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Critiques de Han Kang (178)
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Leçons de grec

Lu en 2019. J'étais une nouvelle fois tombée sous le charme de la plume de l'auteure (dont j'avais beaucoup apprécié "La végétarienne").

Il s'agit de l'histoire de deux trajectoires de vie, celle d'une femme et d'un homme. Deux âmes profondément blessées, en quête d'identité et de reconstruction. Des trajectoires traitées de manière disjointe ou parallèlement sur les trois quarts du roman, puis qui se rejoignent incidemment sur la fin de façon très émouvante..
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Les Chiens au soleil couchant

Lu en 2020. Une courte nouvelle percutante, qui parle de maltraitance psychologique et d'abandon, mais aussi de courage et de lucidité.

Une petite fille livrée à elle-même, à son attente, sa faim, sa solitude et sa peur (des chiens, entre autres), une victime sacrifiée par un couple qui a fait naufrage... Une plume pleine de pureté et de poésie car la narration se situe au niveau de l'enfant, de sa fragilité et de son innocence, mais également de son incroyable instinct de survie !
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Blanc

Lu en 2021. C'était ma quatrième lecture de la distinguée auteure coréenne. Une écriture toujours aussi plaisante, autant épurée que ciselée.

Par ces textes, Han Kang tente de combler certains "blancs" de sa mémoire, de son inconscient, en livrant un hommage émouvant à "ses" êtres disparus, tout en maîtrisant subtilement l'art de la chute. Il émane de ces courts chapitre un récit métaphorique, intimiste et résilient.

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La végétarienne

Lu en 2019. Ce roman (mon premier de l'auteure coréenne) m'avait littéralement happée, transportée dans son atmosphère intimiste, son rythme et son originalité. Une plume subtile et fascinante, maniant avec talent déraison, contemplation, onirisme et spiritualité.

Faut-il chercher absolument une morale implacable, un sens particulier, une logique profonde dans tout ce qu'on lit ? Non, pas nécessairement, et fort heureusement parfois. Dès les premiers mots, j'ai su que j'allais aimer. Allez savoir pourquoi ou à quoi cela tient : une héroïne désincarnée, des sentiments exacerbés, une extrême sensualité.

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Blanc

« Blanc » est un petit livre de courts récits (2019, Le Serpent à Plumes, 112 p.) de l’écrivain coréenne Han Kang, traduit par Eun-Jin Jeong et Jacques Batilliot. C’est un recueil de textes intimistes autour de la couleur blanche, on s’en serait douté.

L’auteur est partie louer un appartement dans une ville étrangère afin de réaliser son travail d'écriture. Elle ne connait pas la ville qui pourrait être à l'étranger. Elle pose devant elle une feuille sur laquelle elle écrit quelques mots, tous liés à une couleur, le blanc. Le blanc d'une couverture pour bébé, le blanc du sel ou de la neige, le blanc de la lune et celui du magnolia. Ce sera à propos d’un grain de riz, ou d’un morceau de sucre, tout aussi bien que de la neige ou de la lune, ou encore un chien blanc. Avec ces mots ou plutôt ces images, Han Kang progresse dans son histoire personnelle en puisant dans ses souvenirs ou dans son quotidien avec le blanc comme inspiration.

Deux ou trois thèmes qui reviennent souvent dans les livres de Han Kang. Le voyage tout d’abord. Tout se passe dans une autre ville, à Varsovie. C’est celle où la protagoniste va louer de quoi l’abriter pendant son travail d’écriture. C’est la maison de son amie Inseon, sur l’ile de Jeju, où elle va donner à manger au perroquet blanc, resté seul pendant que la femme est hospitalisée après s’être coupée deux doigts. Jeju qui est l’ile sur laquelle eut lieu une révolte, qui débouchera sur la guerre de Corée, de juin 1950 à juilllet 1953. Le soulèvement de Jeju et sa répression coûtent la vie à entre 14 000 et 60 000 personnes sur une île qui compte à l'époque 300 000 habitants. L'intervention de l'armée sud-coréenne est particulièrement brutale, et cause la destruction de nombreux villages. Ce sera aussi une partie cachée et tue de l’histoire de la Corée, et du superbe livre de Han Kang « Impossibles Adieux », traduit par Kyungran Choi et Pierre Bisiou (2023, Grasset, 330 p.).

