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Critiques de Gustave Aimard (22)
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La tour des hiboux

Cette nouvelle de Gustave Aimard résonne comme l'écho des récits de veillée et ce n'est sans doute pas un hasard si elle est déclamée au coin du feu, entre compagnons, et fait habilement naître suspense et curiosité.



Bien que la chute soit assez classique, elle reste très efficace ; le lecteur se laisse prendre à cette aventure de bandits de grands chemins qu'affronte seul le narrateur, pris au piège de la "Tour des hiboux", ruine andalouse, comme dans une souricière.



Gustave Aimard fait partie de ces auteurs français du XIXème siècle qui n'auront pas eu la chance de passer dans la postérité avec le même éclat que Maupassant, Dumas et consorts. Pourtant, spécialisé dans le roman d'aventures, ce sont plus de soixante-dix œuvres qu'il a léguées à la littérature et à notre mémoire. A l'instar de Lewis Wallace, sa vie fut une succession ininterrompue de voyages et de pérégrinations. Prenez quelques secondes pour découvrir sa biographie sur wikipedia, vous n'en reviendrez pas !





Challenge XIXème siècle 2017

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Les trappeurs de l'Arkansas et autres roman..

Vous est-il arrivé, quand vous étiez enfant, de vous scotcher à un bouquin au point d’être incapable de le reprendre une fois adulte ? Je fais partie de ces gens qui, quand elles aiment un livre, le relisent et le rerelisent, et après rererelisent encore leurs passages préférés. Il y a, je crois, vingt ans que je n’ai pas rouvert celui-ci. J’ai essayé une fois, je n’ai pas pu m’y replonger. Et pourtant, même si les liens entre eux manquent parfois, pas mal de passages sont encore là tout frais dans ma mémoire, avec les gravures qui les accompagnaient.



Il y est question de cœurs nobles et généreux, d’indiens que la reconnaissance transforme de cruels ennemis en indéfectibles amis, de bandits prêts aux pires crimes pour un peu d’or. Leur lutte héroïque prend place dans une nature luxuriante faisant l’objet de magnifiques descriptions, où le trappeur buriné et l’indien ne font qu’un avec leur environnement. De sanglants combats s’y déroulent, des idylles s’y nouent. Bref, on l’aura compris : c’est Gustave Aimard qui, a bien des égards, a inventé le western.



Assez amusant à observer du reste, car 90% des Sergio Leone et consorts se focalisent sur les vingt ou trente dernières années de la conquête de l’ouest… Dont Aimard fut le contemporain. La période ici traitée est donc nettement antérieure. Conséquemment, le combat ne met pas aux prises des Américains et des Sioux, mais des Mexicains et des Comanches. Lesquels se combattirent bien plus longtemps et de façon bien plus dure, du reste. Foin des colts et des carabines Winchesters, fusils et pistolets sont à un coup. Pas de cow-boys, les aventuriers solitaires au passé mystérieux sont ici trappeurs. L’Amérique est encore un continent immense et vierge, et bien des zones sur sa carte encore blanche. En comparaison, le bond, la brute et le truand vivent dans un monde bien citadin et bien monotone !



Un livre qui fascinera enfants et adolescents rêvant d’aventure et de rivages lointain et, qui sait, donnera peut-être même le goût de la lecture à quelques-uns.
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Coeur-de-Panthère

Un récit au style vieillot mais fantastique et dynamique! L'histoire nous parle de l'orpheline Manonie, une blanche Recueillie par un chef indien. Parvenue à son age d'adolescence, elle refuse d'épouser Wontum un des commandant des Pawnies, un mariage arrangé avec son tuteur. Ce refus devient une insulte pour tous ces hommes à la peau rouge, il se sentent indignés et surnomment Manonie coeur de panthère. Puis, elle sera bannie de la tribu. Livrée à elle-même, elle rencontre Henry Marshall, puis se marie avec lui . Wontum, rongé par la haine et la vengeance, fera de Marshal son ennemi le plus redoutable. De cette dispute masculine à la conséquence sanguinaire, un personnage étrange apparaît dans la foret sauvant les gens, courant comme un éclair les arbres...il est orphelin comme coeur de panthère...

Un roman d'aventures et de découvertes qui se lit bien! Un petit voyage dans le monde des peaux rouges, avec leur coutume et leurs principes, laissant une bonne place à la superstition, agissent comme des moutons de Panurge! En tout cas, ils sont coriaces comme adversaires!

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Jim L'indien

C'est par curiosité que j'ai voulu découvrir ce qu'était le feuilleton du XIXe siècle à travers ce western d'avant le Western cinématographique. Bon, c'est pas un chef d'œuvre, le style est assez ampoulé, cassant le rythme de l'action, les caractères des personnages trop caricaturaux, pas très approfondis, le héros, bien qu'il parlât au subjonctif est franchement stupide. On est loin des John Wayne testostéronés aux colts toujours à la ceinture aux bruits d'éperons quand ils marchent. Non, le héros, Adolphe Halleck est un bourgeois, artiste peintre, ennivré par la découverte des paysages de l'ouest américain, on pense plutôt au pied tendre de lucky Luke, l'humour en moins. Mais le pompon du lourdingue revient au propos religieux, un indien christianisé serait meilleur qu'un sauvage à l'état pur... Ouaou ! Même si Gustave Aimard essaie de de démontrer que ce n'est pas tout à fait ça, ça ne passe pas. Cette histoire est un franchement ringarde, autant dans le style que dans le contenu, et prête parfois à sourire, mais par moquerie. Pour moi c'était une expérience... Que je ne pense pas renouveler... Gustave Aimard était un baroudeur reconverti à l'écriture, mais on est très très loin des Blaise Cendrars, Jack London et Joseph Conrad.
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L'Aigle noir des Dacotahs

Cette histoire est à la fois un roman d’aventure en terre indienne et un récit mondain d’homme blanc américain. Plusieurs allers-retours et confrontations sont faits entre ces deux mondes. L’on suit certains personnages abjects comme un certain mormon et un certain Dacotahs, mais aussi fort heureusement des hommes de devoirs et des femmes en détresse.

