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Critiques de Göran Tunström (33)
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De planète en planète

J’ai résisté pendant un moment avant d’emprunter un autre Tunström… c’est un peu comme d’avoir du bon vin dans sa cave : on prend plaisir à le laisser vieillir, on sait qu’il est là, qu’il nous attend, et puis un jour on ne résiste plus, on l’ouvre. De Tunström je sais que c’est une littérature qui peut vieillir indéfiniment dans ma bibliothèque sans risque d’être étiolée ou bouchonnée par le temps (on ne peut pas en dire autant de beaucoup : souvent, on attend trop, et le livre n’a plus aucune saveur ; ou pas assez, et il répond à des questions qu’on ne s’était pas encore posées, du coup on en perd la trace, et la saveur…)





J’ai donc emprunté celui-ci parce que c’était le seul qui restait à notre bonne vieille bibliothèque de Moulins. Ai-je été déçue ? Non en vérité (ce qui est toujours un risque quand le premier bouquin lu marque avec une force si vigoureuse !!!). Le style est toujours aussi fluide et limpide, l’art du récit est parfaitement maîtrisé, les « proportions » (je ne sais pas comment appeler ça, les dimensions du récit, début-suite-fin, le schéma narratif quoi) sont exemplaires. Le fond par contre m’a moins enthousiasmée, à part la première histoire mais sinon sans plus. Dans « la vraie vie » il raconte le trajet de deux enfants juifs de la Suède jusqu’en Palestine : trajet tragique qui s’achèvera par la mort du plus jeune alors qu’ils sont enfin arrivés sur la terre de leur quête, mort qui ressemble à un suicide. Si on voulait pousser le vice (le vice : la façon dont en fac de lettres on nous apprend à rapprocher des œuvres de la façon la plus éhontée qui soit) on pourrait dire que c’est la métaphore de l’exil du juif (ô oui ce thème si cher à la littérature juive, que l’on retrouve dans Gary forcément mais surtout chez albert Cohen et …merde c’est quoi son nom déjà ? là faudrait que je me lève pour aller voir dans la bibli mais trop la flemme…c’est pas vous qui vous trimbalez 23 kilos de ventre !)





Dans « petite musique de salon » c’est encore une histoire de juif, d’un juif prof de piano qui fait apprendre la musique à différents hommes membres de différents partis politiques : la musique finira par être une révélation pour certains, surtout pour le prof qui retrouve l’amour et oublie le passé grâce à elle (passé douloureux où il a vu mourir ses parents). Là aussi on pourrait faire une vaste analyse…mais la métaphore manque de « symbolique » (l’auteur en a trop dit, ou pas assez : le sens est apparu trop évident, trop « lisible » et la poésie de la métaphore a disparu…)





Dans « mariage fictif », c’est un discours sur le non-temps et le non-espace qui peut exister par le biais de l’imagination, ce qui fait qu’un instant ne s’arrête jamais, que des conversations continuent de se nouer entre des gens sans qu’ils ne se voient, que des liens se créent pouvant même aller jusqu’à l’amour !!! Mais à la fin les masques tombent et l’homme et la femme s’aperçoivent qu’en fait ils ne sont pas « sur la même longueur d’onde »…





Dans « Stella »… un peu compliqué comme récit… une petite fille en proie à l’inamour parental… veut un perroquet le vole et veut le tuer…fait la connaissance d’un garçon dont elle voudrait devenir l’amie mais qu’elle rejette… un univers tout entier concentré dans la contradiction, l’envie et le refus, le bien et le mal, l’amour et la haine.





« Arielle » m’a rappelé quelque chose mais je n’ai pas su retrouver quoi : une mère donne naissance à une petite fille qui porte des ailes. S’ensuit un amour fusionnel entre la mère et la fille, dont le père est exclu. La mère aime les ailes de sa fille et en fait la métaphore de la liberté tout en se posant la juste question « a-t-on droit à cette liberté ? » à la fin du récit le père répond à cette question : il coupe les ailes de sa fille, retrouvant pas le même coup sa liberté à lui (il ne sera plus exclu de l’amour de sa femme et de sa fille puisqu’il les a « descendues » au même niveau que lui).