Le blanc, c’est aussi la couleur du deuil, et de la naissance dans certains pays asiatiques. D’où les rappels de massacres, celui de Jeju, ou de Gwangju en 1980, l’ancienne capitale de la province de Jeolla du sud. Les problèmes interviennent après l’assassinat de l’ancien président Park Chung-hee et la répression impitoyable par l’armée, avec tirs à balles réelles, sous prétexte d’éradiquer le sursaut communiste. La répression a été très brutale. A Gwangju, on estime les morts entre 600 et 2000 sur environ 200 000 manifestants pour une ville de 750 000 habitants.

Deuil plus proche de Han Kang, qui est celui de sa sœur. Lorsqu’elle avait vingt-trois ans, la mère de la romancière doit accoucher seule, prématurément. Pendant deux heures, elle a exhorté l’enfant qu’elle venait de mettre au monde, une petite fille, à survivre. « Ne meurs pas. Ne meurs pas, je t’en prie », lui murmurait-elle à l’oreille. Mais le bébé, la sœur donc de Han, meurt. Han Kang fait revivre cette sœur ainée qu’elle a en quelque sorte « remplacée ». Mais c’est du Han Kang, donc très calme, et même apaisant. « Chaque mot que je notais me troublait étrangement. J’avais envie de faire ce livre, je sentais que l’écrire allait produire une transformation en moi. Que j’avais besoin d’une pommade blanche pour l’appliquer sur mes plaies, d’une compresse blanche pour la recouvrir ». Une écriture ciselée, comme un cristal de glace. Une forme de faire enfin la paix avec soi-même. Lui faire enfin ses adieux, se réconcilier avec sa disparition. Le même thème récurrent que dans « Impossibles Adieux ». « Je vous verrai dans le silence d’une forêt de bouleaux, lui écrit-elle. Dans la quiétude régnant près d’une fenêtre qui laisse passer des rayons du soleil d’hiver. Dans les grains de poussière brillant, flottant dans la lumière… ». Le blanc qui lui va si bien est aussi la couleur de la paix.

Dans les premières pages du petit livre, Han Kang dresse une liste de ces objets ou images, tous blancs, qui constitueront son guide au fil du livre. « Chaque mot que je notais me troublait étrangement. J’avais envie de faire ce livre, je sentais que l’écrire allait produire une transformation en moi. Que j’avais besoin d’une pommade blanche pour l’appliquer sur mes plaies, d’une compresse blanche pour la recouvrir ». Donc, chaque terme donne lieu à un texte court. Entre ces textes de blanc, elle place des points intermédiaires plus sombres. Ce sera les pupilles, à peine entrevues, de l’enfant disparu, ou des traces de chaussures dans la neige. Déjà, dans « Impossibles Adieux », il y avait ces formes noires, arbres noirs de taille humaine sur un champ de neige. « Le champ où je me trouve s'étend sur une colline hérissée de milliers d'arbres noirs sans cimes ni branches, de troncs nus. Ils sont de tailles légèrement variées, comme des personnes d'âges différents. Ils ne sont guère plus épais qu'une traverse de voie ferrée, mais courbés, tordus, l'ensemble évoquant une frise composée de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants maigres qui se tiendraient sous la neige, épaules voûtées ».

Cette écriture, non pas blanche, mais lourde de sens, en fait un texte très pur, qui bouleverse. « J’avais envie de faire ce livre, je sentais que l’écrire allait produire une transformation en moi ». Tout cela m’a fait immédiatement penser au « Die Winterreise » de Franz Schubert dans le premier lied « Gute Nacht » « Fremd bin ich eingezogen, / Fremd zieh’ ich wieder aus » (Étranger je suis arrivé, / Étranger je repars). Mélodie qui scande également le retour de Gérard Oberlé, le bouquiniste du Manoir-bibliothèque nivernais de Pron. Il revient sur ses terres, via Henri Schott, un écrivain d’une soixantaine d’années. Malade, du genre qu’il ne soigne pas, il revient dans le village de son plateau lorrain, Danne, à côté de Phalsbourg, avant la descente sur Saverne par l’autoroute. Paysage plat, battu par les vents et la neige en hiver, le vrai nom est « Danne-et-Quatre-Vents ». À la fin du livre, « Retour à Zornhof » (2004, Grasset, 260 p.), l’auteur, malade, mais comme apaisé, pourrait reprendre à son compte la mélodie de Schubert : « Je suis au bout de mes rêves / Pourquoi m'attarder parmi les dormeurs ? »

