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Critiques de Gil Courtemanche (42)
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Un dimanche à la piscine à Kigali

La piscine des Mille-Collines à Kigali rassemble « les coopérants internationaux, les bourgeois rwandais, les expatriés retors ou tristes et les prostituées. ». Peut-être tout ce monde -là essaie de croire que le pays est en paix, et pourtant, dans les maisons en briques rouges emplies de sidéens et de paludéens s'annonce une tragédie. Gil Courtemanche, par les yeux de son protagoniste Bernard Valcourt, journaliste canadien, observe l'humanité bruyante, menteuse, essayant de s'étourdir, et même en proie au rut, comme si la présence de la mort exaspérait le désir sexuel.

Très documenté, complètement véridique, et cynique aussi, n'éludant pas les détails qui fâchent, dont le récit du génocide qui peu à peu gronde avec la haine véhiculée par la Radio des Mille-Collines, les phrases assassines sur les « cafards » que les Hutus doivent exterminer, les petites compromissions des uns et des autres, et, en toile de fond, le sida, qui tue avant que le génocide ne le fasse.

Il cite le cas d'un jeune diplomate coincé, dont la femme attend l'enfant d'un autre, malheureusement sidéen : il se retrouve père, cocu, et plus, sans rien comprendre.



Les Tutsis viennent du Nord, d'Égypte ou d'Éthiopie, leur peau est claire et la finesse de leurs membres leur donnent la noblesse, attestant de leur lointaine parenté avec des peuples civilisés. Ce sont des seigneurs.

Les Hutus sont des paysans, aux traits négroïdes, et élevés dans la dissimulation de leur haine envers les Tutsis. Ils gagnent peu à peu du terrain, volent, tuent, massacrent, violent, et font même plus que tuer : ils laissent en proie aux fourmis et aux vautours des Tutsis démembrés, dépecés et toujours vivants. L'un le clame comme un drapeau :

« Nous allons tuer dans un grand excès de folie, de bière, dans un déferlement de haine et de mépris qui dépasse la capacité de comprendre. »

Le génocide éclatera à un moment, tout en étant préparé par de multiples meurtres le précédant, racontés chacun en détail, et rendant impossible le témoignage, vu les concussions diverses des diplomates, responsables et même bonnes soeurs qui recueillent des bébés orphelins pour les revendre.

Contrairement à la radio des Mille- Collines, aux mains des génocidaires, l'hôtel des Mille-collines sera le refuge des Tutsis en fuite, la piscine sera bue intégralement par les survivants.

On comprend bien qu'être correspondant d'une guerre larvée place Valcourt en face d'une humanité déchainée, dans les deuils successifs qu'il doit faire en voyant des innocents se faire, au coin des rues, massacrer. Il voit aussi que ses essais de dire la vérité se heurte à toute la diplomatie mensongère, valorisant l'amitié entre les peuples pour occulter les horreurs commises.

On comprend bien aussi l'appétit de vivre lorsque la mort est omniprésente.

Pourtant, le parti-pris de traiter surtout le côté sexuel, malgré l'histoire d'amour autour de la piscine de l'hôtel, m'a pas mal gênée. Valcourt avoue à la femme qu'il aime que c'est en voyant ses seins et ses fesses qu'il a été séduit.

Deux étoiles de moins, parce que je ne crois pas qu'une telle déclaration puisse séduire aucune femme.

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Un dimanche à la piscine à Kigali

Pourquoi ?

Pourquoi me suis je imposé cette lecture ?

Je connais le génocide rwandais, j'ai lu une dizaine de romans dessus, alors pourquoi ?

Je ne sais pas . Toujours est-il que l'éclairage est un peu différent ici. On est entre le roman et le reportage car les personnages ne sont pas fictifs. Le livre se lit comme un roman, l'auteur a été correspondant pour radio Canada en Afrique et s'est appuyé sur son expérience au Rwanda.

A travers un journaliste (ou diplomate , ce que l'on veut) canadien , Bernard, on va vivre la montée vers l'inexorable purge.

C'est ce qui rend ce roman singulier. Le 6 avril 94 y est traité mais c'est toute la partie en amont qui donne de la singularité à l'ouvrage.

