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Critiques de Gérard Delteil (71)
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Les écoeurés

Le bandeau fluorescent qui ceinture ce livre annonce la couleur : « les Ecoeurés » est le premier polar consacré aux gilets jaunes. Le roman s'ouvre sur l'avertissement d'usage : cette oeuvre de fiction est inspirée de faits réels qui ont défrayé la chronique ces derniers mois. L'auteur a situé son récit à Saint-Plennech, une sous-préfecture de Bretagne fictive derrière laquelle on reconnait Saint-Malo. Alain Devers y dépose ses valises pour effectuer un stage dans le cadre de sa formation de lieutenant de police. Son supérieur l'envoie sur les ronds-points pour qu'il surveille discrètement les manifestants. Un week-end, une femme qui participait à un barrage filtrant est tuée après avoir été renversée par un véhicule. Le chauffard a pris la fuite sans que personne ne relève sa plaque. le jeune policier prend l'initiative de le rechercher sur son temps libre.



Le récit repose sur deux enquêtes qui apparaissent comme totalement secondaires. Ce roman est plutôt conçu comme un documentaire sur les gilets jaunes. L'auteur se focalise sur une ville de province. Les violences sur les Champs-Elysées n'apparaissent qu'en second plan. Le mouvement est montré sous une lumière crue : mobilisation spontanée, organisation anarchique, revendications contradictoires. Des manifestants apolitiques côtoient des militants d'extrême gauche et des illuminés adeptes des théories du complot. Certains font le choix de la violence, d'autres celui du dialogue. Les autorités peinent à trouver des interlocuteurs car les chefs et les porte-paroles sont vite brocardés. Gérard Delteil s'attache à révéler ce qui se cache en arrière-plan d'un tel mouvement : manipulation, infiltration, récupération… Mais ce qu'il faut surtout retenir de ce roman, ce sont les portraits des « écoeurés» dépeints avec beaucoup de réalisme : Claire complète son allocation chômage en faisant des heures de ménage au noir ; Bruno, un autoentrepreneur, parvient difficilement à payer les traites de son pavillon ; Nicole vient de perdre son poste de comptable part haranguer les automobilistes à un carrefour…

Un tableau sincère et exhaustif du mouvement, parfois schématique sur certains de ses aspects.

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Transfert

Pour ceux qui ont lu l’Incal de Moebius, vous devez avoir en mémoire le moment où Son Ophidité Majeure se transfère dans un nouveau corps, plus jeune, plus beau, plus musclé. Gérard Delteil reprend cette idée comme base de son roman. Si les références à Moebius (L’Incal) et Bilal (La foire aux immortels) sautent aux yeux, il évite le repompage grossier pour nous proposer un roman des plus intéressants et personnel.



Il s’agit d’une dystopie post-apocalyptique, le monde s’est reconstruit sur des bases plus saines à priori, celles du mérite, mais il a de nouveau dérivé vers un système de castes et de privilèges. La plus haute caste, celle des archontes, possède celui de pouvoir changer de corps lorsque le leur est usé. L’un d’entre eux, Bachouroff, atteint d’une maladie incurable, se voit déchu la veille de son transfert, cela équivaut à une condamnation à mort, il va donc entrer dans l 'illégalité et se procurer clandestinement un nouveau corps. S’ensuit une course poursuite dans un univers urbain sombre et inquiétant, dans le genre Blade Runner.



Gérard Delteil ne se contente pas de mettre de l’action, de la technologie pour faire de la SF tapageuse. Il déploie son univers avec cohérence, les descriptions sont efficaces et claires, il y a une véritable atmosphère et la psychologie des personnages n’est pas en reste. L’intrigue nous réserve un grand nombre de surprises, on peut juste reprocher certaines idées d’être un peu bancales, ne devant leur présence que pour donner une issue originale au scénario, comme la raison de la déchéance de Bachouroff ou l’apparition de la mémoire d’Anderson (sans ses deux détails, s'était une demi-étoile en plus pour ma note).



Donc, pas tout à fait parfait, mais c’est un très bon opus de la collection Fleuve Noir Anticipation.