Tout est donc réunit pour faire un bon récit. Et ma foi, l’histoire me convient tout à fait. Il y a plusieurs mystères. La confrontation des mondes est intéressante et la quête est pleine de tension. A partir de là, quand tout est magnifié par une très belle écriture poétique alerte, je ne peux qu’aimer la nouvelle. Surtout quand le dénouement correspond à mes sentiments.

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La tour des hiboux

Devant l’insistance des autres participants à un festin, notre narrateur consent à raconter un épisode épique de sa vie. Si j’emploie le verbe consentir, c’est que le bougre s’est quelque peu laissé prier… Il faut dire qu’il pensait ne rien avoir d’intéressant à raconter, alors que l’histoire qu’il dessine sous nos yeux, et qui lui est arrivée lors de ses jeunes années, est des plus haletantes.



Retour donc dans le passé : après un repas chez un ami en compagnie d’un célèbre voleur de grand chemin, il décide de rentrer chez lui malgré le danger de voyager seul en pleine nuit, a fortiori en pleine tempête ! Mais devant le déchaînement des éléments, il finit par trouver refuge dans une vieille tour laissée à l’abandon… Malheureusement pour lui, il semble avoir choisi le mauvais endroit pour passer la nuit, du moins, une nuit tranquille.



La nouvelle étant très courte, je n’en dirai pas plus si ce n’est que l’auteur a réussi à créer une ambiance mystérieuse et plutôt angoissante. De fil en aiguille, on en vient à sérieusement s’inquiéter pour notre narrateur, tout en tentant de se rassurer : s’il est capable de narrer cette aventure, c’est bien qu’il s’en est sorti. La chute à l’heure actuelle est assez commune, mais elle n’en demeure pas moins efficace. Mais la force de cette nouvelle, du moins pour moi qui adore les belles plumes, est indéniablement le style de cet auteur du XIXe siècle. Un style classique dans ce qu’il y a de meilleur avec cette fluidité teintée d’élégance qui permet de savourer les mots, tout en appréciant l’immersion qu’ils favorisent.



En bref, voici une sympathique nouvelle qui rappelle un peu la tradition des veillées d’antan et qui devrait plaire aux amateurs d’histoires avec des brigands.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Les trappeurs de l'Arkansas

J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous plonge dans l'ouest américain du XIXe siècle. Ayant vécu une partie de sa vie en Amérique, au Mexique ou encore au Chili, son récit est ouvert. Les "méchants" et les "gentils" se confondent dans des scènes pleines de vérité et d'empathie. J'ai aimé découvrir ces personnages et suivre leur chemin. Gustave Aimard est spécialiste du genre et ce livre le montre parfaitement.
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La tour des hiboux

J'ai voulu diversifier ma (re)découverte des nouvelles du 19ème avec un auteur peu connu.

Et bien, juger un écrivain sur une seule nouvelle est peut-être un peu léger mais celle-ci ne m'a guère donné envie d'en découvrir plus.

Ni le style qui paraît parfois maladroit, ni surtout l'histoire et surtout sa chute digne d'un enfant ne m'ont convaincue.

Il faut dire pour être honnête que je l'ai lue juste après un recueil de nouvelles de Maupassant. Tout le monde ne peut pas être le Maître.
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Les trappeurs de l'Arkansas

Encore un livre pioché au hasard.

Le deuxième dans le genre western, après avoir découvert cette niche avec @Lonesome Dove.

Evidemment, le style est très différent et la langue est datée.

Cela donne une impression de voyage dans le temps avec le décalage culturel que cela implique : l'emploi de termes comme nègre ou peau-rouge par exemple.

Pas une lecture incontournable mais une expérience intéressante.
Lien : https://christophegele.com
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Jim L'indien

M. Adolphus Halleck,, un artiste peintre paysagiste rend visite à son oncle John en compagnie de sa cousine Marie, il veut exploiter d'autres paysages. surtout il intéresse aux histoires des indiens. Il les trouve purs, sincères et authentiques. Il rêve de peintre un indien.

Les retrouvailles en familles sont chaleureuses dans la soirée mais dans le village de Minnesota, les hommes aux rouges ne vivent pas loin. Ils alimentent à un moment les conversations de la famille. Seul contre tous, Halleck honore cette nature que tout le monde dit sauvage des indiens. Aussi qu'on lui parle de Jim, l'indien. Il s'y intéresse, il rêve de le rencontrer. Pas plus tard dans la soirée, Jim l'indien fait irruption dans la famille est souvent accueilli en ami. On dit qu'il est une peau rouge convertit et baptisé. Halleck ne rate pas une seule minute de l'observer mais seulement l'indien n'est pas dans son assiette. Il apporte une mauvaise nouvelle. Le peaux se révoltent contre les blancs, cette petite famille est priée de quitter leur demeure au plus vite le lendemain.

Alors commencent des attaques sporadiques, des incendies partout dans la ville.

Halleck qui s'était offert une bonne occasion de visiter ce monde des peaux rouges et de pour les immortaliser avec son pinceau, il est prix ce cours par le bouleversement des choses. Les peaux rouges, en colère revêtent leur nature de sauvagerie mais celé n’empêche pas à Halleck de croire en eux jusqu'à prendre des risques pour sa vie.

