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Critiques de Han Kang (178)
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Blanc

Han Kang nous propose de courts textes, très intimes. Le lien entre ces reflexions sera le blanc. L’autrice nous dévoile son idée dans le premier chapitre “moi”. Elle a fait une liste de ce que lui évoque la couleur blanche. Pour chaque mot de cette liste, Han Kang va poser des mots, telle de la poésie en prose. La délicatesse, l’art de la métaphore et l’utilisation d’un phrasé poétique sont autant de caractéristiques que l’on retrouve dans chaque ouvrage de Han Kang. Blanc n’y échappe pas et n’est pas une exception même si, l’exercice proposé est plus propice à l’écriture poétique que dans Celui qui revient. 



Nous découvrons l’histoire d’une petite soeur décédée deux heures après sa naissance, la beauté des flocons de neiges, les étincelantes vagues qui se brisent sur le sable ou encore l’histoire d’un chien blanc. Des bribes de souvenirs posés là, des réflexions sur la vie, la beauté, le temps qui passe et les actions que nous faisons. 



Dans ce texte intimiste, il y a une grande universalité. Nous nous retrouvons dans les mots de Han Kang, dans la beauté vue par ses yeux ou dans la façon de tenter d’exprimer la douleur. C’est un beau moment de lecture. Les textes brefs nous invitent à prendre notre temps en les lisant. A méditer sur le sens de ce que nous venons de lire et à reprendre notre chemin au sein du livre ensuite. 



J’avais lu ce livre en 2019 et l’arrivée d’un nouveau roman de Han Kang en Août 2023 m’a poussé à relire ses ouvrages. J’ai redécouvert des passages qui ne m’avaient pas autant marqué lors de ma première lecture et qui quatre années plus tard ont un sens plus percutant pour moi. 



Si vous ne connaissez pas Han Kang je vous recommande chaudement cette autrice pour découvrir la littérature coréenne. Ses livres sont tous plus beaux les uns que les autres ! 



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Blanc

Tout juste terminé : Blanc de Han Kang aux éditions Le serpent à plumes, traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot.

J'adore la plume de Han Kang que j'avais découverte avec le troublant " La végétarienne".

Ici ce sont des petits textes sur des choses blanches et qui amènent à l'introspection.
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Blanc

Blanc.

Blanc comme la neige.

Blanc comme le sel.

Blanc comme mes draps.

Ou blanc comme mon sperme.

Les deux ont un rapport intimement évident.

Blanc comme le riz dans son bol en céramique



Blanc, un titre en tout simplicité qui parle... de blanc.

Pas le petit blanc de dix heures du mat' que tu pouvais boire au comptoir.

Non, le blanc pur, immaculé.

Et le blanc deuil.

Le blanc symbole de mort dans certaines cultures, et image de naissance dans d'autres.



Le blanc neige, celui de la tempête furieuse qui te fait plisser les yeux, celui de la grâce des flocons virevoltant dans les airs avant de se liquéfier sur le trottoir à la lumière d'un lampadaire blafard.



Le blanc du silence et celui des yeux quand je perce ton âme dans ton regard. La neige et son silence. Fabuleux. Tes yeux et ton sourire, tout un silence. Inoubliable.



Une petite œuvre qui se déguste le temps de boire une

blanche allemande, l'auteure s'y trouvant, qui étanche la soif et caresse tes lèvres comme l'écume des vagues sur le rivage. Blanc, un roman d'une blancheur poétique.
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Blanc

Lu en 2021. C'était ma quatrième lecture de la distinguée auteure coréenne. Une écriture toujours aussi plaisante, autant épurée que ciselée.

Par ces textes, Han Kang tente de combler certains "blancs" de sa mémoire, de son inconscient, en livrant un hommage émouvant à "ses" êtres disparus, tout en maîtrisant subtilement l'art de la chute. Il émane de ces courts chapitre un récit métaphorique, intimiste et résilient.

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Blanc

B𝕝𝕒𝕟𝕔 𝕕𝕖 ℍ𝕒𝕟 𝕂𝕒𝕟𝕘.💙

Lu en début d'année par temps neigeux. Mise en page aérée, style contemplatif.

Avez-vous déjà lu Han Kang ? Celui-ci est le plus contemplatif et poétique.

"Je t'en supplie, ne meurs pas."

Une lecture bouleversante par petites touches de blanc, de givre dans mon paysage Hivernal, scènes épurées en courts paragraphes tandis que la brume recouvre les pages. Une lecture qui se murmure, dont les mots affleurent délicatement, de glace et de fièvre. J'ai pris tout mon temps pour lire ces tableaux contemplatifs, en écoutant de la musique atmosphérique avec une tasse de thé, mes soucis en ballade...

