AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gustav Meyrink (58)


Cette tension inutile de tous mes sens prêts à bondir !
Je désespérai de pouvoir la supporter . La pièce pleine d'yeux que je ne voyais pas- pleine de mains errantes que je ne pouvais attraper.
"C'est la terreur qui s'engendre elle même , l'horreur paralysante du Non-Etre insaisissable qui n'a pas de forme et qui ronge les frontières de notre pensée."
Commenter  J’apprécie          120
Je m'approchai de la fenêtre ; tel un cimetière fantomatique tremblant dans l'air, les rangées de pignons chantournés faisaient penser à des pierres tombales aux inscriptions effacées par les intempéries, dressées sur les nombreux caveaux, "les lieux d'habitation", dans lesquels le tourbillon des vivants s'était creusé trous et passages.
Commenter  J’apprécie          190
Comment a-t'il pu savoir à quoi je pensais ?
Parfois, on attise avec tant de force ses pensées qu'elles peuvent jaillir et retomber sur le cerveau d'une personne proche, comme des étincelles.
Commenter  J’apprécie          220
C'est à la sentimentalité qu'on reconnaît la canaille. Mille pauvres diables peuvent crever de faim, personne ne pleure, mais quand une vieille rosse peinturlurée, déguisée en cul-terreux tourne de l'œil sur la scène, alors ils hurlent comme les chiens du château.
Commenter  J’apprécie          240
Je (...) passai en revue les maisons vilainement décolorées qui s'accotaient les unes contre les autres sous la pluie, telles de vieilles bêtes rechignées. Comme elles avaient l'air lamentable et déchu, toutes ! Plantées là au hasard, elles faisaient penser à de mauvaises herbes jaillies du sol. On les a appuyées à un muret de pierre jaune, seul vestige encore debout d'un ancien bâtiment en longueur, il y a de cela deux ou trois siècles, au petit bonheur, sans tenir compte des autres. Là-bas, une maison en retrait, la façade de biais et une autre à côté, proéminente comme une canine. Sous le ciel morne elles avaient l'air endormies et l'on ne décelait rien de cette vie sournoise, hostile, qui rayonne parfois d'elles quand le brouillard des soirées d'automne traîne dans la rue, aidant à dissimuler leurs jeux de physionomie à peine perceptibles.
Depuis une génération que j'habite ici, l'impression s'est ancrée en moi, indestructible, qu'il y a des heures de la nuit et de l'aube à peine grisonnantes, où elles tiennent un mystérieux conseil muet. Souvent un faible tremblement que l'on ne saurait expliquer traverse alors leurs murs, des murmures courent sur leurs toits, tombent dans les gouttières et nous les percevons distraitement, les sens enrouillés, sans chercher leur origine.
Commenter  J’apprécie          80
Curieuse personne d'ailleurs, cette Mirjam ! Un type comme je n'en avais jamais vu. Une beauté si insolite qu'on ne peut la saisir au premier regard, une beauté qui rend muet celui qui la contemple et éveille en lui une impression inexplicable, une sorte de léger découragement. Je me disais, tandis que je la voyais devant moi par la pensée, que ce visage devait être construit selon des canons perdus depuis des millénaires.
Commenter  J’apprécie          80
Je m'approchai de la fenêtre : tel un cimetière fantomatique tremblant dans l'air, les rangées de pignons chantournés faisaient penser à des pierres tombales aux inscriptions effacées par les intempéries, dressées sur les sombres caveaux, les "lieux d'habitation" dans lesquels le tourbillon des vivants s'était creusé trous et passages.
Commenter  J’apprécie          50
Pendant l'Âge d'Or, quand les hommes manquaient encore de lumières, ils croyaient uniquement à ce qu'ils pouvaient concevoir. Petit à petit vint le temps où ils ne crurent qu'à ce qu'ils pouvaient manger. Maintenant ils ont atteint le sommet de la perfection : ils ne tiennent pour réel que ce qu'ils peuvent vendre.
Commenter  J’apprécie          50
Pas surprenant que l'homme voit dans la machine son véritable rejeton et héritier, et dans sa progéniture par le sang un simple avorton ! [...] Parce que le quatrième commandement dit : Honore tes père et mère, etc., il leur paraît aller de soi que les machines qu'ils mettent au monde et qu'ils lubrifient avec l'huile la plus raffinée, alors qu'ils se contentent eux-mêmes de margarine, leur rendront au centuple ce qu'ils ont fait pour elles et les gratifieront de joies de toutes sortes. Ils n'oublient qu'une seule chose : les machines elles aussi peuvent devenir des enfants ingrats.
Commenter  J’apprécie          10
Sautons maintenant nombre d'années. Elles s'écoulèrent dans la monotonie ; je les revois toutes dédorés et poudreuses comme les passages d'un vieux livre plein d'évènements confus et tarabiscotés, qu'on a lus on ne sait quand, pendant un accès de fièvre, et qu'on a à peine compris.
Commenter  J’apprécie          20
Est-ce que nous n'assistons pas à une résurrection des fantômes ? Tout ce qui gît depuis longtemps dans les cavités terrestres transformé en pétrole ─ la chair et le sang des dragons antédiluviens ─ se réveille et veut revenir à la vie. Après combustion et distillation dans des chaudières ventrues, cela devient essence qui coule dans les ventricules de ces nouveaux monstres des airs et nourrit leur halètement.
Commenter  J’apprécie          10
Le voyage sur la grande route blanche il faut l'entreprendre pour le voyage lui-même, pour la joie du voyage.

