![Le dimanche des mères par Swift Le dimanche des mères](/couv/cvt_Le-dimanche-des-meres_2603.jpg)
Le dimanche des mères est le jour de congé octroyé par les aristocrates aux bonnes qui ont le droit ce jour-là d’échapper à leur condition afin de rendre visite à leurs mères.
Nous sommes samedi 30 mars 1924 dans l’Angleterre meurtrie par la guerre, une journée qui restera à jamais marquée dans la mémoire de Jane ; Jane est une jeune bonne orpheline qui rejoint son amant Paul, un fils de famille avec lequel elle entretient une liaison.
Ce seront leurs derniers instants car Paul s’apprête à épouser une héritière.
Le texte se révèle sous la plume de Jane, devenue écrivain, une vielle femme malicieuse, cultivée et reconnue. Il n’est pas étonnant qu’elle soit devenue écrivain puisqu’elle osait, jeune bonne, emprunter des livres dans la bibliothèque de ses maîtres.
Pourtant, malgré toutes ces promesses, pourquoi ai-je peiné ?
J’avoue avoir été déconcertée voire déçue par la première partie. Je l’ai trouvée lente, un peu laborieuse (les allusions au futur) même si des moments de grâce laissent deviner des instants à venir plus troubles et douloureux. Je suis un peu restée en retrait la moitié du récit.
La deuxième partie se révèle enfin, dramatique et donne un sens au parcours de Jane.
J’ai apprécié l’écriture douce, précise, poétique.
En résumé, une lecture agréable sans être pour autant un coup de cœur comme bon nombre de lecteurs.
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Un joli portrait de femme, écrit avec beaucoup de tendresse et de sensualité On vit la journée d'une jeune domestique anglaise lors du congé donné à l'occasion des mères, on s'enthousiasme, on vibre avec elle mais surtout ce roman sent la liberté , celle d'être , celle de vivre.
Une belle découverte que je conseille fortement
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Mes dix mots inspirés par cette lecture : Emancipation - Erudition - Elévation - Virage - Immortalité - Conrad - Orphelinage - Finesse - Délicatesse - Ecriture
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La singularité de ce court roman : nous présenter deux histoires en une : celle de l'Angleterre aristocratique des années 20 et la vie exceptionnelle d'une domestique. En effet, à l'occasion d'une journée particulière dans l'année, le dimanche des mères, journée donnée aux domestiques pour aller visiter leur mère, nous allons faire la connaissance de notre héroïne et "revenir" sur sa vie.
Son prénom Jane; son nom Champise si vous le souhaitez (enfant trouvée) ou Fairchild. Née en 1901 elle grandit dans un orphelinat, est placée comme domestique chez les Niven et va faire la connaissance de Paul Sheringham, un jeune homme de bonne famille. Amants durant plusieurs années, Jane va passer un dernier moment d'amour avec Paul, un dimanche de 1924 dans la maison de ce dernier.
La suite, elle deviendra romancière à succès et vivra jusqu'à plus de 90 ans.
Cette journée du dimanche des mères, pivot du livre permet donc à l'auteur de nous décrire un moment d'amour fort et d'évoquer furtivement, indirectement les étapes de la vie de Jane : ses années de bonnes, ses années Oxford, ses années londoniennes, ses années de femme mariée avec Donald Campion, ses années de célébrité.
Une belle écriture intense, un style vif n'ont pas été de nature pour moi à amoindrir la frustration présente tout au long du livre. La vie de Jane, bien que décrite tout au long du livre, reste très survolée. L'auteur laisse apercevoir la richesse des 70 ans qui suivront le fameux dimanche de 1924 sans toutefois nous en donner un éclairage suffisant pour répondre à nos questions, à notre curiosité!! Dommage.
Parfois, on aimerait que certains livres fassent 100 pages de moins.... ici ce fut l'inverse pour moi....
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comme une tragedie grecque, un amour interdit entre une domestique et un noble, les conventions sociales, la lecture, l'ecriture, la mort. Un tout petit livre mais d'une densité incroyable, un livre phylosophique sur la vie les sentiments. A lire imperativement.