Attaqués plus d'une fois par les indiens, il trouve quand l'occasion de dessiner rapidement dans la foret le cadavre d'un indien...

Un merveilleux petit livre d'aventure! Mais le récit du roman à mon entendement a pris une autre direction de ce qu'on se serait par rapport au titre!

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Aventures de Michel Hartmann, Tome 2 : Le C..

La composition de ce deuxième tome, qui ne fut pas censuré ni saisi, aide à comprendre aujourd’hui pourquoi le premier tome, « Les Marquards », fut l’objet d’un pilonnage. En effet, ici, dans « Le Chien Noir », la guerre en elle-même et l’armée française disparaissent totalement. Elles sont loin, on les devine cernant l’Alsace, mais on ne les verra pas directement et, à l'image des maquisards alsaciens, on en saura quasiment rien. C’était donc bel et bien le contexte littéraire de reconstitution de la guerre franco-prussienne qui posait alors problème au comité de censure, sans doute pour ne pas remuer de trop noirs souvenirs, des rancœurs ou des amertumes.

Toujours est-il que si Gustave Aimard prend acte de la nécessité à éviter les sujets qui fâchent, il se retrouve très probablement dépossédé du roman qu’il voulait réellement faire, et donc un peu perdu. Son intrigue d’espionnage tombe à l’eau, sa volonté d’expliquer la victoire des Prussiens par un habile réseau d’espions corrompus et pervertis se trouve contrariée, et il en est réduit à se replier sur le groupe des francs-tireurs, lesquels parcourent les vallées et les bois touffus d’une Alsace enténébrée et comme sous une influence maléfique.

D’où la progressive transformation de ces « Aventures de Michel Hartmann », déjà entamée dans le précédent tome, en un western alsacien déconnecté de tout contexte historique, où les francs-tireurs forment, petit à petit, une escouade aveugle en marche, et bientôt, une sorte de village mobile de quakers nationalistes armés, avec femmes et enfants, traqués sans cesse par l’armée prussienne, que néanmoins de courageux francs-tireurs assaillent pratiquement chaque nuit, décimant ainsi chaque jour un peu plus le nombre de leurs poursuivants, et rééquilibrant ainsi les forces. La France est peut-être vaincue, mais d’irréductibles gaulois résistent encore et toujours à l’envahisseur. Refrain connu, et qui sera encore plus seriné soixante-dix ans plus tard pendant l’Occupation allemande.

Contre toute attente, Michel Hartmann, s’il devient le commandant plus ou moins officiel de cette armée résistante, n’est que modérément le héros de ses propres aventures : les personnages sont multiples, et le roman est en grande partie composé de dialogues tournant autour de la stratégie militaire, du jugement des traîtres ou de la métaphysique liée à la situation désespérée de ces résistants qui ne savent pas véritablement où en sont les combats.

Le Loup-Garou occupe de plus en plus la place centrale de ce récit. Le vieux contrebandier est véritablement le totem du clan des marquards. Il n’est question que de lui quand il est là, et quand il est en mission, chacun se demande ardemment où il peut être. Angoisse fort superflue : rien n’arrive jamais au Loup-Garou, qui se révèle en plus le meilleur espion et le meilleur pisteur des forces ennemies. Bien qu’au service de la communauté, le Loup-Garou reste le braconnier solitaire qu’il a toujours été, connaissant comme sa poche toute la campagne alsacienne, rompu à l’art de voir sans être vu. Il est l’œil du clan des Marquards, le marginal discret et silencieux, dont néanmoins chacun veut consulter l’opinion. Cette figure paternelle et rassurante incarne d’ailleurs plus ou moins l’auteur, tant la description physique qui est donnée de lui est assez semblable à l’aspect qu’avait Gustave Aimard lui-même.

Un nouveau personnage fait son apparition : Otto de Walckfield, courageux bretteur, "mousquetaire" anachronique échappé d’un roman d’Alexandre Dumas, qui se décrit d’abord comme polonais, avant de laisser entendre qu’il est français et porte un nom d’emprunt. Pourquoi ? On ne sait pas, d’autant plus que l’on apprend qu’il vivait en Prusse et qu’il était un amoureux non déclaré d’Anna Nievers. Mais que faisait-il en Prusse sous un nom polonais ? On ne l'apprendra pas, on saura juste que sa véritable identité est le comte de Franck-Alleu (?), mais sa bravoure et son dévouement envers la cause française est totale. Il entre d’ailleurs en scène en provoquant en duel le comte Frédérick de Stanbow, l’espion-en-chef et le "méchant" de ce récit, et en le tuant une première fois.

Car oui, l’une des particularités du comte de Stanbow, c’est qu’il ressuscite, à chaque fois dans une forme resplendissante, parce que Gustave Aimard s’est rendu compte qu’il avait encore besoin de ce personnage. Ainsi après avoir eu le corps traversé de part en part par Otto de Walckfield, Stanbow se remettra comme un charme de ce coup d’épée, grâce aux bons soins d’un anabaptiste présent sur les lieux. Cet anabaptiste sera d’ailleurs remercié de ses bons soins en voyant son village envahi par les Allemands, lesquels après avoir dénudé et violé les femmes, fusillent toute la population lors d’un chapitre d’une extrême violence, qu’on pourrait juger gratuite si elle n’évoquait, de manière incroyablement prémonitoire, le massacre d’Ouradour-sur-Glane qui aura lieu 70 ans plus tard.

