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Citations de Hélène Frappat (107)


Heureusement qu’il y a la mer et le vent. Le vent sèche les larmes. Les embruns rosissent les joues. Le sel ranime les lèvres. On pourrait hurler : le chagrin se perd parmi le fracas des vagues.
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(Les premières pages du livre)
IL ÉTAIT UNE FOIS
Il était une fois trois femmes en fuite.
La première parvient à s’échapper.
La deuxième disparaît.
La troisième est la doublure des deux autres.
Sont-elles brunes, blondes ou rousses ?
Ça dépend.
Sont-elles liées entre elles ?
Grand-mère, fille, petite-fille: leur lien déroule le fil de trois générations.
Les fugueuses sont-elles anonymes ?
Un entrefilet, en page des faits divers, a-t-il signalé leur absence ?
Leurs visages sont célèbres dans le monde entier.
Leurs faits et gestes, connus et scrutés de tous.
Prendre la fuite, pour ces stars, relève de l’exploit.
Quitter la scène, pour ces femmes, est une question de vie ou de mort.
Trois femmes disparaissent.
Trois générations d’actrices.
Sous le regard d’une détective, leur disparition devient une métaphore.

AU COMMENCEMENT
2021.
Bureau de la détective.
Quelle est l’identité des trois disparues ?
Car, explique la détective qui écrit des romans, il en va de même pour tout le monde: qu’il s’agisse des personnes de la vie réelle ou des personnages de fiction, tout récit commence par le choix d’un prénom.
La première femme se prénomme Nathalie.
Nathalie est née le 19 janvier 1930.
Son père, qui l’a nommée Nathalie, juge pourtant ce prénom trop important pour un tout petit bébé.
Comme le père de Nathalie est d’origine suédoise, il surnomme sa fille Tupsa, puis Tiffs, puis Tippi, diminutif affectueux de petite fille en suédois.
C’est ainsi sous le prénom de Petite fille que la première disparue devient célèbre, à l’adolescence, en offrant son visage aux couvertures de magazines de mode.
La deuxième femme est la fille de la première.
Elle naît le 9 août 1957.

Sa mère la nomme Melanie.
En 1963, quand la petite Melanie a cinq ans, sa mère interprète l’héroïne d’un film qui va faire d’elle une star.
Le personnage qui rend Petite fille mondialement célèbre se prénomme Melanie.
Au générique, le prénom de la star naissante est encadré de deux apostrophes : ‘Tippi’. Le réalisateur décrète que les apostrophes enserrant ‘Tippi’ marqueront sa possession.
La troisième femme est la fille de Melanie, et la petite-fille de Tippi.
Elle est née le 4 octobre 1989 et se prénomme Dakota.
Le 29 janvier 1992, Melanie a raconté à l’animateur de télévision Johnny Carson, dans son émission The Tonight Show, comment elle avait choisi le prénom de sa fille:
“Un de vos enfants s’appelle Dakota. D’où vient ce prénom ?
— On aimait ce prénom.
— C’est un nom indien ? Qu’est-ce qu’il veut dire déjà ?
— «Amitié, ami.» Et d’ailleurs cette amie qui travaille pour nous, Diane, avait choisi ce prénom pour son futur enfant qu’elle n’avait pas encore eu. Alors on lui a volé ce prénom, si bien qu’elle a dû appeler son fils Jackson, parce qu’on avait pris Dakota !”
Sur le plateau de télévision, dans sa robe toute blanche, parsemée de volants, Melanie s’agite sur son siège, détourne la tête, dérobe son visage, ponctue son récit de gloussements. On dirait une petite fille qu’un adulte vient de surprendre en train de faire une bêtise.
La détective se demande si Melanie désigne chaque membre de son personnel par la périphrase “cet ami qui travaille pour nous”.
“Vous avez volé le nom d’un fœtus qui n’était pas encore né ? Elle vous a révélé le prénom qu’elle allait donner à son enfant et vous l’avez volé ?
— Elle nous l’a offert !
— Et maintenant elle a été obligée d’appeler son enfant Jackson.”
Dakota, l’“amie”, est née d’une trahison amicale.
Dès sa naissance, elle arrive en deuxième, après l’enfant que la bonne de sa mère, Diane, enceinte, avait rêvé de voir grandir sous ce prénom.
Dakota est le remake d’un enfant-fantôme, d’un récit mort-né.
La troisième femme de cette histoire est une doublure.
La troisième actrice de ce livre va s’illustrer dans un remake.
Son prénom désigne la langue regroupant les dialectes des tribus amérindiennes – ces tribus, également nommées “Dakotas”, qui appartiennent à la nation sioux.
Son prénom, volé à la langue indienne, raconte une usurpation.

