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Critiques de Harald Welzer (15)
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Grand-père n'était pas un nazi

Harald Welzer et son équipe de sociologues de l’université de Hanovre étudient depuis vingt ans la transmission de la conscience historique en Allemagne. À l’occasion de la publication de "Soldats", un décryptage des récits des soldats allemands durant leur captivité, Gallimard propose la traduction d’une étude rédigée au tournant du siècle sur la transmission du souvenir du nazisme et de la Shoah dans les familles allemandes.

À partir de 182 entretiens, collectifs puis individuels, réalisés auprès de 40 familles plurigénérationnelles, en Allemagne de l’Ouest comme en Allemagne de l’Est, les auteurs tirent deux enseignements.

Le premier est surprenant. La génération des témoins ne montre pas de réticence à se remémorer son histoire. Ce résultat contredit le mythe cultivé par la génération des enfants, qui, dans les années 1960 ou 1970, ont reproché à leurs parents de s’être cloîtrés dans un silence hypocrite. Ce résultat doit toutefois être relativisé. Il tient, d’une part, à la constitution de l’échantillon des enquêteurs qui, par construction, n’inclut que des familles disposées à discuter collectivement de leur passé. Il tient, d’autre part, à l’époque à laquelle ces entretiens ont été réalisés : au crépuscule de leurs vies, les témoins montrent peut-être moins de réticences à narrer un passé qu’ils imaginent, à tort ou à raison, frappé de prescription.

Le second est choquant. Que les témoins édulcorent leurs souvenirs est de bonne guerre. Ils prennent la posture de victimes : victimes du régime policier nazi, du service militaire, de la dureté des combats, des bombardements alliés, des camps de captivité, des exactions des Russes, etc. Il est plus choquant en revanche que leurs enfants et plus encore leurs petits-enfants ne remettent pas en cause ces témoignages. Pour eux « grand-père n’était pas un nazi ». Pourtant, la génération des grands-parents évoque parfois, fût-ce à mots couverts, des arrestations, des exécutions, auxquelles ils ont assisté sinon collaboré. Ces récits-là ne sont pas « entendus » par leurs descendants qui, au contraire, érigent en faits de résistance des actes anodins pour reconstruire l’image idéale d’un aïeul courageux voire héroïque. Par exemple, un petit-fils raconte que son grand-père a retourné son arme contre son commandant lorsque l’ordre lui a été donné d’exécuter des prisonniers, alors que son grand-père n’avait rien fait de tel. Autre exemple : une petite-fille affirme que sa grand-mère avait « aidé des Juifs durant la guerre », alors que la grand-mère s’était simplement abstenue de dénoncer des voisins.

Un hiatus infranchissable existe entre la mémoire collective, transmise par la culture publique du souvenir, qui ressasse à l’envi l’inhumanité du régime nazi et l’horreur absolue de la Shoah, et la mémoire familiale qui refuse de voir dans un débonnaire grand-père le complice de ces crimes. Cette dimension émotionnelle de la conscience historique révèle les limites de l’éducation scolaire. À l’école, à la télévision, dans tout l’espace public, la génération des enfants et des petits-enfants a été élevée dans le souvenir permanent des horreurs du nazisme. La réprobation du Troisième Reich est quasi-unanime dans la société allemande. Pour autant, elle coexiste paradoxalement avec un « album » familial romantique et enjolivé dans lequel le passé des aïeuls demeure irréprochable.

Il serait intéressant d’effectuer la même enquête en France. On aboutirait sans doute au même résultat désespérant, amplifié par le mythe résistancialiste véhiculé par le gaullisme : pour la génération des enfants et des petits-enfants, leurs grands-parents furent de courageux résistants ou, au pire, d’impuissantes victimes de l’Occupation, mais certainement pas d’odieux collaborationnistes.
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Grand-père n'était pas un nazi

En fait, il y a deux livres sortis récemment en France, le premier est intitulé Soldats- Combattre, tuer, mourir: procès-verbaux de récits de soldats allemands, comptes-rendus des écoutes de prisonniers de guerre allemands analysées par l'historien Sönke Neitzel et le psychosociologue Harald Welzer. J'en ai lu quelques extraits dans les critiques de ce livre , par exemple:

" Les chevaux me faisaient de la peine. Les gens, pas du tout », dit un lieutenant de la Luftwaffe qui a mitraillé un convoi de civils en Pologne. « Qu'est-ce qu'on s'est amusés », dit un sous-marinier racontant comment il a coulé un convoi transportant des enfants. « Rattata » est l'interjection utilisée par le caporal parachutiste Büsing pour expliquer comment sa compagnie, à l'aube, a assassiné au pistolet-mitrai­l­leur tout un village « près de Lisieux-Bayeux », en 1944."