A travers ses personnages, l'auteur montre d'une part comment est constitué la société rwandaise : Hutu, Tutsie ... Il le fait à travers la famille de Gentille dont les ancêtres ont tout fait pour s'adapter au goût des dominants. Ce passage résume à lui seul dix livres d'histoire. Au Rwanda, on est de l'ethnie de son mari et sur sa carte d'identité , avant d'être Rwandais, on est Hutu ou Tutsie.

Il montre l'ingérence des colonisateurs qui avaient fait des Tutsies leurs favoris.

Il montre comment les Tutsies, après l'indépendance, ont commencé à être massacrés, dès les années soixante, et comment cette ethnie s'est reconstituée dans les pays limitrophes, abandonnant leur français natal pour l'anglais par exemple et montant une armée bien plus efficace que celle du Rwanda que Mitterand et ses potes entrainaient et équipaient de grenades. il ne faut pas trop le dire , laissons le saint homme reposer en paix.

Ce livre, extrêmement dur parce que vrai, stigmatise à travers le héro mais aussi une infirmière canadienne revenue de tout la nullité des Nations Unies, de la diplomatie, des blancs . Le parallèle avec l'éclairage fait à l'Éthiopie en 84 lors de la grande famine et la dissimulation de la situation au Rwanda est poignant et renvoie l'occident à son hypocrisie honteuse et infamante.

Ce livre, c'est aussi un bout d'Afrique, ses couleurs , son goût pour le sexe, son état d'esprit.

Cette piscine à Kigali est sans doute un grand livre . Cette piscine qui symbolise le monde des nantis avant le génocide et qui sera le dernier refuge durant les exactions.

C'est pour moi cependant le livre de trop . Trop d'horreurs, trop de dégout devant les vérités assénées, trop de tristesse, trop de sexe gratuit, trop de viols , de mutilation indicible, trop de sida. Beaucoup d'amour aussi, de philosophie, un peu d'espoir...mais si peu.

Pourtant, si je n'avais dû lire qu'un livre sur le Rwanda, celui là aurait sans doute été celui qui m'aurait le plus marqué , le plus éclairé sur le rôle de chacun.



PS : il me semble que ce livre a été adapté au cinéma , un dimanche à Kigali.
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Le monde, le lézard et moi

Claude a grandi dans une famille de bourgeois. Une jeunesse dorée, où il n'a manqué de rien. Mais il a toujours eu soif de quelque chose. C'est un cours de morale qui lui ouvrira les yeux. Claude a soif de justice. Avec un esprit analytique incomparable, la condition de l'homme l'intéresse. Son prof le remarque et l'invite à des soirées chez lui. Une bande de jeunes et de moins jeunes y est, avec de grandes idées en tête, mais surtout celle de justice sociale. Devenu extrémiste, la bande commet un grave délit et Claude sera mis en Centre Jeunesse pour 3 mois. Ce séjour sera l'occasion pour lui de trouver sa voie : juriste, pour la Cour pénale internationale de La Haye. Faire condamné ceux qui commettent des crimes contre l'humanité. Surtout un en particulier : Kabanga, chef de guerre congolais qui engage des enfants soldats. Une chasse à l'homme... qui nous heurte au passage. Certaines scènes sont vraiment très dures à lire. Et le propos est cru. Courtemanche dépeint également une Afrique corrompue, malade, sale... Des enfants soldats, des dirigeants vicieux, des jeunes filles qui vendent leurs corps, le VIH partout... Ce n'est pas une lecture joyeuse... même si le rêve de justice sociale de Claude nous fait souffler un peu et nous fait croire que c'est possible... Lecture éprouvante, ardue, avec quelques défauts, notamment les personnages secondaires un peu plats... Aller, j'ai besoin de léger maintenant !!!
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Un dimanche à la piscine à Kigali

Bernard Valcourt est un journaliste québécois expatrié au Rwanda pour y monter un service de télévision libre.

C'est un homme qui est revenu de tout, il a couvert la famine en Ethiopie, la guerre au Liban, il a connu quelques échecs sentimentaux et c'est d'un œil à la fois lointain et critique qu'il observe les expatriés se réunissant au bord de la piscine de l'hôtel des Mille Collines à Kigali.

Il observe et il n'en pense pas moins, et il suit du regard la belle et douce Gentille qui porte à ravir son prénom.

Gentille a le physique d'une Tutsie alors qu'elle est Hutue, et dans le Rwanda de 1994 il ne fait pas bon être ou ressembler à une Tutsie, car le grand massacre se prépare, la Radio des Mille Collines a commencé depuis des mois à appeler aux massacres des Tutsis, des "cafards" comme ils les appellent ou encore des "grands arbres", la haine a été exacerbée et portée à son paroxysme.

