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Critiques de Helena Janeczek (13)
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La fille au Leica

Lu tant en version originale que dans sa traduction française.



Etant toujours passionné par l'histoire. Sachant que Gerda Taro, l'héroïne de cette histoire était décédée en Espagne durant la guerre d'Espagne, et la sachant compagne de Robert Capa, photographe que j'apprécie, j'ai décidé de lire ce livre.



J'ai bien failli en abandonner la lecture tant celle-ci m'a parue difficile, le livre me paraissait au début très confus...



Cette impression est liée à la structure même du récit : ici, il n'y a pas une ligne claire, avec un début et une fin, l'auteure nous parle de Gerda morte puis de Gerda vive, de Gerda amoureuse et de Gerda qui trahit, l'on saute de ses années à Leipzig vers celles de Paris, de Barcelone puis on y revient...

Cela n'a rien d'une biographie traditionnelle !

Il n'y a ici pas de temporalité !



La fille au Leica est Gerda Taro, Allemande anti-fasciste qui émigrera à Paris pour fuir le nazisme, fera la connaissance de Robert Capa (dont elle inventera le pseudonyme) et mourra écrasée par un char d'assaut à Barcelone durant la guerre d'Espagne.

Cette femme, je ne la connaissait pas, et je l'ai découverte à travers ce récit ; elle fut pourtant très connue à l'époque - se funérailles à Paris ont été suivies par des milliers de personnes. Son rôle majeur dans l'histoire de la photographie est apparu plus tard lors de la découverte de la "valise mexicaine" contenant nombre de ses négatifs.



Son histoire, l'auteure nous la fait revivre de façon originale : un prologue et un épilogue basé sur quelques photos et entre ceux-ci, les souvenirs de trois personnes qui l'ont bien connue, deux hommes qui en ont été amoureux et une femme qui a vécu avec elle : Willy Chardack, Georg Kuritzkes et Ruth Cerf ; ces souvenirs sont ceux de personnes d'âge mur qui revivent des moments de leur jeunesse, souvenirs entrecoupés de pensées ou de préoccupations contemporaines.

La perception qu'ils ont du personnage de Gerda n'est pas la même, la différence la plus fondamentale à mon avis tient à la vision de Ruth qui n'a pas comme les deux autres été amoureuse d'elle.

Ces trois personnages sont intéressants, je ne les connaissais pas et cela m'a donné envie de chercher à en savoir davantage sur eux sur Internet. Ils nous font revivre eux-aussi d'autres personnages.



Au final, nous avons un portrait de Gerda Taro dessiné avec des pinceaux différents,, un portrait d'une femme libre, d'une femme en avance sur son temps, d'une femme indépendante, décidée et courageuse.



Une femme que j'aurais aimé connaître...
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La fille au Leica

Ouvrage réservé et emprunté à la médiathèque -avril 2019...



"Une photographe est morte, alors qu'elle était venue de loin pour immortaliser la lutte du peuple espagnol : un exemple de valeur tel que le général Enrique Lister s'est incliné devant son cercueil et que le poète Rafael Alberti a dédié les paroles les plus solennelles à la camarade Gerda Taro. "(prologue p. 15)



On connaît quasiment tous...le reporter-photographe, Robert Capa... Ce qu'on sait moins c'est que son vrai nom est André Friedmann et que son nom d'artiste fut choisi par sa compagne,Gerta Taro, exilée à Paris, après avoir été arrêtée en 1933 à Leipzig pour ses activités antinazies...



Helena Janeczek a choisi un astucieux moyen narratif : nous découvrons

la courte existence de cette photographe engagée, à travers le récit de trois

témoins qui ont connu et accompagné la vie et les passions de Gerda Taro

[ de son vrai nom, Gerta Pohorylle ]. Elle fut la première photojournaliste,

et surtout et malheureusement la première reporter de guerre, tuée lors

de ses fonctions !



Heureuse d'avoir découvert l'existence de cette photographe... et d'avoir

parallèlement re-parcouru le "chemin artistique" de son compagnon, Robert Capa ! Toutefois, je ne peux expliquer mes difficultés à rentrer vraiment dans le récit: la forme, le style, la traduction; je ne sais pas... ou ce n'était pas vraiment le moment de faire cette lecture ?!!



