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Citations de Grégory Le Floch (29)


Que diront les générations futures du siècle prochain en regardant Arielle Dombasle courir sur le sable de Jullouville dans Pauline à la plage ? Que penseront-elles des tableaux d'Eugène Boudin et des portraits proustiens des jeunes filles en fleur ? Paysages de science-fiction ? Préhistoire ? Fake news ?
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Les premiers à fréquenter les plages sont les fous et les névrosés. Cela peut paraître étrange mais je ne suis pas surpris. Les fous ouvrent vraiment la voie. Ce sont eux qui débusquent la beauté, traquent les visions, malaxent et triturent la vie au péril de la leur jusqu'à ce que nous y percevions, nous autres, une petite trace de lumière.
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Une certitude naît en moi, c'est la voix du grand-père qui me la souffle, la voix de Maria-Rosa, gorgée de peur, qui me la souffle : la vieillesse, ma vieillesse, sera une aube comme l'aube de ce matin.
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La plage est une sirène qui chante et nous attire jusqu'au bord du monde, où nous nous retrouvons désaxés, décentrés à sa merci. Tout peut nous arriver.
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Un jour, ma mère a ouvert son placard à vêtements devant moi, elle y a plongé tout le bras jusqu’à l’épaule et en a sorti le journal en disant :
- Ton grand-père était un ange.
Elle l’a mis dans mes mains, il avait l’odeur de ses pulls, elle m’a dit qu’il fallait à présent que je le lise. J’ai obéi, je suis allée dans ma chambre et je me suis allongée à plat ventre sur le lit, mon cœur battait fort, c’était les yeux de ma mère qui m’avait fait comprendre combien c’était important que je lise ce journal. J’ai lu une page, puis deux et j’ai poussé un long cri de dégoût. J’en ai longtemps voulu à ma mère.
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Dehors, les cris continuaient et, alors que je compris qu’ils allaient me rendre définitivement fou, le courage de me suicider ayant disparu sous le vacarme, et que la croise avait fini par transformer mon corps en bombe de chair et de nerfs qui ne demandait qu’à exploser, je mis mes chaussures, les mains tremblantes, en regrettant de ne pas les mettre pour me rendre chez Maeva, et en n’osant pas les mettre pour retourner chez Richter-le-Bienveillant, lesquels, Maeva et Richter, auraient pu tous deux, à leur manière, me sauver à cet instant précis et calmer la crise qui s’aggravait et l’endiguer, car Maeva et Richter étaient les deux seules personnes au monde mues à mon égard par d’autres sentiments que la haine et la domination, mais, ce soir-là, les hurleurs, dehors, me firent perdre toute prudence et, croyant reconnaître des cris similaires à ceux que j’aurais pu crier moi-même, si j’avais pu crier, je finis de lacer mes chaussures et mis un manteau pour sortir et fermai la porte à clef et descendis les marches du perron pour non pas emprunter la route qui montait chez Richter et qui, comme une digue, protégeait le hameau de Hardt de cette horrible forêt, marquée partout ailleurs par la main de l’homme mais qui, ici et uniquement ici, dans cette portion de forêt qui jouxtait le hameau de Hardt, était abandonnée à son état le plus sauvage et le plus hostile à toute forme d’intelligence, et dans laquelle je pénétrai par un acte désespéré, le corps secoué de soubresauts et de frissons qu’on aurait pu attribuer à la fièvre, mais je n’avais pas de fièvre, j’avais même froid dans cette forêt glaciale et humide qui, même l’été, ne se réchauffait pas, et qui, l’hiver, donnait l’impression de se baigner dans un bain d’eau glacée.
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Et pourtant, bronzer, s'allonger sur une serviette, jouer dans le sable en maillot de bain sont des occupations récentes dans l'Histoire, Les contemporains du XVIe siècle ne se baignaient pas, ceux du Xviie ignoraient ce qu'était un maillot de bain....
(p, 26)
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20% des personnes arrêtées par la police au Japon ont plus de 65 ans. C’est le pays où les seniors sont les plus délinquants et récidivistes. Les délits qu’ils commettent n’ont d’autre but que d’être incarcérés afin de bénéficier de 3 repas chauds par jour, d’une cellule propre de 5 mètres carrés et de soins médicaux. Les veuves sont les plus représentées parmi la population carcérale senior. Elles trouvent la prison plus agréable que la vie à l’extérieur. Les autorités se sont adaptées à ce nouveau phénomène et engagent désormais dans les prisons plus d’aides-soignants que de gardiens.