GUEST STAR
L’enquête commence le jour où la détective revoit un feuilleton de son enfance: Super Jaimie.
Quand elle était petite, au milieu des années soixante-dix, elle n’était pas particulièrement fascinée par la blondeur sportive de Lindsay Wagner, qui incarnait “la femme bionique”. Pourtant, retrouver ces épisodes à l’âge adulte produit une étrange surimpression. Elle avait oublié qu’afin de figurer la vitesse surhumaine – cybernétique – de Super Jaimie, la mise en scène ralentissait sa course.
Pour qu’une fille coure vite, faut-il la ralentir ?
La détective fait défiler les épisodes indiscernables dont l’intrigue compte peu, hypnotisée par le décor californien, moins urbain que celui de sa série adorée, Drôles de dames, qui a inspiré sa vocation.
Plus Lindsay Wagner part en chasse d’un ennemi invisible que son oreille bionique détecte, plus elle quitte la ville. Le ralenti produit l’effet d’un travelling contemplatif, baigné dans la lumière des collines de L.A. où la détective s’est promenée uniquement au cinéma.
Dans un épisode de la première saison diffusé en 1976, Super Jaimie est chargée par la propriétaire d’une réserve d’animaux sauvages d’enquêter sur le kidnapping d’un lion. La détective visionne la scène plusieurs fois. Elle est intriguée par le sentiment de déjà-vu que suscite l’apparition de la guest star.
*
Elle a déjà vécu ce genre d’expérience. Un dimanche après-midi de son adolescence, plongée dans un feuilleton interminable, elle se souvient vaguement, comme dans un rêve ou un cauchemar, d’une jeune orpheline – pareillement interprétée par Lindsay Wagner –, dont le destin oscillait entre pauvreté et richesse, Amérique et Vieux Continent. Là encore un personnage secondaire l’intriguait.
En arrière-plan de ce soap, rythmé par les changements de costumes qui en disaient plus long sur l’intrigue que le scénario, une vieille femme lui rappelait quelqu’un. La spectatrice passa l’après-midi à tenter de percer l’énigme de ce visage, jusqu’au générique final où ses yeux incrédules virent apparaître un nom: Gene Tierney
La vieille femme triste, promenant sa silhouette alourdie dans l’ombre du soap qui avait englouti son dimanche, était la star de Hollywood qu’elle avait contemplée sur les écrans des salles du Quartier latin où sa mère l’emmenait. C’était ce visage dont la beauté insoutenable avait hanté les villas gothiques des films de Joseph L. Mankiewicz et Otto Preminger.
*
La détective n’a pas besoin d’attendre le générique de Super Jaimie pour reconnaître, dans les traits à peine vieillis de l’élégante blonde vivant parmi les fauves en liberté, l’héroïne des Oiseaux et de Marnie d’Alfred Hitchcock.
En 1976, treize ans après la sortie des Oiseaux, et sa mystérieuse disparition du grand écran, non seulement Tippi Hedren n’est pas morte – aux yeux d’un spectateur, tout acteur qui a cessé d’apparaître ne l’est-il pas? –, mais elle paraît en grande forme. Son élégance moderne éclipse en quelques plans le style godiche de la joggeuse bionique Lindsay Wagner.
C’est un choc.
D’abord de découvrir que la star hitchcockienne a disparu, non de la surface de la terre, mais de celle des écrans de cinéma – telle une proche parente qu’un secret de famille prétend défunte, alors qu’elle poursuit son existence mystérieusement interdite dans la clandestinité.
Et simultanément, d’entrer chez elle. Car la détective apprend que le ranch, encerclé de pins parasols et d’énormes animaux à fourrure, est la vraie maison dans laquelle, en 1976, la mythique Tippi Hedren s’est réfugiée après avoir déserté les studios hollywoodiens.
*
Une scène des Oiseaux a imprimé dans sa mémoire l’aura de la femme blonde qui donne la réplique à Super Jaimie.
Devant le porche d’une maison de ville californienne, Tippi Hedren – ou plutôt Melanie Daniels, nom qu’Alfred Hitchcock a choisi pour son personnage –, la chevelure platine tordue en chignon, arpente l’asphalte sur ses escarpins en python, balançant son sac en crocodile sur son bras couvert de vison.
