travailler, des relations avec sa première femme, ou encore, de l'ambiance de l'époque. Un indispensable. Dommage que le prix soit si cher.
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Cahiers Simenon, Tome 1 : Simenon, l'Ostrog..

Ainsi débute ce récit, par un mariage, celui d'une jeune artiste peintre d'un tout jeune apprenti journaliste qui se rêve écrivain. Un mariage, pas forcément souhaité par l'entourage familial, qui voit le couple quitter la Belgique pour Paris et les années folles.



2023 est l'année Simenon et Dargaud a décidé de célébrer les 120 ans de la naissance du maître du roman policier avec des adaptations et une biographie dont le 1er chapitre vient de paraitre dans ce cahier.



Une biographie écrite par José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental, sous l'égide de John Simenon, le fils de Georges. Ce premier chapitre démarre donc avec un mariage, un départ vers Paris. On suit les premiers pas de Simenon l'écrivain, qui livre plusieurs contes par semaine aux journeaux parisiens, écrit ses premiers romans pour gagner sa vie et permettre à Régine dite Tigy de débuter sa vie d'artiste peintre.



Maigret n'existe pas encore et on rencontre avec intérêt le Simenon forçat, celui qui passe ses journées sur sa machine à écrire. Celui qui parle des ses premiers romans comme des "romans durs" car bien compliqués à écrire. 2 d'entre eux seront d'ailleurs adaptés cette année chez Dargaud: "Le passager du Polarlys" (Bocquet au scénario et Christian Cailleaux au dessin) et "La neige était sale" (Fromental et Yslaire).



Le dessin de Loustal, coutumier de Simenon, est parfaitement adapté à ce Paris des années folles. Un noir et blanc stylé, des gueules caractéristiques, j'aime toujours autant la patte de Loustal !



J'ai aimé aussi découvrir le Simenon méconnu, celui de l'avant Maigret et j'ai hâte de voir la suite de ces cahiers ainsi que ces deux adaptations prometteuses qui vous nous permettre de faire mieux connaissance avec une autre facette, moins policière, de l'écrivain célèbre.





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Cahiers Simenon, Tome 1 : Simenon, l'Ostrog..

Loustal le dit : il a une longue histoire avec Simenon. La preuve ? Le biopic graphique dont rêvait John Simenon le fils de Georges, a convaincu l'illustrateur de revenir à la bande dessinée.

Liège, mars 1923. Georges Simenon  épouse Régine Renchon. Le couple s'aime et leur mariage scelle aussi leur liberté. Ils quittent Liège pour gagner Paris - en passant par l'Auvergne ! - leurs vies et la gloire avec leur art. La peinture pour elle, Tigy, la littérature pour lui, jeune journaliste en herbe aux nombreux alias et qui aspire à écrire aussi de vrais romans.

L'équipe réunie pour ce projet, dont l'intégrale en couleurs sortira à la rentrée, signe elle un petit bijou. Scénario, dialogues, découpage et dessin s'unissent parfaitement et font merveille. Dans ce 1er cahier livré en avant-première en noir et blanc - le fac-similé des planches originales respecte toute la chaleur et le piquant du trait de Loustal - le couple Sim-Tigy découvre Paris à l'aube des années folles. Libres d'esprit, tendres et décidés, leur complicité et leur passion impriment chaque case et nous marquent, avec cet air de ne pas y toucher qui sait si bien le chemin qui va des yeux jusqu'au coeur.
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Cahiers Simenon, Tome 1 : Simenon, l'Ostrog..

Premier cahier d’une série de trois, « Simenon, l’Ostrogoth » tome 1 est publié chez Dargaud. Imaginé par John Simenon, le fils de Georges à l’occasion du 120e anniversaire de sa naissance, il présente en fac-similé des planches dessinées par Jacques de Loustal selon un scénario mis en forme par José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental.



Cet album biographique tire son nom de celui du bateau de Simenon « L’Ostrogoth » amarré au port de Fécamp. Selon John, il fait également allusion au côté rebelle de son père qui a toujours été fier de sa différence.

Trois carnets publient donc en fac-similé, ce qui sera ensuite un album biographique à paraître en octobre. Le deuxième carnet sortira en mai prochain et le troisième fin août.

Ce carnet commence par un mariage : celui de Georges (journaliste) et de Régine Renchon (artiste peintre). Simenon et Tigy, surnom de Régine, faisaient partie de la Caque où ils s’étaient rencontrés. La Caque était un groupe d’artistes de divers horizons qui se réunissaient pour boire, parler de leurs passions et partager des discussions philosophiques. Après leur mariage, ils quittent Liège pour Paris.

A cette époque, il signe plusieurs romans populaires sous divers pseudos. Ce sont ses « romans durs » car laborieux à écrire. Il travaille avec acharnement pour arriver à percer et permettre à sa jeune épouse de développer son art. Il va alors choisir de (re)devenir Georges Simenon. L’album raconte cette époque charnière dans la vie de l’auteur. Ce carnet en est le premier chapitre.



A partir de photos, d’écrits de son père et de ses biographes, de ses souvenirs… John et les scénaristes ont résumé ces années 20 et 30.

Les dessins de Loustal qui l’illustrent nous plongent dans le Paris animé et déjanté des années folles. Le coup de crayon de l’artiste croque un sympathique Simenon, reconnaissable à son nez busqué. Cet amateur du polar noir à l’ancienne parvient à faire de son dessin un atout narratif majeur. Ses cadrages sont élégants et son style unique. Il était le dessinateur idéal pour raconter Simenon.
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Cécile est morte

Cécile, une jeune fille qui passe sa vie à relancer Maigret pour une histoire qui semble anodine, va finalement être assassinée dans les locaux de la PJ. Maigret s'en trouve particulièrement touché, et va mettre toute son énergie pour faire avancer son enquête, à coups de verre de bière pour décompresser et analyser....Il va devoir puiser dans l'histoire des protagonistes pour trouver le fin mot de l'histoire....

