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Citations de Gilles Deleuze (445)


Je ne sais pas si vous avez été opérés mais ceux qui ont été opérés ont cette expérience qui me paraît faire comprendre des choses, ceux qui ont subi une opération importante. Faire de la figuration, ce serait représenter une opération. Aucun intérêt évidemment. Mais dans une opération, il y a quelque chose de très bizarre, c'est que, même lorsque l'opération ne mettait pas la vie en danger, il suffit de regarder après le type qui en sort, c'est absolument comme s'il avait vu la mort, mais vu sans tragique. Je veux dire: les yeux d'un opéré frais sont extraordinaires. Si vous n'en avez pas eu autour de vous, faites les cliniques. Il faut avoir vu ça, je crois, pas par curiosité. Je ne dis pas des choses de petite perversion lamentable, je dis des choses presque de tendresse. Si vous voulez sentir vraiment quelque chose pour l'humanité, voyez des gens qui se sont fait opérer. Les yeux sont comme complètement lavés, comme s'ils avaient vu quelque chose qui n'était pas horrible, comme s'ils avaient vu quelque chose qui ne peut être que la mort, qui ne peut être qu'une espèce de limite de la vie. Ils en ressortent avec cette espèce de regard très pathétique.
Rendre ce regard, ça ne pourrait être fait que si le peintre arrive à capter la force. Avec quelle déformation du regard ? Ce n'est pas comme s'il avait une taie sur l'œil, c'est bien autre chose, c'est. Impossible à dire. J'arrivais un peu à [le] dire pour Bacon dans le cas du sommeil. Je n'arrivais pas à [le] dire pour Kupka dans le cas des forces astronomiques. C'est ça qui définit un grand peintre, vous comprenez? Dans l'expérience post-chirurgicale, il y a quelque chose de très étonnant, c'est que votre corps a tendance à s'enfuir, s'échapper partout à la fois. Il fuit par tous les bouts. Ce n'est pas du tout inquiétant, c'est même ce qu'on appelle une bonne convalescence. Vous sentez que votre corps, vous ne le tenez plus du tout, qu'il s'échappe partout. C'est une drôle d'expérience, ça. Quand je parle de ce regard comme de gens qui ont vu quelque chose, c'est dommage qu'ils oublient tellement. En effet, sinon les gens seraient merveilleux, ils n'oublieraient pas une opération, ils en sortiraient bons. On a l'impression, après une opération, qu'ils ont compris quelque chose. Pourtant, ce n'est pas eux. Mais leur chair a compris quelque chose. Le corps est intelligent quand même… Leur corps a compris quelque chose, qu'ils vont ensuite oublier tellement vite. Dommage. Une espèce de bonté, de générosité émane d'eux, car cette mort qu'ils ont vue, et qui devient visible dans leurs yeux, c'est très curieux, dans la mesure où elle devient visible, elle cesse d'être l'ennemie, elle est d'une certaine manière l'amie, c'est-à-dire: elle devient en même temps autre chose que de la mort. Or c'est ça que rend un grand peintre.
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Qu’est ce qui va définir le langage analogique ? Bateson dit : c’est un langage des relations. [...] Il veut dire : c’est un langage qui est censé exprimer les relations entre l’émetteur et le récepteur, entre celui qui l’émet et celui à qui il est destiné. En d’autres termes, le langage analogique exprime avant tout les relations de dépendance, sous toutes leurs formes possibles.
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Une humanité anodonte et qui vivrait couchée en utilisant ce qui lui resterait de membres pour appuyer sur des boutons n'est pas complètement inconcevable. (André Leroi-Gourhan)
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[...] vous pouvez figurer de l'abstrait, ça reste du figuratif.
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La déformation comme concept pictural, c'est la forme en tant que s'exerce sur elle une force. La force n'a pas de forme, elle. C'est donc la déformation de la forme qui doit rendre visible la force qui, elle, n'a pas de forme. S'il n'y a pas de force dans un tableau, il n'y a pas de tableau.