Une méditation autobiographique sensible et poétique, une plume aérienne. La tristesse envolée ?

Partie louer un appartement dans une ville étrangère peuplée de fantômes afin de réaliser son travail d'écriture, Han Kang commence à noter des mots blancs. Les souvenirs s'assemblent avec grâce, fragiles.

"Elle ressent comme une vérité tangible que notre vie dure qu'un instant."

D'où vient cette conscience aiguë chez Han Kang ? C'est ce que le lecteur va découvrir dans ce court recueil de toute beauté.

"Je t'en supplie ne meurs pas. "

Suis-je en vie ? Pourquoi ce froid soudain à l'intérieur de moi ?

Un coup de cœur, un de plus pour cette nouvelle création de l'autrice Coréenne. 💙
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Blanc

Blanc est un recueil de textes très intimes autour de la couleur blanche.

Lors d'un séjour à l'étranger , l'auteure progresse dans son histoire personnelle en puisant dans ses souvenirs ou dans son quotidien avec le blanc comme inspiration : un grain de riz, la neige, la lune, un morceau de sucre..

C'est un voyage de douceur vers les sentiments les plus profonds d'une femme face à elle même.
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Blanc

Deuxième lecture de Han Kang et je l'ai préférée à "Leçon de grec".



Avec "Blanc", l'auteure jette sur le papier tout ce qui lui fait penser à cette couleur, que ce soit des choses concrètes ou abstraites. Mais c'est également l'occasion pour elle de se dévoiler un peu plus, notamment sur la tristesse que sa mère ait perdu son premier bébé. Elle en parle à plusieurs reprises et semble très marquée malgré le fait que cela se soit passé bien avant sa naissance.



L'écriture est belle et poétique, emplie de mélancolie. Les thèmes abordés sont divers et variés, ils sont centrés autour de paysages, de souvenirs ou de reflexions, tantôt contemplatifs, tantôt introspectif.
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Blanc

« Blanc » est un petit livre de courts récits (2019, Le Serpent à Plumes, 112 p.) de l’écrivain coréenne Han Kang, traduit par Eun-Jin Jeong et Jacques Batilliot. C’est un recueil de textes intimistes autour de la couleur blanche, on s’en serait douté.

L’auteur est partie louer un appartement dans une ville étrangère afin de réaliser son travail d'écriture. Elle ne connait pas la ville qui pourrait être à l'étranger. Elle pose devant elle une feuille sur laquelle elle écrit quelques mots, tous liés à une couleur, le blanc. Le blanc d'une couverture pour bébé, le blanc du sel ou de la neige, le blanc de la lune et celui du magnolia. Ce sera à propos d’un grain de riz, ou d’un morceau de sucre, tout aussi bien que de la neige ou de la lune, ou encore un chien blanc. Avec ces mots ou plutôt ces images, Han Kang progresse dans son histoire personnelle en puisant dans ses souvenirs ou dans son quotidien avec le blanc comme inspiration.

Deux ou trois thèmes qui reviennent souvent dans les livres de Han Kang. Le voyage tout d’abord. Tout se passe dans une autre ville, à Varsovie. C’est celle où la protagoniste va louer de quoi l’abriter pendant son travail d’écriture. C’est la maison de son amie Inseon, sur l’ile de Jeju, où elle va donner à manger au perroquet blanc, resté seul pendant que la femme est hospitalisée après s’être coupée deux doigts. Jeju qui est l’ile sur laquelle eut lieu une révolte, qui débouchera sur la guerre de Corée, de juin 1950 à juilllet 1953. Le soulèvement de Jeju et sa répression coûtent la vie à entre 14 000 et 60 000 personnes sur une île qui compte à l'époque 300 000 habitants. L'intervention de l'armée sud-coréenne est particulièrement brutale, et cause la destruction de nombreux villages. Ce sera aussi une partie cachée et tue de l’histoire de la Corée, et du superbe livre de Han Kang « Impossibles Adieux », traduit par Kyungran Choi et Pierre Bisiou (2023, Grasset, 330 p.).

Le blanc, c’est aussi la couleur du deuil, et de la naissance dans certains pays asiatiques. D’où les rappels de massacres, celui de Jeju, ou de Gwangju en 1980, l’ancienne capitale de la province de Jeolla du sud. Les problèmes interviennent après l’assassinat de l’ancien président Park Chung-hee et la répression impitoyable par l’armée, avec tirs à balles réelles, sous prétexte d’éradiquer le sursaut communiste. La répression a été très brutale. A Gwangju, on estime les morts entre 600 et 2000 sur environ 200 000 manifestants pour une ville de 750 000 habitants.

