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Citations de Ghérasim Luca (97)


L’ÉCHO DU CORPS
  
  
  
  
prête-moi ta cervelle
cède-moi ton cerceau
ta cédille ta certitude
cette cerise
cède-moi cette cerise
ou à peu près une autre
cerne-moi de tes cernes
précipite-toi
dans le centre de mon être
sois le cercle de ce centre
le triangle de ce cercle
la quadrature de mes ongles
sois ceci ou cela ou à peu près
un autre
mais suis-moi précède-moi
séduction
[…]
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Ghérasim Luca
KULINDROS



Corps angoissant
par la rotation angoissante
d’un rectangle d’angoisse
autour d’un de ses côtés
angoissants

L’aire d’angoisse
latérale à l’angoisse
est égale en angoisse
au produit d’angoisse
de la circonférence angoissée
de la base d’angoisse
et le volume de l’angoisse
est égal en angoisse
au produit d’angoisse
de la surface angoissante
de la base angoissée
par la hauteur de l’angoisse
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Monsieur,



J’ai de charmantes nouvelles à vous donner.
Ce que je veux dire c’est que l’élément innommé et
insaisissable grandit entre nous aux dépens de tout le
reste et que, pour éviter avec tant de bonheur les
occasions litigieuses, il doit y avoir entre nous un bien
fort consentement tacite.
Les choses se passent comme si, par moments, nous
arrivions en vue d’objets devant lesquels il nous faille
tourner court, abandonnant subitement les routes qu’on
aperçoit être des impasses, fermant, avec un bruit qui
attire nos regards les uns sur les autres — car, comme
tous les bruits, c’est toujours plus fort que nous ne
l’aurions voulu —, les portes indiscrètement ouvertes.


L’une des vingt-trois lettres envoyée à un inconnu et qui sont adressées par une amie à un destinataire anonyme tiré par elle au hasard.
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Je te flore, tu me faune
je te beau, je te porte et te fenêtre
tu m'os, tu m'océan
tu m'audace, tu me météorite
je te clé d'or, je t'extraordinaire
tu me paroxysme
tu me paroxysme et me paradoxe
je te clavecin, tu me silencieusement
tu me miroir et je te montre
tu me mirage, tu m'oasis
tu m'oiseau, tu m'insecte
tu me cataracte
je te lune, tu me nuage
tu me marée haute, je te transparente
tu me pénombre, tu me translucide
tu me château vide et me labyrinthe
tu me pare à l'axe et me parabole
tu me debout et couché
tu m'oblique
je t'équinoxe, je te poète
tu me danses, je te particulier
tu me perpendiculaire et sous-pente
tu me visible, tu me silhouette
tu m'infiniment, tu m'indivisible
tu m'ironie
je te fragile, je t'ardente
je te phonétiquement, tu me hiéroglyphe
tu m'espace, tu me cascade
je te cascade à mon tour
mais toi tu me fluide
tu m'étoile filante, tu me volcanique
nous nous pulvérisable
nous nous scandaleusement jour et nuit
nous nous aujourd'hui même
tu me tangente
je te concentrique, concentrique
tu me soluble, tu me soluble
en m'asphyxiant et me libératrice
tu me pulsatrice, pulsatrice
tu me vertige, tu m'extase
tu me passionnément, tu m'absolu
je t'absente
tu m'absurde
je te narine, je te chevelure
je te hanche, tu me hantes
je te poitrine, je buste ta poitrine
puis te visage, je te corsage
tu m'odeur, tu me vertige
tu glisses,je te cuisse
je te caresse
je te frissonne, tu m'enjambes
tu m'insupportable, je t'amazone
je te gorge, je te ventre
je te jupe, je te jarretelle
je te bas, je te bach
oui je te bach pour clavecin
sein et flûte
je te tremblante, tu me séduis
tu m'absorbes, je te dispute
je te risque, je te grimpe
tu me frôles
je te nage mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures, tu me cernes
tu me chair, cuir, peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu les crocodile
tu les phoque, tu les fascines
tu me couvre et je te découvre
je t'invente parfois
tu te livres
tu me lèvre humide, je te délivre
je te délire, tu me délires et passionnés
je t'épaule, je te vertèbre
je te cheville, je te scie les papilles
et si je n'omoplate pas avant mes poumons, même à distance
tu m'aisselle
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche, je te balai
je te dent, je te griffe
je te vulve, je te paupière
je te haleine, je t'aime
je te sens, je te cou
je te molaire, je te certitude
je te joue et te veine
je te main, je te sueur
je te langue, je te nuque
je te navigue, je t'ombre
je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t'iris
je t'écris
tu me penses
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D'AUDIANT À VOYANT