À savoir que dans la série, Claude Pieplu jouait le fameux Dandurand, avec un grand brio...
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Cécile est morte

Encore un beau roman policier dans le style de l'auteur qui vieillit de mieux en mieux ! On retrouve ici entre les lignes l'ambiance du Paris de l'epoque avec plaisir ! Et l'enquete est menée de main de maitre par le celebre inspecteur !
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Cécile est morte

Encore un Maigret qui commence par une boulette du commissaire. Il y a vraiment des paterns qui se retrouvent dans les différentes enquêtes : la victime qui aurait pu être évitée, la personne qui revient toujours au Quai pour voir le commissaire en personne… Les deux se retrouvent ici.



Une enquête où le commissaire se retrouvera accompagné d’un homologue de Philadelphie, M. Spencer Oats, venu en France pour tenter de comprendre les fameuses (fumeuses) méthodes du commissaire Maigret qui s’en sortira un peu miraculeusement in-extremis
Lien : https://www.noid.ch/cecile-e..
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Cécile est morte

Depuis un certain temps, une jeune fille Cécile vient régulièrement au quai d’orfèvres pour se plaindre de visites nocturnes dans son appartement qu'elle occupe avec sa tante la veuve Boynet, une femme âgée et handicapé .Malgré la surveillance mise en place par le commissaire Maigret autour de l'immeuble de Cécile par ses inspecteurs, rien de suspect n'est découvert..Or, une dernière fois, Cécile vient voir le commissaire Maigret mais celui-ci ne peut pas la recevoir tout de suite et lorsqu'enfin, il est disponible, il s'aperçoit que la jeune fille a disparu. Elle lui a laissé un mot: "Un drame affreux a eu lieu cette nuit. la tante Boynet a été étranglée. Quant à Cécile, on retrouve son corps dans le placard aux balais qui se trouve dans le couloir qui sépare les locaux de la Police judiciaire de ceux du Palais de Justice. Cécile a été zigouiller .Au cours de l’investigation Maigret interroge les résidents de l'immeuble où habitaient les deux femmes, y compris un étrange voisin bien connu de la police, Charles Dandurand. Celui-ci finit par avouer au commissaire que la vieille Boynet était en affaires avec lui, et que, pour le recevoir à l'insu de Cécile, elle versait dans la tasse de celle-ci le bromure. C’est une enquête difficile et touffue l’énigme et le suspens sont omniprésents jusqu’au dernier chapitre .beaucoup de dialogue et intensément de citations .un bon roman de littérature policière
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Cécile est morte

Point de Didine dans ce roman mais deux femmes que, en dépit de leur parenté, tout opposait de leur vivant et que tout continue à opposer dans la Mort. C'est à la plus jeune, à la plus franche, à plus la authentique des deux que Simenon a donné le rôle-titre, c'est elle que, tout au long du livre, il enveloppe de sa compassion et même de sa tendresse. Cécile. Un prénom si doux pour une personnalité sacrifiée. Cécile, jeune fille et déjà vieille fille. Cécile Pardon pour l'Etat-civil. Cécile, bel et bien morte même si le lecteur l'aperçoit encore bien vivante dans la salle, surnommée "l'Aquarium" en raison de l'une de ses parois vitrées, où elle attend avec résignation que Maigret veuille bien la recevoir.



Il y avait déjà plusieurs semaines que la jeune femme était venue voir pour la première fois le commissaire. Comme tant d'autres avant et après elle, elle avait, dans les journaux parisiens, retenu son nom et le prestige dont il jouissait. Et peu à peu, s'était instillée en elle la certitude que Maigret était probablement le seul qui croirait à la véracité de son histoire - le seul à qui elle pourrait se confier sans qu'il la prît pour une folle.



L'histoire qu'avait contée Cécile était, en effet, il fallait bien l'admettre, des plus bizarres : selon ses dires, depuis quelques mois, elle était persuadée que, certaines nuits, un inconnu s'introduisait dans l'appartement qu'elle partageait avec sa tante, Juliette Boynet, dans un immeuble de rapport appartenant d'ailleurs à celle-ci, à Bourg-la-Reine. Elle n'avait jamais relevé de vol ou la moindre tentative d'effraction, rien que des objets qui se déplaçaient et, une fois qu'elle en avait placé au ras du sol, des fils-repères rompus par des pas qui n'avaient pas eu conscience de trahir ainsi celui qui les accomplissait. Et puis, une fois, il y avait eu cette odeur de tabac froid dans l'appartement. Or, pas plus la tante que la nièce ne fumait ...



Perplexe mais bonne pâte, et probablement aussi légèrement intrigué, Maigret envoie l'un de ses inspecteurs planquer plusieurs nuits à l'intérieur de l'immeuble. Mais rien ne se passe. Pire encore pour l'histoire de Cécile : il est prouvé qu'aucun étranger à la maison n'y est entré de nuit et encore moins ressorti. Jamais. Alors, fatalement, Maigret arrête les frais et renvoie poliment Cécile à ses "impressions" et à ses fils de laine tendus au beau milieu des passages principaux dans les pièces. Mais la jeune fille s'entête. Elle revient voir le commissaire qui, peut-être agacé par les moqueries de ses collègues, lesquels prétendent que la jeune fille a pour lui une sorte de passion contrariée, finit par ne plus la recevoir qu'une fois sur deux. Quand il la reçoit.



Ce matin-là, justement, et bien que, par l'intermédiaire de l'huissier de service, elle lui ait adressé un petit mot soulignant l'urgence de la situation, Maigret n'est pas du tout enthousiaste à l'idée d'accueillir Cécile dans bureau. "Qu'a-t-elle encore inventé ?" bougonne-t-il intérieurement. Il va, il vient, joue au commissaire très occupé, lanterne même au "rapport" matinal quotidien ... et soudain, en passant devant l'Aquarium pour réintégrer son bureau, il s'aperçoit que Cécile n'est plus là. Et ça, bizarrement, ça le fait tiquer. Il se renseigne : personne ne l'a vue et Cécile ne lui a même pas laissé de mot d'explication. Ce titillement qu'il perçoit enfin en lui, cette maussaderie qui s'installe, ce malaise encore au berceau mais qui ne va pas tarder à grandir, grandir, pas de doute : Maigret est inquiet. Inquiet à cause d'une pauvre fille qui, sans doute, n'a plus toute sa tête ! Il faut le faire quand même !