Deuil plus proche de Han Kang, qui est celui de sa sœur. Lorsqu’elle avait vingt-trois ans, la mère de la romancière doit accoucher seule, prématurément. Pendant deux heures, elle a exhorté l’enfant qu’elle venait de mettre au monde, une petite fille, à survivre. « Ne meurs pas. Ne meurs pas, je t’en prie », lui murmurait-elle à l’oreille. Mais le bébé, la sœur donc de Han, meurt. Han Kang fait revivre cette sœur ainée qu’elle a en quelque sorte « remplacée ». Mais c’est du Han Kang, donc très calme, et même apaisant. « Chaque mot que je notais me troublait étrangement. J’avais envie de faire ce livre, je sentais que l’écrire allait produire une transformation en moi. Que j’avais besoin d’une pommade blanche pour l’appliquer sur mes plaies, d’une compresse blanche pour la recouvrir ». Une écriture ciselée, comme un cristal de glace. Une forme de faire enfin la paix avec soi-même. Lui faire enfin ses adieux, se réconcilier avec sa disparition. Le même thème récurrent que dans « Impossibles Adieux ». « Je vous verrai dans le silence d’une forêt de bouleaux, lui écrit-elle. Dans la quiétude régnant près d’une fenêtre qui laisse passer des rayons du soleil d’hiver. Dans les grains de poussière brillant, flottant dans la lumière… ». Le blanc qui lui va si bien est aussi la couleur de la paix.

Dans les premières pages du petit livre, Han Kang dresse une liste de ces objets ou images, tous blancs, qui constitueront son guide au fil du livre. « Chaque mot que je notais me troublait étrangement. J’avais envie de faire ce livre, je sentais que l’écrire allait produire une transformation en moi. Que j’avais besoin d’une pommade blanche pour l’appliquer sur mes plaies, d’une compresse blanche pour la recouvrir ». Donc, chaque terme donne lieu à un texte court. Entre ces textes de blanc, elle place des points intermédiaires plus sombres. Ce sera les pupilles, à peine entrevues, de l’enfant disparu, ou des traces de chaussures dans la neige. Déjà, dans « Impossibles Adieux », il y avait ces formes noires, arbres noirs de taille humaine sur un champ de neige. « Le champ où je me trouve s'étend sur une colline hérissée de milliers d'arbres noirs sans cimes ni branches, de troncs nus. Ils sont de tailles légèrement variées, comme des personnes d'âges différents. Ils ne sont guère plus épais qu'une traverse de voie ferrée, mais courbés, tordus, l'ensemble évoquant une frise composée de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants maigres qui se tiendraient sous la neige, épaules voûtées ».

Cette écriture, non pas blanche, mais lourde de sens, en fait un texte très pur, qui bouleverse. « J’avais envie de faire ce livre, je sentais que l’écrire allait produire une transformation en moi ». Tout cela m’a fait immédiatement penser au « Die Winterreise » de Franz Schubert dans le premier lied « Gute Nacht » « Fremd bin ich eingezogen, / Fremd zieh’ ich wieder aus » (Étranger je suis arrivé, / Étranger je repars). Mélodie qui scande également le retour de Gérard Oberlé, le bouquiniste du Manoir-bibliothèque nivernais de Pron. Il revient sur ses terres, via Henri Schott, un écrivain d’une soixantaine d’années. Malade, du genre qu’il ne soigne pas, il revient dans le village de son plateau lorrain, Danne, à côté de Phalsbourg, avant la descente sur Saverne par l’autoroute. Paysage plat, battu par les vents et la neige en hiver, le vrai nom est « Danne-et-Quatre-Vents ». À la fin du livre, « Retour à Zornhof » (2004, Grasset, 260 p.), l’auteur, malade, mais comme apaisé, pourrait reprendre à son compte la mélodie de Schubert : « Je suis au bout de mes rêves / Pourquoi m'attarder parmi les dormeurs ? »

À la fin du livre, tout ces objets blancs forment un grand linceul de mots pour sa sœur ainée, qu’elle n’a pas connue. Elle a pu lui faire ses adieux, se réconcilier avec sa disparition. « Je vous verrai dans le silence d’une forêt de bouleaux. Dans la quiétude régnant près d’une fenêtre qui laisse passer des rayons du soleil d’hiver. Dans les grains de poussière brillant, flottant dans la lumière… »