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Le Poulpe : Chili incarné

Les aventures de Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, héros récurrent, ont la particularité d'être écrites par un écrivain différent à chaque roman. Ici, c'est G. Delteil qui s'y colle et nous emmène en Amérique du Sud. Il "pérégrine" au Chili et au Mexique tandis que les témoins se font dessouder.



Allègre et de style humoristique, le thème a pourtant un substrat véridique : des militaires chiliens auraient vendu à des archéologues européens de fausses momies fabriquées à partir des cadavres d'opposants politiques torturés et assassinés.



Un roman dans la tradition, qui respecte le cahier des charges du Poulpe.

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Coup De Coeur

De même que les écrivains dont le style, ou l'écriture, sont décrits comme "fluide", ceux qui provoquent avec une incroyable facilité, des "coups de coeur" me donnent envie de vomir tout mon quatre-heures (composé généralement d'un sandwich rillettes-reblochon arrosé de bouillon de poule) instantanément.

Le coup de coeur fait partie du vocabulaire des agents immobiliers qui tentent de vous faire croire qu'un minuscule 2-pièces au quatrième sans ascenseur avec vue sur la déchetterie est une affaire exceptionnelle, "à visiter absolument", "beaucoup de cachet, très lumineux, proche commodités, beaux volumes, ....un vrai coup de coeur!"

Le visiteur risque plutôt un arrêt du coeur en montant les 4 étages et en découvrant un affreux galetas "à rafraichir"..

Ô lecteur, méfie-toi des jaquettes et des critiques fleuries qui en veulent à ton palpitant et à ton portefeuille, essayant de te fourguer de la prose industrielle à coup de promos et de baratin de salon. Méfie-toi des plateaux de télé littéraires où l'invitée répond par un "c'était juste pas possible!" ( hier soir vers 21 heures) qui te fait regretter Les Dossiers de l'Ecran.

C'était notre rubrique : après ton coup de gueule, va boire un peu d'eau de Vichy, c'est bon pour le foie.
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Piège sur Internet

mon lire que je lis pour mon cours de français

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Les années rouge et noir

Gérard Delteil auteur d’une soixantaine de romans, nous plonge, avec ce thriller politico-historique, dans les couloirs du pouvoir.

Dans « les années rouge et noir » il nous livre une longue saga qui couvre les « Trente glorieuses », de l’occupation jusqu’aux années 70. Tout au long du roman nous suivons trois personnages. Anne Laborde, Gaulliste de la première heure, qui fera carrière dans les ministères au plus près du pouvoir. Aimé Bacchielli, collaborationniste vichyssois se transformant en « homme de l’ombre ». Alain Véron ouvrier et proche du parti communiste.

Le livre se lit facilement mais qu’est-ce qu’on s’ennuie ! Les personnages ne sont pas particulièrement sympathiques. L’histoire de cette époque est survolée et très simplifiée. Gérard Delteil nous fait faire des sauts d’une période à une autre sans grande transition et les liens entre les protagonistes sont pratiquement inexistants. Un livre à oublier.

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Fenêtre sur route

Ce roman noir est une "étude" sociale sur nos contemporains quand ceux-ci se trouvent dans les embouteillages d'un 31 juillet. Le microcosme que devient l'autoroute des vacances avec ses 8 millions de personnes "enferaillees" est le trame de cette histoire...

On se double, on se fait doubler, on revoit X fois les mêmes visages dans les mêmes bagnoles, on se dispute, on s'observe, on se lie d'amitié...voir plus...et l'ennui débride l'imagination... De la à s'imaginer que son voisin automobiliste a pu commettre un crime...
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Piège sur Internet

tout y est : un voyage scolaire époustouflant, les gratte-ciels, New York donc, internet, et une traque...

un vrai suspens, un vrai premier polar pour ado.
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Les années rouge et noir

Un thriller aux rebondissements multiples. Un récit dense mais fidèle à la réalité historique, politique et sociale qui nous plonge au cœur d’une époque complexe.
Lien : http://www.bodoi.info/les-an..
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Pièces détachées

Le livre n’est en fait qu’un long flashback : C’est Patrick Ramon qui raconte nous voici à Garges lès Gonesse, où une équipe de six policiers intervient sur le meurtre d’un dealer dans un immeuble, et est en même temps appelée sur un autre meurtre, un docteur cette fois…

Des passages très violents lors de rivalités entre bandes

On comprend assez vite le rapport entre les deux meurtres.