Tous les Rwandais le sentent et le savent, une extermination de grande ampleur se prépare : "Ici, nous allons tuer dans un grand excès de folie, de bière, de mari, dans un déferlement de haine et de mépris qui dépasse ta capacité de comprendre, et la mienne aussi. Je dis "nous" parce que je suis rwandais et parce que les Tutsis le feront aussi quand ils en auront l'occasion. Je dis "nous" parce que nous sommes tous devenus fous.", la Communauté Internationale est alertée mais elle va commettre l'une de ses plus grandes fautes : celle de choisir de ne pas voir, de ne pas entendre, d'ignorer et de minimiser ce qui va se passer au Rwanda.

C'est dans ce climat de tension que Valcourt et Gentille vont s'aimer, tel des Roméo et Juliette africains, en gardant toujours à l'esprit le côté dramatique de leur relation : "Chaque moment qu'on vole à la peur est un paradis.".



Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas reçu une claque littéraire, ce livre en est une.

En y regardant de plus près, peu de livres traitent du génocide au Rwanda en 1994 : trop proche ou bien parce que les français, les canadiens, les américains, le monde en général a mauvaise conscience d'avoir choisi de fermer les yeux sur le massacre qui se préparait plutôt que de l'enrayer ?

Sans doute un peu de tout cela, et avec ce premier roman, l'écrivain québécois francophone et journaliste Gil Courtemanche a frappé fort.

Pour comprendre comment ce pays en est arrivé à une telle situation, il faut revenir au début du 20ème siècle, retourner à l'époque où les Tutsis étaient majoritaires et dominaient les Hutus, puis à la domination Belge qui a discrédité les Tutsis et portés les Hutus au pouvoir.

Tutsis, Hutus, deux mots pour classifier des personnes selon leur origine ethnique, jusqu'à en oublier qu'ils étaient tous Rwandais, tout simplement.

Ce roman a le mérite de présenter de façon claire et précise les origines du génocide, en donnant la parole à des Rwandais clairvoyants sur la situation de leur pays et sur la folie dans laquelle il est en train de basculer : "Ici, les rumeurs tuent. Ensuite, on les vérifie.".

Il a également le mérite de dresser le portrait sans concession d'un pays meurtri par les guerres civiles, la pauvreté et le SIDA qui ravage la population, en mettant en exergue les croyances africaines qui rendent la tâche encore plus compliquée aux médecins et aux infirmières pour faire passer les messages de prévention et les bons gestes à adopter.

Ce qui fait toute la puissance de ce roman, c'est qu'hormis le personnage de Valcourt, encore que dans une certaine mesure il représente en partie Gil Courtemanche ayant lui-même été correspondant en Afrique, toutes les personnes nommées et tous les événements ont réellement eu lieu, hormis l'histoire d'amour avec Gentille.

Ce n'en est que plus effrayant quand à la lecture on a l'impression d'être face à une bombe amorcée et que le décompte avant l'explosion a déjà commencé.

Ce roman ne brille pas par une plume extraordinaire et inoubliable, j'ai clairement délaissé la forme, somme toute banale et sans surprise, pour le fond et je me suis laissée prendre par le destin de toutes ces personnes.

Gil Courtemanche est très critique vis-à-vis de la position internationale et se positionne comme un Africain plus que comme un Occidental, c'est ce qui contribue sans doute à rendre cette histoire si proche du lecteur, en ne se contentant pas de s'arrêter au génocide mais en évoquant également l'après : la vie qui reprend, un peuple qui se reconstruit, panse ses plaies, pardonne et fonde un espoir dans l'avenir : "Si l'on veut continuer à vivre, pensait Valcourt en longeant le marché qui reprenait ses anciennes couleurs, il faut croire à des choses aussi simples et évidentes : frères, sœurs, amis, voisins, espoir, respect, solidarité.".

A titre personnel, jusqu'à il y a quelques années je ne savais que peu de choses sur ce génocide, d'autant que j'étais jeune en 1994 (ceci n'étant pas complètement une excuse puisque des enfants du même âge que moi étaient massacrés à cette époque) : j'en gardais des images atroces de cadavres sur les routes, de crânes, et le souvenir de l'épidémie de choléra qui s'était déclenchée dans les camps de réfugiés (j'en avais même rêvé la nuit) ainsi que le mot de "machette" dont je n'avais qu'une vague idée de ce que cela était.

