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Critiques de Giulia Caminito (154)
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L'eau du lac n'est jamais douce

Grandir dans la pauvreté…

… ça forge le caractère.

Ou pas.

De l'enfance à l'âge adulte, au fil des épisodes de sa vie, rencontres, trahisons, deuils… qu'est-elle devenue, Gaia ? Une femme puissante ?

Ou bien est-elle restée, tout au fond d'elle-même, une enfant fragile ?

Femme puissante, c'est la mère, "Antonia la rousse", mère intraitable et sans affection, communiste vent debout contre les injustices pendant ces années Berlusconi. Antonia cherche à chaque déménagement à améliorer sa place dans la société ; elle met tout en oeuvre pour envoyer sa fille dans un bon lycée.

Gaia s'y sent exclue : "Un lycée pour riches, c'est un acte punitif, une incision profonde, une strangulation." Toutefois, bosseuse et brillante elle va les réussir, ses études.

Mais comment réussir à se débarrasser de la violence, en famille (la description d'un abominable Noël qui tourne à la tragédie entre la mère et le frère anar) ou dans ses relations avec les amies plus riches, avec les amoureux plus à l'aise en société ?

Violence, ressentiment, vengeance emplissent ce roman. Encore une fois, Giulia Caminito nous parle avec sa splendide écriture d'injustice sociale, des traumas subis par cette enfant, jamais relevée, jamais consolée et qui ne fait plus confiance à personne.

"Aucune femme bénie n'a existé ; seules existent les femmes de sang, comme moi."

Traduction parfaite de Laura Brignon.

Challenge ABC 2023-2024
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Un jour viendra

Giulia Caminito nous emmène dans les Marches : c’est-à-dire dans l’Est de l'Italie, dans un village isolé au pied des montagnes. Et c’est toute l’Histoire italienne, de la fin du 19ème au début du 20ème siècle, qu’elle retrace, mais en lui donnant chair, une chair souffrante et vibrante. C’est magnifique.

Cette histoire est faite d’injustices : l’injustice qui prive le métayer du fruit de son labeur ; l’injustice qui enferme au couvent la fille violée ; l’injustice qui maintient dans la sujétion les êtres les plus exceptionnels, à l’image de la Moretta, ancienne esclave soudanaise devenue abbesse.

C’est l’injustice du pouvoir religieux tout-puissant et intouchable : "cet homme qui avait gravi les échelons ecclésiastiques non en vertu de sa foi mais de son sexe, parce qu’il était un homme il était à la place qu’elle aurait mérité d’occuper et tous deux, incontestablement, le savaient."

C’est l’injustice qui jette dans les tranchées toute une génération de jeunes hommes qui ne seront, s’ils reviennent, plus jamais les mêmes.

C’est l’injustice de la grippe espagnole qui frappe brutalement les organismes affaiblis par la guerre et les privations, qui décime des familles entières, des villages entiers. "La guerre était en train de finir mais, comme disaient les prêtres, Dieu n’en avait pas encore fini avec eux."

Et puis il y a les voix lumineuses qui s’élèvent contre l’injustice, comme Giuseppe, l’inoubliable grand-père anarchiste qui transmet son idéal à ses petits-enfants, comme Lupo prêt à se battre de toute son âme pour que la vie, la vie cruelle, épargne son petit frère bien-aimé.

L’amour que se portent les deux frères est, tout du long, la lumière qui éclaire cette histoire si sombre.

"Il n’était pas vrai que les habitants de Serra avaient seulement été pauvres, ils avaient aussi été heureux."

Traduction parfaite de Laura Brignon.
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L'eau du lac n'est jamais douce

Je l'avoue,le bref portrait de la mère de Gaia qui est proposé en 4ème de couverture m'a immédiatement fait penser à La mienne et je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture ! J'ajoute que j'avais beaucoup aimé le premier roman de G.Caminito traduit enfrançais"un jour viendra", je ne prenais donc pas beaucoup de risque!

L'autrice nous dit que " ce roman est né pour raconter trois femmes, à travers trois personnagesses qu'elles ont inspirées. "

Gaia, la narratrice,c'est elle, même si comme pour les deux autres elle s'est permise des libertés avec la réalité.