Travail très documenté et sujet intéressant.



Le prix Quai des Orfèvres est amplement mérité.

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Mâle de mer

un couple de bourgeois fortuné, prennent a leur bord

un jeune homme fauché.

au début le jeune homme,

va trouver la croisière plutôt

plaisante, surtout que Christine n'est pas farouche,

et que jean Michel a pas l,

air jaloux.mais peux après

il va se poser des questions,

une bonne histoire pleine de surprises.
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Les années rouge et noir

De mai 1942 à mars 1978, un récit à la fois historique et politique de le vie française à travers des portraits de Parisiens dont les parcours s'entre-mêlent . Facile à lire, un rappel des leçons d'histoire du lycée et de nos propres souvenirs .
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Les écoeurés

Bonjour,



Voici un roman noir que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Les écœurés" de Gérard Delteil aux éditions du Seuil.



Saint-Plennech, en Bretagne. Le mouvement des Gilets Jaune, bien installé sur le rond point du Mouchoir-rouge voit arriver parmi ses membres un nouveau venu, Alain. Il se fond vite dans la masse, lie facilement connaissance avec les manifestants. Il côtoie surtout Claire avec qui il va avoir une aventure.



Mais Alain n'est pas vraiment un Gilet jaune. C'est un lieutenant de la police stagiaire, tout droit sortir de l'école de police, chargé par le commissaire Barjac d'infiltrer le mouvement et espionner les divers profils. Il doit se faire passer pour l'un d'eux. Il doit également rendre des comptes au capitaine Gantois, de la DGSI.



Lors d'une journée d'action, sur un barrage filtrant, une manifestante se fait renverser par un chauffard qui la tue. Quelques jours plus tard, une marche blanche est organisée. Très vite, la marche dégénère et de gros dégâts sont à déplorer, notamment chez un commerçant de vin. Les militants ont également décidé d'occuper le port et d'en bloquer les ferries.



L'apprenti-flic comprend alors que la situation devient incontrôlable, sans chef pour régenter tout ça. Le porte-parole Bruno Delbecq, fondateur du mouvement, se fait très rapidement mettre hors-jeu par l'ensemble des manifestants.

Devers réalise qu'il doit la jouer finement s'il ne veut pas être démasqué.



Roman très social centré entièrement sur le mouvement des Gilets Jaunes et sur leurs actions à défendre, notamment le RIC. Mouvement qui a fait énormément de bruit comme on s'en souvient tous.



Les images que l'on a pu voir dans les journaux télévisés nous reviennent en mémoire. Ici, loin de la violence parisienne, l'ambiance reste électrique mais se veut avant tout pacifiste.



L'enquête de Devers est reléguée au second plan, vu qu'il n'est pas directement impliqué dans sa résolution. C'est surtout l'importance des relations humaines et des actions entreprises par les militants qui ressortent.



Alain au début constate, reste en retrait et analyse la situation avec son point de vue de flic. Mais très vite, sa position vacille. Il n'est plus tellement sûr de ce qu'il fait, surtout qu'il se sent manipulé par son supérieur et la sous-préfète, que les malversations, tractations et autres combines mènent la danse.



Ce que je retiens avant tout, ce sont les personnages. Ces écœurés qui sont dépeints dans un réalisme sincère au sein du rassemblement. Ces gens qui se bougent, pas de manière coordonnée certes, plutôt de façon spontanée, avec des revendications multiples. Chacun a son mot à dire, leur existence en dehors du mouvement n'est pas évoquée.



L'auteur a écrit ce livre comme un genre de reportage bien documenté sur les Gilets Jaune. Il dépeint sans excessivité le tableau tel qu'on l'a connu. Un bon roman noir social qui s'infiltre dans l'immersion de ces mouvements citoyens où la colère domine.