Ma préférée, c’est la première histoire : j’ai retrouvé le même style que dans l’autre Tunström, à savoir des tournures de phrase très garyennes, comme « elle était assise là, en face de moi, et mit un verrou aux mots qui avaient autrefois composé notre réserve commune » ce qui fait que j’applaudis le traducteur des deux mains (Marc de Gouvenain et Lena Grumbach) parce que là pour faire un boulot comme ça faut vraiment être fort. Donc, dans « merci pour Kowalowski », le narrateur vient de divorcer, il a passé sa vie dans l’indifférence la plus totale, à ne s’intéresser à rien ni à personne et en étant transparent dans le regard d’autrui. Quand, un jour, un homme dans un café, le prenant pour quelqu’un d’autre, lui dit « merci pour Kowalowski ! ». a partir de là, le narrateur recherche désespérément qui est ce Kowalowski : théâtre, opéra, livres, tout y passe sans qu’il ne découvre rien, à part l’amitié d’une vieille dame, Dagmar, avec qui il se rend à Vienne. Là, par hasard, il tombe sur un Joseph Kowalowski dans l’annuaire, le rencontre, lui ainsi que sa mère et sa fille dont il tombe amoureux. Le Joseph en question est un individu perturbé par son passé (il a tué des juifs) et à qui le langage fait défaut (genre certains dialogues dans clair de femme…). Pour lui rendre ses mots, le narrateur écrit son histoire, et insiste pour que l’homme qui tienne le rôle principal soit celui qui lui a dit « merci pour Kowalowski ». la chute, surprenante, montrera que le parcours du narrateur sera parti d’une méprise, double en l’occurrence puisque l’homme du café l’a pris pour quelqu’un d’autre mais qu’en plus le mot qu’il avait prononcé n’était pas celui de Kowalowski mais un autre. Alors, dans quelle mesure notre vie est-elle conditionnée par ce genre de petits faits dûs au hasard ?
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L'Oratorio de Noël

Fils de pasteur, Göran Tunström est né en 1937 en Suède dans le Värmland, dont sont originaires ses personnages. Il est mort à Stockholm en l’an 2000. Ce roman L’Oratorio de Noël est paru en 1983.

Débuts du XXe siècle, Solveig et Aron ont deux enfants, Sidner le fils et Eve-Liisa la fille. Aron est radioamateur et Solveig chante à l’église, jusqu’au drame quand elle se fait piétiner à mort par un troupeau de vaches. La saga va alors commencer et Göran Tunström tisse une fresque magistrale qui s’étend sur trois générations, d’Aron le père à Victor le fils de Sidner, de la Suède à la Nouvelle–Zélande, les deux extrémités du monde.

Formidablement bien construit ce roman nous entraîne au cœur de l’humain, la vie et la mort, la folie et l’amour. Les personnages se croisent, se quittent, reviennent au fil des chapitres et le lecteur doit s’appliquer pour suivre les évènements et les faits qui se succèdent, parfois éloignés semble-t-il de notre sujet mais tout se tient en réalité et l’auteur dirige son théâtre de marionnettes avec maestria.

Impossible de tout résumer, mais l’idylle qui va se nouer entre Aron devenu veuf et Tessa une jeune femme vivant en Nouvelle-Zélande rencontrée par le biais de son poste émetteur est un des points forts du livre. Tunström décrit à merveille la solitude affective de Tessa, prisonnière des rigidités de son époque et d’un frère trop possessif, qui pensera s’évader grâce à la correspondance secrète échangée avec Aron, lequel se risquera à partir vers ce pays lointain pour y refaire sa vie, mais… dans une saga rien n’est jamais simple, ni acquis. Je ne peux en dire plus sans vous gâcher le plaisir de la lecture, mais sachez que Sidner lui aussi partira beaucoup plus tard en terres australes, pour un pèlerinage de mémoire.

Il faudrait aussi que j’évoque Splendid fils de cul-de-jatte, le copain déluré de Sidner quand il était gamin ou bien Selma la poétesse et surtout Fanny qui deviendra la mère de leur fils Victor. Il y a encore la folie de certains des acteurs, les attentes et les espoirs déçus, Torin l’oncle rouquin de Sidner qui rame dans ce monde qui lui est étranger. Vous le voyez, ça foisonne, ça grouille, ça part dans tous les sens de prime abord, mais tout est sous contrôle de l’auteur.