http://wp.me/p5DYAB-16E
Commenter  J’apprécie          100
Un jour, alors que je n'avais pas perçu le moindre souffle de vent, parce que j'étais à couvert d'une maison, j'ai vu tout à coup de grands lambeaux de papiers déchirés, sur une place complètement déserte, qui se mettait à danser une ronde démente en se poursuivant comme des damnés. L'instant d'après ils avaient l'air calmés. Et brusquement, voilà que le délire recommence et qu'ils se recourent après avec une fureur insensée, se coincent tous dans un renfoncement, puis repartent comme des hallucinés et s'expédient dans tous les sens avant de disparaître pour finir derrière un coin de rue.
Il n'y avait qu'un gros journal à ne pas pouvoir les suivre ; il restait là plaqué sur le pavé, s'entrouvrait et se refermait d'un coup comme une bête essoufflée qui happe de l'air.
Ce jour-là, un obscur soupçon m'a envahi : je me suis demandé si en fin de compte nous autres, les êtres vivants, nous n'étions pas aussi des bouts de papier dans ce genre-là. Est-ce que finalement ce n'est pas un vent invisible, incompréhensible qui nous pousse de-ci de-là et commande nos actes, pauvres sots que nous sommes, qui croyons n'obéir qu'à notre libre vouloir ?
Commenter  J’apprécie          230
« Et pourquoi je devrais m'échapper de la prison ? objectai-je timidement. Je suis innocent, non ... ? »
« C'est pas une raison pour pas s'échapper », répartit le beau Wenzel en faisant les yeux ronds, tant ma réponse l'étonnait.
Commenter  J’apprécie          150
Aider quelqu'un n'est pas une chose aussi facile que vous le pensez, mon cher ami ! Si c'était le cas, il serait très simple, très simple de sauver le monde... vous ne croyez pas ?
Commenter  J’apprécie          210
Et de même que ce Golem s'est figé en une figure de glaise à la seconde même où la syllabe secrète de la vie fut ôtée de sa bouche, je me dis que tous ces êtres humains devraient eux aussi s'effondrer soudain en un instant, dépourvus de toute âme, si l'on effaçait de leur cervelle une quelconque notion minuscule, un petit effort accessoire, une habitude sans finalité chez l'un, ou chez l'autre la vague et obscure attente de quelque chose d'imprécis et d'inconsistant.
Commenter  J’apprécie          250
[...] ... Charousek se tut un moment, absent, les yeux dans le vague. Ses doigts caressaient machinalement les limes sur la table.

- "Quand, par la suite, quelques professeurs compatissants ont fait une collecte pour me permettre d'étudier la philosophie et la médecine - en apprenant de surcroît à penser par moi-même - c'est alors que, peu à peu, j'ai pris conscience de ce qu'était la haine : on ne peut haïr aussi profondément que ce qui est partie intégrante de soi-même. Et quand j'ai découvert le secret - quand j'ai tout appris, peu à peu : ce qu'était ma mère - et - et ce qu'elle doit être encore - si elle vit toujours - et que mon propre corps" - il se détourna pour m'empêcher de voir son visage - "est plein de son ignoble sang - eh bien oui, Pernath - pourquoi ne le sauriez-vous pas : il est mon père - alors j'ai compris où était la racine - - - Parfois il me semble que si je suis tuberculeux, si je crache le sang, c'est le fait d'une mystérieuse connexion : mon corps se défend contre tout ce qui est de lui et le rejette avec horreur.

Souvent la haine m'a accompagné jusque dans mes rêves, cherchant à me consoler avec le spectacle de toutes les tortures concevables que je pourrais "lui" infliger, mais toujours je l'ai chassée, parce qu'elle laissait en moi l'arrière-goût fade de l'insatisfaction." ... [...]

Commenter  J’apprécie          30
[...] ... Une tache ronde et lumineuse surgit devant mes yeux et à la lumière de la lune, je reconnais à nouveau le pied de mon lit.

Le sommeil pèse encore sur moi comme un lourd manteau de laine et le nom de Pernath est écrit en lettres d'or sur le devant de mes souvenirs.

Où l'ai-je donc vu ? Athanasius Pernath ?

Je crois, je crois qu'il y a bien, bien longtemps, je m'étais trompé de chapeau, quelque part, et j'avais été étonné alors qu'il m'allât aussi bien, car j'ai une forme de tête très particulière.

J'avais regardé à l'intérieur du chapeau inconnu et - oui, oui - il y avait écrit, en lettres dorées sur la doublure blanche :

ATHANASIUS PERNATH


J'avais eu très peur de ce chapeau à l'époque, sans savoir pourquoi.

Soudain la voix que j'avais oubliée et qui voulait toujours savoir où était la pierre qui ressemblait à de la graisse fond sur moi comme une flèche.

Vite, j'évoque le profil aigu de Rosina la Rouge avec son sourire doucereux et parviens ainsi à éviter le projectile qui se perd aussitôt dans l'obscurité.

Oui, le visage de Rosina ! Il est plus fort que la voix stupide qui ne sait pas s'arrêter et tant que je resterai caché dans ma chambre de la ruelle du Coq, je serai tranquille. ... [...]
Commenter  J’apprécie          00
L'artiste est un être dans le cerveau duquel l'élément spirituel, l'élément magique, l'emporte sur le matériel.

http://wp.me/p5DYAB-YF
Commenter  J’apprécie          192
C'était comme un flux et un reflux de conscience.
Je sentis instinctivement :
- Il ne s'est jamais remis de cette aventure dans le cercueil métallique ; c'est encore aujourd'hui un homme enterré vivant.
Commenter  J’apprécie          81



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gustav Meyrink (521)Voir plus

Quiz Voir plus

Adjectifs qui n'en font qu'à leur tête😋

Un bâtiment qui n'est plus une école

Une ancienne école
Une école ancienne

12 questions
128 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , adjectif , sensCréer un quiz sur cet auteur

{* *}