Aujourd'hui je suis un peu moins ignorante sur le sujet et je ne peux que me rendre compte de toute l'horreur que cela a été, et de me poser de nombreuses questions dont : pourquoi rien n'a-t-il été fait ? Pourquoi le monde a choisi de fermer les yeux plutôt que d'agir ? Ce n'est pas comme si c'était la première fois que cela arrivait, j'ai d'ailleurs apprécié à la lecture de ce roman les parallèles qui sont faits par les Africains eux-mêmes de cette extermination massive qui se prépare par rapport à celle des Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.

En 1994, les machettes ont remplacé les chambres à gaz et les crématoires, puisque l'Humain semble incapable de stopper l'impensable, la question pourrait presque se poser de savoir ce que sera le prochain massacre de masse, quand et comment sera-t-il organisé.



"Un dimanche à la piscine à Kigali" est un roman fort et difficile de Gil Courtemanche et offre une vision d'ensemble du génocide Rwandais glaciale dans toute son étendue et son horreur, à lire absolument pour éveiller les consciences et ne jamais oublier.

Il me tarde désormais de voir l'adaptation cinématographique faite de ce roman.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Un dimanche à la piscine à Kigali

Un roman dans lequel plusieurs personnages sont réels, certains portent leur vrai nom. Un roman, mais aussi un livre témoignage sur le génocide au Rwanda, cette étape meurtrière de l'histoire de ce pays. Un récit touchant, où l'horreur et l'amour se cotoient, où la mort devient parfois un moindre mal, une porte de sortie, une façon de sauver les siens. Un roman qui se lit d'un seul trait, mais qui nous laisse dans une bouffé d'émotion.
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Un lézard au Congo

Alors que le thème de ce roman m'avait attirée, à savoir l'instruction d'un procès contre un criminel de guerre, j'abandonne sa lecture après 60 pages. J'ai en effet, l'impression d'un décalage énorme entre les beaux principes énoncés par le personnage et ses réflexions, comportements que je trouve hautains, jugeants,au mieux compatissants. Je passe peut-être à côté du sens même du roman mais tant pis!
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Un dimanche à la piscine à Kigali

J'ai trouvé ce roman vraiment troublant. Je me suis aussi rendu compte à quel point je ne connaissais vraiment rien de cet horrible carnage. Je me demande vraiment comment on peut encore en venir là après avoir vu l'horreur de l'Holocauste. Ce qui est aussi troublant c'est de voir l'inaction et même l'indifférence des pays occidentaux face à ce génocide.



C'est un livre vraiment dur à lire, surtout pour la seconde partie. En même temps, c'est important de ne pas laisser à l'oubli un événement aussi horrible.
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Un dimanche à la piscine à Kigali

C'est grâce à Petit pays de Gaël Faye que j'ai pu envisager de rependre ma lecture interrompue d'Un dimanche à la piscine à Kigali. Interrompue il y a quelques années car je pressentais, dès les premières pages au langage cru et cynique du personnage principal, le journaliste Bernard Valcourt, la cruauté du récit et l'insoutenable tristesse et révolte de l'impuissance face au génocide prémédité au Rwanda en 1994. Gil Courtemanche s'est documenté ferme pour livrer un ouvrage solide, agrémenté d'une romance impossible, sous les cieux cléments et fabuleux de ce pays torturé par le sida et les machettes des hommes devenus fous. Une lecture que je n'ai aucunement regretté, mais il fallait attendre le bon moment pour la recevoir.
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Un dimanche à la piscine à Kigali

Ce livre a le mérite de nous faire connaître le génocide Rwandais mais je n'ai pas accroché.



La corruption, du sexe, le sida, du cul, le génocide, du cul et encore du cul. Digressions, remplissage, le style gras, plat et un peu à l'image d'un commentaire d'émission tv qui se veut corrosif, racoleur.



Je suis néanmoins arrivé au bout, en sautant quelque longueurs....

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Un dimanche à la piscine à Kigali

J’ai apprécié le roman parce qu’il plonge le lecteur dans l’histoire et la réalité rwandaise de cette période et permet de mieux les saisir qu’un simple récit historique l’aurait fait.