Bonne lecture, amis lecteurs !
Lien : https://lecture-chronique.bl..
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Le Poulpe : Chili incarné

On ne dira jamais assez d'éloges sur cette collection à 10 FF / 2 € qui aura permis à les livres de trouver leurs lecteurs, et l'inverse. C'est pour moi par ce biais que j'ai découvert le poulpe, dans pas mal de ses aventures et j'avoue n'avoir jamais été déçu. Alor celui-ci est-il meilleur, moins bon? Delteil est un très bon auteur et a réussi pour moi ici à s'accaparer du personnage, et ça en fait un bon moment de détente. Il ne faut pas aller chercher plus loin avec toute cette série, mais c'est déjà beaucoup.
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Ici le chat est le patron

Guy Durupt est directeur du marketing à la SAAPA (Socièté Anomyne d'Aliment Pour Animaux). Il doit mettre en boite leur prochaine compagne de pub pour un aliment haut de gamme pour chat. "Le fauchon pour matou". Mais rien ne se passe comme il le souhaite.

Durupt en plus d'être directeur de Promotion il est aussi celui des Relations humaines. Et là visiblement tout le monde à décider de lui gâcher sa journée.

A commencer par le chat et l'acteur qui doivent tourner la bande annonce du nouveau produit et puis il y a un journaliste qui le harcèle. Et la journée ne se déroule pas sans un problème à régler. Et même en fin de journée, Durupt se retrouve témoin direct d'un meurtre. Et ce n'est qu'un début, oui le début de ses aventures mouvementés parsemés de cadavres.

Sa vie va vite devenir infernale.

Des attentats, des journaliste assassinés, des dôles de types suspects.

Mais qu'y a-t-il donc dans la nourriture du matou qui attirent tous ses ennuies.

Gérard Delteil nous offre ici un récit décalé avec pour personnage un anti-héros bien malgré lui. Guy Durupt est en effet au centre de cette histoire. Et c'est bien autour de lui qu'est articulée l'intrigue de se roman noir, ce polar social qui nous plonge sans coup férir dans le monde de la pub et de ses dérives.

Un joyeux divertissement intelligent




Lien : https://collectifpolar.com/
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Le Poulpe : Chili incarné

Le Poulpe est un personnage que j'aime beaucoup, inventé par un auteur que j'aime énormément et dont les premiers épisodes m'ont beaucoup enthousiasmés.



Il faut avouer que ce qui fait la grandeur d'un homme, parfois, fait la décadence d'une série. En clair, quand Jean-Bernard Pouy (une génie, est-il besoin de le rappeller), a inventé le personnage de Gabriel Lecouvreur et mis en place le concept et la bible de la série (en clair, des passages obligés, des personnages récurrents, un auteur différent à chaque fois, un titre sous forme de jeu de mots...) et qu'il a ouvert cette série à tous le monde, il a, à la fois, fait la renommée de cette collection et, à terme, l'a condamnée.



Car, d'avoir tenu parole en acceptant de publier toutes les histoires qui seraient écrites et ce quelqu'en soit l'auteur, il a réalisé ce que personne n'avait fait avant et, en même temps, à condamné la collection à vivre des hauts et des bas.



Au final, après presque trois cent épisodes, force est de constater que la qualité littéraire de ceux-ci oscillent entre l'excellent et l'exécrable. Et, entre les deux curseurs, nombre d'épisodes ne parviennent pas à trouver leur place faute à des auteurs voulant parler à tout prix d'un sujet, au point, peut-être, d'adapter un scénario qui n'était pas prévu pour Le Poulpe, ou bien de vouloir incorporer un de leurs personnages auprès de Gabriel Lecouvreur. Ces épisodes, sans être mauvais, pouvant même être parfois bons, n'en sont pas moins des déceptions tant ceux-ci n'entrent pas dans le moule et dans l'ambiance d'un bon « Le Poulpe ».



C'était le cas avec, par exemple, « Touche pas à mes deux seins » de Martin Winckler où l'auteur incorpore son personnage de Bruno Sachs dans la série et c'est encore le cas avec le titre d'aujourd'hui où le sujet semble avoir été choisi pour un autre projet et l'auteur l'aurait remanié pour y incorporer Le Poulpe.

En effet, Gérard Delteil est un auteur confirmé dont il est difficile de mettre en doute la qualité de plume. D'ailleurs, je ne me risquerais pas à cette extrémité, n'ayant rien à redire sur la qualité littéraire intraséque du roman dont il est question.