Lentement, prenant son temps et grognant de plus belle, peut-être pour tenter de calmer son mal-être, le commissaire se décide à aller voir à Bourg-la-Reine. Il sonne, il tambourine à la porte de l'appartement de Juliette Boynet. Si personne ne répond, les voisins, eux, s'assemblent avec zèle. Laissant alors libre cours à son inquiétude, Maigret fait ouvrir la porte ... et découvre non pas Cécile mais la propriétaire des lieux, étranglée dans son lit.



Vues les circonstances, il s'écoule évidemment un certain temps avant que Maigret ne puisse rejoindre le 36. Et là, son supérieur hiérarchique immédiat, très ennuyé, lui annonce qu'on a retrouvé Cécile, assommée, puis étranglée et enfin poussée, comme un pantin au rebut, dans un placard à balais.



Pour le commissaire, cette affaire qui avait débuté sous les sourires et les quolibets pas toujours très fins de toute la P. J., cette affaire à laquelle il se reproche désormais de ne pas avoir apporté toute l'attention que, de toute évidence, elle requérait, cette affaire devient une histoire personnelle. Bien plus que le meurtrier de Juliette Boynet - l'une des mégères les plus écoeurantes qu'ait jamais imaginées Simenon - c'est l'assassin de Cécile qu'il veut épingler à toutes forces. Un assassin si froid, si résolu, si implacable qu'il n'a pas hésiter à venir tuer au beau milieu du Quai des Orfèvres ...



Roman resserré sur l'univers bien clos de l'immeuble où vivaient Cécile et sa tante, avec de belles échappées sur un Paris printanier qui commence à fleurir, roman tendu lui aussi à se rompre, tout à fait comme les fils que plaçaient la pauvre Cécile à des endroits qu'elle jugeait stratégiques, roman tout illuminé de cocasserie par l'incroyable scène des obsèques qui voit, bagues à chaque main et descendant non sans dignité d'une superbe douze-cylindres, débarquer les "associés" que "Madame Juliette" comptait dans un nombre incalculable de maisons closes, roman glauque, sali, souillé, que dis-je, empuanti par la silhouette traînante de M. Charles, ancien notaire radié de son ordre pour détournement de mineures et ex-amant de Juliette, roman où une concierge sympathique mais affligée d'un navrant torticolis qu'elle soigne à la ouate Thermogène (vous vous rappelez la merveilleuse affiche publicitaire du produit ? ;o)) guide, non sans quelque plaisir, le commissaire au beau milieu de tous les locataires de la défunte, roman où la Douceur succombe à la Colère pour châtier l'Avarice mais où le Mal, un Mal rampant et particulièrement répugnant, finit tout de même par se voir mis en échec, "Cécile Est Morte" est à lire - et aussi à regarder, surtout dans l'adaptation qu'en fit Claude Barma avec Jean Richard, à la fin des années soixante, pour la défunte ORTF. Après tout, Noël approche et l'intégrale des "Maigret", qu'il s'agisse des romans ou de leurs adaptations, au cinéma ou à la télévision, ne constitue-t-elle pas une bonne idée de cadeau ? ... Redécouvrir la qualité, presque une gageure à notre époque. Mais, avec Georges Simenon et avec ses "Maigret", vous la redécouvrez tous les jours. ;o)
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Cécile est morte

Une belle enquête à l’ancienne pour Maigret, entre Paris et Bourg-la-Reine. L’assassinat d’une vielle dame, qui s’avérera plus riche que l’on ne croit, va l’entraîner dans une sombre et complexe histoire de famille, certains événements remontant même à plusieurs années en arrière. Entre une propriétaire de maison closes, un avoué véreux et des jeunes gens pressés, c’est aussi l’histoire d’un immeuble que va découvrir Maigret. L’occasion également pour lui d’expliquer la « méthode Maigret » (si méthode il y a) à un collègue américain de passage en France.

Cécile est morte reste dans le même ton que les deux autres romans (Les caves du Majestic et La maison du juge) composant le volume « Maigret revient » publié en 1942 : des histoires très sombres, sur fond de rivalités familiales, de jalousies et d’appât du gain. Simenon a attendu plusieurs années avant de redonner vie à son héros et le place immédiatement au plus profond de la noirceur humaine. Signé Picpus confirmera cette tendance.
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Cécile est morte

Un automne parisien des années 30, le temps de quelques jours sombres et inquiétants.

De la salle d'attente de la P.J.. à un immeuble locatif de Bourg La Reine.

Du cadavre d'une vieille fille étranglée à un remords de Maigret apaisé.





Maigret aurait du savoir. C'est de sa faute. A lui de réparer.



Depuis 6 mois, Cécile Pardon, 28 ans, une vieille fille au physique ingrat, vient souvent à la P.J. signaler au commissaire que l'appartement qu'elle habite à Bourg La Reine est régulièrement visité la nuit sans que rien n'y soit jamais dérobé.



Elle et sa tante Juliette Boynet, 60 ans, veuve et quasi impotente y vivent chichement.



Leur appartement est au 5ème étage d'une maison qui appartient à Juliette, ses locataires la haïssent pour sa pingrerie et son intransigeance. Juliette pue l'argent, çà se sent, sauf qu'elle ne le montre pas



Maigret a mis en place une surveillance discrète au pied de l'immeuble pendant quelques jours. Elle n'a rien donné. Cécile n'est plus crédible...



Pourtant, elle revient régulièrement à la charge. L'appartement continue à être visité, affirme t'elle.