À la fin du livre, tout ces objets blancs forment un grand linceul de mots pour sa sœur ainée, qu’elle n’a pas connue. Elle a pu lui faire ses adieux, se réconcilier avec sa disparition. « Je vous verrai dans le silence d’une forêt de bouleaux. Dans la quiétude régnant près d’une fenêtre qui laisse passer des rayons du soleil d’hiver. Dans les grains de poussière brillant, flottant dans la lumière… »

A noter dans les critiques, celle de Jennifer Croft, qui a traduit en anglais l’immense « Les livres de Jakob » de Olga Tokarczuk traduit en français par Maryla Laurent (2018, Editions Noir sur Blanc, 1040 p.). Elle fait le parallèle entre Han Kang, la coréenne, et la polonaise Sylwia Siedlecka et son livre « Wodny Motyl », traduit en « Water Butterfly » (Papillon d’eau). Une histoire, non pas basée sur Varsovie, qui abrite les deux histoires, mais sur un couple de sœurs siamoises. Histoire publiée dans le magazine « Guernica » du 01 octobre 2015. Je compte bien ramener en juin les œuvres de Jennifer Croft de Toronto et sa librairie indépendante sur Queen Street, notamment « The Extinction of Irena Rey » (2024, Bloomsburry Publishing, 320 p.) de cette traductrice, déjà lauréate du International Booker Prize 2018 et finaliste du Women's Prize 2023. C’est l’histoire de huit traducteurs qui arrivent dans une maison située dans la forêt polonaise de Białowieża, quasi vierge à la frontière avec la Biélorussie. Leur but est de traduire une œuvre « Grey Eminence » de Irena Rey, de renommée mondiale. Mais quelques jours après leur arrivée, Irena disparaît sans laisser de trace. Ramener aussi « Homesick : A Memoir » (2019, Unnamed Press, 256 p.). C’est le passage à l’âge adulte de deux sœurs, Amy et Zoé, l’une traductrice et l’autre hospitalisée.



Pour faire bonne figure, j’ajouterai « Bleuets » de l’américaine Maggie Nelson, traduit par Céline Leroy (2019, Éditions du Sous-sol, 112 p.) qui traite également une seule couleur, le bleu. L'écriture de Maggie Nelson est beaucoup plus viscérale et brutale, tandis que Han Kang crée l'illusion de distance tout en étant visiblement affectée. « "Pourquoi le ciel est-il bleu ?" - une assez bonne question, dont j'ai appris la réponse à plusieurs reprises. Pourtant, à chaque fois que j'essaye de la restituer à quelqu'un ou de me la remémorer, elle m'échappe ». Et encore « Je suis donc tombée amoureuse d'une couleur ‒ la couleur bleue, en l'occurrence ‒ comme on tombe dans les rets d'un sortilège, et je me suis battue pour rester sous son influence et m'en libérer, alternativement ».

Enfin pour faire franchouillard, j’ajouterai le livre de Michel Pastoureau « Rouge » ou « L’histoire d’une couleur » (2016, Seuil, 213 p.). C’est la première couleur que l’homme a maîtrisée, aussi bien en peinture qu’en teinture. C’est la seule que les Italiens aient trouvé pour leurs voitures. Et pour terminer en poésie, il faut citer le chimiste Paul Baudecroux. Il invente un rouge à lèvres indélébile à base d'éosine, un « rouge baiser » qui tient tout en "permettant le baiser".