Que dire, sinon qu'en lire plus ne me semblait pas utile.



Par contre Gallimard a fait paraître en même temps cet ouvrage sociologique qui date de 2002, et la mémoire familiale est un sujet qui me passionne.

A partir d'entretiens avec des familles qui comportaient toutes au départ des membres, à un titre ou un autre, du parti national socialiste, les chercheurs ont tenté de cerner ce qu'avaient retenu les générations suivantes .

C'est un ouvrage difficile à lire parce qu'un peu fastidieux et qu'il me serait quasi impossible de résumer.

De toute façon, c'est fait dans la quatrième de couverture au-dessus et dans le commentaire de Ygounin.



En gros, donc, plus on s'éloigne de l'individu d'origine, plus on assiste à des excuses ( s'ils l'ont fait, c'est parce que ils n'avaient pas le choix), un déni ( personne n'était de toute façon antisémite) ou même une " héroïsation" cumulative ( beaucoup de Juifs ont été cachés, nourris, non dénoncés, etc) afin de bien pouvoir extraire ses propres aïeux de la conscience historique et permettre ainsi de faire coexister pacifiquement le " mal" du pouvoir national- socialiste et le " bien" représenté par ses propres grands-parents et arrières grands-parents.

On est bien loin de la banalité du mal de Hannah Arendt, par contre la banalité du bien est de règle...

Et ceci d'autant plus qu'il s'agit d'individus éduqués dans la conscience historique, les commémorations et nourris de fictions mettant en spectacle cette période.Ce qui est plus surprenant.

A ce niveau, comme ce n'est pas du tout un ouvrage de psychologie et que les auteurs ne nous expliquent pas pourquoi il en est ainsi, j'aurais moi tendance à penser qu'après tout, ceci est très humain. Grand-Père n'a pas dû trop se vanter de certains actes , et les générations suivantes n'ont voulu retenir que ce qui leur convenait sans se poser plus amples questions?



Plus étonnante, enfin, pour moi, est la persistance de " clichés "liés la plupart du temps aussi pour les jeunes générations , à toutes les images qu'ils ont vues : le Russe est un violeur, l'américain est toujours sympa, le Juif est toujours riche à millions ( et donc aurait dû pouvoir partir...) et le petit fils interrogé? Et bien, écoutons un jeune homme né en 76:

" Parce qu'ici , je n'ai pu voir que ça dans les films , l'enthousiasme des gens, c'était tout de même la classe, la manière dont ils ont fait ça! Comme ils criaient tous: Heil Hitler, ou Sieg Heil! Et cet enthousiasme des gens, c'est ce qui est fascinant d'une certaine manière, la force qu'avait ce peuple à ce moment -là. Parce qu'ils ont tous eu peur de nous! "



Que l'on n' accepte pas que son grand-père ait pu être un nazi, pourquoi pas. Mais qu'on en arrive à souhaiter qu'il l'ait été, et, finalement, en être très fier, c'est peut être un petit peu plus inquiétant?



Je pense aussi que la même enquête menée en France aurait les mêmes résultats. Il est bien connu que tous les Français étaient des résistants de première heure.. Le secret de famille sur ces questions délicates règne partout. Par contre, je ne suis pas certaine ( enfin, j'espère naïvement) qu'il n'y aurait pas en France de jeune ayant souhaité avoir un grand-père collabo? Mais ,en fait, il me semble après avoir lu certaines réponses des jeunes générations allemandes , que c'est l'aspect fédérateur et triomphant qui alimente certains fantasmes. Ces aspects ne me semblent pas avoir existé en France, où c'était plus... retors!

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Les exécuteurs. Des hommes normaux aux meurtr..