Seulement, l'on sait Gérard Delteil passionné d'Amérique Latine et on connait l'engagement politique de l'auteur. Si l'engagement politique n'est pas un frein à l'écriture d'un bon Le Poulpe, la plupart des auteurs de base de la série sont très engagés, le sujet sur le chili, Pinochet et cette histoire de momies n'avait, selon moi, que très peu de chance d'intéresser Gabriel Lecouvreur. Non pas que le bonhomme soit rétif aux voyages, ni qu'il ne soit pas touché par les problèmes de dictature, mais, j'ai du mal à le voir s'intéresser à cette histoire de momies, d'autant que l'auteur ne parvient pas vraiment à nous faire comprendre les motivations du héros (à part l'argent ?) et qu'il semble plus pousser par une tierce personne que par sa propre curiosité (qui est sa source habituelle de motivation).



À partir de là, je me demande ce que va foutre Lecouvreur au Chili et je me désengage de l'histoire et c'est fort dommage.



Dommage car, avec une motivation bien établie ou, mieux, avec un autre personnage, un journaliste Chilien, par exemple, quelqu'un touché de prêt par le fait divers, le roman aurait pu être tout autre.



Effectivement, le sujet pouvait être intéressant bien que j'ai du mal à croire que l'on puisse confondre des momies de plusieurs milliers d'années avec des corps récemment momifiés, surtout lorsqu'elles sont destinées à des musées. Je ne sais si l'auteur a trouvé cette idée dans des rumeurs...



Pour autant, le sujet pouvait surtout être prétexte à exposer l'histoire du Chili et des pays alentours...



Mais, Gabriel Lecouvreur étant de la partie, le fait de respecter la « Bible » du Poulpe, empêchait, de facto, de produire une oeuvre appronfondie et renseignée.



Reste alors une petite histoire sympathique dans laquelle, pour moi, Gabriel Lecouvreur ne trouve jamais sa place. Il a beau se trouver dans la mouise, boire des bières, vivre des péripéties, rarement j'ai eu l'impression de lire un vrai « Le Poulpe ».



Au final, un roman qui se lit sans déplaisir mais qu'il est difficile d'apprécier réellement en tant qu'un « Poulpe » tant les motivations du héros demeurent floues.
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Les années rouge et noir

Gérard Delteil, auteur prolifique s’il en est, signe ici une chronique sociale des Trente Glorieuses. De la fin de la guerre aux années 70, on suit le cheminement personnel, professionnel et politique de différents personnages incarnant chacun une figure archétypale de la société de cette époque : Anne Laborde, ancienne résistante, gaulliste convaincue qui fera carrière dans les ministères; son frère Jean-Pierre, qui choisit l’autre camp et deviendra par la suite un membre actif de l’extrême droite française; Alain Véron, frère d’un militant communiste assassiné en 1944, qui, un peu malgré lui, s’engagera pour des causes telles que l’indépendance de l’Algérie et la reconnaissance de l’homosexualité; Aimé Bacchelli, l’ancien collabo qui, après une période de purgatoire, réussira à devenir un homme d’influence; enfin Petit Louis, l’ouvrier communiste et cégétiste qui sera de toutes les grèves et de toutes les luttes, espérant le Grand soir...



A travers cette vaste fresque, l’auteur met en lumière les stratégies des différents chefs de file syndicaux et politiques, les choix et les compromis; il évoque les conditions de la création du  SAC et de l’OAS; il nous rappelle la violence du climat qui régnait à Paris au moment de la guerre d’Algérie; on voit aussi apparaître les prémices des traitements de données informatiques, d’une forme de management totalement cynique tout droit venue des Etats-Unis... bref les balbutiements de ce qui fait notre quotidien d’aujourd’hui.

C’est donc un panorama très complet et sans fausse note que nous offre Gérard Delteil.  Cette chronique se lit sans aucune difficulté et, pour les plus anciens, ne doutons pas qu’elle fera remonter plus d’un souvenir à la mémoire. Le tout dans une facture très - à mon goût, je serais tentée de dire un peu trop - classique. Personnellement, il me semble que le roman aurait gagné en intensité à être un peu moins lisse, un peu plus nerveux... Il reste cependant un témoignage intéressant et bien documenté, qui peut valoir la peine d’être lu si l'on souhaite se replonger dans cette période.