A noter dans les critiques, celle de Jennifer Croft, qui a traduit en anglais l’immense « Les livres de Jakob » de Olga Tokarczuk traduit en français par Maryla Laurent (2018, Editions Noir sur Blanc, 1040 p.). Elle fait le parallèle entre Han Kang, la coréenne, et la polonaise Sylwia Siedlecka et son livre « Wodny Motyl », traduit en « Water Butterfly » (Papillon d’eau). Une histoire, non pas basée sur Varsovie, qui abrite les deux histoires, mais sur un couple de sœurs siamoises. Histoire publiée dans le magazine « Guernica » du 01 octobre 2015. Je compte bien ramener en juin les œuvres de Jennifer Croft de Toronto et sa librairie indépendante sur Queen Street, notamment « The Extinction of Irena Rey » (2024, Bloomsburry Publishing, 320 p.) de cette traductrice, déjà lauréate du International Booker Prize 2018 et finaliste du Women's Prize 2023. C’est l’histoire de huit traducteurs qui arrivent dans une maison située dans la forêt polonaise de Białowieża, quasi vierge à la frontière avec la Biélorussie. Leur but est de traduire une œuvre « Grey Eminence » de Irena Rey, de renommée mondiale. Mais quelques jours après leur arrivée, Irena disparaît sans laisser de trace. Ramener aussi « Homesick : A Memoir » (2019, Unnamed Press, 256 p.). C’est le passage à l’âge adulte de deux sœurs, Amy et Zoé, l’une traductrice et l’autre hospitalisée.



Pour faire bonne figure, j’ajouterai « Bleuets » de l’américaine Maggie Nelson, traduit par Céline Leroy (2019, Éditions du Sous-sol, 112 p.) qui traite également une seule couleur, le bleu. L'écriture de Maggie Nelson est beaucoup plus viscérale et brutale, tandis que Han Kang crée l'illusion de distance tout en étant visiblement affectée. « "Pourquoi le ciel est-il bleu ?" - une assez bonne question, dont j'ai appris la réponse à plusieurs reprises. Pourtant, à chaque fois que j'essaye de la restituer à quelqu'un ou de me la remémorer, elle m'échappe ». Et encore « Je suis donc tombée amoureuse d'une couleur ‒ la couleur bleue, en l'occurrence ‒ comme on tombe dans les rets d'un sortilège, et je me suis battue pour rester sous son influence et m'en libérer, alternativement ».

Enfin pour faire franchouillard, j’ajouterai le livre de Michel Pastoureau « Rouge » ou « L’histoire d’une couleur » (2016, Seuil, 213 p.). C’est la première couleur que l’homme a maîtrisée, aussi bien en peinture qu’en teinture. C’est la seule que les Italiens aient trouvé pour leurs voitures. Et pour terminer en poésie, il faut citer le chimiste Paul Baudecroux. Il invente un rouge à lèvres indélébile à base d'éosine, un « rouge baiser » qui tient tout en "permettant le baiser".



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Celui qui revient

J'ai aimé ce livre qui oppose la violence brute de barbares à qui l'on a donné le droit de tuer à la révolte d'égarés qui les défient.

Mai 1980 Corée du sud, un cortège formé d'étudiants, accompagnent les deux premiers morts d'une première manifestation, est pris pour cible par les militaires. De nombreux morts seront entassés dans un gymnase. Deux jeunes étudiantes s'occupent avec de simples éponges de les conserver afin que les familles puissent les identifier. Bientôt elles seront rejointes par un collégien dont l'amie est tombée sous les balles lors de la fusillade. C'est pour retrouver son corps qu'il se rendra au gymnase. Il prendra ensuite part à la résistance contre l’oppresseur aussi appelé le "massacreur".

Je vous laisse découvrir la suite de cette histoire très bien construite et je gage que vous n'en sortirez pas indemne.
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Celui qui revient

Je connais la situation politique de la Corée du Nord, ainsi que la situation actuelle de la Corée du Sud, mais j’ignorais complètement que cette Corée du Sud, en 1980 vivait aussi au rythme de la dictature et des sanglantes répressions de la moindre manifestation estudiantine ou ouvrière.

Après quelques petites recherches, il se trouve que le livre de Han Kang, Celui qui revient (publié en 2016 en France, en 2014 en Corée) retrace le soulèvement de Gwangju de mai 1980. Les étudiants et ouvriers s’élèvent contre la dictature de Chun Doo-Hwan qui a pris le pouvoir après la mort du président en 1979.