Ce roman aurait pu être l'eniéme histoire d'une fillette qui grandit dans une famille défavorisée et qui peine à s'extraire d'un milieu toujours en marge malgré ses efforts et ses brillants résultats scolaires. Mais ce serait sans compter sur la plume habitée de G.Caminito qui donne réellement vie à ses personnages et rend le lecteur également acteur tant nous nous glissons spontanément dans leurs peaux et ressentons leurs émotions.

Comme dans son premier roman le récit n'est pas linéaire car la vie n'est pas un long fleuve tranquille, et les souvenirs envahissent parfois le présent.

Gaia n'est pas facile d'accès. C'est un volcan qui ne dort pas toujours et qui peut faire très mal. Elle est aussi un peu cactus car tout en espérant qu'on se rapproche d'elle, elle affute ses aiguilles!

Dans les méandres de ses relations familiales amicales et amoureuses son manque d'estime d'elle même, son mal être permanent deviennent vite contagieux.

L'autrice n'a négligé aucun de ses personnages,hommes ou femmes ils ne sont jamais " secondaires".

Ce roman me confirme le talent de l'autrice pour dresser de très beaux portraits tant psychologiques que sociologiques.
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L'eau du lac n'est jamais douce

Malgré un titre assez poétique, l’histoire de « L’eau du lac n’est jamais douce » est bien loin d’être une sinécure.



Ce livre offre une plongée dans l’Italie, bieu n loin des paysages de cartes postales, au début des années 2000 avec la famille de Gaia. On y suit sa mère Antonia, une femme forte et sévère, son père Massimo, handicapé en chaise roulante depuis un accident de travail non déclaré, Mariano, un demi-frère en colère contre le monde et ses frères cadets jumeaux. Habitants en lointaine banlieue de Rome, pauvres mais fiers, Gaia et sa famille tentent de trouver leur place dans une société qui n’en laisse que peu aux personnes démunies et sans ressources.



Roman social et d’apprentissage, cet ouvrage dresse le portrait d’une adolescente qui se cherche, qui se construit mais qui tombe aussi. Bien loin de susciter de l’empathie ou de l’attachement, le personnage de Gaia est criant de vérité et de justesse.



L’auteur agrémente le livre de certains faits réels, comme la tenue du sommet du G8 à Gênes en 2001 et met en lumière le passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte de cette jeune fille dont le mot d’ordre est de ne jamais baisser les bras malgré les difficultés qui ponctuent son chemin.



La voix de la lectrice, Florine Orphelin, porte bien le personnage de Gaia. Malgré la rudesse du caractère de cette héroïne, la douceur du brin de voix de Florine Orphelin offre une parenthèse à celle-ci. Quant à l’interprétation du texte, elle est juste nickel ! Le choix de cette lectrice est, selon moi, hyper bien pensé.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Un jour viendra

Au fin fond de l'Italie rurale, miséreuse et âpre, du début du 20ème siècle, un drame familial se joue sur la trame des remous sociaux, historiques et religieux de cette époque charnière de l'histoire italienne : quand seul le travail de la terre permet au métayer exploité de subsister, quand le père est aigri et ivrogne et la mère enfermée dans son désespoir, on se demande comment et jusqu'où Lupo, le grand frère solide et rebelle va pouvoir protéger Nicola, son frêle petit frère inapte à ce monde brutal. Pourtant un ange semble veiller au-dessus du village, dans le couvent qui renferme de lourds secrets...

Ce roman au style puissant se lit l'haleine courte, emporté que l'on est dans son climat oppressant, et le contexte historique est très enrichissant. Je n'ai pour autant pas été complètement convaincue par l'intention de l'auteure, qui, si elle a su parfaitement traduire sa très forte implication à travers une langue puissante et évocatrice, convoque à mon sens trop de figures fortes pour que ce roman tienne bien en masse. L'hommage au grand-père anarchiste, à la religieuse noire quasi sanctifiée par le village sont des intentions d'une grande noblesse, mais ces deux personnages auraient presque nécessité des récits séparés; en tout cas, entre ces deux monstres sacrés, il m'a semblé que les personnages des deux frères, à défaut de se perdre, s'affadissaient.