Le livre introduit un peu de contexte historique et contient assez de descriptions de Rwanda pour faire comprendre l’envoûtement de l’auteur pour ce pays.



Courtemanche est très critique par rapport au rôle joué par des pays développés, diverses agences de développement et les Nations Unis et il décrit plusieurs « blancs » hauts placés avec beaucoup de cynisme. Autant ses reproches concernant l’inaction et la complicité des pays développés me semblaient bien fondés, autant ces remarques que ces pays étaient les « vrais tueurs » me semblaient exagérés.







L’écriture, en général, était correcte bien que certains discours que l’auteur prêtait aux personnages semblaient parfois trop pompeux et moralisateurs pour être naturels.

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Un dimanche à la piscine à Kigali

Gil Courtemanche est un journaliste Canadien, qui a été un correspondant à l’étranger, notamment en Afrique, pour la télévision Radio-Canada… comme Bernard Valcourt, le protagoniste qu’il met en scène dans Un dimanche à la piscine à Kigali. Cet ouvrage est donc une sorte de témoignage subjectif qui s’inspire de scènes ayant véritablement eu lieu, de personnes ayant véritablement existé ; le tout étant de mettre en lumière les problèmes sociétaux, politiques et économiques du Rwanda.



Kigali, capitale du Rwanda, fut le théâtre de l’attentat contre son président en 1994, événement déclencheur du génocide rwandais. Cet événement fait suite à la guerre civile qui sévit entre les Tutsis (population la plus riche) et les Hutus (constitué en majorité de paysans), qui perçoivent différemment l’histoire du Rwanda. Suite à cela, durant plus de cent jours, plusieurs milliers de personnes périront. Gil Courtemanche raconte la mise en place progressive de la haine entre Tutsis et Hutus, et montre les atrocités commises par les deux « peuples ennemis ».



L’auteur parle de sujets forts, comme le génocide, le sida, les guerres interculturelles… Il fait le choix d’en parler dans des termes froids, avec une certaine distance. Toutes ses paroles sont souvent accompagnées de scènes crues et choquantes, à la limite du supportable, visant sans doute à frapper le lecteur, pour qu’il prenne conscience des crimes perpétrés au Rwanda. L’indifférence des pays occidentaux face à ces terribles guerres est difficile à concevoir, mais tellement réelle. Enfouis dans l’ignorance, aucun pays ne va venir aider ce peuple en guerre, en proie aux massacres et aux maladies contagieuses. Le contraste est d’ailleurs frappant entre les occidentaux, tranquillement installés dans leur hôtel, totalement indifférents aux massacres des populations locales, qui se déroulent à l’extérieur des murs.



On ne peut pas poser un jugement de valeur sur ce genre d’oeuvre. Le fait est que les événements narrés ont existé, et aussi cruellement soient-ils, ils sont retranscrit presque à l’identique, dans le but de choquer. Un parti pris qui a fonctionné sur ma personne, puisqu’une semaine après avoir fini ma lecture, je peux me représenter fidèlement de brèves scènes marquantes (le massacre d’une famille, les tortures perpétrées…). Je conseille à ceux qui souhaiteraient en savoir davantage sur le génocide Rwandais, le livre de Scholastique Mukasonga, Notre-Dame du Nil qui a remporté le prix Renaudot 2012. Son écriture est plus douce, voire pudique, mais la réalité narrée est presque identique.



Au coeur de toute cette haine et de ces meurtres quotidiens, Gil Courtemanche incorpore un zeste d’amour qui vient contrebalancer le récit et lui apporter une dose de délicatesse. Cette dualité amour/haine prouve que l’homme, malgré la barbarie auquel il est confronté, reste un homme, empli de sentiments humains qui ne peuvent s’altérer. Le lecteur est autant touché par les événements dont il fait face que par ces sentiments amoureux naissants, qui envahissent un temps l’atmosphère ambiante.