C'est juste une appréciation des plus subjectives car cet ouvrage est de

qualité et met à l'honneur une "héroïne" pleine de talent , vivant à fond

ses engagements et ses convictions....



"Et puis cette étrangère qui-tu le comprenais tout de suite- avait été une

senorita aux mains délicates et qui aurait pu rester à Paris pour immortaliser les actrices et les mannequins les plus élégants alors qu'elle est venue les photographier , elles qui apprenaient à tirer sur la plage. En plus, elle les admirait, on aurait presque dit qu'elle les enviait un peu. Et maintenant elle est morte en soldat pendant qu'elles s'éreintent à l'usine, puis se démènent pour chercher à manger, mais elles sont toujours vivantes. Ce n'est pas juste. Qu'ils crèvent en enfer, les fascistes . "(Prologue, p. 17)



*****voir excellent article sur cette artiste-photographe:

https://culture-formations.fr/gerda-taro-photoreporter/

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La fille au Leica

Voilà un beau thème pour un livre : la vie de Gerda Taro, juive allemande, fuyant l'Allemagne nazie, se réfugiant en France où elle se familiarisera avec l'art photographique, femme libre et engagée, devenant la compagne de Robert Capa (et d'autres), et couvrant la guerre d'Espagne où elle trouvera la mort.

Belle idée : la faire revivre à travers les regards croisés de trois de ses amis.

Mais je défie quiconque ne connaissant pas sa vie, même en étant familier de cette époque, de comprendre le livre. Les personnages apparaissent on ne sait comment, puis disparaissent, sont désignés sous un nom, puis sous un autre (à vous de vous débrouiller), tout cela est bien confus.

Quant au style, j'enrage d'avoir souvent eu à lire deux ou trois fois la même phrase avant d'en saisir le sens. Est-ce la faute de l'auteur ? de la traductrice ? de moi ? Je ne sais

Malgré quelques très beaux moments, j'ai refermé le livre, bien frustré d'avoir pris si peu de plaisir avec un si beau sujet.
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La fille au Leica

Paris, années 1930.

Gerda Pohorylle, émigrée juive allemande, venant de Leipzig, découvre la photographie comme mode de subsistance et moyen de lutte contre le fascisme. Elle prend le nom de Gerda Taro. Elle a rencontré André Friedmann, émigré juif hongrois, qui deviendra une des stars du photo-reportage mondial sous le nom de Robert Capa. C'est le fondateur de l'agence Magnum.

Nous découvrons Gerda à travers trois témoignages: ceux de Willy, Ruth et Georg. Ils ont partagé des moments de la vie de Gerda, surtout à Paris, et pour Georg aussi à Naples. Les trois témoignages sont encadrés par un prologue fondé sur deux photos d'un couple, l'une prise par Gerda, l'autre par Robert, et par un épilogue à partir de deux photos de Gerda et Robert.

Une belle construction littéraire et un récit riche. On y découvre le milieu antifasciste parisien, international et communiste souvent. Mais surtout une personnalité libre. Gerda se comporte librement vis-à-vis des pouvoirs, dans tous les milieux, ou avec les hommes. Par les aperçus qu'en donnent les témoins, on perçoit une femme d'une exceptionnelle intelligence des situations dans lesquelles elle se trouve, que ce soit dans les quartiers populaires de Naples ou sur les fronts de la guerre d'Espagne.

Le livre nous apprend aussi une foule de choses concrètes sur ces années qui ont précédé la grande catastrophe (elle avait déjà commencé en Espagne).

Willy et Georg livrent leurs témoignages en 1960. Les réflexions de Georg, médecin allemand travaillant à Rome pour la FAO, ancien résistant et ancien membre des Brigades internationales, sont passionnantes aussi.

Mais curieusement ce livre ne suscite pas une grande empathie pour les personnages, plutôt un intérêt distancié pour leur destin hors du commun. Le style est sans doute trop elliptique pour que l'auteure nous emmène dans leur sillage.



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La fille au Leica

Née à Munich, Helena Janezeck est une romancière italienne dont la mère est une rescapée des camps. Pour La Fille au Leica, elle a reçu en 2018 le prix Strega, aussi prestigieux en Italie que le Goncourt l'est en France.