Il me reste néanmoins de ma lecture ces personnages puissants, un éclairage sur la construction politique de l'Italie au tournant du siècle jusqu'à la première guerre, et le souvenir d'un voyage très immersif dans une certaine Italie qui vint ans plus tard, sous la plume de Carlo Levi (Le christ s'est arrêté à Ebola), aura bien peu changé.
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Un jour viendra

Le monde tournant autour de cette famille des Marches italiennes m'a tout d'abord paru aussi lointain que celui du sud de Faulkner et c'est avec un entrain très mesuré que j'ai entamé cette lecture. Et puis, l'histoire familiale s'est imbriquée dans celle du pays , les secrets familiaux se sont petits à petit dévoilés et le texte est devenu passionnant, servi par une écriture expressive et une construction réussie nous laissant deviner la vérité par petites touches. Une agréable surprise d'une autrice que je ne connaissais pas.
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Un jour viendra

Giulia Carminito semble avoir pris un malin plaisir à éveiller la curiosité de ses lecteurs et exiger d'eux une attention soutenue par la construction originale de son roman. Elle sème,en effet,un joli désordre chronologique,change de lieu et de personnage sans transition et donne des informations dont on ne comprend le sens que plus tard. Ceci m'a tout d'abord déroutée,mais quel régal ensuite! Sa plume est à la fois concise,réaliste et poétique. Un peu à la façon de C.Martinez avec un zeste de M.Malte lorsqu'il écrit Le Garçon.

Comme toute conteuse qui se respecte,G.Caminito a pris des libertés avec la réalité mais elle s'est cependant sérieusement documentée pour faire évoluer ses personnages dans un contexte historique et social bien réel tout en puisant également dans sa propre histoire familiale. Quelle force de dégage de ce roman ! L'histoire se déroule en Italie dans les Marches et débute avec la naissance de Lupo en 1897 dans une famille qui est marquée par le sceau du malheur. Le père boulanger est un homme lâche et violent,la mère subit sa vie plus qu'elle ne l'a mène. Les enfants décèdent les uns après les autres. Mais il y Giuseppe,le magnifique grand père,anarchiste et humaniste,Nella la mystérieuse soeur devenue nonne, et puis Lupo et Nicola. Ces deux personnages sont splendides tout comme le lien qui les unit. Ils sont différents en tout point,du moins en apparence mais sont deux coeurs purs. L'auteure nous offre une histoire passionnante dont le sujet principal est peut-être la force de la foi, quelque soit la forme qu'elle peut prendre, et bien sûr la force de l'amour unique que se vouent Lupo et Nicola. Tous les personnages de ce roman sont poignants,aucun n'est fade. Leurs portraits sont subtils,pleins de psychologie. Les évènements qui ont secoués l'Italie jusqu'à la première guerre mondiale apportent un souffle historique et politique puissant à cette histoire déjà riche de par ses intrigues intra familiales.

C'est un coup de coeur que je dois à Diablotino et j'espère vivement que d'autres romans de cette auteure seront traduits en français.

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Un jour viendra

"Un jour viendra" est un éblouissement, de son incipit en forme de déflagration à sa fin, chute solaire.



Ce roman dont le souffle romanesque nous porte jusqu'aux Marches italiennes, chères à Leopardi, relève à la fois du conte et de la fresque sociale et historique, touche au sublime et à la rage, à la beauté la plus pure et à la colère à grands coups de secrets et de malédictions, d'amour fou, de guerres et de non-dits.



Au cœur du village de Serra de' Conti se dresse la boulangerie de la famille Ceresa, violente et misérable sur laquelle semble planer une malédiction qui ne dit pas son nom. Un à un ou presque les rejetons de Violante, dévote à moitié aveugle et presque complètement folle et de Luigi qui passe plus de temps à cogner les siens qu'à pétrir le pain, meurent, de fièvre et de pâleur. De misère ou de violence. Ne restent aux parents que Lupo et Nicola. Le premier est aussi sauvage que le prénom qu'il porte. Le second, blond et fragile, est surnommé "l'enfant mie de pain". Aussi faible que son aîné est fort, aussi veule que l'autre est audacieux. Les deux frères s'opposent, se complètent- nuit et jour, noir et blanc, feu et eau- et étrangement semblent incapables de se séparer. Entre eux, c'est les liens du sang et c'est bien plus, c'est instinctif et viscéral.