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Les années rouge et noir

Blog polar du Monde - http://polar.blog.lemonde.fr/2014/02/24/les-fichiers-secrets-des-annees-rouge-et-noir/



Les fichiers secrets des années rouge et noir



Gérard Delteil est un forçat de l’écriture. Une sorte d’Alexandre Dumas des temps modernes, qui, en trente ans, a publié plus d’une soixantaine de livres, relevant tout aussi bien du roman policier pur, de la science-fiction, de l’enquête journalistique, du pastiche, du conte pour enfants… « Speculator » (2010), son précédent roman, se voulait d’ailleurs un hommage à l’auteur des « Trois mousquetaires », sorte de téléportation dans le monde actuel de la finance de d’Artagnan, Aramis, Athos et Porthos. Il publie aujourd’hui, « Les années rouge et noir », un thriller historique qui, en près de cinq cents pages, balaie les « Trente glorieuses », ces années entre 1944 et 1974, où la France vécut un boom économique sans précédent, ainsi que profondes mutations politiques…

Gérard Delteil a toujours eu l’art de brouiller réalité et fiction, mais là, il réussit une gageure, en nous entraînant, à travers l’histoire croisée de plusieurs personnages, dans une reconstitution époustouflante de précision d’une époque à la fois si proche et si lointaine.

Que peuvent avoir en commun Anne Laborde, une résistante gaulliste devenue haut fonctionnaire à la Libération, Alain Véron, un ouvrier de Renault, dont le frère militant communiste a été mystérieusement assassiné en août 1944, Aimé Bachelli, un collabo qui s’est mué en conseiller de l’ombre de Georges Pompidou ? A priori, rien. Dans les années 1950-1960, une grande bourgeoise mariée à un avocat célèbre a peu de chance de croiser un mécanicien homosexuel autodidacte qui ne connaît, lui-même, que de très loin les grandes figures de l’extrême droite… Grâce à Gérard Delteil, ils vont pourtant mener un bout de chemin ensemble à la faveur de circonstances historiques, comme l’Occupation, la Libération, l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle, la Guerre d’Algérie, les événements de mai 68, l’élection de George Pompidou à la présidence de la République. Cela pourrait être artificiel et sombrer dans le procédé. Pas du tout. En s’appuyant sur une solide reconstitution historique, où la précision des détails côtoie une connaissance encyclopédique des arcanes de la vie politique de la IV° et V° République, Delteil a construit une intrigue prenante où les affres quotidiennes des uns (l’amour, l’argent, le boulot) se superposent aux apparitions des autres (Aragon, Sartre, Krasucki, Frachon –Benoît, un leader de la CGT et du PC, pas Alain du Monde-, Malraux…). La petite histoire y télescope la grande…

Chaque personnage renvoie ainsi à quelque chose de précis. Aimé Bachelli, qui, dans le roman, est décrit comme un homme de l’ombre, créateur de réseaux d’influence et grand manipulateur au service d’une idéologie extrémiste, possède ainsi bien des points communs avec un certain Georges Albertini (1911-1983). Ce sympathique garçon démarra sa carrière dans les années 1930 du côté de la social-démocratie, avant de suivre Marcel Déat, dont il fut le bras droit, dans sa tentative de créer un véritable parti national-socialiste français. Collabo patenté, il fut, à la Libération, arrêté, jugé et condamné à plusieurs années de prison. Gracié par son ancien ami socialiste, Vincent Auriol, devenu Président de la République, il créé alors, avec l’appui de la Banque Worms et de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie), plusieurs officines (Institut d’Histoire sociale, Institut Supérieur du travail…) ainsi que des revues (« Est-Ouest », « Histoire et liberté »…) destinées à relayer la lutte anti-communiste. Il y accueille une bonne part des soldats perdus de l’extrême droite, aide à la création de syndicats « indépendants » comme Force Ouvrière, participe à la fondation du SAC ( ce service d’ordre « musclé », qui, pendant la guerre d’Algérie, chercha à s’opposer aux exactions de l’OAS, avant de muer en une sorte de milice). Surtout, grâce à ses anciens réseaux, cet homme d’influence devient, une fois les gaullistes historiques écartés, un des conseillers de Georges Pompidou et surtout un des proches de Marie-France Garaud et Pierre Juillet, qui furent ensuite les mentors de Jacques Chirac… Albertini fut surtout un de ceux qui eurent l’habileté de sortir l’extrême droite de ses démons collaborationnistes pour la remettre dans le jeu politique républicain en lui redonnant une dimension intellectuelle et un visage acceptable, loin des dérives fascisantes des années « noires ».