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Les Chiens au soleil couchant

L’écriture d’Han Kang me fascine et m’émeut à chaque fois. Cette façon de décrire l’innommable, le quotidien glauque ou le petit bonheur est magnifique. Cette nouvelle longue d’une quarantaine de page, écrite en 1999 a comme préambule une petite fille qui regarde par la fenêtre d’une chambre d’hôtel. Rien de bien spectaculaire. De plus, à ses côtés, son père ronfle et cuve l’alcool bu la veille. Encore là, rien pour rameuter les chiens… au soleil couchant…



La surprise de ce récit se situe dans le quotidien coréen actuel, où la désillusion prend toute la place, la vie de couple est mise à mal, la paternité difficile à assumer et que dire de la boisson et du suicide…



L’art d’amener des sujets lourds dans des gestes simples, Han Kang maitrise cela très bien. Tae-ryeon voit la mer depuis la fenêtre de l’hôtel sordide où elle attend que le temps passe, que son père cuve son soju ou qu’il rentre tard après l’avoir laissé enfermée toute la journée. La mère les a quitté. Elle monte sur des oreillers empilés et rêve de se rendre à la plage. Elle voit des gros chiens. « Où vont-ils quand la nuit est tombée? Retenant son souffle et frissonnant d’horreur, elle imagine leurs crocs pareils à ceux des bêtes sauvages, luisant dans les ténèbres. »

L’enfant se remémore des événements joyeux pour passer le temps. On apprend très peu de sa vie avec ses deux parents. Le temps a peu d’importance. On est dans la sensation brute d’une séparation qui tourne mal. Une vie fermentée au goût de kimchi.



Cette histoire est courte, peut-être heureusement pour nous car elle ne peut que mal finir. De Séoul à une province anonyme, c’est beau et triste malgré les bijoux précieux que sont ses barrettes à fleurs!

Pour le reste, faut lire car je risque de divulgâcher…
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Impossibles adieux

Le livre traite du conflit sur l'île coréenne de Jeju (qui comptait à l'époque 300,000 habitants) en 1948 et 1949 dans lequel des milliers de personnes ont été tuées quand il y a eu un soulèvement local contre la résolution n° 112 des Nations Unis qui appelait à la tenue d'élections (un nouveau phénomène en Corée) sous la supervision de la commission de l'ONU. Les communistes se sont opposés aux élections.



La pièce centrale du livre est le massacre de civils par l'armée. "Le schéma s'est répété dans presque tous les cas : les villageois étaient rassemblés dans une cour d'école avant d'être exécutés à proximité, dans un champ ou au bord de l'eau." Trente mille civils exécutés. Vingt mille civils qui se sont dissimulés dans les montagnes.



Une légende qui apparaît tard dans le livre décrit bien la relation entre les personnages et le passé. Selon cette légende, une femme avait donné à manger à un mendiant, et ce dernier lui avait conseillé d'escalader une montagne voisine le lendemain...et de ne pas regarder le village en arrière pendant qu'elle le faisait. le lendemain, le village a été victime d'une catastrophe naturelle pendant que la femme gravissait la montagne. Comme Orphée, elle n'a pas pu résister à la tentation de regarder en arrière ; et (contrairement à Orphée) elle s'est transformée en pierre. "Qu'y avait-il dans ce village pour qu'elle se retourne encore et encore?" Avec cette légende, on perçoit l'attrait irrésistible du passé et le mal qu'il peut causer. On peut se demander également: Qu'y a t-il dans la rébellion de l'île de Jeju pour que les personnages re retournent encore et encore? L'un des personnages nous donne la réponse : "Il devait y avoir là-bas quelqu'un qu'elle voulait sauver, sinon à quoi bon se retourner sans cesse?" Cependant, qui veulent les personnages de Impossibles Adieux sauver avec leur retour à un massacre qui s'est passé il y a plus d'un demi-siècle? Dans ce livre, il y a des moments où on ignore si les morts sont revenus pour interagir avec les vivants.



Concernant le style du livre, il est lent, avec un rythme hypnotique et parfois poétique, comme cette description du sentiment qui suit la mort d'un être cher: "Je pensais que je reviendrais enfin à ma propre existence après sa disparition, mais le point de non-retour était atteint, je ne pouvais revenir en arrière.....Alors que je n'avaid plus besoin de mettre fin à mes jours pour fuir, je vivais avec l'envie de mourir."