Six mois plus tard, un matin d'octobre, Maigret est en retard Quai des Orfèvres. Cécile est déjà dans la salle d'attente, une nouvelle fois, elle ne veut voir que lui. Il la fait lanterner pour l'agacer, lui faire comprendre que venir est inutile. Quand, enfin il daigne la recevoir, Cecile est partie, laissant ce simple mot à l'huissier de service:



"Un drame affreux a eu lieu cette nuit".



Maigret a un étrange pressentiment. Il abandonne l'affaire en cours...



Dans l'appartement de Bourg-La-Reine: la tante étranglée.



Dans un placard à balais de la P.J. : le cadavre de Cécile.



Maigret s'en veut. S'il avait accordé plus de crédit aux dires de Cécile...rien qu'une dernière fois, peut-être aurait t'il flairer le drame ?



La suite appartient au roman...



Le commissaire va longtemps s'enliser dans la vase d'une sordide affaire de famille, complexe et ramifiée. Tante acariâtre, pingre au-delà du possible, exigeante et intransigeante; oncles décédés, nièces et neveux dans la dèche, cousins éloignés. Tous s'emmêlent en un noeud inextricable de haines, de cupidité, d'avarice. Clans en lutte pour un testament introuvable. Non-dits, sous-entendus, menaces voilées.



"Et qu'on attend qu'elle crève

Vu qu'c'est elle qu'a l'oseille" J. Brel



Quelqu'un apparemment n'aurait t'il pas eu la patience d'attendre ?



Et s'il n'y avait que la famille..!



Maigret découvre vite que la tante avait acheté des parts de maisons closes à Paris et en Province. Toquent à la porte: hommes de loi véreux et actionnaires immobiliers.



A cela s'ajoute la faune des locataires: portraits taillés dans le vif, de la concierge au courant de tout à l'aguicheuse du cinquième.



L'argent à racler impose sa loi. Dieu sait qu'il y en a, plus que supposé.



"Cécile est morte" possède une double particularité:



Maigret se voit adjoindre sur la fin du roman, par décision hiérarchique, un policier américain venu étudier ses méthodes si particulières. Simenon dissèque son Maigret en clinicien. En tant que lecteur, j'ai eu la curieuse mais amusante sensation de lire parfois un "Maigret pour les nuls".



Simenon, ainsi soudain didactique, a t'il voulu compenser le défaut supposé d'une enquête policière qui se montre au final très traditionnelle et académique.



Simenon, une nouvelle fois, noue les personnalités les unes aux autres au sein d'un drame commun qui les oppose. Il taille des portraits d'hommes au plus de ce qu'ils montrent ou cachent d'eux-mêmes. Maigret s'installe, patiente, observe, fend la foule des personnages et désigne celui ou celle qui a.... et cette fois si, cela ne sera pas facile de prouver.



Bon travail, Mr Simenon. Une nouvelle fois j'ai pris plaisir à vous lire.



PS: le patronyme de Pardon accolé à Cécile n'est sans doute pas venu par hasard à Simenon. Il symbolise bien ce que doit secrètement espérer Maigret de la vieille fille, là où elle est après sa mort. "Pardon Cécile, pour ces si longues heures d'attente vaine dans "l'aquarium" de la P.J.."
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Cécile est morte

Classique.



Cécile, c'est une demoiselle "assez déshéritée par la nature" qui passe sa vie dans l'aquarium du 36, à attendre que notre héros démarre une enquête sur son cas.

Elle est là si souvent, qu'on commence à s'en amuser, à l'appeler l'amoureuse de Jules, "si Mme Maigret savait çà...".



Vivant avec sa tante, son problème est que certaines nuits, elle constate que des objets sont déplacés dans l'appartement. Çà a l'air de rien, mais c'est suffisant pour l'effrayer.

Ce matin là, quand le commissaire daigne enfin la recevoir, elle vient de partir. Curieux.

Puis on apprend la mort de sa tante.



La disparition de Cécile ne va pas rester un mystère bien longtemps. Et il ne faudra pas chercher bien loin.

On la retrouve... dans un placard à balai du palais de justice, accolé à la PJ.

Morte, bien sûr...

Là, çà rigole moins, déjà. Avoir le culot de faire cela dans "la maison", au vu et à l'insu de tous ! Un affront à laver au plus tôt, celui d'un assassin qui connaît forcément bien le quai des orfèvres...



C'est pas tous les jours que la future victime vous fait des appels du pied de son vivant. On apprend vite que la tante cachait bien son jeu, sacrément riche pour avoir trempé dans des affaires "légales" mais louches, et ce qui met le feu aux poudres : pas de testament.



Une enquête amenant quelques rebondissements, avec l'argent de cette avare au centre des préoccupations.

On aura aussi en toile de fond d'autres enquêtes, on retrouvera les inspecteurs Torrence, Lucas, Janvier, et un observateur américain, Spencer Oats.

Çà habille le récit, mais il reste très conventionnel.

(plus d'avis sur PP)

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Cécile est morte

« Maigret mordit dans son sandwich en pensant que Cécile était morte, et cela lui donnait froid dans le dos en dépit de son lourd pardessus. »



Cette nouvelle enquête se déroule au changement de saison. Maigret à sorti son célèbre pardessus qui sent la naphtaline. Premier brouillard sur Paris qui fraîchit, passant devant un bistro « Maigret reçut une bouffée odorante qui demeura pour lui la quintessence même de l’aube parisienne : l’odeur du café crème, des croissants chauds, avec une légère pointe de rhum ».

Dans les bureaux de la Police Judiciaire, une nouvelle visite de Cécile. Cécile, même pas la trentaine, sans grâce et déjà l’allure de vieille fille, ne veut parler qu’au commissaire en personne et ses visites épisodiques durent depuis six mois d’où des plaisanteries bien lourdes de la part des collègues ; n’aurait-elle pas le béguin pour Maigret ?

Alors que d’habitude elle est capable de rester des heures, voici qu’elle disparaît de la salle d’attente au bout d’une heure seulement.