À quelques kilomètres de cette tragédie, les marquards sont guidés par le Loup-Garou jusqu’à un lieu extraordinaire, assurément la meilleure trouvaille de Gustave Aimard. Il s’agit du Chêne du Haut-Baron, l’un de ces grands arbres qui servaient à pendre les brigands. Celui-ci se trouve tout en haut d’une petite colline, elle-même étrangement au bord d’un ravin. Mais la colline a en fait été creusée. Par un buisson truqué, on peut pénétrer dans un véritable village souterrain situé dans les sous-sols de la colline, parfaitement organisé, où Michel Hartmann rejoint sa famille ainsi que sa fiancée, qui y avaient été mises à l’abri par l’habile Loup-Garou. La longue description de ce village souterrain, où les maquisards peuvent enfin prendre un peu de repos, plonge soudainement le lecteur dans une ambiance véritablement à la Tolkien. Déjà, dans cette Alsace presque assombrie par un mur de ténèbres germaniques, on ne pouvait s’empêcher de penser au « Seigneur des Anneaux », d’autant plus que le roman de Tolkien, écrit presque un siècle plus tard, narre aussi la résistance désespérée à une invasion. Il est peu probable que Tolkien ait lu ces romans de Gustave Aimard, qui n’ont pas été traduits en anglais, mais la similitude sur de nombreux points entre la célèbre trilogie de Tolkien et le diptyque de Gustave Aimard, y compris dans l’intrigue, dans la psychologie des personnages et même dans la pesanteur stylistique, est extrêmement troublante. Sans doute que la narration d’une révolte de quelques uns contre l’invasion d’une multitude passe forcément par une forme narrative assez semblable.

Bien à l’abri dans leur niche secrète, les marquards en profitent pour lancer le plan parfait d’un double enlèvement, celui de l’espion juif Timoléon Jeyer, dont il sera dit, redit et ressassé que sa vilénie ne repose que sur le rapport maladif de sa "race" envers l’argent, et celui du comte de Stanbow, dont on se souvient qu’il s’est emparé de nombreux titres boursiers appartenant à la famille Hartmann, du temps où il travaillait pour eux sous le nom de Ladislas de Poblesko.

Ce passage est aussi fort intéressant, car c’est véritablement le récit moderne et précis d’un enlèvement soigneusement planifié, suivi d’un interrogatoire habile pour faire avouer à Stanbow où il cache les titres volés (à savoir dans un compartiment secret de son étui à cigarettes).

Contre toute attente, les deux hommes ne sont pas exécutés par les marquards, qui ont des scrupules à s’attaquer à des prisonniers désarmés. Les deux prussiens sont donc ramenés, les yeux bandés, jusqu’à l’endroit où on les avait enlevés. Avant cette mésaventure, Frédérick de Stanbow avait un peu oublié les Hartmann, y compris Charlotte Walker, la fiancée de Michel dont il était tant épris. Cette humiliation le pousse à concentrer toute l’armée allemande disponible pour retrouver la cache secrète des Marquards, et pour y enlever Charlotte.

Néanmoins, les marquards vont devoir quitter leur refuge souterrain à cause de la trahison de l’un d’entre eux, - car il y a toujours des traîtres partout -, et décident donc, avant d’être à cours de vivres, de descendre sur Belfort où les Prussiens ne se trouvent pas encore. Ils sont bientôt rejoints par un certain Dessau, venus renforcer leurs rangs. Un homme courageux et déterminé, qui fait la quasi-unanimité des marquards, sauf celle de Michel Hartmann et du Loup-Garou, qui se méfient du personnage. Ce sont eux qui ont raison, car Dessau n’est autre que le comte de Stanbow habilement déguisé – sacrément habilement même pour ne pas être un seul instant reconnu par ses ravisseurs. Sa mission néanmoins ne relève que de l’espionnage, car il a son plan. Sur le chemin vers Belfort, il y a un petit village minier abandonné, Auxelles-le-Haut, qu’il a investi avec ses troupes, lesquelles se sont déguisées en villageois. Lentement, il amène les marquards à prendre cette direction, puis alors que Michel Hartmann et le Loup-Garou s’absentent, il enlève, avec quelques complices, les familles Hartmann et Walker toutes entières, qu’il fait conduire à Auxelles.

Anéantis par cette trahison – car, répétons-le, il y a des traîtres partout ! -, les marquards hésitent à se présenter à Auxelles, car la comtesse de Valréal – Anna Sievers – ayant eu un ultime tête à tête avec Stanbow avant qu’il intègre les marquards sous un déguisement, est venue en calèche avertir Michel Hartmann du danger qui attendait les marquards à Auxelles. Elle réchappa de peu, d’ailleurs, à une tentative d’assassinat par Timoléon Jeyer, dont on se demande encore ce qu’il faisait là. En tout cas, aussitôt attrapé, aussitôt pendu, et voilà pour lui.

Le Loup-Garou a alors une idée de génie : lui et Otto se déguisent en officiers prussiens, et rien ne sera dit sur la manière dont il s’est procuré ses uniformes. Après tout, un braconnier est plein de ressources, même en temps de guerre.

Se présentant comme tels, ils obtiennent la permission, auprès de Stanbow, de faire venir des troupes fraîches pour arrêter les marquards. En réalité, bien entendu, ces troupes fraîches ne sont autres que les marquards eux-mêmes, déguisés en soldats prussiens (Et d’où viennent tous ces uniformes prussiens ? Mais arrêtez donc de poser des questions pareilles !). Tout cela dégénère en bagarre générale, au cours de laquelle tous les soldats prussiens déguisés en villageois sont tués par les maquisards français déguisés en soldats prussiens (vous suivez ?). Quant à Frédérick de Stanbow, dans un geste désespéré, il tente d’abattre la famille Hartmann recluse au deuxième étage d’une maison, mais le chien Tom lui saute à la gorge, et Otto de Walckfield en profite pour une nouvelle fois enfoncer son épée dans la poitrine du comte de Stanbow. Le Loup-Garou se saisit du cadavre de l'espion et le jette dans la rue.