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Plus j'avançais dans ma lecture et plus j'avais l'impression d'être dans un roman de McEwan, autre auteur anglais. Et plus particulièrement dans Expiation qui a des points communs avec le dimanche des mères, Expiation étant de plus haute volée mais aussi bien plus volumineux.
Les points communs sont une relation entre deux personnes de classe sociale différente, la guerre et ses conséquences, un personnage qui devient écrivain, une réflexion sur l'écriture et sur le pouvoir de l'écrivain. Ce qui m'a fait penser à McEwan dès le début du roman, c'est surtout la façon de tourner autour du moment qui va tout changer dans la vie de l'héroïne. de le disséquer, de le triturer dans tous les sens, de remonter en avant dans la vie des personnages, de repartir après, et de revenir toujours à ce moment. La façon de le décrire et de revenir régulièrement sur les corps nus, la tache, le cendrier sur le ventre ou le soleil entrant dans la chambre, la précision des détails avec la poussière qui vole. La façon de faire une si fine analyse psychologique des personnages, de trouver les mots justes et de jouer avec, de faire des suppositions sur ce qui se serait passé si …
Ce moment c'est une fin de matinée de dimanche des mères en mars 1924. Ce jour-là, les domestiques ont congé pour aller visiter leur mère. Jane n'a pas de mère.
Dans ce petit coin d'Angleterre, les familles ont été rudement touchées par la guerre de 14-18. Leurs fils n'en sont pas revenus. Il reste Paul un fils de la bourgeoisie sur le déclin. C'est lui que Jane, domestique d'une famille voisine et amie, va rejoindre pour batifoler dans ses draps en cette fin de matinée.
Rapidement, on se doute de ce qui va se passer, on le sait bien avant Jane.
Cette journée sera déterminante, elle y repensera toute sa vie.
C'est un roman sensible, sensuel sur le fabuleux destin de Jane, sur sa liberté à une époque où les femmes étaient soient domestiques, soit épouses.
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Livre difficile pour moi pour plusieurs raisons :
- Le ou les sujets traités qui sont particulièrement difficiles : l’impact de la maladie de la vache folle dans une famille de paysans et la récurrence de la mort tout au long du livre,
- Le style qui ne m’a pas plu,
- La lenteur et la difficulté à comprendre ce qui se passe dans le 1er tiers du livre.
Je n’aime pas interrompre une lecture et j’ai donc persévéré.
Peu à peu, on arrive à entrer dans l’histoire et dans les relations du couple constitué de Jack et d’Ellie, qui se connaissent depuis l’enfance et ont traversé plusieurs épreuves ensemble. Mais, lorsque Jack perd son frère, de nombreux malentendus remontent au point qu’Ellie ne saura pas soutenir son mari dans cette nouvelle épreuve.
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Une bonne dose de longueurs, des répétitions à volonté, un soupçon d'érotisme, une vaine tentative de rivaliser avec certains auteurs romantiques anglais et bien sûr, l'inévitable confrontation maîtres-domestiques pour surfer sur la vague de Downtown Abbey. Voilà la recette de ce livre. Passez votre chemin.
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Graham Swift l’auteur de ce court roman, anglais se présente à moi comme un écrivain à l’écriture riche, entremêlant le temps, l’espace et les sentiments. Le dimanche des mères frôle lentement notre tendresse engourdie dans une volupté agréable, un soupire lent coule sur notre lecture à la sensibilité légère où danse notre émotion éphémère.
Cette fable teintée de mélancolie joyeuse est une ode à la lecture, à l’écriture, à la vie tout simplement, celle que l’on décide de vivre et d’aimer avec passion. L’héroïne de ce conte Jane Fairchild, femme de chambre dans une famille aristocratique les Niven n’oublie pas cette journée du 30 mars 1924, ce dimanche radieux, celui offert aux domestiques par leurs patrons pour rejoindre leurs mères…Cette jeune femme de 22 ans, orpheline, sachant lire et écriture à la différence de la plupart de ces domestiques dilate le temps pour revivre cette journée estivale, celle des sentiments opposés, l’insouciance passionnelle, la tristesse du deuil puis l’inspiration intérieure, cette chaleur envahissante bouillonnant le corps puis l’esprit pour illuminer la certitude de la voix à suivre, celle de l’écriture.