Et puis, à leur histoire que l'on découvre par fragments à travers une narration morcelée qui passe d'une temporalité à une autre et marquée par de lourds secrets, intimement liés à une religieuse du couvent de Serra de 'Conti, se mêle la grande Histoire, avec ses tumultes et son fracas: lutte anarchiste d'une Italie qui crève de faim tandis que l'autre s'engraisse sur la sueur des métayers, la Grande Guerre, l'échiquier des puissants qui avancent sur le plateau leur chair à canon et puis la grippe espagnole.



Au delà de cette histoire d'une puissance et d'une beauté inouïe, ce qui fait la force de "Un jour viendra", c'est l'écriture absolument magnifique de Giulia Caminito lyrique et poétique qui parvient toutefois à des accents néoréalistes qu'un Rossellini ou un Visconti savaient si bien filmer. L'auteur est aussi convaincante lorsqu'elle décrit les méandres politiques dans lesquels elle précipite ses personnages que lorsqu'elle raconte des scènes plus intimes, psychologiques, poignantes à en pleurer. Quant à ses dialogues, quelle finesse, quelle authenticité! Ils vêtent à merveille des personnages denses, profonds. Charismatiques parfois et toujours complexes.



Roman de la fraternité: Caïn et Abel ne sont pas si éloignés de Castor et Pollux, roman des Marches et d'une histoire si violente que ceux qui la vivent la portent forcement dans leur chair et âpre saga familiale, "Un jour viendra" est aussi traversé par des thématiques comme la foi, la rédemption et l'idéalisme, comme un ciel d'orage traversé par de rares éclaircies à la construction exigeante et morcelée. Virtuose et lumineux.



Oui, c'est bien un éblouissement.



















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Un jour viendra

Le roman commence dans une ambiance un peu étrange, comme dans un conte. Nous sommes dans un village des Marches en Italie début du 20ème siècle. Les Ceresa dont le père est boulanger, sont victimes d’une malédiction : leurs enfants meurent, le plus souvent à la naissance ou à l’adolescence. Tous sauf deux garçons, Lupo et Nicolas, deux personnalités opposées : l’un est fort, débrouillard, travailleur, le second est toujours dans ses livres, fragile et ayant peur de tout. Lupo protège Nicola quoiqu’il arrive. Non loin de là, il y un couvent dont la mère supérieure est originaire du Soudan, enlevée lorsqu’elle était gamine. En parallèle de la vie des deux frères, on suit la vie du couvent avec ses règles strictes et immuables. Au départ, il ne semble pas y avoir de lien avec la vie des Ceresa mais au fil du récit, le lien se dévoile.



L’histoire de cette famille a pour toile de fond de nombreux événements historiques : la montée de l’anarchisme, la chute de la royauté, la guerre de 14-18, la grippe espagnole.



Après un début laborieux parce qu’il y a beaucoup de personnages présentés au départ, et parce que le style et l’ambiance sont particuliers, j’ai finalement pris beaucoup de plaisir à lire Un jour viendra. Un roman dont l’écriture est assez atypique. Pendant un moment, on se croirait dans un conte avec son lot de malédictions et dans une atmosphère un peu onirique. La narration est bien menée et les secrets de famille vont progressivement être révélés en même temps que la relation des deux frères évolue et que l’Italie plonge dans le chaos de la première guerre mondiale. Une belle découverte.

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Un jour viendra

Entre dureté et tendresse, ce roman est le récit sublime d'une fraternité complexe. L'Italie du siècle passé, son soleil brûlant et ses anarchistes jaillissent des pages, gorgent de vie ce livre et ses personnages attachants, différents, tandis que la plume de Giulia Caminito allie subtilité et âcreté. Elle bâtit une histoire autour d'une chronologie qui bafouille un peu, va et vient, berce le lecteur, fait pulser Un jour viendra (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/03/05/un-jour-viendra-giulia-caminito/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Un jour viendra

Le petit Avis de Kris pour Collectif Polar

Un jour viendra, Giulia Caminito

Cette fresque italienne mais qui pourrait très bien s'appliquer à bien des pays est relatée d'une écriture fine et délicate qui vous embarque dès les premières pages.

