AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Grégoire Kauffmann (26)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'enlèvement

Je le reconnais, j’ai ouvert ce livre en craignant d’y trouver un pensum historique. Eh bien non ! S’il est bien, en effet, le résultat d’un travail d’historien consciencieux – toutes les informations sont sourcées par des renvois en fin d’ouvrage – l’auteur a su le rendre passionnant. Très vite, il nous plonge dans la vie, autour d’une tragédie atroce, celle d’un père enlevé à ses proches par des fanatiques religieux. Bien sûr, pour les personnes de ma génération la mémoire de l’affaire est toujours vive, et la lecture est marquée de cette singularité, mais la qualité de la construction et de l’écriture en fait un ouvrage intéressant pour tous.

On voit vivre un petit monde, celui de la bourgeoisie intellectuelle de gauche parisienne, attachant par son altruisme, son amour de la liberté, son engagement émancipateur pour la cause des femmes, son refus du racisme, mais aussi agaçant lorsqu’il n’hésite pas à user de ses réseaux pour que les enfants soient admis dans un établissement scolaire de prestige, en dépit de leur lieu de résidence. Autour d’un personnage d’exception, une femme de force, d’amour et de foi en l’humanité.

Avec talent, l’auteur parvient à transformer trois années de vie en un roman vrai. Il dresse le portrait des acteurs, donne corps à l’intrigue, rend l’émotion palpable, met en scène les rebondissements, provoque les larmes et les rires.

Le narrateur a la cinquantaine aujourd’hui, et il regarde avec une lucidité émouvante l’enfant qu’il était hier. Sans rien cacher de la candeur qui était la sienne - et celle de son frère, mais non plus des tourments de son adolescence dans le contexte d’incertitude et de souffrance qu’on peut imaginer. Il règle au passage ses comptes avec le collège d’élite où on l’avait finalement accepté, comme si son statut de « fils d’otage » lui ouvrait des droits particuliers, et donne des coups de griffes à l’entre soi cultivé par ce petit monde de privilégiés, au point que le panache blanc du lycée Henri IV en est passablement terni.

On trouve dans L’enlèvement les combats d’une époque et toutes les tensions qui maillent une société : la loyauté, les trahisons, la lâcheté, le cynisme de certains politiques, le dédain même d’un pape ; et aussi le désintéressement, la grandeur et la fidélité dans les moments de doute, tous ces passages poignants qui prennent le lecteur aux tripes. Ce livre nous plonge dans la complexité des relations humaines, révélée par un récit qui rend compte avec

une sensibilité vibrante d’une histoire aussi exceptionnelle que douloureuse, dont l’évocation du dénouement, anniversaires longtemps fêtés avec chaleur, finit par lentement s’effacer comme les souvenirs d’une vie, au point que cet effacement fait naître le désir d’en inscrire la trace dans une œuvre littéraire. Si l’on devait illustrer la magie de la littérature, comme transsubstantiation du réel en imaginaire, L’enlèvement pourrait servir d’exemple.

Commenter  J’apprécie          30
L'enlèvement

Aujourd’hui je vais évoquer L’enlèvement récit intime passionnant de Grégoire Kauffmann. Cet historien est notamment l’auteur d’Hôtel de Bretagne. Ces deux ouvrages l’impliquent directement puisqu’à chaque fois il sonde un pan du passé familial. Et cette fois il est directement l’un des protagonistes des faits racontés. Dans les deux cas, sa mère, Joëlle Brunerie Kauffmann n’est que modérément favorable au projet.

L’enlèvement évoque une période sombre avec de de nombreux kidnappings de français, notamment des journalistes, au Liban. Le protagoniste absent (et assez étranger à l’histoire racontée) est Jean-Paul Kauffmann, envoyé spécial de L’événement du jeudi qui est enlevé avec un chercheur, Michel Seurat, sur la route de l’aéroport à la ville. Son fils ainé, Grégoire explique sa façon de procéder ; avec un ami archiviste il se rend dans la maison familiale landaise, trois décennies après les faits et ouvre un coffre qui se révèle un formidable trésor. Il précise : « tirés d’un sommeil trentenaire, les papiers du comité de soutien se révèlent être une corne d’abondance. Censés traduire la vaste mobilisation suscitée par ma mère pour faire libérer Jean-Paul Kauffmann et ses compagnons d’infortune, ils disent bien davantage que cette seule action militante. » L’historien s’appuie sur les journaux, les reportages télévisés, les notes et les souvenirs de ceux qui ont œuvré à la libération des otages. Le 22 mai 1985 (en réalité quelques jours plus tard lorsque la nouvelle du rapt est rendue publique) la vie de Grégoire, de son frère Alexandre et de sa mère est bouleversée. Dans ce récit touchant et précis il relate les trois années d’absence du père. L’enlèvement est un document exceptionnel par ses sources sur la mobilisation déployée à l’origine d’un grand mouvement de solidarité nationale (qui n’est pas exempt de polémiques). Il rapporte les différentes étapes émotionnelles (les espoirs, les fausses nouvelles, le désespoir, la combativité) jusqu’à la libération plusieurs années après le ravissement. Malgré elle Joëlle Kauffmann devient une icône très présente dans les médias pour que jamais les otages ne soient oubliés. L’enlèvement ce sont trois ans d’un cauchemar avec le doute, la peur, l’angoisse. Il est passionnant de relire les faits après quelques années pour raviver la mémoire et se souvenir des débats et des tensions autour de ces événements qui étaient pendant longtemps chaque jour à la une de l’actualité (notamment avec la scansion des noms des retenus au début de chacun des journaux d’Antenne 2). Grégoire Kauffmann raconte aussi les années 1980 et la jeunesse d’un garçon en pleine adolescence, sans père. Incontestablement il admire sa mère et lui voue un grand respect pour son dévouement (la gynécologue a arrêté de travailler pour tout faire pour obtenir la libération de son mari). Et sans concession il parle de lui, de la baisse de ses résultats scolaires, de son désir des filles, de ses émois, de son arrivée au collège Henri IV (précédemment il était inscrit dans un établissement moins prestigieux où régnaient des bandes qui le harcelaient ; il n’hésitait pas à se bagarrer) où il fréquente des fils et filles de. Ces années sont évidemment inoubliables et difficiles. Il évoque ses souvenirs avec pudeur, conscient de l’importance de les confronter aux archives et aux témoignages.