De cette lecture, j’en ressors grandie, puisque moins ignorante sur un pan très important de l’histoire du Rwanda. Une histoire atroce, souvent tue ou très peu connue. Pour pousser plus loin ma découverte de ce pays et des constituants de son histoire, je pense regarder prochainement l’adaptation cinématographique de ce roman… en espérant ne pas être trop choquée par les images montrées.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Un dimanche à la piscine à Kigali

C'est un livre assez dur à lire. C'est comme une lumière vive dans les yeux. Bien sûr, j'avais déjà entendu parlé du génocide du Rwanda mais avec le livre de Courtemanche, j'en ai appris plus. La prostitution, l'argent, le pouvoir... mais surtout la haine entre les deux ethnies, Hutus et Tutsis. Les deux sont différentes du point de vue morphologique et c'est sur cette base-là que le massacre sera déterminé. J'ai toujours du mal à comprendre comment on peut haïr l'autre différent, comment on peut massacrer si facilement. La façon dont le sexe fait du partie du livre est un peu dérangeante par moments. Certains passages sont inimaginables, d'autres sont détestables. Cependant, je ne regrette pas de l'avoir lu, ça m'a permis d'en apprendre plus ce génocide, même si ça fait mal au cœur de lire ces horreurs.
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Je ne veux pas mourir seul

Gil Courtemanche a fait de son récit une déclaration d'amour qui resterait vaine si elle n'avait pas été publiée, puisque la femme à qui elle s'adresse l'a quitté.

Il ne lui tenait jamais la main, il cuisinait des mets fins pour elle.

Il ne lui disait jamais à quel point elle était importante pour lui, mais il guettait ses pas dans l'escalier à la fin de la journée.



Il semble que cette femme (qui fut, pour lui, LA femme, toutes les femmes), il l'ait aimée à sa façon.

Et que ce n'était pas suffisant.

Classique…

(Mais pas encore assez.)

Ses médecins lui ont annoncé qu'il était atteint d'un cancer et qu'il n'en avait plus pour longtemps. Pourtant, le départ de Violaine semble avoir balayé tout le reste : la maladie, les succès littéraires, la carrière, la famille…



Confession d'un dépendant affectif? Courtemanche écrit :

« Admettre qu'on meurt quand une femme nous quitte n'est pas se diminuer, se rendre petit, se dénigrer. Ce n'est pas le fait d'un homme faible et sans échine, sans existence individuelle. C'est le constat que fait un homme âgé qui découvre le véritable amour et qui le perd. le bilan qu'il tire d'avoir enfin rencontré la première et perdu la dernière femme.

Ce n'est pas parce qu'une femme nous grandit qu'on est petit. Et ce n'est pas humilité que de l'admettre. Sans elle, je ne suis pas rien. Je conserve mon intelligence, mes idées, mes principes, ma capacité d'aimer. Mais ces qualités, ces caractéristiques de moi deviennent virtuelles, comme faisant partie d'un jeu de rôles où il faudrait engranger les qualités de Gil pour survivre et triompher des monstres. Problème : ces forces ont besoin de l'existence de Violaine pour s'exprimer. Sans elle je ne suis pas moi, je suis un autre que je ne connais pas bien. Et je ne sais pas si cet autre a vraiment envie de vivre. »



Je me demande si les écrivains sont conscients de la chance qu'ils ont : ils peuvent faire d'un échec existentiel un succès littéraire…

Est-ce une chance, en fait? Peut-être pas… peut-être que cela ne change rien à leurs déboires, ne leur donne pas l'impression de s'être racheté ou d'avoir grandi…

Mais faut-il grandir à tout prix?

Écrire doit-il absolument constituer un geste rédempteur?



Ce que j'ai particulièrement apprécié de ce récit, c'est son absence totale d'analyse psychologique et moralisatrice. Il s'agit d'un homme qui se tient debout, pas mal chancelant, devant sa mort et sa solitude. Froidement. Sans aucun espoir.



« Sans elle, je ne suis pas moi »?

Gil Courtemanche est sans doute le dépendant affectif le plus lucide et le plus fataliste que j'aie lu… ou bien il a compris le vrai sens de la vulnérabilité et l'a pleinement assumé… ce qui me semble être la plus belle réalisation qu'un homme puisse faire…

Pour ma part, je n'en suis pas là.

Bien sûr que sans lui, je suis moi!



« J'ai peur. J'ai besoin de toi. Tu n'aimes pas qu'on ait besoin de toi. Tu aimerais que nous soyons tous aussi solides que toi tu l'es en apparence. Le besoin n'est pas la dépendance, ma chérie, c'est la reconnaissance de la force et de la richesse de l'autre. Ce n'est pas non plus un jugement négatif sur soi, un aveu de faiblesse, c'est l'acceptation du fait qu'exister seul et sans besoin d'un autre est une forme de pauvreté ou d'orgueil mal placé. »



J'aimerais bien répondre à Gil Courtemanche qu'il se trompe entièrement… qu'on peut se tenir seul devant sa mort –et dans sa vie.