Je me suis parfois interrogé sur l'étendue de la relation entre Gyeongha et Inseon. Parfois les passages comme les suivants suggèrent une relation qui dépasse l'amitié : "Nos corps ne se touchent pas mais nos ombres flottent sur les murs comme deux géants siamois liés par leurs épaules"...."ses bras, portant encore la froideur du dehors, chargés aussi d'une odeur de cigarette, me happaient aux épaules."



Après avoir lu les deux tiers du livre, j'ai eu l'impression que les personnages étaient simplement une excuse pour donner une leçon d'histoire. C'est-à-dire que le ton du livre est devenu trop pédagogique, consistant en de longs monologues racontant les atrocités.



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Leçons de grec

Toute une leçon de vie que nous offre Han Kang avec cette Leçon de grec.

Un homme qui perd graduellement la vue et une femme qui a perdu la voix. Leurs chemins se croisent grâce à une langue morte, le grec.

Cette langue qui fascine tant la femme sans voix, c’est l’homme bientôt aveugle qui l’enseigne. Chacun a une une trajectoire de vie en chute libre et la majeure partie du roman sert à nous expliquer comment ils ont pu arriver à communiquer car on se souvient, la femme ne parle pas et l’homme ne voit presque plus.



« Ne trouvez-vous pas cela bizarre parfois? Que notre corps ait des paupières et des lèvres. Qu’elles puissent être fermées depuis l’extérieur ou verrouillées depuis l’intérieur. »



Ce roman est définitivement bizarre. Poétique et un brin mélangeant. Comme si parfois, l’homme voit et la femme parle, et vice-versa. Et le tout se termine en apothéose de reconstruction. J’adore cette auteure coréenne. Elle me surprend et m’étonne. Cette fois-ci, elle m’a même obligée à relire plusieurs chapitres pour comprendre dans quelle fatalité elle entraine ses deux protagonistes.



Mon Platon est un peu loin j’avoue et mon grec plutôt inexistant mais ça n’entrave pas le plaisir de lecture. Comme quoi, le lien d’apprentissage est fort et la ligne pour passer de l’ombre à la lumière est mince comme une plume d’oiseau!



« Autrement dit, le grec qu’utilise Platon est comme un fruit mûr avant qu’il ne tombe. Par la suite, le grec connaît une décadence rapide. Les États helléniques entre simultanément en déclin. En ce sens, Platon précède le crépuscule de son monde et pas seulement de sa langue. »
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Impossibles adieux

Un livre dont on a beaucoup entendu parler à l’automne dernier, puisqu’il a remporté le prix Médicis étranger.
Lien : https://www.journaldequebec...
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Impossibles adieux

Tout est étrange dans ce livre ! les deux personnages centraux, Gyeongha et son amie Inseon, l'histoire qu'elles racontent, la façon dont elles racontent, l'atmosphère ambiante, le ton employé, le récit décousu, les invraisemblances ... On navigue sans cesse entre rêve et réalité. J'ai quelquefois perdu le fil mais me suis laissé porter par l'écriture et la poésie de ce récit consacré à un fait historique des plus macabres à savoir le massacre par le régime coréen de 30000 civils en novembre 1948. A travers un dialogue tout en pudeur, Inseon révèle à son amie, documents à l'appui, comment sa famille a vécu cet évènement et survécu à ce traumatisme . Les faits sont glaçants, horreur absolue, mais l'auteur raconte avec une certaine délicatesse qui permet au lecteur de poursuivre.

lecture intéressante sortant des sentiers battus.
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Impossibles adieux

Gyeongha est usée. Le dernier livre qu’elle a écrit, retraçant des massacres commis dans son pays, la Corée, l’a laissée exsangue, solitaire et malade.



Mais lorsque son amie, Inseon, lui demande de la rejoindre dans un hôpital de Séoul, elle se précipite au chevet de la jeune femme.



Inseon, ébéniste de son état, est blessée et lui demande d’aller s’occuper de son perroquet, laissé seul à son domicile.



De tout quitter à l’instant, pour tenter de sauver l’oiseau qui n’a plus rien à boire et à manger. D’affronter une tempête de neige pour sauver ce petit volatile.



