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Citations de Guillaume Ramezi (51)


Le vrai pouvoir et la connaissance véritable se trouvent dans les pages des livres.
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Il y a rarement de fumée sans feu, Andreas. Toutes les rumeurs, y compris les plus abjectes, peuvent avoir un fond de vérité. Plus gros est le mensonge, plus facilement il est avalé, surtout quand on n’y mélange réalité et fiction...
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— Le plus jeune, nous l’avons recueilli à la suite du dernier massacre. Il a miraculeusement échappé au carnage, il était probablement caché dans les sous-bois et trop effrayé pour s’approcher. Sa mère fait partie des victimes. En temps normal, dans une harde classique, s’il arrive malheur à l’une des éléphantes, les autres sont en mesure de prendre le relais et d’allaiter les petits non encore sevrés. Malheureusement cette fois, toutes les femelles ont été exterminées. Si nous ne l’avions pas repéré par hasard, errant et épuisé, ce pauvre bonhomme serait mort de faim. Nous le nourrissons au biberon et nous avons décidé hier de le placer en compagnie de Topsy. C’est cette grosse mama que vous voyez là-bas. Elle, c’est l’inverse. Elle a mis bas il y a trois semaines et cela ne s’est pas bien passé. Son bébé était mort-né et elle a eu beaucoup de mal à l’expulser. Nous avons dû l’opérer dans la foulée. Elle va de mieux en mieux et si nous avons de la chance, elle va s’attacher à l’autre petit et sera encore capable de l’allaiter.
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— C’est totalement hors de ma juridiction Andreas… En plus, ce type n’est pas un ressortissant français. Je n’obtiendrais jamais les autorisations nécessaires.
— Tu as besoin d’une quelconque permission pour faire ce que tu veux, maintenant, toi ? Beaucoup de choses ont changé durant toutes ces années…
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Les premiers secours à être arrivés sur les lieux étaient les membres d’une ONG. L’armée régulière beaucoup moins pressée avait mis plus de quatre jours à les rejoindre.
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Les dépositions étaient souvent bâclées et les questions trop directes, sans tact. Aller droit à l’essentiel, c’était la consigne que leur hiérarchie leur donnait.
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Les flics locaux à qui l’enquête va être confiée vont se faire graisser la patte par quelques huiles, eux-mêmes soudoyés par les trafiquants et, au mieux, l’affaire sera classée sans suite.
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La situation s’est considérablement tendue depuis quelques mois entre les forces de l’ordre et les défenseurs de la nature, ici. Des sommes colossales sont en jeu, avec le trafic d’ivoire notamment, et certains membres haut placés auraient beaucoup à perdre à ce qu’il soit enrayé.
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Les brigades d’intervention avaient bien repéré quelques groupes de braconniers qui avaient franchi la frontière récemment, mais sans jamais parvenir à les prendre sur le fait. Sur le chemin du retour, après plusieurs coups de téléphone désespérés, Esmond avait réussi à obtenir un rendez-vous avec le Premier ministre pour le lendemain matin. Il devait absolument le convaincre de déployer l’armée autour des zones d’habitations principales des derniers troupeaux d’éléphants présents dans la région.
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En fin d’après-midi, quand Bonaventure l’avait appelé, c’est un ranger en pleurs qui lui avait demandé de venir le rejoindre. Esmond Martin avait sauté dans sa Jeep et s’était précipité à sa rencontre. Il avait eu l’occasion de voir des horreurs depuis tout ce temps, mais ce qu’il avait découvert en arrivant dépassait l’entendement. Il en avait compté trente-quatre au total. Trente-quatre cadavres à qui il ne manquait que les défenses. Trente-quatre éléphants massacrés pour leur ivoire. Parmi eux, il y avait même des éléphanteaux. Certains si jeunes que le précieux matériau devait à peine poindre au coin de leurs bouches. Ils avaient été exterminés quand même, juste pour le plaisir sans doute. Au moins, les fois précédentes, avaient-ils laissé la vie sauve à ceux ne présentant aucun intérêt et les rangers avaient pu les récupérer pour les confier à la réserve. C’était le quatrième carnage en un mois et cette fois, l’ampleur était phénoménale. Ils étaient face à une attaque d’envergure.