Mais je n'ai pas son talent littéraire pour le faire.

Ni son âge.

Ni son expérience de la vie.

Ni son cancer.



Je crois que je vais me taire.

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Un dimanche à la piscine à Kigali

Premier ouvrage que j'ouvre de cet auteur et j'ai eu la main heureuse...

Je suis vraiment très bon public pour ce genre de roman qui mélange réalité et fiction.

Mais ici pas besoin d'être préparé à ce genre de lecture, car tout de suite l'évidence nous frappe : c'est un grand roman et Gil Courtemanche est digne de porter le nom d'écrivain.

Qualité de narration, pas de pathos pour ce sujet périlleux qu'est le génocide des Tutsies au Rwanda.

Aucune extravagance, on sent l'auteur soucieux de ne pas faire une production hollywoodienne pleine d'anachronismes.

Une grande réussite malgré une fin difficile ( d'où (que) 4 étoiles ).
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Un lézard au Congo

Claude est un jeune québécois d'une trentaine d'années, juriste auprès du Tribunal International de La Haye aux Pays-Bas. Depuis des mois, il rassemble preuves et témoignages pour pouvoir instruire le procès d'un certain Thomas Kabanga, un chef local congolais, psychologue de formation, accusé de crimes de guerre, tortures et création d'une milice d'enfants-soldats. Mais un vice de forme réduit à néant tous ses efforts. Kabanga retourne en vainqueur dans la petite ville de Bunia, en pleine zone de rébellion, pour reprendre ses exactions et exercer une vengeance impitoyable sur les témoins. Dégoûté de cette parodie de justice, Claude démissionne de son poste et part sur les traces du criminel et des enfants martyrisés sans trop savoir où toute cette histoire va bien pouvoir le mener...

Ce beau livre sur la terrible question de l'instabilité africaine, des guerres tribales et surtout du vol et du viol de l'innocence pratiqué sur les enfants-soldats, filles et garçons, qui garderont des séquelles à vie, vient en complément d'Une saison de machettes, pour la qualité de son témoignage honnête et poignant. Claude se retrouve dans la position de l'Européen, impuissant et juste bon à se faire voler ou plus. Le personnage est attachant, autant dans sa liaison avec Myriam, la Somalienne traumatisée, que dans les doutes et déceptions qui le minent. Un livre à conseiller à toutes celles et tous ceux qui veulent toucher du doigt les réalités africaines, très bien écrit et parfaitement documenté. L'auteur, consultant auprès du Procureur du TPI et grand connaisseur de l'Afrique, nous permet d'accéder à un dossier particulièrement brûlant qui pose la question du Mal dans toute son ampleur. Lui-même s'en remet plutôt mal dans une fin assez terne et décevante sans doute pour ne pas complètement déprimer le lecteur.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Je ne veux pas mourir seul

Avec une plume d'une rare précision, qui ne tombe pourtant jamais dans la froideur du scalpel, presque tendre, qui sait éviter tout misérabilisme, Gil Courtemanche redonne ses lettres de noblesse au genre de l'autofiction. Qu'il ait vécu cette histoire en tout ou en partie ne change au final absolument rien. Aucune volonté de voyeurisme chez le lecteur, aucune nécessité de décrypter l'information, de tenter d'extraire le vrai du faux. L'œuvre est bien plus que cela: réflexion sur l'après (la vie, la maladie, l'absence de l'être aimé), dénonciation (qui ne devient jamais polémique) des aberrations de notre système de santé, regard sur cette société qui devient de plus en désincarnée mais surtout, pure littérature. De pouvoir plonger dans un texte d'une telle profondeur est devenu un plaisir trop rare.
Lien : http://lucierenaud.blogspot...
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Je ne veux pas mourir seul







"Dans ma vie, c'est la mort qui a raison."

page : 51





Tous les grands écrivains parlent un jour d'amour, de mort. Mais rarement de mort de l'amour, de mort d'amour, d'amour de la mort, de mort par amour, de mort par manque d'amour...



Gil Courtemanche, je l'ai déjà dit il y a de trop nombreuses semaines ici, est parmi les écrivains québécois les plus importants, et les plus sous-estimé. Comment se fait-il qu'il n'y ait pas sur chacune de ses parutions de larges bandes rouges déclinant les nombreux prix qu'il mérite? Comment se fait-il que la grande machine de promotion ne s'en soit pas emparé pour en faire une célébrité?

