Citations de Goce Smilevski (21)
Ce voile qui sépare les personnes âgées de tout ce qui les entoure et fait que même ce qui est a leur portée leur échappe comme un élément d'un autre monde, un onde dont ils sont coupés .
Le monde n'est-il pas plein de gens qui se regardent dans les yeux et se racontent des choses insensées ?
Le bonheur, tout comme le péché, est souvent dans les yeux de celui qui regarde.
Tu ne regardes qu'en toi-même, voilà pourquoi tu ne peux pas voir les autres.
Ce jeune homme qui la caresse avec une pomme , qui lui chuchote un conte de fée, qui lui offre un couteau , c’est son frère , Sigmund. La vieille femme qui se souvient, c’est moi Adolphine Freud »
Tous les êtres normaux sont normaux de la même manière et chaque fou est fou à sa manière.
« Elle n’aime pas mes intrusions dans l ;’espace de Sigmund. Avant sa naissance, elle était déjà sûre qu’il deviendrait un « grand homme ». Elle raconte souvent comment, alors qu’elle était enceinte, une vieille femme le lui avait prédit, en utilisant exactement ces mots : « un grand homme ». Elle n’a cessé de les répéter depuis lors. Cependant, elle s’adresse toujours à lui comme à, un petit enfant, l’appelant « mon petit Siggy en or « ; Ce surnom sonne à la fois comme une marque de possession et comme une menace. »
Alors que je contemple ma mère, je me dis que c'est sa dernière nuit. Je songe aux nuits tourmentées de ma jeunesse, à mon désespoir, à cette époque maudite où ma mère prenait un cruel plaisir à jeter du sel sur les plaies béantes de mon âme. Je rêvais alors d'une nuit comme celle-ci, sa dernière nuit. Combien de fois, durant les insomnies de ma jeunesse, j'ai ruminé une vengeance qui ne pourrait s'accompli qu'à un moment comme celui-ci, le moment de son ultime impuissance devant la mort !
« Je n’ai rien à te pardonner. Tu n’as fait aucun mal. Mais tu as omis de faire le bien. Tant de fois dans notre vie nous manquons de faire une bonne action. Et ne sommes pas en mesure de savoir laquelle de ces omissions fera du mal à quelqu’un « Il répète : « Pardonne-moi. «
La folie ne se comprend pas elle-même, et la normalité non plus ne se comprend pas. Et ce qui les sépare, c'est la peur : la normalité a peur de la folie comme la folie a peur de la normalité.
"La normalité ?" Il hésite un instant, comme si la question l'avait pris au dépourvu. "C'est le bon fonctionnement en accord avec les lois du monde dans lequel nous vivons. "Par conséquence, si on suit cette logique, on pourrait dire que la normalité est la soumission aux normes instituées."
Dans la vie, tous sont différents. Et dans la mort tous sont différents et tous sont semblables : tous se séparent de leur âme en expirant mais chacun expire à sa façon.
Tous les êtres normaux sont normaux de la même manière et chaque fou est fou à sa manière propre.
Ce jour-là, une goutte de venin est tombée de quelque part, en dehors de cet espace familier, sur le fil invisible qui me lie à ma mère ; au moment où elle a appris mon désir par la bouche de mon frère et qu'elle a deviné cette nouvelle complicité qui s'est installée entre nous, le monde clos que nous formions elle et moi s'est détérioré pour toujours. Dès cet instant, elle est devenue différente et je ne suis plus pour elle qu'un réceptacle où déverser une rancœur dont elle ignore sans doute l'origine.
Mais en 1863 , seulement quelques années après que Darwin a annoncé au monde ses théories sur la sélection naturelle, Thomas Crapper a déposé le brevet de la chasse d'eau. Qu'est ce que ça change pour nous de savoir que la Terre tourne autour du Soleil et que nous ne sommes pas le centre de l'univers ? A quoi nous sert-il de savoir que nous tenons nos origines du singe ? Qu' est ce que ça nous apporte d'être conscients que nous sommes victimes de ce que vous appelez l'"inconscient" ? ça ne change rien du tout. Tandis que la chasse d'eau ... dois je vous expliquer combien cela a transformé notre vie ?
Le bonheur, tout comme le péché, est souvent dans les yeux de celui qui regarde
Le comportement de ma mère me fragilise chaque jour un peu plus. Elle me répète à tout bout de champ cette phrase de Balzac qui dit que les femmes sont nées pour être épouses et mères. Celle qui ne le sont pas sont des monstres, conclut-elle.
Dire que la femme est un être délicat et fragile qui a besoin de protection contribue à la maintenir dans la dépendance. Mais les choses sont en train de changer, les femmes cherchent à s'affirmer et commencent à se révolter.
Selon toute évidence nous, les femmes, devrons prendre par nos propres forces ce que le monde et l'époque ne veulent pas nous donner.
Avant de sortir, je jette un dernier coup d’œil sur Eva qui allaite son bébé. Devant ce spectacle, l'espoir se mêle étrangement à la peur. Je songe à la longue lignée de mères et de fille qui se sont suivies à travers mes siècles depuis le début de l'humanité. Et je sors en emportant cette image.