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Citations de Hélène Frappat (107)


La brume envahit tout, ciel, mer, maison. La brume envahit mes pensées. Recroquevillée au fond de mon rêve, je grelotte.
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Mon enfance est coupée en deux. La première est tombée dans le puit noir de l'oubli. De l'autre, quelques souvenirs flous s'échappent. La première est en noir et blanc ; l'autre en couleurs.
L'odeur de l'enfance oubliée et celle de l'enfance dont je me souviens sont irréconciliables.
Deux enfances ; deux odeurs.
De l'odeur de la première enfance, je possède des images muettes. Elles ressemblent à des photographies en noir et blanc ; aux instantanés d'une vie à l'arrêt.
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Le noir est l'odeur domestique des pièces où, par les après-midi caniculaires, n'entre jamais la lumière, l'odeur de renfermé des armoires et des buffets, l'air poussiéreux des greniers. C'est le noir sucré des églises, où les bouquets de lys blancs, sur la nappe brodée recouvrant l'autel, face aux blancs où s'entassent les obscures silhouettes, renvoient l'unique lumière.
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Le dimanche, en fin d’après-midi, personne n’est sûr d’atteindre la nuit. Des particules de nuit recouvrent lentement votre journée de cendres. La cendre ternit l’éclat des lampes. Vous contemplez votre vie comme un passant observe des inconnus derrière une fenêtre. Votre vie soudain étrangère à vos yeux.
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Au milieu de pense-bêtes, réflexions éparses, sibyllines confidences (oublié John pendant une journée), ma mère notait sur un carnet des phrases d'élèves.
"Un rêve, c'est quand ça reste dans la tête. Un cauchemar, c'est quand ça rentre dans la maison." Annabelle, jeudi 21 février, sept ans.
Elle ne commentait pas ces maximes où manquait l'année. J'ai remis le carnet dans la poche et plus jamais fouillé.
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"Mon rêve a remplacé tous les autres. Il est devenu le seul dont je me souviens. Je ferme les yeux, et bascule dans le puits noir du sommeil, du souvenir, saisie, juste avant la nuit, par un sidérant vertige. Jadis, je rêvais comme tous les dormeurs ; je dormais comme tous les rêveurs. Mes journées ressemblaient à une salle de cinéma dont le projectionniste a oublié d'éteindre les lumières. Dans cette séance coeurpermanente, les ombres aussi pâles que l'écran, sont invisibles. Le son, dissocié des faibles images, continue de se répandre dans la salle avec la régularité hypnotique d'une fontaine. Quand la nuit tombe, tout s'inverse. Les paroles retentissent en sourdine tandis que les fantômes sur l'écran prennent vie avec une sauvagerie déchirante. Telle est la nuit, ma nuit, la maison où je rêve." (p53)
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La force inédite de "Rome, ville ouverte" tient à ce que le style de sa mise en scène découle d'une position morale de son auteur; c'est ce qui fonde le néoréalisme rossellinien.
p. 28
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L'averse cinglait le fleuve, pénétrait sa peau, modifiait sa couleur sa température, ses courants. L'odeur jaune s'était dissoute dans l'air gris. En surface du fleuve la pluie oblique produisait un halo phosphorescent. Autour d'eux les arbres flous avaient pris la teinte bleutée de végétaux aquatiques dont le vent, en leur imprimant des torsions révelait les tourments.
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Si tu me cherches, je suis perdu dans mes pensées...
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C’était une renaissance et une disparition ; un sacrifice et une vision. Cette magie - le grand ruban vert et froid qui s’unit à la plaine bleue, tiède, étale - lui procurait le sentiment de se perdre elle-même et de renaître, comme si elle participait dans sa chair au secret éternel du grand fleuve, l’alliage de vie et de mort.
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Si on lui avait demandé :
- Tu préfères la rivière ou la mer ?,
Vive aurait répondu :
- Les deux.
Non qu'elle fût incapable de choisir, mais parce que son territoire favori, celui où tout son être se sentait accueilli, inspiré, adopté !, était le royaume des eaux troubles, des eaux saumâtres, l'espace transitoire où le fleuve devient mer, et la mer fleuve. Elle ne se lassait pas de l'instant - chaque fois un miracle ! - où le fleuve se libère des brumes et se mélange. C'était une renaissance et une disparition ; un sacrifice et une vision. Cette magie - le grand ruban vert et froid qui s'unit à la plaine bleue, tiède, étale - lui procurait le sentiment de se perdre elle-même et de renaître, comme si elle participait dans sa chair au secret éternel du grand fleuve, l'alliage de vie et de mort
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Elle était devenue méchante. Aux yeux de Jo, elle avait commis le pire crime : l’injustice. Voler sa pièce, dans un accès de jalousie qu’on regrette, passait encore. Mais que la coupable, en feignant la tristesse, participât aux recherches, c’était une impardonnable trahison.
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Dans la nuit des temps, il existait dans le monde un fleuve immense qui coulait dans les deux sens.
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La nuit de printemps était douce. Le fleuve du jour avait disparu. Changeait-il d’aspect au crépuscule, devenant ce monstre aquatique dont Mo n’osait s’approcher ? Des vagues luisantes enflaient sous la surface. Le mouvement convulsif se propageait loin, si loin, vers les étoiles floues derrière un voile de brume. On eût dit qu’une gigantesque anguille s’était emparée du fleuve, commandant chacun de ses mouvements, et jusqu’aux battements du cœur qui frappaient à grands coups désordonnés, fébriles, depuis que le clapotis diurne s’était tu.
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Elle était venue leur apprendre à pêcher, elle, née du fleuve qui lui avait transmis les reflets verts et jaunes de ses yeux. Enroulé autour de son bras gauche, un filet déséquilibrait son corps gracile. Elle se faufila à travers les buissons de roseaux, frêle insecte greffé d’une énorme patte artificielle, si vite que Mo eut à peine le temps de reconnaître la forme lointaine de l’île, d’où aucune fumée blanche ne s’échappait, et déjà ils arpentaient un territoire menaçant. Les roseaux, les peupliers et les saules étaient demeurés en arrière, au bord du fleuve accueillant.
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Elle leur adressa de grands signes de la main, tel un voyageur, sur le pont d’un paquebot, qui fait ses adieux, sauf que son bateau ne partait pas.
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Demain n’existait plus, ce jour de faim et de peine, d’épuisement et de peur. Demain, peut-être, la belle dame reviendrait déposer ses présents et, qui sait, elle montrerait son visage aux deux frères qui l’attendraient patiemment.
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Comment, sans se briser, un corps si frêle abritait-il une douleur si violente ? Les larmes dévalaient les joues, le cou, le torse creux, comme si le fleuve leur ordonnait de rejoindre son lit, pour y dissoudre le sel de leur peine.
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Ce fleuve, qui les avait recueillis et nourris, pouvait aussi les tuer. Au tronc d’un chêne, Mo arracha un morceau de liège et le fixa sur le dos de son frère à l’aide d’un roseau. Le tapis d’herbe près de la rive cédait vite la place à une vase gluante qui collait à la plante des pieds et ralentissait la marche, comme si la boue du fleuve retenait les nageurs en son fond. Plus on s’éloignait des berges, plus la couleur du fleuve changeait.
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Le temps revenait, et avec lui la faim, une faim nouvelle, comme si le fleuve avait transmis à leurs corps malingres l’espoir que la faim se comble.
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