Dix-huit mois plus tard, Frédérick de Stanbow, toujours vivant et en pleine forme – et on ne saura pas comment – se présente à un cercle de noblesse bavarois, pour demander des explications quant à une lettre de radiation qu’il vient de recevoir. C’est que ce cercle de noblesse s’est enrichi récemment d’un couple de jeunes mariés : Otto de Walckfield et Anna Sievers, ayant fui ensemble la France afin de retrouver une vie paisible en terre monarchique, en compagnie de la fillette du comte de Stanbow et du fils du Loup-Garou, que ce dernier leur a prêté afin qu’il ait un peu d’éducation.

Le comte et la comtesse de Walckfield (c’était pourtant un faux nom, mais laissons tomber...) ont révélé le passé d’espion de Frédérick de Stanbow, et si l’aristocratie bavaroise fut une alliée diplomatique de la Prusse dans la guerre qui l’opposa à la France, elle ne saurait tolérer qu’un de ses membres se ravale au rang de la bête en se livrant à de l’espionnage. Par conséquent, le comte de Stanbow est renvoyé du cercle de noblesse bavarois auquel il appartenait pour indignité patricienne.

Pour Stanbow, l’humiliation est trop forte : se prendre deux fois une épée à travers le corps passe encore, mais se faire éjecter d’un cercle de noblesse bavarois, c’est bien trop de douleur. Il s’isole dans un salon particulier, et se tire une balle dans la tête. Contre toute attente, il reste mort, et le roman s’achève sur ce final inattendu.

Malgré toutes ces incohérences, ces bizarreries et ces invraisemblances, « Le Chien Noir », roman où il n’est jamais d'ailleurs question de chien noir, se révèle un deuxième tome d’une grande richesse, et absolument passionnant, qui parvient à la fois à poursuivre et à faire évoluer les intrigues et les personnages du premier tome, « Les Marquards », même si on sent que la censure a amené Gustave Aimard à revoir considérablement ses plans, ce qui explique peut-être les multiples résurrections du comte de Stanbow.

Si on ne saurait prendre ces « Aventures de Michel Hartmann » comme un témoignage sérieux et fiable sur la guerre franco-prussienne en Alsace, c’est en tout cas un roman insolite et fascinant, à la fois par la simplicité de son intrigue, la complexité de sa narration, la multiplicité de ses personnages et surtout l’alternance étrange entre bavardages philosophiques, terrorisme brutal, prémisses de dark-fantasy et ambiance contemplative de western-spaghetti. De facture très moderne, mais brassant des idées revanchardes, malsaines et désuètes, ces « Aventures de Michel Hartmann » feront certainement le bonheur des plus blasés des amateurs de romans historiques.

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Aventures de Michel Hartmann, Tome 1 : Les ..

La guerre franco-prussienne de 1870, même si elle a progressivement été supplantée dans nos mémoires par les deux guerres mondiales du XXème siècle, est cependant un conflit absolument crucial pour comprendre l’Histoire de France de ces deux derniers siècles. D’abord parce qu’en entraînant la chute du Second Empire, elle va indirectement installer la République, après 70 ans d’alternances souverainistes, et ensuite, parce qu’elle est le méridien origine qui va mener à la défaite historique de l’Allemagne en 1919, puis au désir de revanche de l’un de ses anciens soldats, un certain Adolf Hitler.

Tout part donc de cette guerre, déclarée par la France suite à un incident diplomatique pourtant dérisoire (la dépêche d’Ems), lui-même orchestré par le chancelier Bismarck, qui rêvait du vieux mythe pangermaniste, auquel s’accrochera également Hitler soixante ans plus tard…

La guerre franco-prussienne est une guerre-éclair, qui dure sur le terrain moins de six mois, en partie parce que Napoléon III commet l’erreur de se déplacer à Sedan, afin d’observer la bataille, et se fait sottement capturer par l’armée prussienne. Il négocie alors un armistice, que l’Assemblée Nationale, à Paris, contourne en votant la fin de l’Empire et en instaurant un gouvernement provisoire de défense qui tentera vainement de poursuivre la guerre contre l’Allemagne. Divisée par ce changement de régime, la France est trop stupéfaite pour faire front derrière le nouveau gouvernement. Un maréchal d’Empire, notamment, François Bazaine, à la tête du plus gros bataillon français, chargé de défendre la ville de Metz, choisira de capituler le 28 octobre, rendant inéluctable la défaite française.

Bazaine sera le principal bouc émissaire auquel s’attaquera la jeune IIIème République qui, pour relancer le pays, a besoin de rendre coupables de ce désastre militaire les maréchaux d’Empire, traités de déserteurs quand ils refusaient de servir la République, et de saboteurs quand ils acceptaient de le faire au nom de la Nation. Bazaine sera même accusé de complicité avec l’ennemi, et enfermé à vie au Fort Royal de l’Île Sainte-Marguerite, dont il s’évadera cependant au bout d’un an, avec d’autres personnalités de l’Empire, avant de finir sa vie en Espagne, non sans réchapper de justesse à plusieurs tentatives d’assassinat par des fanatiques français.

Avec le temps, on accorde aujourd’hui plus de circonstances atténuantes à Bazaine, qui, peut-être, en vieux briscard bonapartiste, n’avait pas beaucoup de sympathie pour la République, mais qui a toujours expliqué sa capitulation par le refus de conduire inutilement au suicide des braves soldats déjà épuisés par quatre mois de guerre éreintants.