Graham Swift entremêle habillement le récit de cette journée avec l’interview de cette octogénaire écrivaine reconnue narrant cette fameuse journée mais aussi quelque fait important de sa vie avec la source de son inspiration et cette genèse d’écriture. Beaucoup d’émotion frisonne les pages de ce roman, de la légèreté mise à nue, cette intimité des corps s’oppose à cette Angleterre puritaine de ces années folles. Souvenir de la grande guerre et des ces morts hantant encore les mœurs et présent toujours aussi moderne. Cette décadence aristocratique avec l’amant de la bonne, Jane copulent avec le futur marié dans sa chambre d’adolescent au regard froid de ses deux frères morts au champ de bataille en 17, ce décor empilant les objets ainsi que les habits comme une collection…. Jane stoïque dans cette scène allongée dans le lit de ce jeune dandy après avoir fait l’amour, s’écoulant entre ses cuisses le cocktail de ses sécrétions et de la semence de son amant reste une scène mémorable…
Puis cette rupture de la journée, cette escape pour retrouver l’amant à bicyclette, ce vélo recelant encore des secrets lointains, la fuite du retour dans les routes escarpées d’une nature joyeuse et radieuse malgré la rupture des deux amants, lui devant se parfaire d’un mariage arrangée pour convoler à Londres. Et l’annonce de l’accident mortel de son étalon, consumé de sa jeunesse dans virage heurtant un chêne pour y bruler sa vie.
Il y a aussi ce moment pur, de grâce, d’intimité, lorsque la bibliothèque s’ouvre à la chair nue de cette Jeune domestique, solitaire de sa moitié parti rencontrer son destin funeste, habillant sa poitrine d’un livre pour entendre battre son avenir d’écrivain….
Puis cet hommage à Joseph Conrad, étant l’auteur du livre de Jane en ce jour de dimanche des mères, Jeunesse, puis d’autres suivront Au cœur des ténèbres, Lord Jim, L’Agent secret…. Ces lectures berceront cette jeune demoiselle à l’avenir d’oxford mais cela reste une autre histoire.
Ce petit roman est un puissant concentré de bien-être, de douceur, d’humour, de sentiments multiples….
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On rencontre Jane Fairchild à l'un des moments clés de sa vie. Elle est servante dans une grande maison anglaise au début du XXè siècle, c'est le dimanche des mères. Celui où les domestiques peuvent aller rendre visite à leurs familles. Mais Jane est orpheline, et elle a rendez-vous avec son amant, le jeune fils d'une famille noble voisine, qui doit se marier très bientôt. C'est donc une journée d'adieu, à plusieurs points de vue.
Le roman, parfaitement construit, propose de revenir sur cet épisode et ses conséquences sous forme de flash-back, pour permettre au temps de faire son œuvre, de prendre du recul, et pour Jane, devenue écrivain, d'imaginer ce qui aurait pu être différent. C’est une réflexion puissante que propose l'auteur sur la vie et ses multiples facettes, le réel et la fiction, comment ils s'entremêlent quelquefois.
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Le dernier roman de Graham Swift m'a fascinée par la maîtrise de l'intrigue et par la finesse de l'analyse psychologique des différents protagonistes. Tel un catalyseur, le personnage principal, Jake Luxton, grand gaillard taciturne, dernier survivant d'une longue lignée d'agriculteurs dans le Devon, guette par la fenêtre le retour de sa femme Ellie qui vient de le quitter suite à une terrible dispute. Derrière lui, posé sur le lit, un fusil de chasse, protagoniste silencieux, attend. A partir de cette scène, l'auteur construit un va et vient habile entre le passé et le présent, donnant la parole tour à tour aux différents personnages de l'histoire, dans une montée en puissance narrative efficace jusqu'au dénouement final. Du grand Graham Swift dont j'avais également apprécié Le Pays des eaux.