Maigret culpabilise, s’affole, se rend chez la tante qu’il trouve étranglée. De retour au commissariat, il apprend que le corps de Cécile a été retrouvé dans un placard à balais, elle a été étranglée également. Finies les plaisanteries, Cécile ne viendra plus parler de sa certitude que des objets changent de place, la nuit, dans l’appartement de sa tante. De l’ambiance de cet appartement, justement, il doit s’imprégner : un intérieur bien tenu mais sombre et encombré d’une multitude de meubles hétéroclites, des bibelots partout, de nombreuses horloges…



Maigret assimile l’atmosphère de l’immeuble. Il faut qu’il connaisse Cécile et sa tante, leurs vies, leurs habitudes ainsi que celles des locataires de certains étages.

La concierge se régale de lui présenter, sous son angle de vue, les occupants des différents logis ; des Hongrois quelle méprise (puisque ce sont des étrangers) à Maître Dandurand, ancien avoué, donc quelqu’un de très bien. Bien sûr, la clairvoyance de Maigret ne s’y laisse pas prendre et il aura tôt fait de remettre chacun à sa place. Dandurand à été radié du barreau pour des affaires de mœurs !

Celui-ci lui parlera de la tante de Cécile qui était une de ses clientes. Il lui sert d’intermédiaire pour acheter et gérer des maisons closes. Une avarice, un amour de l‘argent tel qu’elle garde jalousement sont magot, en billets, près d’elle.



Le remords ronge Maigret, il traîne de page en page son air le plus buté, tirant avec rage sur sa pipe. Il n’informe pas Mme Maigret de ses retards et s’abîme tellement dans ses réflexions qu’il n’écoute rien autour de lui. Il devient hermétique, poursuit ses pensées alors que ses interlocuteurs s’adressent à « un bloc qui ne donnait aucune prise et qui continuait, tandis que vous parliez et que vous vous agitiez, à vivre sa vie personnelle. » Dans ces moments-là, Mme Maigret est même surprise qu’il n’ait pas reçu plus de gifles dans sa vie !

Il tentera un bon jambon-beurre et une bière mousseuse, pris à La Coupole, pour tenter de remettre en place tous les faits de l’immeuble de cinq étages où la vieille rentière s’est fait occire. La torpeur de son bureau chauffé par le poêle chargé à ras la gueule de charbon et tisonné avec acharnement va finir par lui permettre de remettre les pièces de ce nouveau puzzle à leur place.

L’intrigue est complexe, Simenon nous perd entre les rivalités des héritiers et le milieu qui a enrichi la famille. On se fait tout petit lorsqu’il se transforme en ours mal léché, on suffoque quand il s’engonce dans son pardessus, on se rafraîchit avec ses bières. Il aura un compagnon américain inattendu à la fin de son enquête qui va découvrir ses méthodes dont aucun manuel de police n’a su révéler les secrets.

Cette fois-ci nous ne sommes pas sortis de Paris. Si j’osais, je dirais que Simenon nous l’a fait à l’économie : point de train pour aller interroger un lointain témoin. Tous sont à portée de main.

Mais, de cinéma en bistrots, de tram en bus, quel régal d’arpenter le pavé de la capitale et même de suivre le cortège funèbre mené par des chevaux dans un passage si artistiquement décrit !

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Cécile est morte

Parler une nouvelle fois du commissaire Jules Maigret n’a pas de réel intérêt tant tout le monde le connaît à travers les romans, les films ou les séries adaptés de ceux-ci, des on-dit, des évocations des autres lecteurs, des articles, des documentaires et de tant des multiples rééditions savamment orchestrées par les ayant-droits cherchant à prolonger le mythe et, surtout, les recettes avant que le personnage ne tombe dans le domaine public (qu’ils se rassurent, ils ont encore une trentaine d’années devant eux).



Mais Jules Maigret, personne ne le connaît vraiment sauf, bien sûr, son père créateur, Georges Simenon lui-même, qui ne cessa, pendant quarante ans, de le dépeindre, d’histoire en histoire.



Mais si chaque enquête du commissaire Maigret est une occasion de mieux appréhender le personnage, cette assertion est d’autant plus vraie avec « Cécile est morte », le troisième opus du recueil « Maigret revient… » datant de 1942 (le texte, lui, date de décembre 1940).

Depuis des mois, Cécile Pardon se rend quai des Orfèvres dans l’espoir de parler au commissaire Maigret. Depuis des mois elle assure le policier que, la nuit, quelqu’un pénètre dans le logement de sa tante, où elle habite également et déplace les objets sans rien voler. Depuis des mois, rien d’autre ne se passe. Depuis des mois, quand un inspecteur est placé en surveillance, il ne découvre rien.



Aussi, ce matin, quand Maigret arrive en retard, qu’il aperçoit Cécile dans l’aquarium, l’espace d’attente des visiteurs protégé par une grande vitre, au lieu de recevoir la jeune femme, il vaque à d’autres occupations, sachant qu’à chaque fois, la jeune femme attend, des heures, jusqu’à ce qu’il ait le temps de lui parler.



Mais ce matin, Cécile n’attend pas. Du moins, n’est-elle plus dans l’aquarium que Maigret vient pour la voir. Étrange. Inquiétant.



Maigret décide de se rendre chez elle, mais personne ne répond. Étrange. Inquiétant.



Quand il pénètre dans l’appartement, il trouve la tante morte, étranglée. Pas de traces de Cécile.



En revenant au Quai des Orfèvres, son patron l’attend pour lui annoncer une mauvaise nouvelle : Cécile est morte ! Elle a été retrouvée étranglée dans un placard du Quai des Orfèvres.



Maigret s’en veut.



Du coup, quand Maigret s’en veut, il est bougon et quand il est bougon, il est désagréable. À se demander (comme s’étonne sa femme) comment il n’est jamais giflé par les gens qu’il maltraite.



Dans une enquête de Maigret, le plus intéressant, le plus développé, ce n’est pas l’intrigue, mais le personnage lui-même. C’est une nouvelle fois le cas ici, mais plus que d’ordinaire, me semble-t-il.