Loin d’être des fous furieux dévorés par des pulsions bestiales, l’écrasante majorité des exterminateurs nazis s’avéraient, à l’origine, des gens ordinaires. A posteriori, ils comprendront à peine que l’on puisse leur reprocher quoi que ce soit.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les donneurs d’ordres reconnaissaient eux-mêmes combien l’élimination consciencieuse d’une multitude d’innocents, dans les camps, au bord d’une fosse, par le gaz ou par les armes, pouvait sembler difficile. Aussi le refus d’obéir n’était pas suivi de représailles. Pourtant, quasiment personne n’usa de cette tolérance : plutôt se prêter au carnage que se soustraire à un projet de société accepté par la majorité, et exigeant la disparition pure et simple des indésirables. Ainsi, de bons pères de famille, prenant sciemment « la décision d’obéir », apprenaient-ils à dispenser leurs rafales de mitraillette comme un travail à la chaîne, avec une expertise croissante. L’hostilité à l’égard des victimes n’était pas nécessaire : pire, elle était signe d’amateurisme. « Je ne tire pas plus qu’il ne faut », écrivait à ses enfants un exécuteur rompu à la liquidation de civils. Harald Welzer rapporte de nombreux témoignages de bourreaux à la conscience tranquille, principalement dans le contexte nazi mais également lors de conflits plus récents comme le Viêtnam, le Rwanda, ou l’ex-Yougoslavie. Il les passe au crible de la psychologie sociale de Solomon Asch et Stanley Milgram, qui se sont intéressés à la cruauté accomplie par soumission à l’autorité et aux mécanismes abolissant le sentiment de responsabilité personnelle. En l’occurrence, inutile de recourir aux grands moyens pour transformer Monsieur tout-le-monde en monstre : il suffit de redéfinir progressivement l’identité du groupe à préserver, et celle du groupe à exclure, dans un édifice en apparence rationnel, logique, accepté collectivement comme une nouvelle réalité. Ensuite, comme le rappelle l’intitulé du dernier chapitre, « tout est possible »…

Jean-François Marmion (Sciences Humaines.com)
Lien : http://www.scienceshumaines...
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Grand-père n'était pas un nazi

La construction d’une mémoire falsificatrice et négationniste



« Le projet de recherche « Transmission de la conscience historique », dont les résultats sont présentés dans ce volume, était consacré à la manière dont on parlait, dans les familles allemandes, de l’époque nazie et de la Shoah, et aux images et représentations du « Troisième reich » qui étaient transmises dans les discussions entre générations ».



Sabine Moller, Karoline Tschuggnall, Harald Welzer soulignent, dans leur avertissement, que les images du passé national-socialiste transmises dans les familles diffèrent de celles présentées à l’école, que la souffrance de proches recouvrent les autres éléments de cette période, que la transmission se fait sous forme de certitude et non de savoir, que « contre toute attente, le souvenir de la Shoah n’a pratiquement pas de place dans la mémoire des familles allemandes », que la signification des processus émotionnels de restitution de l’histoire a « clairement été sous-estimée ».



Les autrices et l’auteur abordent le passé dans les débats intergénérationnels, les écarts entre « le savoir cognitif de l’histoire et les représentations émotionnelles du passé », l’attribution d’un rôle aux grand-parents permettant qu’ils soient exclus de ce qui est inventorié, la naturalisation du « bon vieux temps », les modifications d’une génération à l’autre, « des antisémites se transforment en résistants et des fonctionnaires de la Gestapo prennent un statut de protecteur des Juifs », la proximité de la « mémoire communicationnelle » avec le quotidien, « C’est une memoire vivante dont les critères de vérité sont focalisés sur la loyauté collective au groupe et sur l’identité collective ».



Ce qui ce joue ici n’est pas une absence de savoirs ou de connaissances, « Paradoxalement, il semble que ce soit justement la réussite de l’information et de l’éducation sur les crimes du passé qui inspire aux enfants et petits-enfants le besoin de donner à leurs parents et leurs grands-parents, au sein de l’univers horrifique du national-socialisme, une place telle qu’aucun éclat de cette atrocité ne rejaillisse sur eux ». S’ajoute à cela « la conviction que les allemands étaient des victimes », la transmission particulière des clichés antisémites…