Quant au frère d’Anne Laborde, Jean-Pierre, qui, dans le roman, est un ancien de la division SS Charlemagne, tête brûlé de l’OAS, fondateur d’Occident, créateur d’un syndicat patronal chez Simca, il ressemble furieusement à François Duprat (1940-1978), ne serait-ce que les circonstances identiques de leur mort, dans l’explosion de leur voiture. Duprat, numéro 2 du Front National, était un des principaux théoriciens du renouveau nationaliste…

Avec un art consommé de l’intrigue et un sens aigu du suspens, Delteil se sert du roman « noir » pour démonter les mécanismes qui ont permis à une bonne partie de l’extrême droite de sortir du ghetto et de se construire une respectabilité loin des dérives fascistes des années 1940.

L’écrivain décortique également avec subtilité les tiraillements au sein de la gauche et des syndicats, notamment lors des grandes grèves à Renault Billancourt, en 1947, menées par des militants trotskystes de la future Lutte Ouvrière et échappant aux permanents staliniens. L’impact de l’insurrection à Budapest contre l’URSS, ainsi que celui du soutien au FLN lors de la guerre d’Algérie, sur les militants communistes français, sont également traités avec une jolie maîtrise du sujet. À chaque fois, ces profonds débats qui ont traversé l’ensemble de la société française, sont abordés par le prisme de la vie au jour le jour d’individus qui pourraient être tout le monde. Un point commun les lie pourtant : ils refusent d’être de simple spectateur des événements et veulent en être des acteurs…

Gérard Delteil a écrit là un livre tout aussi ambitieux que bluffant, qui se lit d’une traite. C’est sans doute son meilleur. En tout cas, une belle preuve que le roman noir est au sommet de sa forme lorsqu’il nous raconte le monde dans lequel nous vivons.

.

Yann Plougastel



Gérard Delteil, « Les années rouge et noir », Le Seuil, 464 p., 22 euros.
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Mort d'un satrape rouge

Voici un polar marqué à la fois par son époque (le livre est sorti en 1998) et par son lieu (imaginaire mais typique d’une banlieue défavorisée près de Paris). C’est presque un documentaire et c’est cet aspect que j’ai préféré.



Le principal intérêt est de décrire de façon crédible les préoccupations et le fonctionnement d’une mairie communiste de banlieue : le vieux maire, réélu depuis bientôt 40 ans, ancien résistant et FFI, aussi vrai que possible, le rédacteur en chef du journal municipal, qui est le narrateur du livre et tous ceux qui travaillent avec eux, les affaires courantes et les affaires tout court...

Les personnages sont bien imaginés et intéressants et présentent des facettes différentes de cet environnement. Attention, les personnages sont nombreux et on a tendance à s’y perdre un peu. Mais cela se laisse lire.



Le maire est donc assassiné, d’où le titre. Et la Police débarque : Police locale, Police criminelle, des personnages eux aussi tous très bien imaginés. Ensuite, le fait que le rédacteur en chef narrateur participe plus ou moins à l’enquête est assez étrange mais facilite évidemment l’écriture du livre. Le dénouement un peu alambiqué m’a laissé assez froid mais j’avoue que je ne suis pas fan de polars (sauf recommandation d’un ami comme ça l’était cette fois) et donc pas vraiment un public acquis d’avance.
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Les huit dragons de jade

C’est une assez grosse déception que ce roman d’une longueur sans nom, sans véritablement d’action et avec beaucoup trop de personnages. C’est dommage car l’idée était bonne et certaines situations pas mal mais ça ne rattrape pas tout.



Je ne suis attachée à aucun des personnages, le héros est bien trop égoïste à mes yeux, notamment vis à vis de sa tante Zhu.



Pour nuancer, je dirais que ce roman est aussi trop ancien pour me parler. J’étais toute petite quand i lest sorti, tout le contexte politique m’est inconnu donc je passe à côté de certaines infos.



Je dirais en fait, que j’ai apprécié l’intro et la conclusion mais tout le reste est long et ennuyeux.
Lien : https://loeildesauron1900819..
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