Quand la partition de cet Oratorio de Noël s’achève, une œuvre de J.S Bach, vous êtes groggy, sonné par ce texte riche et plein de vie mais attention « la vie, on l’a compris, est épouvantable, mais ce n’est pas une raison pour mourir. »

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L'Oratorio de Noël

Mieux vaut ne pas avoir trop d’attentes lorsque l’on choisit un livre au hasard dans le rayon littérature du monde de sa librairie. Cela ne m’empêche pas d’être un peu déçue par cette lecture, beaucoup trop fantasque à mon goût. À ne conseiller qu’aux lecteurs désireux de suivre les délires oniriques des personnages de Göran Tunström.
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L'Oratorio de Noël

On retrouve dans celui-ci le même foisonnement de personnages que dans les autres ; à ceci près que tous les personnages sont reliés par les liens du sang et que le temps du récit est assez long pour faire se succéder trois générations de Nordensson.



Tout commence par un drame : Solveig meurt, écrasée par un troupeau de vaches. Son fils, Sidner, portera la culpabilité de l’accident tout au long de sa vie : son geste (il a poussé le vélo de sa mère, juste avant qu’elle n’atterrisse dans les vaches) le poursuivra dans sa vie, ses rêves, empiètera sur ses actes, déterminera même le tracé de sa vie. De la même façon, son père ne se remettra jamais de la mort de sa femme : il ne cessera de la chercher, allant même, lors de sa correspondance avec une australienne, jusqu’à s’imaginer qu’elle a fait croire à sa mort et qu’elle a pris les traits d’une autre. Ce n’est que quand il entreprend son voyage pour aller la rejoindre en Australie qu’il se rendra enfin compte qu’elle est morte. Insoutenable, cette révélation le poussera à se suicider en se jetant dans l’eau. Seule sa fille, Eva-Liisa, semble s’être remise de la mort de sa mère (elle était encore jeune quand c’est arrivé).



Le roman est surtout centré sur Sidner : son enfance (le drame, le déménagement, la ville, son ami, la vie à l’hôtel où son père travaillait…) puis ses premiers émois amoureux (sexuels devrait-on plutôt dire !) et le voilà catapulté père sans qu’il s’y attende (Fanny, déçue par un homme qu’elle avait idéalisé complètement vu que c’était un homme public et qu’elle ne le connaissait pas, fait l’amour à Sidner : il résultera de cette brève union un fils, sur lequel Sidner malgré son bon vouloir n’a aucun droit mais auprès duquel il finit par trouver sa place). Pour finir, Sidner se rend en Australie pour rendre à l’ancienne amoureuse de son père un bijou (ici symbolique de « si je te rends ce bijou, alors tu pourras aimer à nouveau »). Au-delà de cette trame, on a les tribulations du frère de Solveig avec un enfant qu’il croit être le sien mais qui ne l’est pas, et en cinquième partie le livre « les caresses » censé être écrit par Sidner à l’intention de son fils (partie que j’ai trouvée absolument inintéressante…ben oui !).



En trame de fond Bach et son oratorio de Noel, le roman semble suivre la structure musicale de l’oratorio et nous explique sa création. Cet oratorio qui aurait dû être chanté à Sunne par Solveig et sa chorale ne le sera pas puisque Solveig est morte ; il revient régulièrement tout au long du roman puis un nouveau projet de le monter voit le jour (on ne le verra pas se concrétiser, le roman s’arrête (ou commence) au moment où ça va se faire : la boucle est bouclée.



Intéressant : la perception du temps dans le roman. A l’image de cette citation, quand Sidner entre dans une boutique d’un opticien-horloger, et qu’il se retrouve face à plein de pendules qui indiquent toutes une heure différente : « Elles tictaquaient inlassablement, chacune dans son temps, sans se soucier l’une de l’autre. Aucune n’était fausse, aucune n’était juste, il n’y avait ni avant ni après. Toutes n’étaient préoccupées que d’elles- mêmes et de leur propre mécanisme.» Le temps est comme arrêté sur certains événements (mort de Solveig) qui se répètent inlassablement dans les esprits et les cœurs, d’autre fois il file aussi vite que le vent ou s’étire, mais toujours par couches successives, en même temps, les temps se superposent comme autant de strates de vies possibles d’un même individu.