Gyeongha se sent dépassée par cette quête qui lui paraît futile mais par amitié, elle va affronter les éléments pour cette mission de sauvetage.



Ce faisant, elle va devoir se confronter aux fantômes qui ne cessent de la hanter depuis son dernier livre. Des souvenirs qui hantent aussi son amie, Inseon.



Ce roman oscille entre passé et présent. Il confronte le lecteur à une période tragique de l’histoire contemporaine coréenne.



Il met en lumière la silence de l’Etat coréen et les pressions infligées aux proches des disparus pour ne pas rechercher la vérité.



Mais comment construire une vie lorsqu’on a été témoin de massacres ? Lorsqu’on reste sans nouvelles de proches disparus ?



Comment une société peut-elle faire l’économie d un travail de mémoire ?



Autant de questionnements qui irriguent ces pages avec une plume poétique. L’autrice interroge les silences familiaux, les non-dits et les blessures du passé qui ne peuvent guérir si elles ne sont pas affrontées. Un roman que j’ai trouvé touchant et réussi.
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Leçons de grec

Elle a perdu la garde de son fils. Elle a aussi perdu ce qui lui restait de voix, elle qui avait déjà traversé de longues périodes de mutisme enfant et adolescente. Lorsqu’elle se assiste à ses leçons de Grec ancien, son silence passe presque inaperçu, jusqu’au jour où le professeur souhaite une réponse.



Lui, voit sa vision se dégrader depuis longtemps. De retour d’Allemagne où il a vécu longtemps, il s’est réfugié dans cet enseignement qui lui permet de vivre un peu à l’écart. Un jour, ses lunettes se brisent.



Malgré leur goût profond pour la solitude, ces deux là vont parvenir à communiquer. Comment ? Par petites touches délicates, Han Kang nous y amène en suivant leurs deux flux de pensées, leurs souvenirs, et c’est tendre et lent, et beau.
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Impossibles adieux

L’atmosphère de ce livre est très éthéré, presqu’irréel.

Entre les flocons de neige se racontent des pages sombres de l’histoire de la Corée. Une histoire sur l’amitié, sur la filiation. Une belle écriture à la fois poétique et sculptée.

je recommande.
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Impossibles adieux

Je suis mitigée sur ma lecture. Pour moi on peut le couper en deux : la quête d'aller à Jeju en pleine tempête de neige pour sauver l'oiseau d'Inseon et la mise au jour de crimes entre 1948 et 1949 en Corée du Sud.

Toute la première partie est assez décousue, des informations sur le passé de la narratrice qui n'apporte rien à l'histoire ou pas suffisamment pour la comprendre. Même si dans les faits on n'en a pas besoin, car le sujet du livre n'est pas la narratrice mais les massacres perpétrés à Jeju. Et là j'ai préféré oublier toute cette première partie car elle rendait l'histoire étrange, paranormale. Je pense avoir compris la fin, du moins j'ai plusieurs théories. J'aurais aimer lire une histoire plus simple, avec simplement Inseon et sa mère qui lui révèle le passé de sa famille et de l'île.
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Impossibles adieux

J’ai eu du mal avec ce roman qui mélange maladroitement une histoire d’amitié un événement historique tout ceci dans un style maniéré et complexifié inutilement

Je n’en garderai pas un grand souvenir, ce roman est resté impalpable, et plutôt mal agencé.
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Impossibles adieux

Ce roman a failli se transformer en impossible lecture pour ma part. Je me suis parlé fort. J’aime beaucoup cette romancière coréenne Han Kang, découverte avec La végétarienne(International Booker Prize 2016).

Mais l’atmosphère glaciale, les bourrasques de neige, la bougie qui fond et l’obscurité, ça ressemble trop à une tempête hivernale au Québec. Ça instille une claustrophobie mes amis(es)!

Mais nonobstant cela, je retrouve une autrice qui sort des sentiers battus. Qui se plaît à saupoudrer de l’atmosphère bizarre sur des comportements étranges. Il faut se laisser porter, se pardonner de ne pas tout comprendre, et que passe la tempête!