En effet, Georges Simenon se concentre plus que de coutume sur son héros et nous présente sa façon de faire, de penser, de réfléchir…



C’est d’autant plus vrai que l’auteur crée un personnage, un policier américain, envoyé en France pour étudier la façon de faire de la police locale et que l’on adjoint à Maigret. Ce spectateur inhabituel, comment ne pas le voir comme une projection du lecteur qui suit et observe Maigret et que Maigret a un peu peur de décevoir tant il se déconsidère.



Mais si Simenon nous dévoile son commissaire plus que de coutume, il n’en oublie pas de proposer un panel de personnages secondaires hétéroclites et hauts en couleur. Des victimes, la vieille tante impotente, avare, méfiante, qui trempe dans des affaires louches ou de sa nièce, simple, soumise, discrète, en passant par le neveu, un raté paranoïaque et déprimé, au voisin, ancien avocat condamné pour atteintes aux mœurs envers des mineurs ou bien la fille d’un autre voisin, une ado délurée et provocatrice. Chacun, ou presque, a une part d’ombre en lui et résonne alors les propos du commissaire pour qui rien ne différencie un criminel, avant qu’il passe à l’acte, d’une autre personne, laissant entendre que chacun, pour une raison ou une autre, peut un jour franchir la barrière. Maigret, lui, s’intéresse au criminel avant le passage à l’acte, après, ce n’est plus son affaire, c’est celle de la justice.



Si on retrouve dans ce roman tout ce qui fait une bonne enquête du commissaire Maigret, ce roman offre plus encore que d’ordinaire. Certes, on retrouve cette confrontation des classes, souvent dans un champ géographique assez réduit (ici, un petit immeuble), mais là, la confrontation n’est pas une lutte, juste une exposition. Car, dans ce roman, il n’est pas tant question de mettre en avant les travers de chacun que de montrer le ressenti de Maigret face à ces travers.



On découvre ainsi un Maigret pudique, voire pudibond, choqué par l’attitude aguicheuse de certaines jeunes femmes.



Il est à noter que ce roman a eu les honneurs d’une adaptation cinématographique, réalisée par Maurice Tourneur et sortie en salles en 1944. Albert Préjean y interprète le rôle du commissaire à la pipe. Mais il est regrettable que le scénariste, le réalisateur et le comédien principal aient fourvoyé ou bien, mal compris, l’ambiance du roman, la psychologie du personnage phare, et que ce film ne soit, en fait qu’un roman policier classique au lieu d’être un « Commissaire Maigret ». Quitte à se démarquer du personnage littéraire, on préférera très largement les adaptations mettant en scène Jean Gabin dans le rôle de Maigret où l’acteur, à défaut d’être fidèle au personnage, livre une performance qui lui est propre et savoureuse. Ceci dit, Albert Préjean a interprété Maigret à deux autres reprises, pour les adaptations de « Picpus » et « Les caves du Majestic ».



Au final, un grand petit roman, composé un peu comme une étude de caractère sur le célèbre commissaire à la Pipe.
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Cécile est morte

Cécile est venu plusieurs fois voir Maigret, et personne ne l'a prise au sérieux, jusqu'au jour où on la retrouve morte dans un placard à balais du Quai des Orfèvres. Maigret n'en mène pas large.

Ce Simenon là n'est pas le meilleur, soyons réalistes. Le Simenon des atmosphères petites bourgeoises se retrouve bien un peu, mais il a fait tellement mieux. L'intrigue policière, qui prend vite le dessus, n'est pas aussi convaincante que dans d'autres romans.

Alors bien sûr, il reste le personnage de Maigret, sur lequel Simenon est un peu plus bavard, et puis ce style précis. Il n'y a que lui pour écrire "la nuit n'était pas tout à fait tombée", ce qui suffit à donner une lumière, une atmosphère en juste quelques mots.

J'espère que les afficionados de Simenon ne m'en voudront pas de cette critique plus blasée que pour d'autres Maigret. Ce n'est pas manquer de respect au génial auteur que de faire preuve d'un peu d'exigence...

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Cécile est morte

J'avais depuis un petit moment envi de lire du George Simenon, car j'avais entendu raconté sa vie dans une émission radiophonique... et ce Belge issu d'un quartier pauvre qui a une réputation d'écrivain que reflète bien les film du cinéma issu de ses récits.... une critique acerbe des choses cachées... les choses qu'on ne le dit pas, particulièrement dans l'Affaire sans fiacre,, mais aussi dans Cécile est morte et Maigres tant un piège... Si Maigret voit rouge, Maigret tend un piège, et l'Affaire saint Fiacre nous montre un Jean Gabin mieux qu'à ses début d'acteur parfait en rôle de Maigret, c'est un autre acteur qui joue se rôle dans Cécile est morte, mais je dois bien dire que j'ai bien aimé le film... et si 'histoire commence de façon anodine une jeune femme, très quelconque, mal attifée, veux à tout prix les secours du commissaire Maigret, et même si on vérifie ses dires, personne ne prend vraiment au sérieux ses histoires d'individu qui rentre dans la maison la nuit juste pour bouger quelques objets et ouvrir un secrétaire fermé à clé... et l'appartement est aussi lu, clos de la même façon... alors un policier se met à observé... mais sans succès, pas de rodeur... Seulement Cécile disparait alors que sa tante meurt... Alors un Maigret débordé quitte soudain ses affaire en cours.... pour vérifier...

Et ce qui est vraiment intéressant dans le livre, c'est que Cécile attendant au Quai des Orfèvres patiemment un Maigret très affairé, et bien on nous plonge dans l'atmosphère de ces locaux.... Et Maigret qui inspecte la maison, observe chaque objet à la recherche d'une réponse, pendant que les questions fusent dans sa tête...