Le nombre de personnages auxquels l'auteur fait allusion tantôt par leur nom, leur prénom, leur surnom ou leur pseudonyme ne facilite pas la prise de contact avec cette histoire compliquée… le lecteur comprend que certains des protagonistes sont des gens célèbres, mais ne les connaît pas forcément. Pour ma part, j'ai dû faire de petites recherches avant de m'y retrouver !



Le prologue et l'épilogue se répondent. Dans le premier, trois photos prises par Capa et Taro sont décrites par un narrateur convoquant un « tu » qui n'est pas explicité. L'épilogue commente de la même manière deux photos où apparaît le couple Capa et Taro, ainsi que quelques autres images. Mais surtout, il raconte en partie l'histoire de la « valise espagnole » qui a permis de connaître et de mettre enfin en valeur le travail de photographe de Gerda Taro.



Le roman – il s'agit bien d'un roman, pas d'une biographie – raconte la brève histoire de Gerta Pohorylle (Gerda Taro), talentueuse photographe morte à 27 ans, dans un bête accident pendant la guerre civile espagnole, à travers les récits de trois proches témoins. le premier, Willy Chardack (I. Willy Chardack, Buffalo, N.Y., 1960, p. 21) dit le Basset, très amoureux de la jeune femme qui le considère comme un copain, est connu à l'époque de son récit parce qu'il a participé à « l'invention d'un petit moteur pour le coeur » ; mais au milieu des années 30, c'est un étudiant en médecine qui a fui son pays natal pour se réfugier à Paris parce qu'il est juif, comme l'ont fait beaucoup des personnages de cette histoire alors que les persécutions s'intensifient dans plusieurs pays d'Europe. le deuxième témoin (II. Ruth Cerf, Paris, 1938, p. 117), qui pose de temps en temps comme modèle, raconte son amitié et ses brouilles avec Gerda Taro, son admiration tempérée de pointes de jalousie et de jugements moraux, leur cohabitation, etc. C'est le seul des trois récits qui se déroule peu après la mort de Gerda. le troisième témoin (III. Georg Kuritzkes, Rome, 1960, p. 217), l'ami fidèle, l'amant prévenant et généreux, est probablement celui qui connaît le mieux Gerda Taro : il a fréquenté la jeune femme et sa famille avant l'exil et on comprend que c'est lui qui a forgé sa conscience politique de gauche. Il rejoindra les Brigades internationales et rencontrera brièvement Gerda près de la zone des combats.



On croisera au cours des trois récits divers personnages connus ou moins connus. le plus célèbre est sans doute Endre Ernö Friedmann, autrement dit Robert Capa, alias Bandi, talentueux photographe, dont tout le monde a vu le cliché du soldat républicain qui vient d'être frappé par une balle et qui commence à s'écrouler, compagnon de Gerda, son mentor pour ce qui concerne la photographie. Citons encore le photographe David Szymin, alias Chim, alias David Seymour, cofondateur de l'agence Magnum ; sans oublier Fred Stein, photographe lui aussi, qui prête aux autres sa salle de bains transformée en chambre noire. On apercevra aussi Hemingway, Steinbeck, Willy Brandt, Pablo Neruda, Nizan, Aragon et quelques autres… le livre se clôt par des remerciements et les crédits photographiques.



Les trois récits adoptent le même schéma, si j'ose dire : une sorte de fouillis temporel. On suit les pensées du personnage-témoin comme elles viennent, c'est à dire sans adopter une ligne cohérente, au gré des souvenirs et de l'enchaînement des idées : sauts dans le temps, sauts d'un personnage à l'autre, d'un lieu à un autre, etc. Bref, il faut s'abandonner à ce chaos sans chercher à reconstituer la ligne du temps sous peine de se lasser. Par ailleurs, les contradictions entre les témoins se font jour au fil de la lecture. le point sur lequel tous semblent d'accord, c'est le pouvoir de séduction de Gerda, dû à son charme, à sa beauté, à son intelligence et à sa vitalité.



La force du roman, me semble-t-il, c'est de nous faire découvrir Gerda par petites touches, parfois contradictoires, et par les yeux d'autres témoins que Robert Capa. On se rend pourtant compte, une fois le livre refermé, que l'on sait finalement fort peu de choses sur cette photographe. Qui la connaissait le mieux ? Je me dis que c'est en couple que Capa et Taro sont le plus attachants : amoureux, sûrs d'obtenir un jour le succès, déterminés à faire connaître les exactions des fascistes pour « forcer le monde libre à intervenir ». L'ambiance du Paris d'avant-guerre, l'antisémitisme latent ou manifeste, l'enthousiasme de tous ces jeunes gens malgré les difficultés qu'ils rencontrent et leur espoir en un monde plus juste m'ont particulièrement touchée.