Pas aussi bien que le livre d’or des gens de Sunne, mais quand même…y’a encore un paquet de bonnes choses là-dedans !
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L'Oratorio de Noël

Pourquoi me suis-je dirigé vers L’oratorio de Noël de Göran Tunström tandis qu’il traînait depuis des années dans ma PAL? La raison est simple et impérieuse en même temps. Lors d’une de nos réunions de lecture du samedi, à la Librairie Actes Sud, Françoise Nyssen, ex directrice des Éditions Actes Sud, s’est arrêté faire un coucou et au fil de la discussion, elle a avoué que, selon elle, Actes Sud n’avait édité que 2 chefs d’oeuvre dont L’oratorio de Noël fait partie. Je ne me souviens plus du second.



De fait, avec une attachée de presse comme celle-là, je me devais de m’y intéresser. Je ne connaissais pas Göran Tunström, c’est chose corrigée.



Pour la première moitié, j’ai trouvé à L’oratorio de Noël une virtuosité dans la narration. On passe d’un personnage à l’autre, avec une histoire touchante et sensible. J’ai beaucoup aimé malgré que le genre contemporain ne soit pas ma tasse de thé. Puis, la seconde moitié a perdu de son attrait. La narration se simplifie, l’histoire devient ennuyeuse. Je ne comprends pas pourquoi ce changement de rythme et cette soudaine facilité narrative.

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/l-orato..
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L'Oratorio de Noël

J'ai lu ce roman pour la première fois il y a plus de 10 ans. Je l'ai relu depuis, mais je ne saurais en résumer l'histoire. On pourrait dire : la vie d'une famille suédoise sur plusieurs générations, au XXe s. , sur fond de musique et de protestantisme... ce serait réducteur. Si ce livre occupe en moi une place à part, c'est par l'univers poétique qui s'en élève, par la douce folie qui le parcourt. Je me le remémore toujours avec émotion.
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L'Oratorio de Noël

Victor Nordensson revient à son village natal de Sunne, en Suède, et s’arrête au cimetière. Là, il croise un vieil ami et les deux échanges quelques instants sur des connaissances communes. Un tel est mort, il est arrivé ceci et cela à tel autre, etc. J’ai beaucoup aimé ce début, cette façon de mettre en place des personnages qu’on rencontrera plus tard. Et cette ambiance, le cimetière, la neige. Malheureusement, tout ça pour rien. Très rapidement, on passe à d’autres personnages et ce va-et-vient constant m’a perdu. Je n’ai jamais eu le temps de m’accrocher, de m’intéresser à quelques uns que déjà on changeait, on passait d’une génération à l’autre. Et je n’ai pas compris pourquoi le livre s’intitulait L’oratorio de Noël. Je l’ai cherché longtemps, l’oratorio. Pendant un moment, où il était question du professeur de musique qui voulait organiser un concert, je me suis dit : « Ça y est ! » C’était un faux espoir parce que, somme toute, il n’est pas si important à l’intrigue.



Bref, beaucoup d’incompréhension. Pourtant, je suis un lecteur averti. Je suis passé à travers plusieurs sagas, fresques historiques, romans chorals. Mais j’aime bien que des liens assez ténus les recoupent. Ici, peu. Les liens entre les trois générations étaient minces. À plusieurs reprises, je suis retourné sur la quatrème de couverture pour relire le résumé, essayer de trouver un sens à cette histoire. En vain. Sans doute que je suis à blâmer en partie, peut-être que je n’étais pas dans le bon état d’esprit pour entamer cette lecture.



Selon moi, la disparition de Solveig méritait qu'on s'y attarde davantage. Aron Nordensson et son fils Sidner ont su m’émouvoir un peu – tous ces rêves, ces espoirs déçus. La correspondance du premier avec une néo-zélandaise m’a intrigué, le voyage là-bas du second m’a raccroché un peu, mais il était trop tard. Quant aux autres… ça grouillait trop, j’arrivais difficilement à les associer aux personnages importants. Le petit-fils Victor est presque absent. Et Tessa, Fanny, Torin et Selma Lagerlöf elle-même (je ne suis pas certain avoir apprécié), je ne savais plus quoi en faire. Aussi, mes difficultés à saisir l’intrigue principale m’ont empêché de jouir pleinement de l’écriture de Göran Tunström. On dit qu’on y retrouve lyrisme, poésie. Peut-être. Je devrai lire autre chose de cet auteur – je dois absolument donner une autre chance à un auteur aussi encensé – pour m’en faire une idée claire. J’espère ne pas subir une autre déception.
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L'Oratorio de Noël

Une lecture âpre, compliquée, parfois décourageante, souvent exigeante. J'ai dû entrer dans un univers particulier, difficile, aux portes de la folie, sur le chemin avancé de l'irrationnel. Je me suis arrêtée plusieurs fois dans ma lecture, tant une pause me semblait nécessaire.

