Le silence du dedans. Au bout de quelques années ici, il vient. Sans crier gare. Et il se met à rayonner comme un pauvre coquelicot, petite robe rouge du fond du jardin. Pure présence fragile, radieuse et inexpugnable.
La plénitude d'un paysage de montagne vient peut-être de la magnifique évidence de l'harmonie des trois règnes : le minéral, altier et incontournable, le végétal qui entoure et adoucit les formidables masses rocheuses et enfin le règne animal qui introduit le mouvement et le chant.
Beauté et plénitude.
La beauté est un signe puissant, un symbole qu’il ne faut pas cesser d’interroger.
Nous montions en voiture vers le couvent et, quand celui-ci apparut avec son immense toit d'ardoises et ses pierres claires qui réfractaient la douce lumière des hauteurs, alors je sus, je compris, je touchai, j'étreignis presque physiquement ce qu'était la liberté.
Mourir, oui ! L'impensable ! Même pour nous. On se vide l'esprit de tout ce que l'on est, l'avenir est soudain aboli ce qui permet de s'approcher en tremblant de ce qu'on a finalement trop négligé toute sa vie : le Présent.
L'Occident est le tiers-monde de la spiritualité disait Sullivan. Et celle-ci ne reviendra pas par des modes ou des greffes (le bouddhisme qui semble si bien s'adapter à l'air matérialiste) mais par l'éveil une à une des consciences qui s'embrasent et se reconnaissent. Il est passé le triste temps des gourous? Si vous éprouvez le besoin dévorant d'un gourou, d'un guide, d'un Maître, dites-vous que c'est la foi qui vous manque et demandez la foi. Demandez-la sans cesse. Je vous dis cela car le Menteur, le Séparateur dispose en réserve de beaucoup de gourous, il a délégué ses pouvoirs - qui sont extraordinaires - à bien des "maîtres", mais ce ne sont pas des fils de l'Esprit Saint mais bien ses fils à lui, le dissociateur, le fauteur de troubles, le menteur.
Il y a de par le monde des êtres de pureté, des saints, des justes mais - sachez-le - eux ne séduisent pas. Non, ils sont ce qu'ils sont, ils respirent déjà l'air nouveau, dans le secret et l'incognito, ils font de leur corps le temple de l'Esprit Saint et ils avancent vers le Royaume.
La communion des saints est un dogme merveilleux, un dogme d'espérance et de lumière qui nous relie selon de le degré de notre foi à ce Paraclet: l'amour infini.
Alors qu'il était à l'article de la mort et tandis qu'on le suppliait de songer à l'au-delà et de se préparer au grand passage, le poète américain Henry David Thoreau répondit : "Un monde à la fois."
La faim spirituelle est la plus terrible parce que la moins visible.
Jusqu'à sa mort on est promesse. On naît promesse, on est promesse et on scelle cette promesse du chemin à l'heure de notre mort.
Notre avant et notre après ne doivent pas trop nous préoccuper. Nous n'avons pas vraiment de prise réelle sur leur réalité ultime. Mais notre présent, notre maintenant, nous devons le servir, le nourrir, le chanter, le glorifier.
Maintenant et à l'heure de notre mort.