Il n’empêche, la fuite de Bazaine, ajoutée à celle de Napoléon III, ayant habilement négocié sa capitulation par un sauf-conduit vers l’Angleterre, frustre les jeunes Républicains de la punition exemplaire qu’ils voulaient faire des responsables de la guerre. Comme ce sont eux qui sont tenus de rembourser les dommages de guerre de l'Empire, et qu’en plus, l’Allemagne s’empare de l’Alsace et de la Lorraine pour en faire des départements allemands, où l’usage public et scolaire de la langue française est interdit, il s’installe en France une mentalité particulièrement amère, fielleuse et puissamment xénophobe. La littérature qui se fait à ce moment-là reflète à la fois cet orgueil rancunier de vaincus, cette haine des autres et ce rejet maladif du passé impérial. C’est d’ailleurs sur ce terreau fertile qu’Émile Zola débute dès 1871 son long cycle des « Rougon-Macquart » qui fait le procès du Second Empire, mais le fait avec intelligence et mesure. Tous les auteurs, hélas, ne se montreront pas aussi mesurés.

C’est le cas notamment de Gustave Aimard, écrivain proprement démesuré de romans d’aventures et de romans-feuilletons, puisé dans son incroyable jeunesse de voyageur, d’explorateur, de contrebandier, de trappeur et de chercheur d’or. Ce colosse barbu à la stature impressionnante, fils adultérin et abandonné d’un général de la Restauration, était un graphomane à la productivité impressionnante : ses récits, parfois simplement des adaptations plagiées de récits américains, finançaient ses nombreux voyages, lesquels eux-mêmes lui donnaient l’inspiration pour de nouveaux écrits. Il nous a laissé plus d’une centaine de romans, de qualités diverses, mais abordant à peu près tous les styles de littérature populaire. Très inspiré toutefois par les débuts de la littérature pour adolescents des États-Unis, il fut le premier à apporter en France une certaine violence et une complaisance dans l’horreur, déjà très en usage sur le nouveau continent.

Le diptyque « Les Aventures de Michel Hartmann » (1873-1875) est assurément son œuvre la plus ambitieuse, et aussi la plus risquée, puisque le premier volume « Les Marquards » (primitivement intitulé « Le Loup-Garou », titre changé pratiquement au moment de la mise sous presse, car il apparait encore en haut des pages), fut un temps censuré par l’État français.

Gustave Aimard avait néanmoins intelligemment brossé son concept en le centrant autour de la famille Hartmann, une industrie familiale de Marnheim, petite bourgade de la banlieue de Strasbourg (inspirée d’une authentique dynastie d’industriels du textile, mais implantée à Colmar), qui va traverser ces terribles mois de guerre et en sortir transfigurée. Mais loin de pouvoir rejoindre l’armée bonapartiste, déjà en train de guerroyer, les employés de cette industrie, appuyés bientôt par des paysans des villages voisins, vont former un commando de maquisards, lui-même rejoint par un contrebandier local, Jacques Oster, dit " Le Loup-Garou" de par sa barbe en friche et ses tenues sombres de camouflage. Le Loup-Garou compte comme auxiliaire son sauvageon de fils, débrouillard et intelligent, ainsi que son chien noir, Tom, tous deux semblablement entraînés à pister les Prussiens. Bientôt, Michel et Lucien, les fils Hartmann, jeunes officiers coupés de leur armée, prennent la direction du corps des francs-tireurs et vont faire subir aux troupes prussiennes de cruels revers via de terribles embuscades et des actions que l’on qualifierait aujourd’hui de "terroristes".

Au récit patriote et sanguinaire de cette guérilla parallèle, narrée dans un premier temps dans un style très proche de celui d’Alexandre Dumas - et il faut reconnaître à l’auteur l’astuce de présenter comme un roman historique des faits qui n’étaient alors vieux que de trois ans -, Gustave Aimard joint une intrigue d’espionnage tournant autour de la présence malfaisante, dans toute l’Alsace, d’une trentaine d’espions prussiens, la plupart recrutés parmi les moutons noirs de l’aristocratie germanique, des libertins perclus de dettes prêts à n’importe quelle vilénie pour retrouver fortune et honorabilité dans leur pays après la fin de la guerre. Il sera principalement question dans ce roman de quatre d’entre eux : le banquier juif Timoléon Jeyer, la baronne de Steinfeld, le comte de Brigsaw et surtout, celui qui va devenir le principal adversaire des Hartmann : le baron Frédérick de Stanbow, un décadent à peine libéré de prison, et poursuivi par Anna Nievers, une jeune femme à laquelle il a fait un enfant par négligence, mais pour laquelle il n’éprouve aucun sentiment. Tentant de la faire arrêter par l’armée prussienne au moment où il traverse la frontière française, Stanbow parvient à la fuir, mais secourue par un alsacien compatissant, Anna passe à son tour en France, et prend alors l’identité de la comtesse de Valréal. Son parcours va alors croiser celui des "marquards" (terme désuet pour désigner des maquisards), dont elle va progressivement épouser la cause. De même que la baronne de Steinfeld, qui, pour différentes raisons annexes, passe aussi du côté des français, lesquels, après l’avoir démasquée, lui reconnaissent des circonstances atténuantes et lui laissent la vie sauve. Il n’est pas inutile de préciser, car c’est assez exceptionnel dans la littérature populaire de ce temps-là, que les femmes ont dans ce roman des rôles exemplaires, alliant courage et sagesse, comme si l’âme féminine étant viscéralement hostile à la guerre, elle était, au milieu de ce conflit sanglant, une lumière de raison servant de phare aux combattants.