On part de Solveig, une jeune femme apparemment et sans doute sublime, musicienne, sensible, mère magnifique, épouse comblée et merveilleuse. Une photographie dans la nature suédoise, je dirais des alpages, soleil, tout une image un peu sublimée du bonheur familial. Et patatras. Tout s'écroule. Le roman sera donc les récits des survivants de cette tragédie. Ils survivent très très mal. Certains deviennent fous, d'autres délinquants, certains suicidaires, etc... Mais il y a en fonds, une ardeur pour l'amour, ardeur souvent éteinte par des égoïsmes, des poids sociaux, des contraintes religieuses et le passé.

C'est aussi l'histoire du passé qui pèse, pèse et entrave, limite, culpabilise. Et on aura beau tenter de tricoter, le passé revient violemment. C'est donc un roman qui commence dans la lumière et qui va peu à peu mais assez rapidement dans le noir, l'obscurité, le sombre, de désespoir, la solitude.

Une lecture difficile. Il faut s'y accrocher.
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L'Oratorio de Noël

Que dire de cette lecture, de ce livre ? Je me demande si ce n’est pas le premier roman d’Actes Sud que je me suis acheté… (ce serait vraiment chouette, n’est-ce pas, mais je ne peux le jurer). En tout cas, c’est mon premier de cet auteur, mon premier Suédois, et une lecture inoubliable.



Entrer dans l’univers de Göran Tunström, c’est entrer dans le pays de l’enfance blessée, des rêves inguérissables, en compagnie de personnages qui ont bien du mal à se débrouiller avec la réalité.



C’est accepter de plonger dans une histoire qui nous mènera aux confins de la folie.



C’est assister, impuissant, à la mort de Solveig, et ressentir la douleur indicible de la perte d’Aron et de Sidner.



C’est croiser une galerie de personnages secondaires savoureux, et Selma Lagerlöf en personne, qui est sans doute une des inspiratrices de Göran Tunström.



C’est vivre à Sunne, petite ville suédoise inscrite au coeur de l’auteur depuis son enfance, mais aussi aspirer aux antipodes et à la Nouvelle-Zélande, autre pays où les rêves se construisent, se brisent et ressuscitent.



C’est avoir envie d’écouter en toile de fond l’oeuvre qui donne son ttire au livre et se laisser porter par la force, l’équilibre, l’harmonie, la foi de la musique de Bach. Et comprendre à quel point celle-ci reste un point d’ancrage pour ces personnages à la dérive.



Lire L’Oratorio de Noël, c’est se laisser toucher par la grâce des notes et des mots au gré d’une écriture musicale, poétique, qui laisse place à tous les sens, à l’essence des sentiments, des émotions.



C’est remercier une fois de plus l’écrivain parti bien trop tôt, l’éditeur qui a été attentif au coup de coeur d’une Suédoise dans un avion, les traducteurs (Marc de Gouvenain et Lena Grumbach) qui ont réussi un texte français somptueux. J’espère que les deux premiers se sont retrouvés au paradis des lettres…
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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L'Oratorio de Noël

C'est le deuxième que je lis de cet écrivain Suédois .( Le buveur de lune il y a quelques années )

Et toujours un peu partagée dans mon appréciation .

Trop de lyrisme nuit à la profondeur .

C'est une écriture enjôleuse , mais je me dégage vite du charme des mots caresses .

Mais oui quelle écriture .Et superbe traduction .

C'est somptueusement sombre avec de souples mouvements de houle d'un onirisme aussi délicat que puissant , ça transpire de déchirures mal reprisées qui suintent la douleur transgénérationnelle , et de celà naît la lumière à travers l'art .