Deux frères, Lupo et Nicola, vivent dans une famille pauvre et sans amour à Serra de' Conti, dans l'Italie du début du XXe siècle. Avec leur loup apprivoisé, le premier s'est donné pour mission de protéger le second, trop fragile. Ils se lient à Zari, dite soeur Clara, née au Soudan et abbesse du couvent du village. Un secret est bientôt révélé par le déclenchement la Grande Guerre.

Combien de familles ont du vivre ces terribles moments de la guerre et cette vie rurale, simple et besogneuse.



Les 2 frères Lupo et Nicola, très attachants et attachés, forcent l'admiration par l'amour qu'ils se portent.



Merci à Marin Ledun pour cette belle découverte.
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Un jour viendra

Fin du 19ème, Serra de'Conti dans les Marches en Italie, la famille de Luigi Ceresa, boulanger, dont les enfants meurent un à un et ou l'épouse devient aveugle : voilà comment commence cette histoire. Un prologue puissant, où l'on sent que ce roman va nous emmener loin.



Luop et Nicola, le premier fier et combatif, le second fragile et intelligent sont liés. Lupo a deux raisons de vivre, celle de lutter contre l'injustice social selon les grands principes de son grand-père anarchiste, et celle de protéger Nicola on frère.



Les événements qui se déroulent dans la famille Ceresa sont liés de près comme de loin a une certaine Soeur Clara, une religieuse qui enfant a été enlevée au Soudan et convertit au christianisme. Dans ce monastère, Soeur Clara protège Nella, la fille du boulanger, qui trouve en ce lieu un refuge après une bien triste histoire..



Mais le vent de l'histoire s'emmêle, les idées socialiste, anarchiques, la semaine rouge, la Grande Guerre, l'épidémie espagnole..Pour Lupo et Nicola, il ne sera pas facile de résister et de découvrir le secret qui gardé leur vie liée à jamais !



Giulia Caminito est une jeune écrivaine, mais surtout une prodigieuse écrivaine italienne. Ce roman est absolument complet, intense, où les personnages sont définis à merveille. Dans la plume de l'auteur, il y a la foi, l'anarchie, la poésie, le passé et l'histoire.



Une plongée en apnée dans la grande Histoire de l'Italie, avec des âmes plus vrai que nature. Bref, il y a tant à dire sur ce beau roman. Coup de coeur pour "Un jour viendra", on n'a surement pas fini d'entendre parler de Giulia Caminito.
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Un jour viendra

Revoilà un roman qui m'emporte, qui m'ensorcèle et que je dévore passionnée! Sa force est indéniablement son écriture, outil très bien maitrisé par l' auteure. Elle nous rend captif, elle nous tient et nous montre à voir.



La trame solide du roman nous montre à comprendre, sans perdre en saveur, des tranches de vies italiennes de la fin des années 1890 pour arriver à la fin de la première guerre mondiale. Tournant de l'histoire ecclésiastique, insurrection politique, drame familiale. Les deux pôles (religion et politique) sont servis par quelques personnages bien vivants entre les lignes, qui s'agitent dans le chaos de leur condition, agitent leur monde.

C'est beau à lire et déchirant.

C'est passionnant.

Chaque personnage tient sa place, ses détails, sa force et sa faiblesse, ils nous laissent à penser que oui, ça a du se passer comme ça, c'est dramatique mais chacun a essayé de faire avec son destin, se démener avec les démons de cette époque.



Lecture marquante, auteure inoubliable.
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Un jour viendra

Non, la vie n'est pas une boîte de chocolats. La vie est une miche de pain. Sa croûte irrégulière tantôt friable et fine, tantôt barrée d'une arête plus grillée se dresse comme une cicatrice. La croûte protège, ou bien isole. Sa mie moelleuse et dense absorbe les émotions et peine à se défendre contre le monde impitoyable.

Ce roman met en scène ceux qui gravitent autour du pain, à la lumière de magnifiques clairs-obscurs. Il y a ceux qui font le pain dans l'obscurité poussiéreuse d'une boulangerie moribonde entre manque d'amour, maladie et malchance.

Il y a ceux qui tentent de cultiver ce qui permettra de faire le pain. Entre métayage et anarchie, entre la paix et la pénurie de la guerre.

Il y a ceux distribuent le pain béni. Le prêtre et les bonnes soeurs.