Frédérick de Stanbow, lui, s’est installé en France sous plusieurs noms d’emprunt, et a été embauché, un an avant la guerre, comme directeur de la fabrique sous le nom de Ladislas de Poblesko par le patriarche strasbourgeois Philippe Hartmann. Frédéric n’a pas tardé à tomber follement amoureux de Charlotte Walker, cousine de Michel et Lucien. Mais celle-ci ne lui accorde pas un seul regard, étant secrètement amoureuse de Michel Hartmann.

La déclaration de guerre explose comme un coup de tonnerre en ce mois de juillet 1870, et la première chose que font Michel Hartmann et son meilleur ami breton Yvon Kendrel sont de se fiancer, le premier avec Charlotte Walker, le second avec la soeur de Michel, Lania Hartmann, en promettant de se marier à la fin de la guerre. Le prétendu Poblesko étouffe de rage en voyant Charlotte lui échapper, et sent sa position vaciller, d’autant plus qu’il ne peut se joindre aux autres employés de l’entreprise Hartmann qui investissent le maquis. Il décide donc de disparaître et de rejoindre l’état major de l’armée prussienne, mais il ne part pas les mains vides : il s’empare de titres boursiers d’une valeur de plusieurs millions, condamnant la famille Hartmann à la ruine.

Mais au final, qu’importe l’argent ? La guerre est là, et ne se laisse pas acheter. Pour les Hartmann, désormais isolés, l’urgence est de se mettre à l’abri dans une ville qui n’est pas encore occupée par les Prussiens. Mais hélas, toutes tombent les unes après les autres. Frédérick de Stanbow en profite alors pour enlever Charlotte, Lania et leurs mères, avec l’aide d’une secte religieuse parmi laquelle il a ses entrées. Le Loup-Garou parvient cependant à les délivrer et à les cacher dans un endroit secret, qui ne sera révélé que dans le tome suivant.

C’est à partir de là que le roman change progressivement de forme, se détachant du classique récit historique pour devenir une sorte de western alsacien nocturne et ténébreux, teinté d’une ambiance fantastique et surnaturelle qui ne fera que s’approfondir dans le deuxième tome, « Le Chien Noir ». Ce que le récit perd alors en cohérence narrative, il le gagne alors en atmosphère.

Amené lui-même par son récit vers cette évolution étrange, Gustave Aimard nous plonge alors dans une Alsace nocturne, faite principalement de landes désertes et de vallées obscures, de montagnes arides et de ravins profonds, où l’on se traque, on s’assaille et on se tue sans aucune pitié. La haine xénophobe y est exacerbée à un point difficilement supportable, d’autant plus qu’elle ne se défoule pas seulement sur les Prussiens, mais aussi sur tous les étrangers suspects de collaboration, mêrme passive, avec l’ennemi, ainsi que sur les marginalités religieuses protestantes, particulièrement les congrégations "piétistes" et "anabaptistes", tendant semblablement vers la paix, le dialogue et la prière intérieure. Gustave Aimard voit en elles un ramassis de lâches, de pacifistes bêlants ou d’hypocrites. Mais c’est hélas surtout sur les Juifs que Gustave Aimard se défoule ardemment, et il le fera davantage encore dans « Le Chien Noir ». Il exploite le cliché biblique classique du juif obsédé par l’argent, voleur, pillard, cherchant par tous les moyens à grossir sa fortune en profitant du massacre de ce pays par un autre. Les termes choisis sont orduriers au possible, et rendent extrêmement compliquée l’éventualité d’une réédition d’un tel récit à notre époque.

Pourtant, malgré tout, cette avalanche de haine, de rage et de patriotisme délirant, participe allègrement au climat de folie paranoïaque qui s’abat sur ce roman, au fur et à mesure que la défaite française se profile. La France perd, mais l’Alsace gagne, de la seule manière dont elle puisse gagner : en rejoignant les Prussiens dans l’abjection qu’elle dénonçait pourtant de leur part. Alors, tous ces sympathiques personnages, dont la droiture et la haute morale sont érigés en modèles depuis le commencement du récit, se mettent à massacrer horriblement les Prussiens et les renégats français, avec une cruauté sans borne, enchainant les pendaisons après des simulacres de procès, torturant et achevant ceux qui demandent grâce. On se croit bientôt dans une véritable Antichambre de l’Enfer, au cœur d’une nuit permanente, éclairée seulement par les flammes des maisons incendiées. Et ce n’est pourtant que le début, car « Le Chien Noir » ne sera presque qu’un interminable prolongement de cet abandon revanchard à la barbarie, sombrant toujours plus dans un délire meurtrier infernal.

Et pourtant, malgré tout cela, « Les Marquards » reste un roman fascinant, en dépit de cette complaisance dans le morbide et dans la haine, peut-être parce que rarement un roman n’aura reflété aussi fidèlement la hideur de la guerre telle que la perçoivent ceux qui la font, sans aucune réflexion à postériori, dans toute la brutalité du moment, l’auteur ne renâclant pas à étendre sur 30 ou 40 pages l’exécution d’une escouade prussienne entière, avec des détails d’un incroyable sadisme.

Dernier élément assez surprenant : le roman s’arrête en plein milieu d’une terrifiante scène d’action, dans une auberge où des Prussiens torturent l’aubergiste en lui brûlant les pieds avec les charbons ardents d’un poêle, pour lui faire avouer où il a caché sa femme et sa fille, qu’ils sont bien décidés à violer à mort.

Cette coupure brutale est d’autant plus surprenante, que ce diptyque ne semble pas avoir bénéficié d’une prépublication en feuilleton, et donc, que les lecteurs de ce roman ont dû attendre deux ans pour lire la suite.