Je recommande pour ceux qui rechercheraient une sorte de trêve avec le réel : On flirte avec "la folie" , les sentiers sont non-balisés , et malgré un fil directeur lié à un traumatisme familial , la douleur transmise , portée par trois générations , se déploiera avec grâce et élévation de l'âme à travers des chemins de traverses , l'amour et la fibre artistique .
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L'Oratorio de Noël

illisible
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L'Oratorio de Noël

Ca faisait bien une dizaine d'années, voire davantage, que ce livre était sur une de mes étagères et qu'il me défiait de sa tranche imposante quand mes yeux tombaient sur lui. A vrai dire, il ne s'agit pas seulement de l'Oratorio de Noël mais de quatre romans (dont l'Oratorio) de Göran Tunström, écrivain suédois, disparu le 5 février 2000 à l'âge de 62 ans, qu'Actes Sud a réuni en un seul volume de sa collection Thésaurus. J'avais lu de cet auteur "Le buveur de lune" et aussi "Un prosateur à New-York" que Nancy Huston avait traduit du suédois, et j'étais aller écouter NH parler de ce livre sur un salon. J'étais tombé sous le charme. Et je m'étais empressé d'acheter ce gros volume de près de 1000 pages qui depuis me narguait depuis son étagère.

Aujourd'hui, ça y est, j'ai terminé L'oratorio de Noël, le roman le plus connu de Göran Tunström, et je suis ravi de pouvoir partager ici mon enthousiasme, enfin de tenter de le partager.

Je ne recommanderai pas ce livre (quoique ...) aux personnes qui aiment être fermement guidées dans leurs lectures, celles qui n'aiment pas du tout les passages où ne sait pas encore qui parle, à quelle période de l'histoire on est, qui n'apprécient guère les mélanges des genres quand le réalisme du récit s'accommode parfois d'envolées poétiques, ou de caresses d'enfants quand le grotesque côtoie le féérique.

Car c'est tout cela qu'on peut trouver dans ce magnifique récit qui nous conte l'histoire d'une famille sur trois générations autour d'une petite ville, Sunne, non loin de la frontière norvégienne, d'où est originaire Tunström et où Selma Lagerlof, la grande écrivaine suédoise, a terminé sa vie, Selma Lagerlof qui est d'ailleurs un des personnages du livre. Mais le roman nous emmènera aussi à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, terre de promesses.

Même si l'on peut sans doute trouver de nombreuses influences ou correspondances avec d'autres écrivains (j'ai pour ma part pensé à des écrivains aussi différents que Romain Gary, Jean Giono ou Pierre Loti) la voix de Göran Tunström est singulière, belle et dérangeante à la fois, se confrontant à une réalité du monde qui n'est pas souvent celle que l'on nous a peint dans notre enfance, mais qui comporte néanmoins de la poésie pour qui se donne la peine d'aller la chercher, jusqu'au bout du monde s'il le faut.
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L'Oratorio de Noël

Très beau
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L'Oratorio de Noël

C’est avec ce roman considéré comme son chef d'œuvre que l’auteur suédois Göran Tunström se fait connaître.



Solveig, alors qu’elle se rendait à l’église pour répéter l'Oratorio de Bach, se fait piétiner à mort par ses vaches. Suite à cet événement, son mari Aron Nordensson et leurs deux enfants quittent la ferme pour vivre dans la ville de Sunne. Aron sombrera dans la dépression mais trouvera réconfort dans une correspondance avec Tessa une femme de Nouvelle-Zélande. Son fils Sidner, devient ami avec Splendid, jeune garçon déluré, fils d’un ancien boulet de canon vivant. Sidner aura un fils, Victor, avec la belle Fanny. C’est une histoire d’amour, de mort, d’espoir sur trois générations. Une grande saga familiale d’un peu plus de 500 pages.



Il faut être très attentif car le va et vient entre le passé, le présent et les différents personnages peut être déroutant. Une histoire auquelle je ne m'attendais pas et que j'ai apprivoisé peu à peu. Et attention, il n’y a de Noël que le titre.

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Le buveur de lune

2e roman que je lis de Göran Tunström, pas le dernier, Le buveur de lune a tenu les promesses d’un titre si poétique. Édité 13 ans après L’oratorio de Noël, j’y retrouve la même virtuosité narrative, quelques éléments passionnels tel que la présence de la musique classique, et une figure paternelle forte. Mais en plus, il y a une forme de fantaisie, de décalage onirique tout à fait plaisant.