Je souligne les analyses sur la construction de la mémoire familiale, les remodelages des histoires « parce que chacun les connaît déjà », la fiction d’« une histoire familiale canonisée », le processus d’ « héroïsation » des grands-parents, la construction retrospective d’une homogénéité, les processus d’« appropriation active des événements racontés dans le dialogue », les vides construits, « on ne dit pas ici de quels enfants il s’agissait ni qui les assassinait », les spectateurs impuissants sans aucun bourreau, la double structure « composée de savoir et d’ignorance », l’anecdotique et le fatidique, les ascendants comme « des personnalités dont l’intégrité morale ne s’est jamais démentie », l’invention d’une résistance discrète, l’évacuation du conflit et du soupçon, la conviction qu’« il est impossible de juger avec le regard de notre époque les actes accomplis dans les conditions totalitaires », la mémoire comme synthèse d’expériences diverses, « ce processus établit la cohésion transgénérationnelle et suprahistorique du groupe s’exprimant à la première personne du pluriel, et, pour produire ce contexte, tous les protagonistes ont besoin de ces petits ou grands arrangements du vécu qui se reproduisent dans notre matériau sous des formes tellement diverses », la construction des subjectivités et l’exclusion des proches des faits et lieux des crimes « plus le savoir historique est fondé, plus on ressent la nécessité subjective de protéger sa propre famille contre ce savoir »…



Sabine Moller, Karoline Tschuggnall, Harald Welzer insistent, entre autres, sur la construction de personnages « où l’antinazisme est dominant », la disparition de la conscience historique des populations allemandes du national-socialisme comme « élément historique et politique », l’extraction des proches des images des génocides et des crimes contre l’humanité, les exigences sociales de la confection commune du passé…



Les autrices et l’auteur analysent les histoires de souffrance, la construction des héros dans la transmission, les inversions des rôles historiques « de criminels et de victimes », les « passe-partout », la généralisation de souffrances « à toutes les phases du passé », les effets durables et en profondeur « de la propagande nationale-socialiste sur le « sous-homme bolcheviste » », l’exportation d’exemples tirés du contexte de la guerre et des génocides « dans une histoire de persécution dans laquelle les allemands sont les victimes », l’iconisation des prisonniers de guerre allemands, le rôle du cinéma et des images dans le façonnage des souvenirs, l’attribution aux grand-pères de comportements de résistants « en fonction des modèles d’expérience, d’interprétation et de maitrise disponibles au niveau social », le mythe du simple soldat, les cadres de références collectifs du souvenir, les phrases formulées comme des convictions et non comme des souvenirs, les amis et les ennemis, les « Juifs » et les « Allemands », l’oubli des discriminations raciales, la non considération des Juifs comme des Allemands, les « ils » ou les « autres » pour parler des nazis, « De génération en génération, l’image devient plus univoque, « les nazis » se transforment peu à peu en « autres », et la distance de leurs propres aïeux à l’égard des événements survenus sous le « Troisième reich » ne cesse d’augmenter », l’extension des groupes de victimes, les paroles creuses et les euphémisations, le « parce qu’on n’en savait strictement rien ».



Je souligne : « Ce qui est plus effrayant, en revanche, c’est le topos du « riche juif », qui est teinté d’antisémitisme et ne s’arrête pas aux limites des générations, et le modèle d’interprétation selon lequel « Juifs » et « Allemands constituent dans tous les cas deux groupes de personnes différents, ce que l’on peut interpréter comme une victoire posthume de la politique nationale-socialiste de persécution et d’extermination ».



Les autrices et l’auteur analysent les différences d’appréhension du national-socialisme en RDA et en RFA, la place de l’antifascime comme stratégie d’Etat en RDA, la notion d’antitotalitarisme en RFA, les points « sur lesquels « Allemands de l’est et de l’ouest du pays se distinguent clairement les uns des autres lorsqu’ils parlent, aujourd’hui, du passé national-socialiste », les désynchronisations des souvenirs, le « double passé », la place ou le silence sur les crimes soviétiques, les tabous et l’organisation sociale de l’oubli, les camps spéciaux soviétiques en Allemagne…



J’ai notamment été intéressé par le chapitre « Se souvenir et transmettre. Contours d’une théorie de la transmission communicative ». Sabine Moller, Karoline Tschuggnall, Harald Welzer parlent, entre autres, de souvenir social, de souvenirs de souvenirs, « le souvenir est toujours à la fois l’événement et le souvenir de son souvenir », d’unité fictive, de « contrat de fiction implicite de la mémoire commune », de « première personne au pluriel », de visualisation « des récits par l’imaginaire », d’homogénéité fictive de la mémoire familiale, du besoin de construire un passé au sein « duquel leurs propres parents interviennent dans des rôles qui n’ont rien à voir avec les crimes » en dépit de l’évidence, la mise en accessoire de la destruction des Juifs d’Europe, « le passé des Juifs allemands exterminés apparaît uniquement, dans les familles allemandes non juives, sous forme d’histoire de leur disparition, pas même comme histoire des morts, et encore moins comme une histoire vivante », les processus permanents de revitalisation mémorielle.