Tous se côtoient, se mélangent, vivent mentent et meurent ensemble.

Le noir de la boulangerie déclinante dans laquelle erre la mère aveugle.

La peau noire de l'âbesse qui illumine de sa ferveur toute la contrée et même au-delà.

Le frère sombre, anarchiste flanqué d'un loup-chien.

Son frère lumineux, délicat et différent,dont la peau blanche et la blondeur détonnent dans ce pays rustre et rude.

Les fantômes des disparus, les secrets enfouis qui jettent leur ombre sur les vivants jusqu’à ce que la vérité enfin prenne sa place. Comme une porte que l'on ouvre brusquement d'une maison trop fraîche et trop sombre, vers un jour d'été chaud et ensoleillé.

Il y a tout cela dans ce roman.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Si vous aimez les histoires de familles italiennes je vous recommande également le soleil des Scorta de Laurent Gaude.
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L'eau du lac n'est jamais douce

Ce roman social m’a beaucoup plu. Ce fut un petit coup de foudre et je n’oublierai pas le personnage de Gaia de si tôt, cette adolescente romaine issue d’une famille pauvre. La mère, Antonia, est un personnage imposant qui travaille ardemment pour que les siens se tracent une route au moins normale dans la vie, c’est-à-dire hors de la misère. Elle leur assure un toit, elle leur donne une bonne éducation, elle les place à l’école, elle les écarte des mauvaises fréquentations.



Le début du livre décrit leur quotidien misérable dans un entresol insalubre s’ouvrant sur un coin de cour. Cette famille démunie, avec un père malade, des frères jumeaux encore bébés dormant dans une boîte pour dormir, le petit frère Mariano, petit révolté de la vie, déjà sur les traces de leur mère… Aucun misérabilisme pourtant dans cette narration qui regorge de détails sinistres, car la révolte et la rage maternelle rend cela tout à fait impossible.



Au cours du roman, la famille va déménager et ainsi, l’aspect social se met à parler davantage. Gaia, spectatrice autant que victime des déboires de sa famille, accumule en elle honte, colère, sentiment d’injustice. A l’école « des riches », ça ne se passe pas toujours sans rejet ni brimade, et une violence inquiétante va se pointer dans certaines situations.



C’est un très beau portrait de la jeune fille, écrit avec des phrases plutôt longues, dans une écriture simple que j’ai beaucoup appréciée, même si parfois Gaia m’a mise à distance et que j’ai eu des difficulté à la comprendre. J’avoue que je me suis moi-même reconnue en elle, toutes proportions gardées, mais aussi en d'autres personnages du livre.



Un beau livre qui parle des adolescents en mal de vivre.

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Un jour viendra

Je ne vais pas vous mentir, je l’attendais un peu au tournant ce premier roman hors Etats-Unis de Gallmeister. Pourtant quelques pages auront suffi pour qu’il me prenne dans ses griffes.



Lupo et Nicola sont nés à l’aube du nouveau siècle, le vingtième. Ils sont les deux derniers enfants de Luigi Ceresa, boulanger du village de Serra de’ Conti, dans les Marches italiennes. La vie de la famille Ceresa est très dure, comme celle de tous les habitants de Serra, la plus part du temps des pauvres métayers qui voient leurs enfants et leurs espérances s'éteindre les uns après les autres. Lupo - le vigoureux, le rebelle - et Nicola - le fragile, le délicat - survivent grâce à la force mystérieuse qui les unit malgré leurs différences.

Zari est née au Soudan mais elle a été kidnappée alors qu'elle était encore enfant. Elle s'est convertie à la religion catholique et peu connaissent le passé de la Moretta, l'abbesse du couvent de Serra, qui avec sa musique extraordinaire et sa force d'esprit est le point d’ancrage de toute la communauté.

Alors que le vent de l'histoire se met à souffler fort, Lupo, Nicola et la Moretta vont devoir résister, ouvrir les yeux et découvrir les secrets qui lie leur vie.