Voila le visage d’une Islande très rafraichissante que Göran Tunström nous livre. J’ai aimé cet atmosphère à la limite de la rêverie, ses personnages sortis de fantasme, de liberté. Nul doute que vous n’imagines pas comment est la politique islandaise dans Le buveur de lune. Un régal dans lequel un ballon peut prendre une dimension surréaliste.



J’ai été déçu par L’oratorio de Noël et de sa seconde partie sans intérêt. Ici, Göran Tunström corrige cet écueil en concentrant son récit autour d’une même trame.

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/le-buve..
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Le buveur de lune

Voilà encore un bel exemple de lecture choisie au hasard, de celle qui démange les doigts au passage et qui donne toujours plus envie de se perdre. Pour les gens qui ne se sont jamais trop lancés dans la littérature nordique, c'est l'entrée en la matière qu'il vous faut, dans un mélange parfait entre leur écriture si poétique, leurs rêves si froids et une légère présence fantastique à peine suggérée mais qui fait perdre tout sens des réalités.



Ah, pour les quelques-uns d'entre vous qui auraient eu le délice de découvrir Le Mystère de la Patience de Jostein Gaarder, voilà une histoire moins délurée et cent fois moins fantastique, mais vous saurez retrouver l'étrangeté des relations familiales, le goût prononcé pour les petites illusions, et le calme, la tranquillité d'un pays presque merveilleux.



Si on peut parfois s'y perdre, c'est pour le meilleur, et pour ceux qui apprécient la poésie et l'incongruité, ce sera un parfait moment sous la couette.



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Le buveur de lune

Beaucoup de poésie, mais l'histoire est parfois confuse. On s'y perd un peu... Dommage.
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Le buveur de lune



«Le Buveur de lune». Drôle de titre!

La lune est mon astre, j’aime la contempler pleine, je m’imagine y accrochant une balançoire ou me calfeutrant dans sa lumière argentée, mais la boire?!



«Halldór», père fantasque et tendre, élève seul son fils. «Pétur» a toujours refusé de se faire garder, il se faisait une fierté de rester sagement assis seul, immobile, en attendant le retour de son père. «Papa est ma mère», dit-il.

Dans la maison située rue de «La Traverse des poètes», pendant que le père et ses amis jouaient du «Haydn» et du «Bartók», le petit garçon ouvrait les fenêtres pour laisser la musique se déverser dans la rue.

Puis le temps passe. Le père en fait le constat dans ses lettres qui concentrent toute la poésie du roman. Des lettres pour dire la perte des mots et l’absence qui l’engloutit. Des lettres que le fils n’ouvrent pas.



«Le Buveur de lune» est un roman enduit de ces silences que le flot de paroles échoue à tapisser. Les personnages échappent à eux-mêmes et à nous pendant que la déliquescence ressemble à un brouillard qui enveloppe tout dans une solitude poignante. Et pourtant, «si tu n’as pas de goût pour la vie, mets-la en jeu et tu retrouveras le goût de vivre», disait «Halldór» citant «Nietzsche».



Les belles phrases, le style fluide et le personnage du père n’ont pas suffi pour m’attacher à ce roman, sa symbolique, si tant est qu’il en ait une, m’a échappé.

J’ai succombé au charme du titre mais je n’ai pas décroché la lune.

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Le buveur de lune

Dans le grand village de glace et de feu qu'est l'Islande, Pétur, devenu adulte, revient sur les traces de sa jeunesse avec des yeux d'enfant.

Pétur est le fils d'Halldor, père fabuleux, buveur de lait de lune, et ersatz de mère. Il a grandi au 12, traverse des Poètes, où se rencontrent le gouvernement islandais pour jouer au Scrabble, ainsi que l'imaginaire et la réalité quotidienne.

Comment un évènement majeur pour un adolescent va orienter sa vie : son ballon de foot de l'indépendance atterrit chez l'ambassadeur de France qui ne voudra jamais le rendre.

Ce roman drôle et nostalgique par moment, montre la relation père-fils quasi fusionnelle qui se construit pendant l'enfance et l'adolescence, s'étiole à l'âge adulte et se renoue avec émancipation et tendresse à l'approche de la mort d'Halldor.

Il s'agit d'un hymne à la liberté et au droit au surnaturel dans un monde très rationnel !


Lien : https://boulimielitteraire.w..
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Le buveur de lune

Un livre d'une grande poésie.
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