On comprend mieux, en le refermant, pourquoi ce livre fut un temps censuré et même pilonné (ce qui rend d’ailleurs ce premier tome bien plus rare à dénicher que le second) tant il véhiculait une violence rancunière inédite qui était de nature à pousser une partie des français à souhaiter reprendre la guerre, alors que le pays, mortifié, brisé, exsangue, n’était plus à même de le faire, et eut d’ailleurs besoin de près d’un demi-siècle pour tirer enfin vengeance de l’Allemagne.
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Les Pieds-fourchus

[Roman audio, lu par René Depasse pour litteratureaudio.com]

Ce roman qui peut être divisé en trois histoires distinctes, ne forme pas vraiment un ensemble cohérent car seule une des trois histoires est vraiment digne d'intérêt. On dirait trois nouvelles que l'auteur n'aurait pas su vendre telles quelles et qu'il aurait rassemblées maladroitement pour fournir une seule pièce.



J'ai trouvé l'écriture faible pour l'époque à laquelle ce roman appartient et les personnages plein de promesses d'avèrent mal dégrossis et peu mémorables.

Enfin, et c'est le plus triste, j'ai trouvé que ce livre manquait cruellement d'atmosphère et de paysages. Alors que cela pouvait être justement la pierre d'angle de ce récit, l'auteur y a accordé trop peu d'importance et du coup, l'ensemble retombe comme un soufflé trop cuit. Dommage.



La lecture par R. Depasse est fidèle à elle-même et aux standards du site litteratureaudio.com que je vous recommande pour ses enregistrements de qualité.
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Les titans de la mer

En 1668 à Panama et dans les Caraïbes, ce court roman (partie d'une quadrilogie) mêle l'histoire (Henry Morgan et ses corsaires) et la fiction.

Très datée XIXième siècle, l'écriture et l'intrigue font penser à la littérature jeunesse et à Jules Verne. C'est moyennement divertissant.
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La tour des hiboux

Une bonne nouvelle, bien ficelée, bien écrite et dont l'ambiance est assez développée.

La fin m'a déçue, un peu abrupte et facile à mon goût elle en était néanmoins inattendue ce qui a rattrapé la sauce en ce qui me concerne.
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L'Aigle noir des Dacotahs

je l'ai lu en version numérique effectivement. il est plutôt plaisant bien que écrit d'une drôle de façon. beaucoup de chapitres assez court, des personnages pas vraiment attachant...oui, j'ai voulu en savoir plus sur les indiens, en l’occurrence ceux du Dakota et j'ai eu des infos. ça m'a rappelé certains western. là on court délivrer une prisonnière blanche et on découvre mormons, indiens, demis indiens...visage pale et peaux rouge...intéressant mais sans plus. une idée fixe pour retrouver cette jeune fille...simplement un trois étoiles car j'ai quand même voulu le lire, mais un peu de mal pour la fin.









































































































































































































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Les bandits de l’Arizona

Je me suis ennuyé en lisant ce récit. J’ai eu un peu de peine à suivre l’intrigue tant il y a de substitutions d’identité, de coups de théâtre et de machinations. Il y a aussi beaucoup d’invraisemblance dans cette histoire. La description des personnages masculins est dérangeante, on décrit des hommes aussi maniérés que des courtisanes alors que nous sommes en pleine chevauchée américaine. Les personnages sont stéréotypés : trappeurs à la moralité irréprochable, indiens féroces et bandits sans foi ni loi.
Lien : http://gustavelechat.wordpre..
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Scènes de la vie créole, tome 3 : Louis Delgrès

Un voyage captivant qui nous conduit au début du XIXeme siècle et nous retrace les mœurs et habitudes des habitants des Îles de Guadeloupe aux Amériques. Il nous permet d'entrer, pour reprendre les mots de l'auteur " dans certains dé-

tails sur la ligne de démarcation infranchissable qui, aux colonies, à l’époque où se passe notre histoire, – peut-être en est-il encore ainsi aujourd’hui, il faut des siècles pour déraciner un

préjugé ; plus il est absurde, plus il a des chances de durée, – la ligne infranchissable de démarcation, disons-nous, qui séparait fatalement entre elles les différentes races et les empêchait, non seulement de se confondre, mais même de se mêler."

Cette ligne qui fut et est toujours la source d'une quête de respect face aux blessures et aux frustrations de l'état d'esclave, et qui alimente insatiablement une soif de liberté. "Vivre Libre ou Mourir" est encore aujourd'hui l'écho associé au nom de Louis Delgrès, personnage emblématique de la lutte pour le respect de la vie humaine et de ses droits inviolables à vivre en humain libre, en humanité pleine et entière.



Une œuvre classique à tord méconnue, bien qu'elle soit à la base de nombreux écrits, recherches et scénarios, dont "1802 l'épopée Guadeloupéenne" de Christian Lara.



En ce qui me conserve cette série de chroniques à été pour moi une agréable surprise.

Aussi je ne peux que vous inviter à votre exemplaire ... et bonne lecture!
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Scènes de la vie créole, tome 2 : Renée

Saga historique familiale, rédigée sur le rytme d'une chronique.

Tout y est, Amitiés, Amours, Ambitions, Mensonges, Trahisons, Haines, Intrigues ...

Un excellent moment de lecture et de découvertes de l'histoire de France aux Amériques. Pour tous ceux qui aiment apprendre en se distrayant.

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Le Chasseur de rats, tome 1 : L'oeil Gris

Saga historique captivante qui nous fait voyager dans une guadeloupe luxuriante à travers ses paysages grandioses, ses personnages attachants, ses mœurs colorés, ses lieux de vie grouillants ou silencieux... si semblables à ce que l'on y retrouve encore aujourd'hui.



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