Nous sommes en présence de deux amies, Gyeongha, écrivaine en mal de vivre, qui a la tête pleine de cauchemars et qui se dirige depuis quelques années vers la mort qui l’attire; et Inseon, hospitalisée à Séoul suite à un bête accident de menuiserie.

Inseon insiste auprès de Gyeongha pour qu’elle se rende sur l’île de Teju, dans sa maison, pour donner de l’eau à son perroquet qui est seul. Après hésitation, Gyeongha se précipite à l’aéroport pour prendre le prochain avion; sans se douter qu’une tempête de neige fait rage sur l’île et que les transports seront compliqués, mettant sa vie en danger. Mais qu’importe sa vie… alors qu’il y a eu tellement de morts sur cette île.



Han Kang utilise le symbole de l’oiseau, de la tempête, des arbres pour raconter les atrocités commises à la fin des années 1940 par l’armée coréenne et par des miliciens : 30 000 morts (10 % de la population de l’île). Une page sombre de l’histoire moderne de la Corée du Sud.



Dans la maison sans électricité et sans eau, dans un isolement complet, Gyeongha s’empare de l’histoire familiale, la récupère pour mieux comprendre la relation de son amie Inseon avec sa mère. Cette partie du livre est très inspirée et touchante. J’avoue quelques larmes.

« Ma mère fendait le vent de son corps comme les ciseaux découpent un grand tissu de coton. »



Le massacre de civils, qui a un lien avec la mère, est impressionnant et crève coeur. Cette histoire méconnue pour ma part, est bien traitée par l’autrice, mélange de poésie et d’atrocité. J’ai un coup de coeur pour ce livre, mais à retardement. Pour moi, pendant un certain temps, je ne m’en allais nulle part… mais c’est ça aussi une tempête de neige, on s’y perd pour mieux se retrouver!

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Impossibles adieux

Gyeongha fait toujours le même cauchemar: la mer monte, des ossements sont emportés et elle ne parvient pas à sauver les morts enterrés.



Un jour elle reçoit un message de son amie Inseon, blessée, qui lui demande d’aller s’occuper de son oiseau resté seul. Gyeongha accepte et s’envole pour l’île de Jeju alors que l’île est en proie à une terrible tempête de neige.



Au cours de cette nuit hors du temps, le cauchemar de Gyeongha et la tragédie d’Inseon vont se télescoper.



Avec une écriture poétique, voir onirique , Han Kang fait le récit d’un des épisodes les plus sombres et controversés de l’histoire de la Corée du Sud: Les massacres, dans les années 1950, de milliers de civils au nom de la lutte contre le communisme.



Plus de cinquante ans après les faits, telle la bougie utilisée par Inseon pour témoigner des horreurs, la mémoire collective vacille, pour bientôt s’éteindre et plonger cette tragédie dans un oubli définitif.



Grace à son roman, grace à la force de son écriture, Han Kang maintient la flamme en vie pour permettre un impossible adieu aux dizaines de milliers de victimes.



Elle parvient avant tout à faire d’un drame intime, une douleur universelle.



Ce roman est sans conteste mon coup de coeur 2023. Je suis impatiente de poursuivre la découverte de cette autrice en 2024.
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Impossibles adieux

Gyeonga, écrivaine vivant à Séoul, reçoit de son amie Iseon un sms. Elle s’est sectionné deux doigts en travaillant le bois, et a été rapatriée d’urgence depuis l’île de Jeju en abandonnant son perroquet. Elle conjure Gyeonga de s’embarquer pour son île afin de sauver son oiseau.



Juste avant cette entrevue, Gyeonga a fait un rêve particulier, celui d’une forêt d’arbres noirs sans ramure, plantée dans un champ de neige.



La neige, c’est elle qui rend sa mission quasi impossible. Après l’atterrissage, Gyeonga peine à trouver un autocar pour se rendre dans le village isolé d’Iseon. C’est ensuite dans la tempête de neige qu’elle doit retrouver un chemin devenu invisible jusqu’à la bâtisse, où les fantômes de la famille d’Iseon l’attendent.



Ce roman onirique, je m’y suis enfoncée très doucement, comme dans une légère poudreuse. Comme Gyeonga, j’ai ensuite senti chaque flocon fondre sur ma peau et, avec la nuit tombée, me glacer le cœur.