Lorsqu’elle découvre, sidérée, Tippi caressant, en 1976, ses propres lions et tigres sans aucune appréhension, la détective se souvient du corps de Melanie, enseveli, sur ordre du maître Alfred Hitchcock, sous les dépouilles de plusieurs parties de chasse.
Treize ans après la sortie des Oiseaux, Petite fille a grandi et jeté ses peaux d’animaux morts pour se réfugier dans sa maison tout en bois.
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La fille a fui l'obsession d'Alfred Hitchcock. Et voilà que dans sa fuite, elle devient prisonnière de "l'obsession de parvenir à faire ce film et peu à peu d'une obsession pour ces grands chats.
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Le dimanche, en fin d’après-midi, personne n’est sûr d’atteindre la nuit. Des particules de nuit recouvrent lentement votre journée de cendres. La cendre ternit l’éclat des lampes. Vous contemplez votre vie comme un passant observe des inconnus derrière une fenêtre. Votre vie soudain étrangère à vos yeux.
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"Mon rêve a remplacé tous les autres. Il est devenu le seul dont je me souviens. Je ferme les yeux, et bascule dans le puits noir du sommeil, du souvenir, saisie, juste avant la nuit, par un sidérant vertige. Jadis, je rêvais comme tous les dormeurs ; je dormais comme tous les rêveurs. Mes journées ressemblaient à une salle de cinéma dont le projectionniste a oublié d'éteindre les lumières. Dans cette séance coeurpermanente, les ombres aussi pâles que l'écran, sont invisibles. Le son, dissocié des faibles images, continue de se répandre dans la salle avec la régularité hypnotique d'une fontaine. Quand la nuit tombe, tout s'inverse. Les paroles retentissent en sourdine tandis que les fantômes sur l'écran prennent vie avec une sauvagerie déchirante. Telle est la nuit, ma nuit, la maison où je rêve." (p53)
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La fonction "Pouvoir" consiste aussi à donner un visage aux manifestations épochales du mal.
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Il se tenait en face de moi : sa silhouette se détachait avec une netteté douloureuse sur la masse des corps et des visages devenus flous. Je ne sais plus lequel des deux a parlé le premier. Nous sommes restés au milieu de la pièce comme deux cailloux jetés l'un contre l'autre par les vagues. A chaque mouvement souterrain du courant, la mer, qui devrait nous éloigner, nous rapproche.
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Derrière les fenêtres du double salon immense, la pluie s'était tue. Mon cœur, battant trop fort, avait-il éteint tous les sons ?
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Jusqu’à ses douze ans, lorsqu’une dispute éclata en plein milieu du conseil d’administration annuel entre les héritières Loup-Boiron, séparant les deux sœurs et actionnaires majoritaires à tout jamais, A. passait les fêtes de Noël chez sa tante maternelle, 87 rue Saint Dominique, à Paris.
La révélation de son pouvoir télépathique avait eu pour conséquence secondaire l’effacement de presque tous les souvenirs de la fillette précédant l’âge de ses sept ans ; ainsi ne conservait-elle en mémoire, de sa première visite hivernale dans la capitale, que le surgissement enchanteur de la tour Eiffel au tournant de l’étroite rue Saint Dominique. Comme toutes les images que leur force transforme en souvenir à l’instant même de leur apparition, c’était une image muette : la silhouette stylisée et gracile de la tour Eiffel dresse son couvre-chef insolent au-dessus de l’amas gris des toits, veillant sur les habitants de Paris bien après l’extinction des illuminations de Noël. Une fois atteint l’âge de raison, A. échouerait à se créer des souvenirs muets, sa trop grande mémoire enregistrant, avec une précision épuisante, l’environnement sonore du moindre événement.
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On either side the river lie
Long fields of barley and of rye,
That clothe the wold and meet the sky;
And trho' the field the road run by