Du point de vue du régime militaire en place, ce soulèvement est vu comme un mouvement inspiré par les communistes, les opposants étant appelés les ‘’putes rouges’’.

Mais une fois un régime civile à nouveau au pouvoir, le mouvement a été reconnu comme un mouvement de défense de la démocratie et des droits contre la dictature militaire.

De très jeunes gens, comme Sonju, Chinsu, Tongho…voici quelques uns des personnages à travers lesquels nous vivons les quelques jours du soulèvement de Gwangju. Beaucoup sont morts, sans sommation. Beaucoup sont arrêtés et torturés. Quelques uns reviendront, changés à vie parce qu’ils ont vécus dans les geôles.

Un style épuré, parfois même très poétique, nous sommes portés de personnage en personnage, de témoignage en témoignage. Ils se croisent, se recoupent et dressent des portraits hommage aux martyrs de la démocratie coréenne. Un livre à découvrir pour ne plus ignorée une page d’histoire contemporaine.

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Celui qui revient

Comment parler de ce livre qui m’a mis les larmes aux yeux ? Basée sur des faits réels qui se sont déroulés en 1980 avec la prise de pouvoir de Chun Doo Hwan, Celui qui revient est une patchwork de vies. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé cette façon de passé d’un personnage à un autre par un lien que nous comprenons au fur et à mesure de la lecture. C’est touchant, nous nous attachons aux personnages qui sont voués à disparaître ou tout du moins à radicalement changer après ce qu’ils vont vivre.



La manière d’écrire de l’auteur est un peu déroutante au départ (changement du point de vue du narrateur, on parle de personnages que nous connaissons sans forcément dire le nom …) et puis nous nous y faisons, nous déroulons l’histoire à travers les yeux de ces différents personnages. La perte d’un être cher, le combat pour la liberté, les choix ou non mais aussi la mémoire … Tout est exploré pour nous offrir une vision complète de la vie en temps de conflits armés, lorsque le pouvoir est pris par la force contre un peuple.



J’avoue avoir du mal à vous parler de ce roman tellement je l’ai apprécié et en même temps c’est une époque cruelle, terrible où tout ne semble être que mort et tristesse. Pour le comprendre, il faut d’ailleurs avoir un peu de culture sur l’histoire de la Corée, histoire de remettre ce moment historique et de l’appréhender tel qu’il doit être. Parce qu’en effet, le nom de Chun Doo Hwan n’arrive qu’en fin de roman et n’est cité qu’une fois. Je n’en dit pas plus car l’idée c’est vraiment de faire cette expérience de lecture et de plonger dans un moment de l’histoire coréenne.



Je pense lire La végétarienne de Han Kang histoire de changer un peu de style et apprécier sa plume dans un autre ouvrage (surement un peu plus léger).



En bref, un livre dur mais beau qui fait réfléchir en ne tombant jamais dans la pitié. C’est cruel mais ça a été, le dire permet de panser certaines plaies ou tout du moins de faire savoir ce qui a longtemps été occulté.
Lien : http://chickon.fr/2016/09/13..
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Celui qui revient

Je ne pardonnerai jamais à personne. Ni à moi-même



Le propre de la littérature est de pouvoir donner à lire ce qui est difficilement audible ou pensable. Par exemple, les massacres, les génocides, les exterminations. Faire ressentir, à la lectrice ou au lecteur, la densité des temps suspendus, des peurs ou des angoisses. Les écrivain·e·s jouent des multiples codes possibles pour donner présence et sens à des actes générés par les organisations sociales ; ce que certain·e·s nomment trop facilement « barbarie humaine », oubliant les conditions sociales de la production de celles et ceux qui exécutent et de celles et ceux qui ne reviennent plus.



Il ne s’agit cependant ni d’analyses (nécessaires) ni de simples dénonciations, mais bien de création, du rendu possible par la lecture et les rêveries associées, du sentiment de survie.



« Il n’y a que des gens allongés dans le silence et l’horrible puanteur »



Han Kang, dans une langue sans affect, nous souffle ce vent de terreur traversant la Corée du Sud. Les temps du sang, de la mémoire, du questionnement, de la transmission, « Si cet autre monde avait duré… ».



