Emmanuel est un regard, disait Tania, un regard qui ne comprend que ce que ses yeux lui apportent, qui saisit l'essence même de ce que chacun de nous cache en lui.
Qui a dit que les larmes soulagent ?
Foutaise !
Les larmes ne lavent d'aucune douleur, n'épargnent aucune souffrance, elles en sont seulement l'accompagnement.
"Allons Maman, n'accorde pas trop d'importance aux choses. Il y a toujours des grains de bonheur qui viennent remettre en ordre ce qui va de travers".
Comment peut-il sentir, deviner avec tant de finesse tout ce que nous ressentons ?
Pourquoi est-il capable de percevoir, avant nous, ce qui est difficile ?
Catherine était toujours surprise et émue, de voir que son fils en savait beaucoup plus long sur ceux qu'il aimait que le reste de la famille.
Dès que quelqu'un avait un problème, il savait, il devenait angoissé.
Si quelqu'un était heureux, il était plus heureux que lui.
Toujours, il devançait, il anticipait.
" Il met dans sa vie, dans notre vie, toute l'angoisse que nous portons en nous, déclaré un jour Mme Soubre.
Nous savons exprimer notre peur avec des mots. Lui, il n'a que son corps.
Et ce qui vient de se passer est intolérable. Tout le monde a été bouleversé. Il faut qu'il s'adapte ..."
Il nous a enseigné que la dépendance n'est pas une défaite, mais la preuve que nous devons être intelligents avec notre cœur et aimer avec notre esprit.
Et il conclut en citant Matthieu :
" Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête ...."
Aimer, c'est aussi pouvoir trouver le repos contre et avec quelqu'un.
Il lui avait semblé qu'Emmanuel se comportait comme ces hommes qui doivent réapprendre leur corps, faire revivre leurs membres - quand cela est possible - chercher au fond d'eux-mêmes les mots qui n'existent plus dans leur mémoire détruite et les sons qui ne sortent plus de leur gorge paralysée.
Mon beau-père avait trouvé un nom pour lui :
" Le funambule qui se promène dans le ciel, mais qui a oublié d'y tirer un fil pour marcher dessus".
Jamais, depuis sa maladie, il n'avait tendu les bras vers nous, il vivait toujours à demi recroquevillé, indifférent à ce qui l'entourait, à nous qui guettions chacun de ses gestes, qui espérions un sourire.
Et tout d'un coup, ce geste, ce mot !
C'était sûr, on pouvait l'aider, on devait l'aider ,malgré les affirmations de cet abruti de médecin.
En fait, elle savait que Claude avait raison au moins sur un point : elle ne vivait que pour son enfants. Mais c'était seulement parce qu'il n'avait rien voulu assumer.
« Un homme délicieux. »
C'est le premier souvenir que j'ai de Phil. C'est sûrement le premier souvenir que avons tous de Phil.