To many-towered Camelot;

And up and down the people go,
Gazing where the lilies blow
Round an island there below,

The island of Shalott.

Willows whiten, aspens quiver,
Little breezes disk and shiver
Thro' the wave that runs for ever
By the island in the river

Flowing down to Camelot.

Four grey walls, and four grey towers,
Overlook a space of flowers,
And the silent isle imbowers

The Lady of Shalott

Only reapers, reaping early,
In among the beared barley
Hear a song that echoes cheerly
From the river winding clearly,

Down to tower'd Camelot;

And by the moon the reaper weary,
Piling sheaves in uplands airy,
Listing, whispers "'tis the fairy

The Lady of Shalott."

There she weaves by night and day
A magic web with colours gay.
She has heard a whisper say,
A curse is on her if she stay

To look down to Camelot.

She knows not what the curse may be,
And so she weaveth steadily,
And little other care hath she,

The Lady of Shalott.

And moving through a mirror clear
That hangs before her all the year,
Shadows of the world appear.
There she sees the highway near

Winding down to Camelot;

And sometimes thro' the mirror blue
The Knights come riding two and two.
She hath no loyal Knight and true,

The Lady of Shalott.

But in her web she still delights
To weave the mirror's magic sights,
For often thro' the silent nights
A funeral, with plumes and with lights

And music, went to Camelot;

Or when the Moon was overhead,
Came two young lovers lately wed.
"I am, half sick of shadow," she said,

The Lady of Shalott.

A bow-shot from her bower-eaves,
He rode between the barley sheaves,
The sun came dazzling thro' the leaves,
And flamed upon the brazen greaves,

Of bold Sir Lancelot.
A red-cross knight for ever kneel'd
To a lady in his shield,
That sparkled on the yellow field,

Beside remote Shalott.

His broad clear brow in sunlight glow'd;
On burnish'd hooves his war-horse trode;
From underneath his helmet flow'd
His coal-black curls as on he rode,

As he rode down to Camelot.

And from the bank and from the river
He flashed into the crystal mirror,
"Tirra lirra," by the river

Sang Sir Lancelot.

She left the web, she left the loom,
She made three paces thro' the room,
She saw the water-lily bloom,
She saw the helmet and the plume,

She look'd down to Camelot.

Out flew the web and floated wide;
The mirror crack'd from side to side;
"The curse is come upon me," cried -- photo

The Lady of Shalott.

In the stormy east-wind straining,
The pale yellow woods were waning,
The broad stream in his banks complaining.
Heavily the low sky raining

Over tower'd Camelot; -- photo

Down she cam and found a boat
Beneath a willow left afloat,
And round the prow she wrote

The Lady of Shalott.

Down the river's dim expanse
Like some bold seer in a trance,
Seeing all his own mischance -
With a glassy countenance

She looked to Camelot.

And at the closing of the day
She loosed the chain, and shown she lay;
The broad stream bore her far away,

The Lady of Shalott.

Heard a carol, mournful, holy,
Chanted loudly, chanted slowly,
Till her blood was frozen slowly,
And her eyes were darkened wholly,

Turn'd to tower'd Camelot.

For ere she reach'd upon the tide
The first house by the water-side,
Singing in her song she died,

The Lady of Shalott.

Under tower and balcony,
By garden-wall and gallery,
A gleaming shape she floa

On either side the river lie
Long fields of barley and of rye,
That clothe the wold and meet the sky;
And thro' the field the road runs by
To many-tower'd Camelot;
And up and down the people go,
Gazing where the lilies blow
Round an island there below,
The island of Shalott.

Willows whiten, aspens quiver,
Little breezes dusk and shiver
Thro' the wave that runs for ever
By the island in the river
Flowing down to Camelot.
Four gray walls, and four gray towers,
Overlook a space for flowers,
And the silent isle imbowers
The Lady of Shalott.

By the margin, willow-veil'd
Slide the heavy barges trail'd
By slow horses; and unhail'd
The shallop flitteth silken-sail'd
Skimming down to Camelot:
But who hath seen her wave her hand?
Or at the casement seen her stand?
Or is she known in all the land,
The Lady of Shalott?