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Mais la femme ne m'a ni répondu ni regardé et, tout en s'écartant, elle a accéléré le pas pour s'éloigner¹.

1. J'ai bien conscience de l'impolitesse qu'il y a à interrompre un récit à peine commencé – d'autant plus que, par cette note, je ne compte pas apporter d'éléments nécessaires à sa compréhension ou à son développement –, si bien qu'il serait peut-être plus judicieux pour le lecteur de l'ignorer et de passer outre. Mais il me semble capital que soit formulée ici et de façon catégorique l'impardonnable culpabilité de cette femme qui, me voyant les mains tendues vers elle, n'a pas jugé bon de me répondre et, quand bien même elle n'aurait pas su, à l'instar de beaucoup d'autres dans la suite de mon récit, identifier la nature exacte de cette chose, elle aurait moralement dû me répondre, ne serait-ce que par un mot, et quand bien même elle n'aurait pas su lequel, elle n'avait qu'à en prononcer un, au hasard, plutôt que de m'infliger le silence et l'indifférence, car, en ne répondant rien et en ne me regardant pas, elle a ouvert en moi une faille, une béance qu'un humain ne devrait jamais ouvrir chez un autre humain, au risque d'en faire un monstre.
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Le bourgeois a une peur irrationnelle de la pauvreté, c'est ce que j'ai compris au contact d'Anthony, le bourgeois ne connait pas la pauvreté mais il la sent physiquement car la pauvreté l'obsède et révèle son visage grimaçant derrière chaque billet, chaque voiture, chaque voyage, dîner, appartement, tableau, service à thé, affolant ainsi le bourgeois - moi- qui ne trouve d'autre solution pour continuer à vivre sa vie de bourgeois que de cacher le visage grimaçant de la pauvreté derrière d'autres billets, d'autres voitures, d'autres voyages, dîners, appartements, tableaux, services à thé, mais Anthony, lui, était l'aristocrate dans toute sa splendeur, comme on dit, méprisant la pauvreté et saisissant la pauvreté à deux mains, s'il le fallait, pour détruire la pauvreté et détruire l'idée de pauvreté, pendant qu'il se précipitait vers un avenir avec lequel il semblait avoir conclu un pacte tant il s'y jetait avec une assurance dont moi, calfeutré dans mon appartement de Paris, j'etais incapable.
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mpatient d’arriver au sommet de cette route qui montait vers la maison de Richter, la maison du hameau de Hardt la plus en hauteur, j’enfouis plus profondément encore mes mains dans mes poches, sentant passer dans mes poumons un air de moins en moins lourd et de moins en moins poisseux, comme si là-haut, du fait de l’altitude et d’une pression atmosphérique différentes de celles de là où j’habitais, en contrebas du hameau de Hardt, l’air, devenu plus pur, se bonifiait sous l’effet de quelque conjoncture climatique, me faisant échapper, pour le temps de ma fuite chez Richter, à l’horrible climat auquel je ne m’étais, malgré les années, jamais habitué et que je subissais comme le plus terrible des châtiments de ce qui s’était passé et qui m’avait amené à chercher ici un refuge à l’atrocité des hommes, ou du moins de certains d’entre eux, qui m’avaient pourchassé sans relâche depuis ce qui s’était passé, là-bas, en Calabre, événement que je ne parvenais pas à oublier et qui me jetait hors de chez moi, littéralement, quand le souvenir de ce qui s’était passé se changeait en crise et qu’il n’y avait plus d’autre solution, malgré toutes les dispositions que j’avais prises en me sauvant de Paris et en quittant la France – et de fait ceux qui, peu nombreux après ce qui s’était passé en Calabre, acceptaient encore d’être vus en ma compagnie, devenue insupportable aux autres – pour m’installer dans ce hameau de Hardt, dont la géographie isolée et le peu d’infrastructure routière m’avaient semblé le cadre idéal pour un fugitif en quête de paix et d’anonymat.