J'ai été soulagée de lire ceci dans les remerciements : « Merci à ceux qui ont tenté de calmer ma frénésie de documentation, en me rappelant que j'écrivais un roman. » En effet, on se sent comme dans un documentaire dont l'auteur considère que vous avez en tête tous les éléments pour le comprendre alors que, en ce qui me concerne, c'était loin d'être le cas. Je me suis assez bien repérée dans les deux premiers récits, mais j'ai été complètement perdue dans le troisième malgré des notes de bas de pages plus fréquentes que dans les deux autres...



Merci à Babelio et à Actes Sud de m'avoir permis de découvrir ce roman.

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La fille au Leica

Un portrait de Gerda Taro, photographe de guerre morte la veille de ses 27 ans sur le front de Brunete pendant la guerre civile espagnole.



Portrait à travers le souvenir d'une amie et de deux amants qui l'ont côtoyée entre la fin des années 1920 et avant sa mort en 1937. Ces évocations à distance permettent de deviner par touches la personnalité de cette jeune femme d'origine allemande, juive, libre, amoureuse de la vie, engagée dans le photoreportage de guerre pour dénoncer les fascismes.



Le roman de Helena Janeczek dépeint aussi toute une époque marquée par la naissance de grands noms du photoreportage (David Seymour, Kati Holm, Robert Capa, ...) dans un contexte de totalitarismes naissants en Allemagne, en Italie, en Espagne.



Comme les protagonistes se remémorent des lieux, des rencontres, des personnes, en procédant par associations d'idées (un souvenir en déclenche un autre, vagabondage de l'esprit), la présence d'une connexion Internet à proximité pour contextualiser, documenter les faits annoncés, s'avère indispensable. Une lecture qui demande du temps, et qui n'est qu'une invitation à creuser les sources sur Gerda Taro.



Roman lu en sa traduction allemande.
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La fille au Leica

J'étais ravie de recevoir ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique mais malheureusement je ressors de cette lecture assez mitigée. Je ne connaissais pas Gerda Taro, la compagne de Robert Capa. Je pensais donc découvrir qui se cache derrière ses photos et les rares images d'elle. Mais ce livre, même s'il met en scène trois personnages qui l'ont connue, ne réussit pas à dresser un portrait "réaliste" de la jeune femme. Elle est en permanence dressée sur un piédestal, encensée ou encore plus fantasmée.

"La merveilleuse jeune fille de Stuttgart n'avait pas encore l'habitude de s'installer, assise en tailleur, sur le parquet de la mansarde de G.K" - ici ça va mais la suite "(avec la lumière qui tombait de la lucarne, elle ressortait encore mieux que sur les tapis poussiéreux de Dina (..))"

Ce roman donne la parole de ses proches. le premier était secrètement amoureux d'elle, jaloux de Capa, la seconde est sa meilleure amie mais jalouse du succès de Gerda auprès des hommes ..

Tout est exagéré chez elle, son rire, sa volupté, sa sensualité - mais le résultat sur moi lectrice : elle demeure un vrai mystère. Je n'arrive pas à passer derrière l'icône pour voir la femme, la jeune femme courageuse.



"Mais elle marchait à côté de lui avec cette démarche aérienne, libre de tourner au coin de la rue et de disparaître, tel un rêve, une chimère de grande classe" et cela sur la même page.



Mon autre bémol réside dans le style - je n'ai pas accroché.



Reste que le roman est une véritable source d'information sur l'impact de la guerre (la Seconde) sur la jeunesse allemande, en particulier la jeunesse juive ou communiste. Tous ceux qui s'opposaient à la politique du Reich, dès 1933 était arrêté, emprisonné, voire exécuté. Gerda a fui son pays pour la France, ses amis communistes rejoignent l'Espagne ou sont arrêtés en Allemagne. On apprend énormément sur cette période trouble, du côté allemand. Chose que l'on voit rarement dans un roman.