Only reapers, reaping early
In among the bearded barley,
Hear a song that echoes cheerly
From the river winding clearly,
Down to tower'd Camelot:
And by the moon the reaper weary,
Piling sheaves in uplands airy,
Listening, whispers "'Tis the fairy
The Lady of Shalott."

Part II

There she weaves by night and day
A magic web with colours gay.
She has heard a whisper say,
A curse is on her if she stay
To look down to Camelot.
She knows not what the curse may be,
And so she weaveth steadily,
And little other care hath she,
The Lady of Shalott.

And moving thro' a mirror clear
That hangs before her all the year,
Shadows of the world appear.
There she sees the highway near
Winding down to Camelot:
There the river eddy whirls,
And there the surly village-churls,
And the red cloaks of market girls,
Pass onward from Shalott.

Sometimes a troop of damsels glad,
An abbot on an ambling pad,
Sometimes a curly shepherd-lad,
Or long-hair'd page in crimson clad,
Goes by to tower'd Camelot;
And sometimes thro' the mirror blue
The knights come riding two and two:
She hath no loyal knight and true,
The Lady of Shalott.

But in her web she still delights
To weave the mirror's magic sights,
For often thro' the silent nights
A funeral, with plumes and lights
And music, went to Camelot:
Or when the moon was overhead,
Came two young lovers lately wed;
"I am half-sick of shadows," said
The Lady of Shalott.

Part III

A bow-shot from her bower-eaves,
He rode between the barley-sheaves,
The sun came dazzling thro' the leaves,
And flamed upon the brazen greaves
Of bold Sir Lancelot.
A redcross knight for ever kneel'd
To a lady in his shield,
That sparkled on the yellow field,
Beside remote Shalott.

The gemmy bridle glitter'd free,
Like to some branch of stars we see
Hung in the golden Galaxy.
The bridle-bells rang merrily
As he rode down to Camelot:
And from his blazon'd baldric slung
A mighty silver bugle hung,
And as he rode his armour rung,
Beside remote Shalott.

All in the blue unclouded weather
Thick-jewell'd shone the saddle-leather,
The helmet and the helmet-feather
Burn'd like one burning flame together,
As he rode down to Camelot.
As often thro' the purple night,
Below the starry clusters bright,
Some bearded meteor, trailing light,
Moves over still Shalott.

His broad clear brow in sunlight glow'd;
On burnish'd hooves his war-horse trode;
From underneath his helmet flow'd
His coal-black curls as on he rode,
As he rode down to Camelot.
From the bank and from the river
He flash'd into the crystal mirror,
"Tirra lirra," by the river
Sang Sir Lancelot.

She left the web, she left the loom,
She made three paces thro' the room,
She saw the water-lily bloom,
She saw the helmet and the plume,
She look'd down to Camelot.
Out flew the web and floated wide;
The mirror crack'd from side to side;
"The curse is come upon me," cried
The Lady of Shalott.

Part IV

In the stormy east-wind straining,
The pale-yellow woods were waning,
The broad stream in his banks complaining,
Heavily the low sky raining
Over tower'd Camelot;
Down she came and found a boat
Beneath a willow left afloat,
And round about the prow she wrote
The Lady of Shalott.

And down the river's dim expanse
Like some bold seer in a trance,
Seeing all his own mischance
With a glassy countenance
Did she look to Camelot.
And at the closing of the day
She loosed the chain, and down she lay;
The broad stream bore her far away,
The Lady of Shalott.

Lying, robed in snowy white
That loosely flew to left and right
The leaves upon her falling light
Thro' the noises of the night
She floated down to Camelot:
And as the boat-head wound along
The willowy hills and fields among,
They heard her singing her last song,
The Lady of Shalott.

Heard a carol, mournful, holy,
Chanted loudly, chanted lowly,
Till her blood was frozen slowly,
And her eyes were darken'd wholly,
Turn'd to tower'd Camelot;
For ere she reach'd upon the tide
The first house by the water-side,
Singing in her song she died,
The Lady of Shalott.

Under tower and balcony,
By garden-wall and gallery,
A gleaming shape she floated by,
A corpse between the houses high,
Silent into Camelot.
Out upon the wharfs they came,
Knight and burgher, lord and dame,
And round the prow they read her name,
The Lady of Shalott.