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La crise me jeta hors de chez moi, dit-il, alors que, depuis le matin, je marchais à grandes enjambées à travers les pièces du rez-de-chaussée, ne sachant quoi faire pour apaiser cette crise qui me venait, pourtant identique à toutes ces autres crises qui m’étaient déjà venues et qui s’étaient toujours annoncées par ce même état d’affolement et d’étouffement, me rendant incapable de rester tranquille, si bien que je marchais à grandes enjambées à travers les pièces du rez-de-chaussée de la maison que j’occupais alors, aux abords de cette forêt – la plus grande forêt du pays – dont je voyais, depuis chacune des fenêtres de la maison, l’orée si noire que je la soupçonnais, certains jours, non pas de provoquer la crise – car de cette crise, toujours identique depuis des années, je connaissais parfaitement l’origine, même si j’étais alors incapable de l’exprimer clairement à ceux qui m’entouraient – mais de la fortifier, de la vivifier au point de me jeter hors de chez moi tandis que, depuis la veille, je sentais monter cette crise qui allait me faire marcher à grandes enjambées, dès le lendemain, à travers les pièces du rez-de-chaussée de la maison, du salon jusqu’à la cuisine, scrutant avec inquiétude la forêt si noire sous ce ciel si bas, car ici le ciel est toujours bas, gris et sombre, avec en tête l’idée que mon corps, ou mon esprit, était, somme toute et malgré cette apparente et flagrante perturbation, réglé comme une horloge, comme on dit, car je parvenais à identifier plusieurs heures avant son apparition réelle les symptômes de la crise – difficulté respiratoire, agitation des mains, sueurs, agacement, voire exaspération, à propos de choses qui n’en valaient pas la peine -, symptômes qui s’abattaient sur moi, pour enclencher, dans un tic-tac qui finissait par m’étouffer, un compte à rebours au terme duquel je n’entrevoyais plus d’autre solution que celle de quitter ma maison, littéralement jeté hors de chez moi, pour tenter, encore une fois, de trouver de l’aide chez Richter, l’homme qui habitait l’une des maisons du hameau de Hardt, et chez qui je me précipitais chaque fois que la crise atteignait son point culminant.
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Après la plage-salon, la plage -chambre-à-coucher, la plage-atelier, l'homme a donc créé la plage -dépôt-d'ordures. Et ici risque de s'arrêter l'histoire de notre littoral. Dégoûté, je suis sorti de l'eau et j'ai regardé la plage étouffer.

   Il y a deux siècles, les fous ont ouvert le bal des bains de mer, notre folie contemporaine y mettra bientôt fin.
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Longtemps la grève s'est diluée devant moi et je me suis diluée en elle jusqu'à ce que la plage se fasse page.
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La Chine à coulé plus de ciment en 3 ans que les États Unis au cours du Xxe siécle...
D'ici trois ans par exemple, l'inde construira 60 millions de nouveaux bâtiments. Mais je n'ai trouvé nulle part à combien de plages anéanties cela correspondait.
(p. 208)
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Son regard traverse le mien, des coulées d’or se répandent sur ses joues. Je serai comme elle plus tard, c’est une promesse que je me fais.
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J’aimerais me dédoubler, être ici et là-bas, écouter la baigneuse que je m’efforcerai un jour de devenir et serrer Maria-Rosa dans mes bras.
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[…] il écrit qu’il a faim, qu’il a peur, qu’il entend des couleuvres qui claquent dans les feuilles, qu’il s’appuie à des troncs, puis viennent la falaise et la corde, il écrit qu’il y a une grotte en bas, que son cœur s’affole, que c’est une chance pour lui, que c’est exactement le genre de choses qu’il cherchait, que cette grotte est inespérée, un signe du destin, alors il entre, il entre dans la grotte - puis plus rien. Un gouffre au moment de tourner la page.
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Le journal est ouvert à cette page qu il a écrite avant de s’interrompre et que j’ai lue tant de fois que je la connais maintenant par cœur, et mes yeux la parcourent et ils glissent sur elles et les lèvres remuent et articulent sans bruit chacun de ses mots.
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J’ai retiré l’orteil de ma bouche et je suis parti. Je passe rarement la nuit avec un vieux : quand ils dorment ils ressemblent trop au cadavre qu’ils deviendront et mêmes les pets qu ils lâchent dans leur sommeil font penser aux gaz que leurs chairs libèreront après la mort.
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