Un visage, un oisillon, des souffles noirs, « Qui m’a tué ? Qui a tué ma sœur ? Pourquoi ? », des corps pourrissants, le feu ouvert par l’armée, « Avant qu’une balle vienne labourer mon ventre telle une boule brûlante », les pensées de l’impensable, « Si seulement je pouvais ne rien voir », les traits désagrégés, l’essence versée sur les corps…



Sept gifles. « Après la cinquième, elle a pensé : Il ne s’arrêtera jamais, il va continuer. La sixième fois, elle n’a pensé à rien », l’oubli et la mémoire, « Si je pouvais me cacher dans un rêve. / Ou bien dans un souvenir », le fer et le sang, la falsification et la censure, la douleur qui rend fou, la soif, la peur, la faim, des enfants et des fusils, le chant et le silence, la prunelle de la nuit, les « putes rouges » à exterminer (militarisme et masculinisme), le coté fleuri et « les lampes recouvertes de neige ».



Ne pas laisser disparaître celles et ceux qui furent victimes de cette violence en plein jour, garder les yeux ouverts, « Ecrivez comme il faut ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Celui qui revient

Très belle découverte que cette auteure coréenne Han Kang née en 1970 à Gwangju.

Ce livre rapporte les faits qui se sont déroulés à Gwangju en Mai 1980 : Tout commence le 26 Octobre 1979 avec l'assassinat du président Parker Chung-hee par le chef de la Korean Central IntelligenceAgency (KCIA), c'était un militaire dictateur, alors les Coréens entrevoient l'espoir démocratique. Mais l'espoir est de courte durée : le 12 Décembre 1979, une junte militaire menée par le général Chun Do-hwan s'empare du pouvoir, le 17 Mai 1980, la loi martiale est renforcée. Des troupes paramilitaires prennent possession de toutes les grandes villes,les universités sont fermées. A Gwangju,bastion politique de l'opposition, les étudiants réclament la réouverture de l'Université de Chonnam. Le 18 Mai 1980, ils manifestent dans les rues de Gwangju. Face aux brutalités militaires, la population crée une milice ,prennent les armes et créent l'armée des citoyens de Gwangju. Le 27 Mai, 5 divisions sont lâchées sur la ville. 90 minutes plus tard,le soulèvement démocratique est écrasé dans un bain de sang. Au total 4369 personnes blessées ou arrêtées . 154 morts, 74 disparus. Ceux qui ont été arrêtés ont été torturés et jugés.

L'histoire de ce livre se passe lors de ces jours deMai 1980. Différents chapitres évoquent un groupe de jeunes qui résistent aux militaires et qui identifient les corps des tués pour les rendre aux familles. Puis 10 ans après,dans une maison d'édition, une jeune femme travaille sur un texte censuré, puis 20 ans après ce livre s'écrit. La structure fait passer le lecteur d'une époque à une autre , d'un narrateur à un autre, d'une conscience à une autre : on est au cœur du tourment que ces âmes ont enduré ou endurent quand elles ravivent des souvenirs douloureux. Ce livre est aussi l'occasion pour son auteur d'évoquer les idéologies autoritaires qui ont présidé à la mise en place de la démocratie coréenne (dans les usines notamment et le mouvement syndicaliste ouvrier) .Le point de vue alterne les "tu", les "vous",les "je" comme si l'instance suprême était l'écrivain qui par cette mise en distance, éclaire le rapport à sa propre conscience, comme si le personnage se parlait à lui même , comme si l'auteur faisait revivre ses personnages morts, leur redonnait le pouvoir de témoigner. Mais aussi comme si les personnages dotés d'une vie autonome s'adressaient à l'auteur pour lui dire leur souffrance à se souvenir , à mettre des mots sur les drames.

Sur une trame historique, j'ai adoré le style de l'auteur pur et éthéré empreint de bouddhisme (l'importance de la nature,la réincarnation des âmes mortes...).

Le titre peut s'expliquer aussi par le fait que le soir du 18 Mai 1980,les forces militaires avaient prévu d'attaquer la préfecture où les corps étaient entreposés pour les faire disparaître et pour tuer les résistants; seuls quelques résistants avaient décidé de revenir aider dont Tongho: il est revenu malgré l'insistance de sa mère.
Lien : https://deslivresetvous81.wo..
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Celui qui revient

Trop de cadavres, trop d'horreurs ...

Malgré la critique élogieuse de Télérama : "Han Kan, la nouvelle Reine coréenne", je n'ai pas pu me plonger dans ce roman trop noir à mon goût...
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Celui qui revient

Partant d’une histoire vécue, Han Kang s’en sert ici pour développer un roman surprenant, choral, prenant parfois des allures de reccueil de nouvelles…



Nous sommes au printemps 1980. La révolte de Gwangju est un massacre immonde. Plusieurs personnages en seront impactés, de différentes maniéres…



SI on retrouve, tout au long du roman, des personnages qui parfois se connaissent, qui se sont parfois croisés, ou encore qui ont vécus une histoire similaire, il serait difficile de considérer ce livre comme étant linéaire, simple d’accés. Il faut du temps pour comprendre où nous méne une courte histoire narrée à la deuxiéme personne en début de livre. Puis ensuite une autre qui semble ne rien avoir à voir avec la premiére. Et puis au fur et à mesure, on saisit la violence du propos, la pertinence de l’ensemble, la reconstruction travaillés des sentiments.