Who is this? and what is here?
And in the lighted palace near
Died the sound of royal cheer;
And they cross'd themselves for fear,
All the knights at Camelot;
But Lancelot mused a little space.
He said, "She has a lovely face;
God in his mercy lend her grace,
The Lady of Shalott."

Partie I

De chaque côté de la rivière s'étendent
De longs champs d'orge et de seigle,
Qui couvrent les plateaux et rejoignent le ciel;
Et à travers les champs la route mène
Au très imposant Camelot;
Et les gens vont et viennent,
Regardant où poussent les lis
Autour d'une île là en bas,
L'île de Shalott.

Les saules blanchissent, les trembles frissonnent,
Les brises légères s'assombrissent et tremblent
A travers l'onde qui passe pour toujours
Près de l'île dans la rivière
Coulant vers Came
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Au bout de la route, Luna m'attend. Diane me réclame en sacrifice.
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Peu à peu le rêve a envahi tout l'espace. Il a enfreint la frontière du jour et de la nuit. Chaque réveil conservait la marque de l'autre monde. Son odeur collait à mes vêtements, à mes cheveux. Le rêve se mêlait aux souvenirs. Le futur avait un air de déjà-vu. Quand le rêve s'est invité sur le mur de ma chambre, il m'a chassée de chez moi.
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Pourtant qui a goûté au poison ambigu et douceâtre de la nostalgie sait qu’elle ne nous lâche pas, déplaçant seulement la vague malaise, la jubilation secrète qui l’accompagnent, vers un autre objet, une autre vie, une autre ville. Quelques semaines après son retour définitif à Paris, un soir où la nuit était tombée trop vite, L. se surprit à regretter les crépuscules romains qui s’annoncent par des dégradés roses et jaunes et l’envol d’étourneaux inquiétant, théâtral.
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- Diane chasseresse, Artémis chez les Grecs, ou la Lune : en latin, Luna.
[...]
-Luna, déesse de l'ombre lunaire, Hécate des nuits infernales, des carrefours hantés, des sortilèges.
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La porte d'entrée de la cuisine donnant sur l'escalier de service n'a plus de serrure. Pour sortir de l'appartement, il aurait fallu passer devant moi. Aucune fenêtre n'est ouverte. Dans la dernière chambre, la cabine de phare où j'entre seule, je suis assaillie par une sensation étrange. Peut-être un inconnu, derrière les murs courbes d'une illusion d'optique, m'observe-t-il. Ou les paroles de la comptine flottent dans l'air et je m'y cogne.

Chaque seconde a sa pareille
Ton rêve est l'envers du décor

Il est impossible de sortir de l'appartement où l'enfant n'est plus là.
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La présence d'un témoin est la condition sine qua non pour échapper au gaslighting. L'évaporation de Paula se produit dans l'espace privé du mariage, un espace privé de témoin autre que l'époux persécuteur. Si personne n'assiste à l'évaporation de la femme, alors sa disparition, et la femme elle-même, n'auront jamais existé.
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Après leur rencontre à l’école primaire Michelet, L. avait enrôlé Emmanuelle dans un club de détectives. Les dimanches matin elles arpentaient les rues de Saint-Ouen en quête d’individus louches qu’elles prenaient en filature, passant des heures dissimulées dans une cage d’escalier, un local à poubelles, un garage. Aux yeux de L. n’importe quel visage inspirait le soupçon. Derrière une démarche et une vie banales, son amie entrevoyait des abîmes de secrets et de mensonges, et la vie de famille se transformait en tableau truqué, théâtre d’ombres, un jeu de dupe dominé en coulisses par des esprits criminels. (p. 97-98)
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Le fait alternatif contient simultanément un mensonge factuel (il fait beau quand le maître parle), et un mensonge global (le maître a le pouvoir de décréter le sens des mots).
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Quelle différence existe- il entre un fait alternatif et un mensonge ? Le fait alternatif est un scénario de rechange, dans un schéma idéologique où le contenu du scénario n'a aucune importance, seul comptant la finalité électorale (le nombre de vues ou de votes).
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Le but consiste à donner à un avis, qui n'engage qu'une subjectivité, une apparence universelle.
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