Mais surtout, on va retrouvé quelque chose dans le placard à balais de la PJ, Quai des orfèvres, ce qui va rendre célèbre se modeste placard grâce au roman... et dans les reportages, et bien oui... on vous confirme... que sur invitation, Simenon avait bien visité les locaux... ce n'est pas un hasard s'il en parle, dans son roman, car ce fameux placard, il l'a vue... Une riche idée... de faire de l'endroit le plus anodin du Quai des Orfèvres le point clé de l'intrigue...
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Cécile est morte

Cécile est morte ! Oui, Cécile, cette jeune fille de "deuxième fraîcheur", avec son chapeau de travers, ses yeux qui louchent un peu, son énorme sac à main ! Cécile avait peur ! Elle était sûre que quelqu'un venait la nuit dans l'appartement qu'elle habitait avec sa vieille tante presque infirme. Des fauteuils changeaient de place, elle avait même senti une odeur de tabac !

Alors elle venait au Quai des Orfèvres voir Maigret pour qu'il l'aide. Elle venait même tellement souvent qu'on commençait à en plaisanter....Madame Maigret avait elle à se faire du souci ? Et Maigret avait fait surveiller l'immeuble...Mais il ne s'y passait rien !

Alors ce matin là, le commissaire traîne pour la recevoir. Et quand il se décide enfin, elle n'est plus là !

Alors il va à Bourg la Reine. et dans l'appartement, il trouve la vieille tante étranglée ! Et en revenant à Paris il apprend que Cécile a été retrouvée morte, elle aussi, dans un placard à balais du palais de Justice, juste de l'autre coté de la porte qui mène aux bureaux de la PJ.

Dans l'immeuble de Bourg la Reine il apprend que la tante, qui comptait sous par sous quand sa nièce revenait de faire les courses était la propriétaire de l'immeuble et de beaucoup d'autres dans la ville. Il a aussi vu un voisin, Dandurand, un ancien "client" de sinistre mémoire.

Voila qu'il lui explique que c'est lui qui venait la nuit : il était en quelque sorte l"homme d'affaire " de la tante: il organisait ses placements (lucratifs) dans des lieux dont une vieille dame digne devrait ignorer l'existence.

Qui a tué la tante ? Et qui a tué Cécile ? Est-ce le même assassin ? On n'en est même pas sûr !

Le frère ou la soeur de Cécile, pour hériter plus vite ? Il n'étaient riche ni l'un ni l'autre. Les cousins de province qui débarquent annonçant que la tante leur a affirmé qu'ils seraient ses seuls héritiers ? Ou y a-t-il eu une rivalité d'"affaire" avec l'un des messieurs bien mis, présents eux-aussi pour l'enterrement ?

C'est un Maigret qui s'en veut terriblement qui mène cette enquête. Un Maigret furieux après lui-même. Cécile n'aurait pas du mourir !
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Ceux de la soif



Voici, sans conteste, le roman le plus intrigant de Simenon. Il est vrai qu'il lui fut inspiré par un fait divers authentique et énigmatique à souhait et qu'il se déplaça au Galapagos pour étudier le problème sur place. De ces morts suspectes, sur lesquelles on ne fait toujours que des suppositions (mais, de nos jours, on le peut, les années nous ayant donné cette liberté que, à l'époque, il faut le souligner, le romancier belge ne possédait évidemment pas), vous trouverez un exposé clair et à mon avis assez fidèle ici : http://www.tahiti-infos.com/Carnet-de-voyage-La-baronne-Wagner-ephemere-reine-mythomane-des-Galapagos_a145415.html - texte et photos d'époque.



L'action se situe sur Floréana, l'une des îles qui forment l'archipel des Galapagos, lieu qui, à l'époque de Simenon, avait déjà subi une tentative de colonisation, tentative d'ailleurs vouée à l'échec. Les animaux du continent que l'on trouve là-bas - sauf les célèbres tortues géantes - sont d'ailleurs les survivants de cette tentative.



Île parfaitement déserte, Floréana paraît la meilleure destination au Dr Müller, quasi quinquagénaire et universitaire en vue, pour aller y vivre selon son rêve : en communion avec la Nature. Il ne part pas seul mais emmène l'une de ses étudiantes, tombée amoureuse de lui, Rita Strauch, beaucoup plus jeune que lui mais qui, véritablement fascinée par le charisme du personnage (charisme plus intellectuel que physique d'ailleurs), s'est vouée à lui. Et puis, Rita espère toujours ... Elle se dit que, un jour, le docteur se laissera bien séduire autrement que platoniquement ...



Sur Floréana en effet, ils ne vivent que comme frère et soeur. Dans le lit qu'ils ont édifié dans leur case sans murs, une séparation de bois de 15 cm de hauteur doit leur éviter toute tentation. Le fait est que ça fonctionne plutôt bien. Par la suite, l'impuissance sexuelle du médecin sera évoquée, avec plus ou moins d'insistance, par Simenon, là aussi bien sûr sans preuves concrètes. Mais en fallait-il - et nous en faut-il ?



Dans ce qui pourrait passer pour un vrai petit paradis, n'étaient les fantaisies de la saison sèche, qui dure parfois un mois de trop et compromet gravement la vie des hommes et des animaux, Frantz Müller et Rita vivent comme Adam et Eve, souvent nus comme la main et dans un parfait naturel. Homme, on ne le répétera jamais, très singulier, le médecin s'est fait arracher toutes les dents pour ne pas être tenté de chasser les animaux de l'île afin d'avoir de la viande fraîche. Rita, en bonne disciple, si elle a conservé son beau sourire, ne mange pas non plus autre chose que des légumes, du riz et des fruits. Elle veille sur la maison, s'occupe du ménage et de la cuisine, répare les nattes défaites tandis que son compagnon poursuit son Grand Oeuvre, un livre scientifique de haute volée, qu'il ne parvient malheureusement pas à terminer, ceci soit dit en passant, et effectue de vastes promenades sur ces terres magnifiques, baignées par le Pacifique. Comme l'observeront certaines de nos lectrices, même avec un homme comme Müller, les tâches féminines restent les tâches féminines ...