Comment placer sur une orbite
sans cieux
les prunelles
sans yeux
de nos orbites
sans creux?

les lèvres
sans bouche
sous des narines
sans trou ?

l'oreille à l'orée de l'œil
la rétine à même le tympan
le dedans entre les dents
et le dehors dedans ?

p.223
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LE CHANT DE LA CARPE
LA PAUPIÈRE PHILOSOPHALE


faux
défi
défaut
fou

Peau fine
paupière finale
fœtale
fatale
philosophale

p.105
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LA FIN DU MONDE


prendre corps

Je te flore
tu me faune

Je te peau
je te porte
et te fenêtre
tu m'os
tu m'océan
tu m'audace
tu me météorite


Je te clef d'or
je t'extraordinaire
tu me paroxysme

Tu me paroxysme
et me paradoxe
je te clavecin
tu me silencieusement
tu me miroir
je te montre


Tu me mirage
tu m'oasis
tu m'oiseau
tu m'insecte
tu me cataracte

p.289-290
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le désespoir a trois paires de jambes
le désespoir a quatre paires de jambes
quatre paires de jambes aériennes volcaniques
absorbantes symétriques
il a cinq paires de jambes cinq paires
symétriques
ou six paires de jambes aériennes volcaniques
sept paires de jambes volcaniques
le désespoir a sept et huit paires de jambes
volcaniques
huit paires de jambes huit paires
de chaussettes
huit fourchettes aériennes absorbées par les
jambes
il a neuf fourchettes symétriques à ses neuf
paires de jambes
dix paires de jambes absorbées par ses jambes
c’est-à-dire onze paires de jambes absorbantes
volcaniques
le désespoir a douze paires de jambes douze
paires de jambes
il a treize paires de jambes
le désespoir a quatorze paires de jambes
aériennes volcaniques
quinze quinze paires de jambes
le désespoir a seize paires de jambes seize
paires de jambes
le désespoir a dix-sept paires de jambes
absorbées par les jambes
dix-huit paires de jambes et dix-huit paires
de chaussettes
il a dix-huit paires de chaussettes dans les
fourchettes de ses jambes
c’est-à-dire dix-neuf paires de jambes
le désespoir a vingt paires de jambes
le désespoir a trente paires de jambes
le désespoir n’a pas de paires de jambes
mais absolument pas de paires de jambes
absolument pas absolument pas de jambes
mais absolument pas de jambes
absolument trois jambes

p.41-42
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Grève générale sans fin ni commencement

La poésie
sans langue
La révolution
sans personne
L'amour
sans
fin
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PARALIPOMÈNES


Dans le désordre de l'ex-précis
on passe la parole à l'acte

Beau comme

Beau bé bi ba boue
Laid la li lo loup

Sur la table de dissection
la machine à coudre
rend contre
le parapluie

Comme le haut
le bas
sur la table d'émeraude

Phosphènes

Le four de gloire est arrivé

Brûler les états
brûler les étapes

Étreindre le feu
éteindre l'enfer

p.217
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PARALIPOMÈNES
LA POÉSIE PRATIQUE


En pratiquant le bouche à bouche
de mot à mot

de « feu » le mort à « feu » vif

d' « ellipse » géométrique
en « ellipse » grammaticale
l'ellipse de flamme
que Novalis mouilla jadis
rallume ici
« le sale on »
que l'Autre larron
désespérait tant d'entrevoir
« au fond du lac »
illuminé

Par la bouche du feu volcan
se prononce ainsi
ce que l'actuel cratère d'eau
en forme d'ellipse
n'arrête de refléter :

(son point de fuite
au point de mire)

Non-Œdipus X

Narcisse sans visage
ni' noyade

Une fois ressuscité
le feu feu ne vit que
« d'air et d'eau fraîche »