« Un jour viendra » nous plonge dans la grande histoire de l’Italie - l’anarchisme, l'agression coloniale contre la Libye, la Première Guerre mondiale, la grippe espagnole, la semaine rouge, la montée du fascisme – et la mêle à celle de ses personnages. Mais l’auteur n’a pas créé de simples personnages, elle a créé des vies, toutes plus authentiques et denses les unes que les autres, avec des personnalités bien définies, des croyances, des façons de voir le monde et la vie différentes. Il y a de la foi, de l'anarchie et de l'espoir dans ces pages. Il y a l'envie de changer un pays, le besoin de ne pas se soumettre au plus fort, la force du destin qui l'emporte sur tout et l'amour. L'amour entre frères d'une famille vouée au désespoir, l'amour mystique d'une religieuse pour ses sœurs et ses paroissiens, l'amour de la révolte et de la justice sociale. Mais bien sûr que serait l'amour sans son pendant naturel, la haine?



Giulia Caminito raconte un monde passé capable de grandes passions, de gens fiers de lever le drapeau, de lutter pour leurs idéaux et Gallmeister nous offre une grande histoire romanesque à souhait que l’on a du mal à lâcher.



Traduit par Laura Brignon
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Un jour viendra

Les deux frères, Lupo et Nicolas, semblent inséparables autant qu'ils sont dissemblables. En ce début du XXe siècle, dans la région des Marches (Italie), la famille Ceresa est une famille pauvre. le père Luigi est boulanger dans un petit village, mais il travaille seul depuis que l'aîné Antonio est mort. Sa femme est aveugle, sa fille Adélaïde est mourante et Nella l'aînée est parti dans les ordres.

Restent Lupo qui préfère travailler comme journalier dans les champs et Nicola, l'enfant fragile, destiné à étudier pour devenir prêtre (étude financée par Lupo, son ange gardien). Ainsi Lupo apprendra à lire de nombreux textes anarchistes grâce à son petit frère !

Si Lupo est un adolescent dur, indépendant, au caractère bien trempé, côtoyant les mouvements anarchistes et n'hésitant pas à caresser les forces de l'ordre durant les grèves et manifestations, Nicola est un être délicat, différent, inapte au travail physique, inadapté à une telle vie dans les campagnes italiennes de l'époque. Et pourtant il apprendra à survivre même en temps de guerre…

L'autrice décrit un monde âpre dominé par la religion puisque le village est surplombé par un monastère dirigé par une soeur noire, une femme enlevée dès son plus jeune âge en Afrique et sauvée de l'esclavage et de la prostitution par un prêtre. Soeur Clara dirige le lieu d'une main de fer, avec une générosité pour les visiteurs et les indigents alentour. Tout ce petit monde, et surtout les deux frères, devront subir les aléas d'un siècle meurtrier : une première guerre mondiale puis la grippe espagnole sans oublier la pauvreté et l'absence d'éducation.

Si le début du roman semble quelque peu nébuleux, un petit effort est bienvenu tant le livre devient magnifique et lumineux au fil des révélations sur la famille Ceresa et la vie au monastère. La découverte d'une grande autrice ?
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Un jour viendra

Ce roman est magnifique !

L’écriture de Giulia Caminito est empreinte de lyrisme et de poésie. Ses personnages sont intenses et décrits avec finesse et subtilité. L’auteure brosse de profonds portraits d’une famille, et d’hommes et de femmes, happés par leur destin et par la grande Histoire de l’Italie.

*



Le roman se situe avant la première guerre mondiale, dans une période trouble et révoltée, où les agitateurs « Anarchistes » secouent le pays.

Nous sommes dans les Marches Italiennes et nous découvrirons bientôt la famille Cesera, celle de Lupo, de Nicola, de Nella, par des événements qui vont s’enchainer, parfois qui vont se déchainer et par de terribles secrets de famille qui vont finir par être révélés.

*



Giulia Caminito s’est beaucoup documentée sur cette période de l’histoire en Italie, une époque que je connaissais peu.

Elle a su habilement enchevêtrer les chemins de vie de cette fratrie, dont certains seront divisés, déchirés, blessés par cette immense tragédie que sera cette guerre, par des idéaux et des engagements anarchistes des uns, par des gros secrets enfouis dans un couvent pour autres, et par des liens d’amour fraternel. Des liens qui sembleront s’étioler avec le temps et les distances.
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Un jour viendra

J,'ai beaucoup aimé ce roman fort qui nous montre sa puissance dès les premières lignes.