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Esmond Martin n’avait pas bu une goutte depuis des années. Ce soir-là, lorsqu’il rentra à la nuit tombée dans sa modeste demeure des faubourgs de Libreville, il jeta sa sacoche tachée de sang au pied du porte-manteau et, sans même prendre la peine de se laver les mains, sortit l’antique bouteille de Glenmorangie vingt ans d’âge qui croupissait dans le buffet. Il s’en servit une grande rasade et vida le verre d’un seul trait. Le liquide épais et tiède, réchauffé par la moiteur de l’été gabonais, lui brûla à peine la gorge, réveillant vaguement de vieux démons enfouis depuis qu’il s’était épris de ce pays et de ses merveilles. D’une certaine façon, ces dernières avaient été sa bouée de sauvetage, alors il investissait toute son énergie pour les défendre depuis vingt ans. Aujourd’hui pourtant, il avait l’impression que toutes ces années avaient été vaines. Vingt ans qu’il écumait les forêts pour localiser les troupeaux. Vingt ans qu’il fréquentait à longueur d’année les écoles, de la capitale jusqu’aux plus petits villages, pour leur apprendre, leur prouver qu’ils devaient protéger leur faune. Vingt ans qu’il soutenait les ONG désireuses d’informer le grand public occidental. Vingt ans qu’il frappait aux portes des gouvernements successifs pour les convaincre qu’ils auraient plus à gagner, à long terme, dans le développement d’un véritable écotourisme que dans la déforestation massive.
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Il n’avait pas cessé pour autant ses activités militantes. Préférant une voie plus éloignée des implications familiales, il s’était exilé en Afrique pour soutenir les associations qui y œuvraient pour la protection de la faune sauvage.
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Camille était restée silencieuse quelques minutes après avoir raccroché son téléphone. La voix qu’elle venait d’entendre sur son répondeur la ramenait plusieurs années en arrière. À un passé qu’elle n’avait nullement renié. Elle l’avait simplement mis de côté en se lançant dans une carrière dans la police.
Andreas.
Elle ne l’avait plus revu depuis qu’ils avaient failli périr ensemble en mer du Nord avec quelques autres militants. C’est lui qui l’avait convaincue de participer à cette mission pour bloquer les baleiniers norvégiens.
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Certaines de ses camarades en meilleure forme n’avaient pas eu cette chance. Elles étaient parties grossir les rangs du cheptel de ces hommes, jusqu’à ce qu’elles soient en âge de leur servir de jouet sexuel et de leur donner une progéniture.
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Le visage de la petite Grace lui était apparu instantanément. Elle avait été admise au centre la semaine précédente. Elle n’avait jamais connu son père, parti du village depuis longtemps après avoir abusé de sa mère. Celle-ci venait de périr, victime des coups et tortures infligés par les rebelles arrivant du Nord. Après de longues heures de viols et de souffrance, elle avait fini par succomber. Heureusement pour elle, la fillette était encore trop jeune pour présenter ce genre d’intérêt aux yeux de ces barbares. Et elle était surtout déjà très faible. La malaria. Ils n’avaient pas jugé utile de s’encombrer de ce fardeau.
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Le vieux naturaliste lui aussi était là pour lever des fonds. Ils étaient nécessaires pour aider les rangers dans leur lutte déséquilibrée contre le braconnage.
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Le dimanche suivant, alors qu’elle préparait sa valise pour remonter sur la capitale, Camille se décida à rallumer son smartphone. Immédiatement, une litanie de notifications vint l’agresser, lui rappelant tout ce qu’elle avait raté « d’important » depuis son départ en congé. 154 nouveaux courriers dans sa boîte mail. Elle les consulta rapidement et en supprima directement 151. Cinq messages sur son répondeur. Les quatre premiers émanaient de collègues ou du Parquet et concernaient les affaires récentes qu’elle avait traitées, rien d’urgent ou qui ne puisse être réglé par son équipe restée en poste. Le dernier était plus étrange. Un vestige de son passé qui resurgissait à l’improviste…
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Cette histoire l’avait littéralement épuisée, autant physiquement que mentalement. La pression médiatique, l’horreur des sévices infligés à ces femmes et l’accumulation des nuits sans sommeil l’avaient vidée. Bien plus que d’habitude. Elle n’avait même pas attendu que le commissaire lui ordonne de s’effacer quelques jours. Camille l’avait fait d’elle-même, c’était devenu vital.
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Le meurtrier conservait un morceau de chacune de ses proies. Le découpeur de l’Est parisien, comme l’avait surnommé un torchon en quête de sensationnalisme, allait croupir en prison jusqu’à la fin de ses jours. Il aurait sans doute droit rapidement à une biographie ou un téléfilm cherchant à remonter aux sources de sa monstruosité. Camille, elle, doutait qu’il y ait toujours une origine sensée à une telle folie. Certains humains étaient mauvais, simplement mauvais, quoi qu’on y fasse.
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Pour la première fois depuis près de deux ans, Camille Lambert s’était octroyé une semaine entière de congés. De vrais congés, du genre coupure totale sans consulter son téléphone ni même emmener le moindre dossier en cours. Elle en avait ressenti le besoin impérieux quand ils eurent enfin coffré ce type qui semait la terreur dans les arrondissements de l’Est parisien.
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