En postface à la seconde édition, les autrices et l’auteur reviennent sur certains points déjà soulignés dans une forme plus incisive :



« l’information sur les crimes nazis et la Shoah a pour effet paradoxal de transformer ses propres parents ou grands-parents en adversaire du régime, en personnes ayant apporté leur secours à des Juifs, voire en résistants explicites »



« les membres des familles allemandes considèrent qu’il n’y a pratiquement pas eu de nazis chez eux »



« Quels que soient les responsables de la Shoah, quels qu’aient été les criminels de la guerre d’extermination, du sytème du travail forcé et des camps, une chose semble claire aux yeux de toutes les citoyennes et de tous les citoyens allemands : Grand-Père n’était pas un nazi ! ».



L’incapacité à regarder des proches pour ce qu’iels sont, l’exemption des parent·es de la critique politique, l’effet d’une « loyauté » in-interrogeable, en disent long sur les contraintes sociales engendrées par la famille et l’idéologie de l’amour familial ou parental. A l’encontre des aveuglements, plus ou moins volontaires, il faut souligner que les assassins sont aussi parmi nos proches, que des grand-pères furent, ici, des nazi, des criminels. Et si « nous » ne pouvons être tenu·es en responsabilité de leurs exactions et du passé, « nous » sommes bien responsables de nos silences, de nos travestissements, de nos mensonges…
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Grand-père n'était pas un nazi

Cette étude donne à saisir les ressorts intimes pour expliquer l'inexplicable. Elle donne à voir les stratagèmes mis en place pour surmonter la catastrophe, ne pas crouler sous le poids de la culpabilité en s'appuyant sur l'idée qu' "Allemands et nazis étaient deux groupes de personnes totalement différentes" qui ne se sont mélangés que lorsque ceux-ci devenaient des "nazis forcés".
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Grand-père n'était pas un nazi

Ce livre est une étude sur ce que les jeunes allemands, nés longtemps après la guerre, savent de celle-ci , de la Shoah et du rôle de leurs grands-parents . Comment la mémoire de ces événements a-t-elle était transmise dans la famille ? Aux enfants et petits-enfants ?

Les auteurs ont menés cent quarante deux interviews et quarante entretiens familiaux desquels il ressort que la mémoire familiale ne garde pas la trace des assassinats alors même qu'ils ont été racontés à plusieurs reprises par le grand-père. Les enfants et petits-enfants affirment tous que le national-socialisme est un système criminel et la Shoah un crime hors norme. Il apparaît que plus les connaissances sur cette période sont importantes, plus il est important de conserver l'intégrité morale des parents et grands-parents car ceux-ci doivent apparaître comme ayant été de bons allemands.

Les auteurs ont passé au crible chaque interview de manière à mettre en évidence les petits changements sémantiques, de vocabulaire … qui modifient radicalement le sens du souvenir.

Ce livre est difficile et ardu, dense mais très intéressant car il démontre de manière très rigoureuse et sans aucun parti pris les distorsions opérées de manière inconsciente par la mémoire familiale.
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Les guerres du climat. Pourquoi on tue au X..

Sous-titré « Pourquoi on tue au XXIème siècle ? », cet essai magistral qui tire les leçons du passé (colonisation, surexploitation des ressources naturelles) pour tenter une projection dans l'avenir n'a rien de réjouissant. Devant l'inconscience et l'avidité de l'homme, la planète n'en peut mais. L'eau, les matières premières, les énergies fossiles et jusqu'au sol lui-même n'étant pas inépuisables, l'humanité court à la catastrophe. D'autant plus que les pays émergents (Chine, Inde, Brésil) exigeant leur part du gâteau, n'entendent pas se soumettre à quelques restrictions que ce soit. Le « réchauffement climatique », prudemment retoqué en « dérèglement climatique » et la surpopulation entraîneront de plus en plus de conflits, ce qui se conçoit aisément. Le dos au mur et menacé de mort, un peuple ne peut faire autrement que de lutter pour sa survie les armes à la main. De plus, l'Europe et les Etats-Unis devront subir des migrations humaines massives et d'une ampleur encore jamais vue. Aux réfugiés politiques ou économiques s'ajouteront les cohortes innombrables des réfugiés climatiques.