L'auteure s'intéresse à une famille les Ceresa et notamment à la relation si particulière entretenue par les deux fils Lupo et Nicola, le premier ne cessant de protéger et de couver le second. Ils ont des sentiments intenses l'un pour l'autre qui sont assez ambigus.



À travers cette famille, nous découvrons une partie de l'histoire de l'Italie, notamment avec les luttes paysannes, l'âpreté de la vie, la montée des mouvements anarchistes et les rébellions, la guerre en Libye puus la grande guerre dans laquelle tant de personnes ont été sacrifiées, et enfin la grippe espagnole.



Ce roman est un roman mettant en avant un amour intense, les idéaux des Italiens qui se sont parfois transmis d'une génération à une autre, mais c'est aussi la mise en relief de la dévotion des gens, et le poids de la religion dans certaines décisions. J'ai aimé également découvrir soeur Clara, la Moretti, Maria Giuseppina Benvenuti. J'ai d'ailleurs cru un instant qu'il était question ici de Bakhita, tant leur destin était semblable.



La psychologie des personnages est minutieuse et décrite avec beaucoup de soin, l'auteure nous proposant des hommes et des femmes vrais, qui se construisent d'idéaux mais aussi de failles. J'ai compatis aux tragédies vécues par certains (le sort de Nella par exemple qui m'a profondément énervée).

Les scènes étaient aussi décrites avec beaucoup de réalisme, je m'imagonais sans peine les rues et le couvent de Serra de'Conti.



Pour conclure, ce roman à l'écriture ntéressante et dont la lecture est fluide est un condensé d'idéaux, de malheurs et de pauvreté, de rêves brisés, de soubresauts politiques et historiques, mais aussi et surtout d'un amour immense.
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Un jour viendra

Un roman magnifique, à l'image de la région des Marches où se déroule l'intrigue, cette région faite de mer et de montagnes, de chaleurs sèches et de froids humides.

Chacun des principaux personnages semble d'ailleurs refléter un aspect de ces paysages bruts, sans concession, que l'on retrouve dans les campagnes oubliées de cette région d'Italie.

Lupo a le sang aussi brûlant qu'un après-midi d'août, il est aussi solaire qu'un été méditerranéen, la peau cuite par le grand air et possède le caractère sauvage d'une mer déchaînée.

Nicola est une mie de pain oubliée à l'ombre, tapi au creux d'une montagne menaçante dont il finira par avoir la force, le mouvement l'effraie, l'effort lui fait peur et pourtant il dominera, surplombera son village, d'un aplomb stable, froid et inquiétant.

Entre les Apennins et la Méditerranée, il y a la terre, les campagnes, il y a Clara et Nella, qui donnent tout d'elles-mêmes, qui ne sont que dévouement et charité sans jamais pourtant se soumettre aux hommes et ceux qui pensaient pouvoir les écraser se heurteront à la force de leur domination silencieuse.

Les Marches, en ce début de XXe siècle, c'est aussi un reflet de l'Italie et des guerres paysannes, de l'anarchisme, de la montée silencieuse du fascisme ; c'est un reflet de l'Europe, qui essuie les abominations de la première guerre mondiale, le dépeuplement des campagnes, les jeunes garçons sacrifiés dans les tranchées, massacrés sous les obus puis, une fois la guerre finie et comme si cela n'avait pas suffi, les ravages apocalyptiques de la grippe espagnole.

Ce roman c'est un peu de tout cela à la fois, c'est une famille dans un village coincé entre la mer et la roche, entre la poussière des chemins trop chauds et l'humidité des rivières de montagne.

C'est un loup domestiqué, un animal sauvage qui s'invente métayer, un noble trop délicat pour le grand air que l'on force à nettoyer des restes humains sur un champ de bataille.

C'est une fille aux cheveux libres comme le vent que l'on enferme dans un monastère.

C'est une enfant arrachée de force à son pays lointain qui refusera pourtant de quitter son village d'ancrage et dédiera tous ses regards, jusqu'aux derniers, à la protection des âmes sauvages de ces terres oubliées.

"Un jour viendra", c'est une écriture poignante, concise et lyrique, rude et poétique, qui laisse sur la peau comme une couche de poussière estivale, qui dépose dans nos cheveux un épi de blé et sur la langue, le goût d'une pomme dérobée.

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