Pour moi, il s'agit plus ici d'un roman historique que la biographie de Gerda. Il peut trouver son public.
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La fille au Leica

Eclairé par les trois projecteurs que sont les yeux de trois personnes qui l’ont fréquentée, aimée, Gerda, la muse qui a porté Capa sur le piédestal où on le connait apparait dans toute sa complexe simplicité, une personne qui devait être aussi attachante qu’insupportable. Une héroïne romantique à une époque qui ne l’était pas. Une courte vie qui s’est terminée tragiquement du côté des Républicains espagnols qu’elle défendait avec son fameux Leica. Quiconque, qui à la fin du livre ne se pose pas la question : “Faut-il mieux mourir à vingt-cinq ans comme James Dean, à vingt-sept comme Gerda, à vingt et un comme Evariste Galois, à trente-quatre comme Anne-Marie Schwarzenbach ou à quatre-vingt au terme d’une vie banale et inutileˮ ne sait pas ce qu’est vivre. La réponse “quatre-vingt de vie créative et remplieˮ ne figure pas dans le questionnaire ! Magnifique biographie en complément de celle de François Maspero.
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La fille au Leica

La biographie romancée est, à mon sens, un genre périlleux qui, par son côté hybride, met mal à l'aise. Évidemment, l'écriture et le style peuvent tout changer, mais, hélas, ce n'est pas le cas ici.
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La fille au Leica

1965, Buffalo, Willy Chardack reçoit un appel de Georg Kuritzkes après 30 ans de silence.

1938, Paris, Ruth Cerf enquête auprès de ceux qui l'ont connue pour brosser son portrait, complété en 1960 par Georg Kuritzkes à Rome. Ces deux hommes furent amoureux d'elle, la journaliste fut sa meilleure amie .... Et elle, Gerda, qui était-elle ? Chaque narrateur, chaque témoin en connaît une facette, nous connaissons les faits essentiels de sa vie, nous pouvons voir ses photos, mais que savons-nous d'elle ? Née en 1910 à Stuttgart, Gerta Pohorylle est morte en Espagne en 37, écrasée par un char, et fut inhumée au Père Lachaise où Neruda et Aragon prononcèrent son éloge funèbre, devant sa tombe dessinée par Giacometti. Derrière cette courte notice de dictionnaire, une femme au destin exceptionnel, première femme reporter de guerre morte en exerçant son métier. A Paris pendant les années 30, elle réunit autour d'elle un groupe de jeunes exilés, dont le jeune Willy Brandt et un réfugié hongrois, André Friedmann. Elle partage sa vie et sa passion pour la photo et invente pour lui le personnage de Robert Capa, photographe américain, devenant Gerda Taro. Helena Janeczek construit son livre (son roman ?) en trois parties correspondant aux trois regards posés sur Gerda par Georg, Willy et Ruth . Mais chacune est ensuite composée de multiples voix et regards, donnant à voir un portrait kaléidoscopique du personnage. Le tout est enchâssé dans une reconstitution des années trente avec toute leur complexité, les débats politiques, philosophiques ou artistiques, les personnalités qui ont marqué l'époque. Un livre très riche donc, mais aussi complexe dans sa structure et ses multiples fils narratifs entremêlés; sa lecture en est donc plus exigeante qu'on ne l'imagine d'apres la quatrième de couverture. Mais quelle lecture passionnante ! Merci donc à masse critique et Actes Sud.



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Traverser les ténèbres

Que faire avec le passé si pesant de ses proches ? Que faire des expériences qui ne peuvent s’effacer pour les survivant-e-s des camps nazis ?



Celle de la mère « qui, avec deux sous en poche, s’est enfuie du ghetto en sachant qu’il allait être liquidé, en connaissant la signification de ces mots, en disant à sa propre mère « je m’en vais, je ne veux pas brûler dans les fours ! » celle-là, qui-est-ce ? »



Voyages dans les mots, dans l’espace et le temps. Confrontations avec les métastases, peu partageables, de survivant-e-s. Phrases sur l’histoire, histoire des mots entre une fille et une mère. Dire son ignorance de l’histoire de celles et ceux qui, ailleurs dans le temps et le lieu, auraient formé une famille.



L’installation en Allemagne au sortir de la guerre, être allemand-e-s, mais allemand-e-s un peu particulier-e au pays du droit du sang. Être mais vouloir préserver un écart, être mais ne pas se mélanger surtout pour une fille. Être sous forme de dressage, à la raison fantasque de se prémunir contre des dangers réels et imaginaires ; les passés envahissants le présent et le futur.