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L'art ne reproduit pas le visible ; il rend visible. (Paul Klee)
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Or, c'est quoi, peindre un large dos d'homme ? Ce n'est pas peindre un dos, c'est peindre des forces qui s'exercent sur un dos ou des forces qu'un dos exerce.
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[...] les peintres, c'est des athées farouches qui hantent le christianisme.
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Ce qu’il a saisi, ce qui l’a amené à la peinture, c’est le fait de la pomme. Il a compris la pomme. Jamais quelqu’un n’a compris une pomme comme ça. Qu’est-ce que ça veut dire : comprendre en tant que peintre ? Comprendre une pomme, ça veut dire la faire advenir comme fait, ce que Lawrence appelle le caractère pommesque de la pomme. Voilà ce que Cézanne a su peindre.
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[...] la lutte contre le cliché, c’est la lutte contre toute référence narrative et figurative. Un tableau n’a rien à figurer et rien à raconter. C’est la base.
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Comprenez, c’est seulement de l’indifférence au sujet que peut sortir le fait pictural, la peinture engendre son propre fait.
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Il y a beaucoup de peintres qui peignent et qui n'ont rien à perdre.
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Si le peintre a de la peine à commencer, c’est justement parce que sa toile est pleine. Elle est pleine de quoi ? Pleine du pire. Sinon peindre ça ne serait pas un travail. Le problème, ça va être d’ôter ces choses invisibles pourtant, et qui ont déjà pris la toile.
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Ce thème, ruineux en littérature, c’est le thème selon lequel l’écrivain se trouve devant une page blanche. C’est bête, mais bête à pleurer. Dès lors, le problème de l’écriture c’est : mon Dieu, comment je vais remplir la page blanche ? Il y a des gens qui font des livres là-dessus, sur le vertige de la page blanche. Comprenez: on ne voit vraiment pas pourquoi quelqu’un voudrait remplir une page blanche. Une page blanche, ça ne manque de rien. Je vois peu de thèmes aussi stupides. Alors y passent tous les lieux communs : l’angoisse de la page blanche, on peut même y mettre un peu de psychanalyse, là-dedans. On fait parfois des romans allant jusqu’à quatre-vingts, cent vingt, cent quarante pages, sur ce rapport de l’écrivain avec la page blanche.
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Si vous ne passez pas votre toile dans une catastrophe de fournaise ou de tempête, vous ne produirez que des clichés. On dira: oh ! il a un joli coup de pinceau, un décorateur quoi. C’est bien fait, c’est joli ! Ou bien un dessin de mode. Les dessinateurs de mode savent bien dessiner et c’est de la merde en même temps, ça n’a aucun intérêt, rien, zéro.
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Nous demandons seulement un peu d'ordre pour nous protéger du chaos.
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Ne jamais croire qu'un espace lisse suffit à nous sauver.

(Excipit)
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Cette ligne frénétique de variation, en ruban, en spirale, en zigzag, en S, libère une puissance de vie que l'homme rectifiait, que les organismes enfermaient, et que la matière exprime maintenant comme le trait, le flux ou l'élan qui la traverse. Si tout est vivant, ce n'est pas parce que tout est organique et organisé, mais au contraire parce que l'organisme est un détournement de la vie.
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Abstrait ne s'oppose pas directement à figuratif : le figuratif n'appartient jamais comme tel à une "volonté d'art" ; si bien qu'on ne peut opposer en art une ligne figurative et une qui ne le serait pas. Le figuratif ou l'imitation, la représentation sont une conséquence, un résultat qui vient de certains caractères de la ligne quand elle prend telle ou telle forme.
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C'est un absolu qui ne fait qu'un avec le devenir lui-même ou avec le processus. C'est l'absolu du passage, qui se confond dans l'art nomade avec sa manifestation. L'absolu y est local, justement parce que le lieu n'y est pas délimité.
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