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Le dimanche des mères, une ancienne tradition anglaise de l’époque où les maisons bourgeoises étaient assorties d’une nombreuse domesticité corvéable et serviable à merci : chaque année les bonnes et autres domestiques étaient autorisées à prendre un jour de congé (unique dans l’année) pour aller voir leur mère. Un geste qui ne fait ni chaud ni froid à Jane Fairchild, puisqu’elle est orpheline. Ce dimanche, où les demeures patriciennes ont été vidées de leurs occupants, partis festoyer ailleurs, Jane va la passer en compagnie de son amant, un jeune homme de la "bonne société", un dernier moment d’amour charnel avant le prochain mariage de cestui-là qui a su conquérir sa toison. Pour la première fois de sa vie de servante, il l’a conviée à passer "par la grande porte", elle qui avait l’habitude de venir le voir en cachette. Dès les premières pages on sait que le destin de cette jeune femme aux sens bien éveillés, capable d’accepter sa modeste condition tout en s’ouvrant au monde par la lecture, va basculer. Mais on ignore quand et comment, ce qui fait tout le charme de cette romance sociale et humaniste. Un petit bijou…
Commenter  J’apprécie         70 ![De l'Angleterre et des Anglais par Swift De l'Angleterre et des Anglais](https://m.media-amazon.com/images/I/5143N5-NIaL._SX95_.jpg)
Avis partagé pour ce recueil de nouvelles, qui sur le fond offrent une grande diversité, de lieux, d'époques ou de situations, mais qui présentent une vraie unité sur la forme, puisqu'elles sont toutes marquées par l'écriture élégante et mélancolique de Graham Swift. Certaines m'ont particulièrement touché, comme "Fusilli", l'histoire d'un homme qui repense à la dernière conversation téléphonique qu'il a eu avec son fils, au rayon pâtes du supermarché, alors que celui-ci est ensuite mort au combat en Afghanistan, ou "Souviens-toi", où un jeune homme tout juste marié écrit à son épouse une lettre d'amour de quelques lignes où tout est dit, mais qu'il ne lui remettra jamais. D'autres nouvelles, en revanche, m'ont laissé indifférent, voire m'ont ennuyé. Mais c'est là tout l'avantage des nouvelles, il suffit d'accélérer un peu sa lecture pour arriver à la nouvelle suivante, et se laisser bercer par un propos ou un rythme qui nous convient mieux. Je n'ai pas vraiment retrouvé ce qui m'avait tellement plu dans Le pays des eaux pour lequel j'avais eu un vrai coup de cœur, mais cela ne me dissuade pas pour autant de continuer à explorer l'œuvre de Graham Swift.
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30 mars 1924. Une journée de fête des mères qui fleure déjà bon le printemps dans le Berkshire et qui s'annonce sous les meilleurs auspices pour la jeune bonne des Niven, Jane, pourtant orpheline, et pour son aristocrate d'amant, Paul, qui s'apprête pourtant à épouser une jeune femme de son rang.
Une journée qui bouleversera à jamais la vie de ces jeunes gens...
Un destin incroyable que celui de Jane Fairchild qui a su puiser le meilleur dans ce qu'elle aurait pu considérer être le malheur de sa vie, celui d'être abandonnée dès la naissance.
Un livre qui réserve bien des surprises et suscite en nous une vraie réflexion sur le sens de la vie, sur la manière de l'aborder, d'en affronter les drames, et surtout d'en savourer les moindres instants de bonheur.
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Le dimanche des mères Mothering sunday. A romance.
Graham Swift
roman
traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek
Gallimard, 2016, 142p
Ce qui frappe, dès qu'on commence la lecture de ce roman, c'est le ton. C'est d'une grande finesse, tenue par un brin d'ironie. C'est britannique aussi. Le ton est libre, juste. Rien n'est appuyé et tout est vu, senti.
L'action se passe en 1924, le 31 mars. Un jour beau comme un jour de juin. C'est le dimanche des mères, le jour où les domestiques ont le droit de rendre visite à leur mère, une tradition déjà désuète. le personnage principal du roman est une jeune fille de 22 ans. Elle sert comme bonne depuis huit ans dans une famille bourgeoise endeuillée de deux fils morts à la guerre, déjà morts quand elle a pris son service. Elle couche depuis le même temps avec le fils d'une autre famille bourgeoise, qui, elle aussi, a perdu deux fils à la guerre. Il a 24 ans, fait mollement des études, se mariera dans 15 jours avec une fille bourgeoise et riche. C'est un mariage arrangé. Pour leurs rapports sexuels, il lui a procuré un « bonnet hollandais », diaphragme contraceptif.