Parcequ’il a bien fallu que Han Kang s’imagine être elle ou lui pour imaginer comment ils ont pu vivre ces événements et ce qu’ils ont pu en retirer. L’épilogue même, qui fait le lien avec l’histoire de l’auteure, se montre particulièrement touchant, tout en restant suffisamment déconstruit pour que l’on ressente que tout cela vient du coeur, et n’a pas d’autre vocations que celle de toucher, durablement. C’est réussit.



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Celui qui revient

Ce roman est le deuxième texte que je lis de cette auteure coréenne (dans le cadre de mon challenge année de la Corée). J’avais lu et apprécié « Pars, le vent se lève ». Il y avait beaucoup de poésie dans ce texte. « Celui qui revient » est très différent mais j’ai ressenti du plaisir à le lire, malgré un sujet et thèmes très difficile. L’auteure nous décrit une période sombre de l’histoire de la Corée. En mai 1980, en Corée du Sud, une insurrection s’st déroulée et la répression des manifestations a été très violente. Ce pan de l’histoire de ce pays a alors été occulté et une chape de silence s’est abattue sur les victimes. L’auteure décide alors de nous raconter cette quête sur ces victimes. Un texte polyphonique nous permet de découvrir les journées où se sont passées ces événements. Que ce soit du point de vue d’un jeune lycéen, d’une jeune femme qui est devenue traductrice et décide de raconter son arrestation et emprisonnement. Ce texte parle d’événements tragiques, des images fortes jalonnent le texte, que ce soit les manifestations réprimées dans la violence, des séances de torture subies par les prisonniers. Mais il y a aussi des moments tranquilles et il y a surtout un hommage à la résilience de victimes ou parents des victimes/ Comment et peut-on continuer à vivre après avoir vécu de tels événements. Bien sûr, on est en Corée mais ce roman-récit a une portée universelle car de tel événement ont et peuvent se passer dans n’importe quel coin de la planète. A nouveau un roman qui m’a beaucoup impressionné et cela grâce à cette année de la Corée, manifestation si discrète, malgré la venue d’auteurs lors du salon du livre de Paris. En tout cas, des auteurs à découvrir.
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Celui qui revient

J'avais aimé "La végétarienne" du même auteur. Je me suis ennuyé avec "Celui qui revient". Chaque chapitre donne une facette différente de la participation d'un groupe de personnages au soulèvement de Gwangju, Corée du Sud, en mai 1980. Plusieurs récits se succèdent, pendant le soulèvement, plusieurs années après le soulèvement, à la première personne, à la deuxième personne, à la troisième personne... On comprend qu'il y a un lien entre les différents personnages, mais je me suis perdu dans les différentes strates des acteurs et du temps. Le tout est complexifié par un style de narration qui tente de faire appréhender les situations par petites touches détachées les unes des autres, leur nombre devant finir par donner une image d'ensemble, ce que je n'ai pas réussi à faire. J'en retiens quelques scènes isolées, souvent marquantes, mais cela ne me suffit pas. A ne pas lire en période de fatigue donc...
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Celui qui revient

Il y a ceux qui lavent les corps ensanglantés, ceux qui notent une description détaillée des cadavres sur de petites fiches pour permettre une identification, ceux qui entreposent les cercueils, font brûler une bougie, chantent l'hymne national, ceux qui cherchent parmi les corps un ami, un fils, une soeur. Il y a ceux qui continuent la lutte, armés d'un fusil dont ils ne sauront ni ne voudront se servir et ceux qui sont morts, tombés sous les coups des militaires, qui n'auront d'autre tombe qu'un immense charnier incendié à grosses lampées d'essence. Et il y a ceux qui n'ont pas eu la chance de mourir sous les coups ou les balles, ceux-là, dangereux activistes, ''putes rouges'', terroristes, vont découvrir la promiscuité, la faim, la torture qu'on n'oublie jamais, la peur qui s'incruste dans tous les pores, les souvenirs qui restent gravés pour toujours dans la mémoire, qui empêchent de vivre, qui conduisent à la culpabilité d'avoir survécu quand tant d'autres sont morts, à l'abrutissement par l'alcool, au suicide. Implacable, la dictature de Chun Doo-hwan soumet, plie, réprime, assassine. La pitié n'existe pas pour ceux qui osent revendiquer plus de droits. Lycéens, étudiants, ouvriers, syndicalistes sont autant de cibles pour une armée sanguinaire, encouragée à la dureté, récompensée pour sa violence.