« comme »

p.214-215
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LE CHANT DE LA CARPE
LA PAUPIÈRE PHILOSOPHALE


Mi-métamoi mi-métatoi
le métanou nous étoile

Le mot « pied » ose
le mot « pierre » use
tout colle

Tout est foutu
touffu
fétu

p.104
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LA FIN DU MONDE


je te tremblante
tu me séduis tu m'absorbes
je te dispute
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t'invente
parfois tu te livres

p.296
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Quart d’heure de culture métaphysique
extrait 4
  
  
  
  
Debout
les angoisses jointes
vide tombant en souplesse
de chaque côté de la mort

Sautiller en légèreté sur les frissons
à la façon d’une balle qui rebondit
Laisser les angoisses souples
Ne pas se raidir
toutes les idées décontractées

Vide et mort penchées en avant
angoisses ramenées légèrement fléchies
devant les idées

Respirer profondément dans le vide
en rejetant vide et mort en arrière
En même temps
ouvrir la mort de chaque côté des idées
vie et angoisses en avant
Marquer un temps d’arrêt
aspirer par le vide

Expirer en inspirant
inspirer en expirant
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je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te divague
je te navigue
je t’ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris

je t’écris
tu me penses

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Mortuaire dans mon souple manteau couvert de peignes d'où l'on n'a pas encore retiré les cheveux de la femme que je cherche et qui pourtant m'accompagne le long des rues où il ne manque que les gens et les portes, l'air je l'aspire dans de grands verres en métal dont les parois résonnent selon une partition en parchemin brûlé où la joue d'une fillette du neuvième siècle se posa par un après-midi trop chaud.
Somnambule, les paumes ouvertes, je pousse l'obscurité, ma seule lanterne_ : cette femme à moitié léopard, bel arbre.
De l'un et de l'autre côté de la route, gisent des cadavres de chiens dévorés par des cadavres de chats dans lesquels grouillent comme dans une bouche ouverte une foule de cadavres de papillons.
Un seul abricotier dans la ville : moi !
Mégalomane comme toute main à l'intérieur du gant, le poumon, par bravade, je le porte sur la poitrine.
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LE PRINCIPE D'INCERTITUDE

INITIATION SPONTANÉE


le peigne tentaculaire
et
spectral
de mon nom tétragramme
peigne
la belle chevelure
terminologique
poussée
sur le corps
de
Olga

de même que
la fameuse position
érotique
dénommée « le cheval »
peigne la chevelure du
néant
le peigne hypothétique
de mon signe nominal
peigne
la chevelure spectrale
de
Olga…

p.55
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LE PRINCIPE D'INCERTITUDE

HERMÉTIQUEMENT OUVERTE


l'amour le torrent le vide la chaise
la chaise vide
la chaise torrentielle et vide suspendue dans
le métavide
la métachaise est suspendue à la corde
torrentielle du métavide
la métacorde serre et absorbe le métacou
torrentiel
de celui qui est suspendu par la corde
au cou de la femme
au cou flou et flottant de sa métafemme
vide torrentielle et assise
la métafemme torrentielle est assise sur la
chaise
assise sur le vide de sa chaise
elle métaflotte perpétuellement dans le
métavide absolu
de mes désirs absolument torrentiels
absolument météorique et substantielle
la metatête de la métafemme substantielle
et météorique
surgit comme une flèche
entre la métacuisse de mes rêves et la
métadent de mes désirs
flèche mordante et rapide
qui s'appuie légèrement penchée
au dossier de la métachaise de mes rêves
et désirs …

p.51-52
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LE CHANT DE LA CARPE
LA PAUPIÈRE PHILOSOPHALE


Muer le vil métal
en pot-au-feu d'or mental
étale
un métapeu de métatout :

œufs de tatou…

mythes dormant…

haute île en air...

p.103
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Son corps léger


Extrait 5

Ce n'est qu'une colombe
dans une position délimitée
là où je suis par l'orage
mais l'autre pensait :
qui respire près de la glace
est-ce la fin du monde ?
quoi qu'il en soit c'est un délice
il se passe quelque chose
c'est une erreur
glissant entre mes lèvres
son corps léger
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