Han Kang se saisit de cette histoire d’amitié et de projet artistique irrésolu pour aborder un pan méconnu de l’histoire coréenne : celle du massacre de l’île de Jeju après le ralliement d’une partie de ses habitants au communisme. Exercice périlleux et tout à fait réussi, en ayant évité les écueils du roman historique barbant et du romanesque mal placé, le résultat est délicat et vrai comme un flocon se déposant devant vos yeux.
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Impossibles adieux

Gyeongha, la narratrice, hantée par des cauchemars récurrents et accablée de migraines invalidantes, incapable d’écrire, est sur le point de renoncer à la vie lorsque son amie Inseon, ancienne collègue de travail, lui envoie un appel à l’aide par SMS. Hospitalisée d’urgence à Séoul, elle ne peut rentrer chez elle sur l’île de Jeju. Gyeongha, peut-elle se rendre à son domicile où Ama, son perroquet blanc, risque de mourir si personne ne vient le nourrir. Se sentant responsable de l’accident d’Inseon, Gyeongha prend aussitôt l’avion, en pleine tempête de neige, pour sauver Ama. La nuit même, réunies comme par enchantement dans la maison d’Iseon, en plein blizzard, sans eau ni électricité, le temps que dure la flamme d’une bougie, les deux amies s’enfoncent dans le passé de Jeju.

La neige est omniprésente dans ce roman hallucinant et hallucinatoire. Elle hante chaque page, modifie les perceptions, rend aveugle à l’inessentiel et souligne ce qui a été oublié et refuse de l’être. Il est en effet ici question de mémoire : le souvenir traumatique d’un passé sanglant que la Corée du sud plongée dans plusieurs années de dictature a oublié jusqu’à une période récente. Il s’agit en particulier des exécutions arbitraires et massives commises sur l’île de Jeju par la police et l’armée aux ordres du gouvernement nationaliste de Syngman Rhee entre 1948 et 1950. Des centaines de personnes soupçonnées de sympathie communiste furent également arrêtées et envoyées en prison sur le continent. La plupart ne sont jamais revenus. Han Kang fait de ces évènements tragiques la matrice de son livre. Elle les reconstitue pièce par pièce à travers les rêves de Gyeongha, hantée par des visions récurrentes de morts, sous la forme de tronc noir se détachant sur le blanc de la neige et d’ossements sans sépulture submergés par les flots, et les souvenirs d’Iseon, hérités de sa mère et de son père. Ceux-ci ont survécu aux massacres perpétrés sur l’île mais l’oubli est impossible.

Dans ce roman, Han Kang rend justice aux milliers de morts restés sans sépulture et à leur famille qui ont attendu pendant des années que l’état les autorise à rechercher les corps disparus de leurs proches. Impossibles adieux car est-il possible d’oublier ce qui a été enfoui au plus profond de la mémoire collective ?

Un roman poignant dont il est difficile de se détacher.



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Impossibles adieux

Ce récit de la coréenne Han Kang vacille constamment entre le réel et le fantastique, sème le trouble dans nos perceptions, nos impressions, nos certitudes. Si l'on croit lire d'abord une histoire d'amitié qui conduit la narratrice Gyeongha sur l'île de Jeju, dans une mission de sauvetage de l'oiseau blanc de son amie, on se retrouve soudain entourés des fantômes du massacre advenu sur cette même île dans les années 1948-1949, résurgences des souvenirs de familles massacrées et traumatisées.



Comme Gyeongha lorsqu'elle tente de rejoindre la maison de son amie, j'ai eu envie de me perdre, de me laisser ensevelir par ce récit onirique et mélancolique, qui invite autant à la contemplation de la nature qu'à celle des cicatrices toujours vives que le passé traumatique de l'histoire coréenne a laissé dans la mémoire collective. Mais j'y ai finalement trouvé mon chemin vers une œuvre unique et marquante, qui a creusé un sillon durable dans mon imaginaire, enneigé et solitaire.



La voix de Han Kang m'a profondément touchée.



Une envoûtante lecture que j'ai adorée!
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