Pour ce dimanche des mères, il a invité la bonne chez lui, ses parents laissant la maison libre pour se rendre à un repas partagé avec leurs voisins comme prélude à la célébration du mariage prochain, et lui-même a conduit en voiture les bonnes à la gare, pour leur faire ses adieux en règle. Elle rentrera dans la maison par la porte principale. Quand lui devra partir pour rejoindre sans grand enthousiasme ni hâte sa fiancée, elle pourra rester dans la maison et même y prendre son repas. Elle profitera de cette liberté pour s'y promener entièrement nue, comme si agissant ainsi, elle le possédait, lui, et non cette autre qu'il va épouser, et bouffera la tourte préparée à l'intention du jeune maitre comme une gloutonne. Elle arrachera une fleur d'orchidée blanche à l'un des nombreux bouquets. « Ainsi saurait-elle pour toujours » qu'elle a réellement vécu cette journée extraordinaire. Elle imaginera la rencontre entre son amant et sa future femme, en colère à cause du retard. Quand elle quittera la maison, un sentiment inattendu de liberté la submergera comme si sa vie ne faisait que commencer, et elle empruntera la route qu'elle a l'habitude de prendre.
Les choses sont vues à travers le regard de la bonne, à deux époques différentes, quand elle a ces 22 ans, avec un terrible appétit de vivre, et beaucoup plus tard, quand elle en a 70, 80, 90, presque 100, quand elle parle de vérité, de mensonge, de vie, et de choses qu'on ne garde que pour soi. Elle est mince et vive. Elle sait bien lire et bien écrire. Elle apprend de nouveaux mots, un autre vocabulaire, avec son amant et dans la maison où elle sert. Elle goûte ces mots, comme « jamboree » dont elle n'est pas sûre du sens ou ce verbe « défaire » qui l'amuse, ainsi défait-elle sa maîtresse, ou cette dernière demande à son mari de la défaire, ou elle-même se laisse-t-elle défaire par son amant. C'est qu'elle s'intéresse à la lecture. Elle a demandé la permission à son maître de lire les livres qui sans doute appartenaient à ses fils. Celui-ci s'en étonne : Des livres pour garçons ? - des récits d'aventure comme L'île au trésor, et plus tard les livres de Conrad, et tant d'autres. Des aventures que ne doivent pas connaître les bibliothèques bourgeoises, et leurs livres peu lus. Où sont donc les livres pour filles ? Conrad lui fait comprendre que « trouver un langage, trouver le langage », c'est « l'essentiel de l'écriture ». Elle s'étonne aussi du monde bourgeois, de leur manie d'avoir sur leurs murs des tableaux qu'ils ne regardent pas, de ne pas demander à leurs bonnes si elles ont passé un bon dimanche. Elle a compris qu'un bon domestique est invisible et indispensable, ainsi aide-t-elle son maître quand il est dépassé par une nouvelle désolante, et met-elle son chagrin en sourdine. Ainsi les bonnes changent-elles silencieusement les draps de ceux qui ont baisé. Ainsi guide-t-elle le fils de bonne famille dans ses premiers rapports sexuels.
L'atmosphère du livre est lumineuse, délicieusement surannée et si actuelle encore. On ne lit pas trop vite pour rester dans cette ambiance langoureuse et d'attente. On vit comme un moment ébloui, et presque de magique littérature.
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Un triangle amoureux à Brighton, le temps d'un été à la fin des années 50... Jack, Ronnie, et au milieu, Evie. Le tout saupoudré d'un peu de magie.
Sentiment mitigée en refermant ce roman, entre le plaisir d'avoir lu une belle histoire, bien menée, et la déception de ne pas avoir senti l'emballement du désir et de la passion qui couve pourtant sous les mots de Graham Swift... Comme un cheval qu'on retient avant de lancer au galop et qui finit par ne faire qu'un petit trot...
La subtilité avec laquelle l'auteur sait manier les émotions s'est révélee ici trop maîtrisée et contenue. Dommage, car j'ai beaucoup aimé ces trois personnages et j'aurai aimé qu'ils prennent plus d'ampleur...
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