L’auteure fait sentir l’envahissement, « j’en savais long à cause de la terreur qui s’était infiltrée dans mes os ».



Après, longtemps après, en Italie, les relations bureaucratiques, une histoire de papiers, une histoire moderne autant qu’absurde, fait écho à cet être allemand-e sans l’être.



Des jeux de rôle. Des allers et retours entre fille et mère, des cris et des colères…



Des mots, des noms, vrais ou devenus authentiques. « Elle est persuadée de pouvoir arracher le masque, sûre que derrière un faux nom, il y a le vrai, et elle oublie qu’un faux nom est devenu son vrai nom ». Des noms, des langues pour dire maman « mamma et mammina, mame et mamele », « maminka et mameshi », « marka, matousia, matouchka, mamousia, mamouniou », yiddish, polonais…



Avoir la vie sauve. Pourquoi elle ?, Pourquoi ?, une interrogation qui hante celles et ceux qui ont survécu-e-s. « Tu as la vie sauve parce qu’un autre commet une erreur. Parce qu’un autre n’en a pas commis. Parce qu’un autre meurt. Parce que l’autre a commis une erreur ou ne l’a pas commise. Tu as la vie sauve parce qu’un autre n’est pas mort. Tu sauves la vie d’un autre parce que tu n’es pas morte et que tu n’as pas commis d’erreur ». Mourir, ne pas mourir.



Été 1944, « Elle est arrivée à Auschwitz-Birkenau… ». Et la mère à la fille « Ne crois pas qu’il n’y avait qu’Auschwitz ». Maintenant elle peut en parler, « A la maison, on n’en a presque jamais parlé ». Se taire pour oublier, pour préserver l’enfance d’une enfant, et pourtant « je vivais la terreur », « dans tous les films et les rêves, c’est moi la proie ». La peur peut-elle se transmettre ? Les mots peuvent-ils retranscrire cette passation ? « Ma mère ne m’a sans doute pas transmis sa faim, mais elle m’a transmis l’intégralité de sa peur ». Images projetées des cauchemars de l’enfant des survivant-e-s.



Helena Janeczek rend particulièrement vivantes les découvertes par l’enfant, du temps avant, de cette culpabilité présente et insidieuse. Culpabilité expliquée ou non.



La mère décide de retourner en Pologne, de revoir sa maison, sa fille l’accompagne. Un voyage de réconciliation entre soi et soi entre la fille et la mère. Un voyage dans le temps volé. Et la visite à Oswieçim-Auschwitz, la peur de cette visite… Les noms et un cri « ma maman, ma maman ». Et aussi les mots sobres des descriptions. Dire les lieux, le ressenti des lieux, « la fin tronquée »…



« C’était la première fois que ses mots laissaient affleurer le souvenir des camps de concentration, et ça a été la dernière, jusqu’à aujourd’hui ».



Un roman sans commémoration, pour regarder en face.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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La fille au Leica

La romancière et journaliste italienne Helena Janeczek publie à son tour un livre sur le destin météorique de la jeune photojournaliste qui couvrit la guerre d’Espagne, fit des milliers de photos de paysans et de soldats, et mourut à Brunete en juillet 1937, écrasée par un char.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Les hirondelles de Montecassino

La bataille du Montecassino a parfois été nommée "Stalingrad"de l'ouest.

Le récit en débute plutot bien,avec un assaut des boys venus du Texas ou

de l'Oklahoma mais qui refusent d'être,comme en 14-18,de la"chair à

canon" Début prometteur,donc,qui éveille l'intérêt par la comparaison qui

ne saurait manquer avec d'autres combattants issus de Grande-Bretagne

(et surtout de l'Inde,du Népal,d'Australie,Nouvelle-Zélande...aux motivations

forcément différentes).Hélas!Après ces premières pages,le récit tourne

court,s'égare,se dilue dans des détails contemporains de nos téléphones

portables et perd tout lien avec l'histoire que l'on espérait.L'auteur nous

parle d'elle-même,de sa famille,admet qu'elle fabule...On doit alors

admettre qu'elle n'avait rien à dire:exemple typique d'une promesse non

tenue!Décevant!
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