On peut faire quelques reproches à cet essai journalistico-universitaire comme une certaine aridité stylistique ou un manque de recul par rapport à certaines idées du moment, mais pas celui du sérieux de la documentation, ni celui de la justesse des analyses et encore moins celui de l'honnêteté intellectuelle. Welzer étaie historiquement son propos en remontant à l'époque de l'expansionnisme européen et même à la philosophie des Lumières (pour leur idolâtrie du « progrès ») et s'appuie sur des faits aussi réels que monstrueux comme le génocide rwandais pour lequel l'aspect ethnique semble secondaire ou le conflit du Darfour, selon lui première guerre climatique de l'Histoire sans évoquer les problèmes religieux sous-jacents. A la fin du livre, il envisage deux scénarios d'évolution possible : d'abord une évolution vertueuse (les peuples acceptent de passer à la décroissance et à une gestion raisonnée de la planète, puis le « continuer comme d'habitude » avec le chaos à la clé en ne cachant pas que cette seconde alternative lui semble beaucoup plus probable. Un livre important, fort intéressant dans la mesure où il apporte une caution « scientifique » à la vision prophétique du « Camp des Saints » de Jean Raspail.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Penser par soi-même : Guide de résistance

Par quels mécanismes psychologiques la société et les individus parviennent-ils à occulter la catastrophe écologique ? Comment parvenons-nous à justifier notre léthargie, à nous trouver des excuses pour ne pas agir dans un monde en proie à la destruction ? L’ouvrage de Harald Welzer, volontiers rentre-dedans, analyse finement les ressorts psychologiques de notre passivité et nous exhorte à sortir de notre zone de confort, et à agir de manière écologique à notre échelle.

[...] Interrogeons-nous sur les choses du quotidien, posons un regard nouveau sur chaque geste, et demandons-nous : est-ce viable ? est-ce écologique ? comment faire autrement ?

[...] Certes, il faut sortir de sa zone de confort, changer ses habitudes, assumer sa différence ; car comme Harald Welzer le souligne, être différent·e de la norme sociale demande sans cesse de se justifier. Il s’appuie sur l’exemple du végéta*isme : puisqu’il va à l’encontre de normes sociales très ancrées, il demande une certaine forme de courage et de résistance. Pourtant, cet acte quotidien est le plus écologique qui soit.

Selon les recherches de Harald Welzer, il faut seulement 3 à 5 % de la population pour commencer un changement sociétal durable et profond : alors, vous en êtes ?

L'article entier sur Bibliolingus :

http://www.bibliolingus.fr/penser-par-soi-meme-harald-welzer-a128873976
Lien : http://www.bibliolingus.fr/p..
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Soldat. Combattre, tuer, mourir : Procès-verb..

Le livre passionnant de Sönke Neitzel et Harald Welzer prolonge l'entreprise de dévoilement en s'appuyant sur les milliers de pages de transcription des bavardages entre soldats allemands faits prisonniers par les Britanniques, que ceux-ci enregistraient secrètement.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Grand-père n'était pas un nazi

Un livre à la fois captivant et capital.
Lien : http://www.books.fr/en-libra..
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Soldat. Combattre, tuer, mourir : Procès-verb..

Le livre Soldats frappe d'abord "par la franchise avec laquelle [les soldats] parlaient du combat, de la mort donnée et de la mort reçue". Cette étude s'appuie sur une source brute, des conversations retranscrites, touchant à l'intime des combattants, et prétend restituer une image à la fois violente et tragique de la guerre nazie vue du côté des combattants allemands.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Soldat. Combattre, tuer, mourir : Procès-verb..

Les Alliés ont enregistré à leur insu des prisonniers de guerre allemands. Accablant.


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Grand-père n'était pas un nazi

L'essai "Grand-père n'était pas un nazi" explore la manière dont on parle de l'époque nazie et de la Shoah au sein des familles allemandes. Sidérant.


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Soldat. Combattre, tuer, mourir : Procès-verb..

Nous ne pouvons évidemment pas rapporter ici la finesse de leurs analyses, la richesse des extraits des procès-verbaux reproduits, la diversité des situations et des motivations qui ont fait que des hommes ont tué, torturé ...
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Soldat. Combattre, tuer, mourir : Procès-verb..

Fondé sur le récit de prisonniers allemands, «Soldats» minimise le rôle de l’idéologie nazie dans les atrocités de l’armée
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