Réponse toute simple : son écriture, trop exigeante, commande une lecture attentive. Non pas un survol ni une impression. Impossible de se faire une idée de ce qu'il nous offre sans d'abord se mettre à table. Ouvrir grand les yeux. Et oui, ouvrir son coeur.



Un homme, l'auteur... souffre d'un cancer. Mais souffre plutôt de la difficulté d'avoir à se battre pour sa survie. L'amour de sa vie s'est étiolé. Il ne vit qu'en sursis. Déjà, bien avant les ravages de la maladie, la mort s'était invitée dans son âme. L'homme écrit pour ceux qui suivront. Ceux qui feront l'erreur que lui a fait de ne pas entretenir son amour, de ne pas y donner les soins essentiels. D'avoir laisser les choses se diluer, pour réaliser après coup son lent suicide amoureux.

Gil Courtemanche est pour moi le plus grand intellectuel que nous ayons. Ses chroniques dans Le Devoir brillent par leur pertinence. Ses romans nous racontent un peu sa vie. Voici qu'il nous raconte son agonie. Certains critiques se sont laisser prendre par une fin de roman plutôt ensoleillée. Je ne crois aucunement au bonheur calculé d'un amour concédé par raisonnement. Le pis-aller ne palliera pas à l'ultime. Plus inquiétant : Je ne veux pas mourir seul a été perçu par plusieurs comme un testament. Ce que je ne nous souhaite pas. L'homme, l'écrivain vit, en pleine possession de ses moyens (d'écriture) ici, on ne peut que souhaiter qu'il ne nous glisse pas entre les doigts. Oui, il laisse avec cette autofiction (et non pas roman...) de quoi nourrir toute une vie d'autoréflexions, mais l'amour en implore plus. Oui, toujours plus. L'amour de la littérature, affamée, dépouille les écrivains de leur sucs. Mais voilà le prix à payer pour ne pas mourir seul. Pour mourir entouré de ses (é)lecteurs de coeur, pour que soient assouvit les bas instincts des amoureux de mots et de phrases.





Je ne veux pas mourir seul, Gil Courtemanche

Éditions Boréal, 2010



no.




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Un dimanche à la piscine à Kigali

J'ai été très impressionné par ce livre. Pourtant, ma réaction à la lecture des 30 premières pages était mitigée : j'ai cru que l'on allait avoir droit à une succession de photos sur Kigali plus qu'à un récit mais je me trompais. Très vite le livre acquiert une densité qui ne va cesser de croître jusqu'à la fin. L'histoire de Valcourt et de Gentille un peu improbable au début, prend une signification très forte au fil du récit, en particulier lorsqu'ils s'en vont tous les deux annoncer leur mariage à la famille de Gentille. Toutes ces rencontres à la veille du drame sont très poignantes. Courtemanche trouve les mots justes pour traduire ce que peux ressentir un homme qui sent que le pire se prépare (les signes sont tangibles puisque les exactions ont commencé bien avant le déclenchement des massacres) et qui est impuissant à empêcher son avènement. On peut peut-être tenter ici un rapprochement avec le Docteur Rieux dans le roman d'Albert Camus La peste. Mais là où l'optimisme de Rieux-Camus pouvait encore espérer faire quelque chose contre le Mal, c'est à un constat plus amer d'impuissance que Valcourt-Courtemanche nous conduit.

Cependant, et c'est là que le livre m'a profondément touché, c'est du fond de ce trou noir que Courtemanche trouve la force d'écrire ce récit qui est tout autant une histoire d'amour - magnifique - qu'une histoire de haine.

[Note de lecture rédigée le 5 janvier 2005]
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Un dimanche à la piscine à Kigali

J’ai lu le roman « Un dimanche à la piscine à Kigali » du québécois Gil Courtemanche. Le livre se lit très bien, même si l’histoire est peut-être vue un peu trop par la loupe des expatriés et de leurs amours avec des Rwandaises à l’hôtel des Mille Collines tandis qu’éclatent les massacres. Mais c’est sans doute l’effet voulu, comme le suggère le titre
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Un dimanche à la piscine à Kigali

fin décevante et machiste. Je ne crois pas réellement que Gentille puisse «apprécié» le viol.
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