L’enlèvement est un récit personnel et universel. L’auteur a vécu au plus près ces longs mois d’absence, sans nouvelles de son père devenu un pion dans l’imbroglio complexe des différents groupuscules libanais en présence. Il trouve le ton juste entre autobiographie et document historique. Trois niveaux de lecture sont imbriqués : la crise des otages au Liban avec les enjeux politico-diplomatiques, l’histoire personnelle de l’auteur, l’histoire du comité de soutien mené par sa mère et plus largement l’histoire des années quatre-vingt.

Voilà, je vous ai donc parlé de L’enlèvement de Grégoire Kauffmann paru aux éditions Flammarion.


Lien : http://culture-tout-azimut.o..
Commenter  J’apprécie          91
L'enlèvement

Grégoire Kauffmann relate l’affaire des otages français au Liban dans laquelle fut impliqué son père, le journaliste Jean-Paul Kauffmann, prisonnier du Hezbollah, à Beyrouth.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          41
L'enlèvement

Enfant, je me rappelle du journal de 20 heures avec les portraits et les noms des otages au Liban : Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, Marcel Fontaine, Marcel Carton . Le fils du journaliste Kauffmann historien nous livre 38 ans plus tard son vécu en tant que fils d'otage. L'annonce tardive en mai 1985 du Quai d'Orsay à leur propre famille de la disparition à Beyrouth au départ puis de l'enlèvement par le Jihad islamique de Jean-Paul Kauffmann et Michel Seurat (ce dernier mourra en captivité ). Le comité de soutient avec l'investissement incroyable de sa mère Joëlle Kauffmann . Témoignage personnel historique des années 80 avec ses médias, ses repères culturels et générationnels , la scène politique française avec Mitterand, la gauche, le parti communiste puis plus tard Chirac .
Commenter  J’apprécie          30
L'enlèvement

Grand moment de lecture.



Excellent travail d'historien, réalisé 30 ans après les faits, à partir des archives du Comité de soutien Les Amis de Jean-Paul Kauffmann, par son fils Grégoire.



Toute une époque restituée, ses nombreux enlèvements et attentats, ses luttes politiques, ses trahisons, ses marchandages, ses polémiques. L'envers du décor de la lutte des Amis. Portraits acides de nombreux politiques. Description absolument formidable du caractère du patron de JPK, Jean François Kahn.



Histoire intime aussi, familiale. Portrait de l'épouse en pasionaria qui remue ciel et terre pour sauver son mari, tout en continuant d'idéaliser ses enfants qui évoluent mal sans leur père, parqués à Henri IV, avec tout le gratin, dont les personnages d'autres drames, qui ont donné lieu à d'autres livres...



Les cassettes du père otage, ses lettres merveilleuses. Jean-Paul Kauffmann dont le caractère se marie très mal avec tout ce barnum qui lui a sûrement sauvé la vie, au point que pendant 30 anniversaires de sa libération il restera relativement en retrait. 30 ans pour digérer cette horrible expérience.



En complément il faut lire:

- La maison du retour, JPK, Flammarion.

Commenter  J’apprécie          40
Les rebelles. Une anthologie

Il manque sans doute des noms à tous ces « non » mais on peut déjà se faire une idée et trouver peut-être un « non » qui nous convient. On retient de cette anthologie que les « non » font avancer ou reculer la marche du progrès.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Grégoire Kauffmann (143)Voir plus

Quiz Voir plus

Scarlett et Novak

Qu'est-ce qu'est Scarlett ?

un téléphone
un brightphone
un biphone
un sonephone

10 questions
22 lecteurs ont répondu
Thème : Scarlett et Novak de Alain DamasioCréer un quiz sur cet auteur

{* *}