L'assassinat du dictateur Park Chung-hee en octobre 1979 fait déferler sur la Corée du Sud un vent de liberté et d'espoir. Mais dès le mois de décembre, le général Chun Doo-hwan s'empare du pouvoir par un coup d'Etat et met un terme aux mouvements de démocratisation du pays. En mai 1980, Séoul se révolte contre la loi martiale, suivie par Gwangju, foyer traditionnel de l'opposition démocratique. Ce mouvement populaire est réprimé dans la violence, les militaires allant même jusqu'à contenir la foule au lance-flammes. Etudiants, syndicalistes et citoyens sont massacrés, les manifestants armés sont emprisonnés dans les pires conditions et torturés quotidiennement.

C'est cet épisode douloureux de l'Histoire coréenne que Han Kang raconte dans Celui qui revient. Inspirée par l'histoire de Tongho, un lycéen, exécuté alors qu'il sortait les mains en l'air de la sous-préfecture avec d'autres jeunes, elle raconte les quelques jours de mai 1980 où Gwangju, isolée du reste du pays, a été mise à feu et à sang par des militaires fortement encouragés par le pouvoir en place à user de tous les moyens pour anéantir les rebelles. Elle évoque ainsi tous les martyrs qui sont tombés pour la cause qu'ils défendaient, ainsi que les survivants marqués à jamais dans leur chair et dans leur coeur par les horreurs de ce printemps.

Et c'était il y a 30 ans à peine...Les plaies ne sont pas encore refermées et pourtant la Corée est devenue une puissance économique, un pays de progrès, une démocratie qui tente d'oublier un long passé de violence et de souffrance.

Ecrit dans une langue dépouillée, parfois elliptique, cet hommage à tous ceux qui ont combattu pour la démocratie s'interroge de manière fort juste sur la bestialité de l'Homme, sa capacité à faire la mal, mais aussi son âme, pure et innocente. Un très beau livre qui ouvre une page de l'Histoire coréenne que l'on connaît peu sous nos cieux.
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Celui qui revient

C'est le deuxième roman sur les événements de Gwangju que je lis et je suis toujours aussi touchée par cette partie de l'histoire sud-coréenne. Han Kang décrit avec une écriture belle et poétique des événements tragiques, mais aussi les sentiments d'êtres humains forts qui résistent malgré tout à l'oppression et la déshumanisation. Certains passages sont très durs et réalistes (j'ai du m'arrêter plusieurs fois dans ma lecture, étant de nature très sensible) d'autres sont de simples réflexions sur la nature humaine, universelles.
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Celui qui revient

Celui qui revient est un vibrant hommage aux victimes du soulèvement de Gwangju du 18 mai 1980. Des étudiants et des ouvriers syndicalisés manifestent pour plus de démocratie en ce printemps 1980. L'armée dirigée par le général Chun Doo-Hwon reçoit l'ordre de mater le mouvement. Les conséquences sont terribles: des centaines de tués, de blessés, des arrestations sauvages et d'atroces tortures. Ce drame s'ouvre sur Tongho, ami de Chongdae, qui le recherche désespérément parmi les cadavres dans la cours de l'université où il a laché la main de son ami lorsque les tirs de l'armée ont éclaté. Il est assigné au fichage des cadavres alors que d'autres étudiants ont la lourde tâche de nettoyer les cadavres. Le livre se termine sur la mère de Tongho qui n'a pu le convaincre de rentrer à la maison et qui ne l'a donc plus jamais revu car les soldats sont revenus dans la cour pour terminer "le travail". Elle a dû vivre avec ce cuisant échec et s'est mille fois reproché de ne pas l'avoir ramené de force. Un chapitre couvre l'âme de Chongdae qui observe les cadavres entassés à même le sol et deux autres chapitres traitent de l'impossible reconstruction psychologique et/ou physique de certaines militantes libérées après avoir subit des tortures insupportables. C'est un livre dur et marquant qui m'a fait découvrir l'histoire bien sombre de la Corée du Sud des années 1980. J'ai adoré le style pudique et parfois poétique utilisé par l'auteur pour nous conter ces événements. Je recommande ce livre aux amateurs d'Histoire, de la Corée et de style travaillé.
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