Pour le ravitaillement, le "San Cristobal" passe deux fois par an et ils ont aussi, venu d'une autre île, de temps à autre, la visite de Larsen, métis d'un marin norvégien et d'une indigène, sympathique géant que le docteur voit d'un assez bon oeil. Car le Dr Müller, qui pense beaucoup mais n'est guère bavard, a tout du misanthrope et, tout comme il avait peu d'amis en Allemagne, il en est de même bien entendu aux Galapagos. C'est un solitaire, élément que Simenon fait habilement ressortir, voulant peut-être rappeler - peut-être - que les solitaires, animaux ou humains, peuvent se révéler très dangereux, surtout si on les pousse à bout.



Un jour, débarque une famille allemande, les Herrmann, le père, la mère et Jef, le fils de douze/treize ans, qui n'a pas toute sa tête à lui et qui, selon ses parents et les médecins allemands, est tuberculeux. D'où cette irruption aux Galapagos dont le climat, paraît-il, est très bon pour lutter contre cette maladie. Tout en les incitant à s'installer un peu plus haut, dans la montagne, Müller fait contre mauvaise fortune bon coeur et finit par se lier, à sa manière froide et hautaine, à ses nouveaux voisins.



Malheureusement, quand, au tout début du livre, le "San Cristobal" s'amène pour déposer dans ce demi-paradis une certaine comtesse Von Kléber, ses deux amants, Nic Arenson et le jeune Kraus (lui aussi tuberculeux et à un très fort degré), sans oublier caisses de whisky, de cigarettes, de conserves, etc, etc ... ainsi que la prétention de bâtir un hôtel ("L'Hôtel du Retour à la Nature"), destiné aux touristes très riches, avec yachts, mondanités et qui ne considèrent en fait la Nature que comme un nouveau jouet à leur seul usage, Müller, en homme intelligent, comprend tout de suite que le Diable vient de s'introduire chez lui. Impérieuse, narcissique au possible, probablement nymphomane, la comtesse, qui prétend avoir des relations, se serait fait accorder la concession de Floréana par le gouvernement de l'Equateur et entend devenir l'impératrice (sic) de l'île.



Tout d'abord prête à faire ami-amie avec Müller, elle aussi saisit vite que ce personnage frêle, sec et hautement intellectuel, est d'une toute autre trempe que les hommes qu'elle est habituée à fréquenter et / ou pour lesquels elle se prend d'une tocade. Le raisonnement de Simenon, là encore suggéré, est à la fois simple et logique : l'impuissance masculine et la nymphomanie féminine sont les deux revers d'une même pièce. Par conséquent, rien, absolument rien, ne peut aimanter le docteur vers la beauté et l'entregent de la comtesse. Il y a même pire : chacun pourrait s'apercevoir de ce qu'est l'autre et le raconter à qui il ne faut pas ...



Alors, tout se déglingue ... et évidemment, comme toujours chez l'auteur belge (et dans la réalité, comme vous pourrez le constater sur l'article Web que je vous ai déniché), tout va très, très mal finir. Seule Rita, recueillie par le yacht de lord Baimbridge, pourra revenir sur le continent. Mais elle y reviendra, laissant derrière elle beaucoup de cadavres et de questions.



Précisons qu'elle ne semble n'avoir jamais été suspectée, en tous cas par Simenon, d'avoir une quelconque responsabilité dans cette mini-hécatombe. Dans la réalité, il n'en fut pas tout à fait de même, loin de là.



Ce qui change justement ici, chez le Liégeois, ce sont ces soupçons qu'il laisse montrer le bout de leur nez pointu ici et là, ces indices dont on se demande s'ils en sont vraiment et qu'il dispose là où nous les attendrions le moins. Assurément, l'histoire l'a intriguée mais il ne paraît pas en avoir trouvé la clef. De même, son lecteur en vient-il à suspecter à peu près tout le monde, par exemple de l'étrange disparition de la comtesse et de Nic. Est-ce bien Kraus, lassé de se voir traiter en domestique, qui est responsable de ce double meurtre - car il est impossible que le couple infernal, alcoolique et partouzeur ait pu embarquer sur un voilier quelconque sans que les autres le sachent ? Si oui, qu'a-t-il fait des corps ? Et lui-même, qui veut "mourir en Allemagne", quand il s'embarque avec Larsen pour une ville plus fréquentée, est-il le meurtrier ou la victime du Norvégien ? Car Larsen a été, lui aussi, un temps, l'amant de l'insatiable comtesse ...



Dans le roman, Müller meurt d'une apoplexie que peut expliquer son âge mais qu'il semble avoir prévue. Dans la réalité, il serait décédé après avoir consommé une boîte de conserves avariée. Témoin unique : Rita. Alors, empoisonnement ou pas ? ...



Sous l'étouffant et indifférent soleil de Floréana, les ténèbres, si chères au père de Maigret, s'installent peu à peu et se prélassent. Mais le fil rouge est difficile à trouver - j'avoue que je reste personnellement dans l'expectative. L'angoisse, le suspens montent par degré et avec cette innocence qu'ils savent tous deux si bien feindre - dans les romans comme dans la vie. Bref, "Ceux de la Soif" est un grand livre que je vous conseille de lire au moins deux fois, pour bien enregistrer ce qui y est ... et ce qui n'y est pas alors que cela devrait y être. C'est du grand, du très grand Simenon. Et du plus subtil. Dans la tradition de "Long Cours" ou du binôme Donadieu : "45° A L'Ombre" et "Le Testament Donadieu."



Seulement, pour une fois, l'auteur vous laisse vous faire votre opinion personnelle.



Enfin, si vous y parvenez ;o) car vous pourrez vous endormir en pensant fermement blanc et vous réveiller le lendemain en vous traitant d'imbécile et en pensant noir. ;o)
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Ceux de la soif

Ailleurs l'herbe n'est pas plus verte, car les problèmes vous suivent ou vous attendent au retour.

belle démonstration, toujours glaciale par le Maître.
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Ceux de la soif

Un chef d'oeuvre de Simenon



À l'origine, un fait divers étonnant que Simenon pétrit et remodèle à sa façon.



À l'arrivée, un roman sur les illusions de la vie sous les tropiques.

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