Les élèves de CE2/CM1 de l'école de Fontaine-Etpoupefour ont découvert l'univers littéraire d'Hélène Kérillis. Le moment est venu de la rencontrer, de la questionner sur son parcours, son travail d'auteur et de partager avec elle un moment privilégié.
Le jour, il galope dans l’azur, il hennit avec le vent.
La nuit, tu peux l’apercevoir. Lève les yeux. Dans le ciel noir, les étoiles de son corps brillent parmi les milliers d’autres étoiles.
"Un soir, assis au coin du feu, un pauvre paysan dit à sa femme :
- Quel grand malheur pour nous de ne pas avoir d'enfants ! Notre maison est si triste ! Chez les voisins, il y a tant d'animation, d'éclats de rire, de joie !
- C'est vrai... dit la femme en poussant un gros soupir. Même si nous n'avions qu'un enfant gros comme le pouce, je m'en contenterais ! Et je l'aimerais de tout mon cœur !
- Moi aussi !"
(p. 6)
Kotia s'enfonce au cœur de la forêt quand, soudain, une ombre menaçante surgit devant elle.
- Halte-là !
C'est le seigneur Jaguar. Il a couru de toutes la force de ses longues pattes souples. Le poil hérissé, il gronde :
- On ne passe pas ! Il faut payer ! Qu'as-tu à me donner, misérable bestiole de rien du tout ?
Le seigneur Jaguar rugit si fort que Kotia croit sa dernière heure arrivée. Pour sauver sa vie, il ne lui reste plus qu'une chose à faire : rendre la chèvre !
_... douze, treize, quatorze. C'est parfait ! déclare Minos. Demain, vous serez jetés dans le labyrinthe ! Le labyrinthe est la prison du Minotaure. Des couloirs taillés dans le roc se croisent et se recroisent sans fin. Personne ne peut en sortir. Pas même Dédale, l'architecte qui l'a construit.

- Merci papa !
Que pouvait-il dire d’autre ? Une nouvelle console pour son anniversaire et des jeux à faire pâlir d’envie ses copains. Olivier se força à sourire.
- Merci ! répéta-t-il.
Ses copains voyaient leur père tous les jours. Avec lui, ils sortaient au cinéma ou au restaurant, bricolaient ou regardaient des matches à la télé. Et ils se plaignaient ! Ils se plaignaient parce qu’ils n’avaient pas les derniers jeux vidéo ! Lui, Olivier, les avait tous, et pour cause : son père Georges Davoust travaillait comme directeur du marketing pour un grand fabricant de consoles. Mais il ne le voyait pratiquement jamais. Le monde était mal fait… Pour lui tenir compagnie, Olivier avait depuis toujours une voix à l’intérieur de lui. Elle commenta :
- Une console… Pour te consoler. Ça porte bien son nom…
Olivier sentit son père lui tapoter l’épaule.
- On fait une bonne équipe, au fond, pas vrai ?
- Ou… Oui papa… Merci, répéta encore Olivier.
Il n’arrivait pas à trouver autre chose à dire… Il pensait que non, que pour faire une bonne équipe il faut faire des choses ensemble, avoir des contacts qui dépassent les post-it sur le réfrigérateur et les bises en coup de vent entre deux avions. Mais cela, il l’avait déjà dit, et combien de fois ? Sans autre résultat qu’une exaspération croissante de son père.
- Tu te rends pas compte ! Pour rester au top niveau dans la profession, faut se donner à fond ! Les parts de marché… La concurrence… La stratégie marketing… Rien n’est jamais gagné !
Olivier n’avait pas envie de réentendre tout cela. Ils venaient de passer ensemble quoi, mettons une heure entière, une bonne dizaine de jours après la date réelle de son anniversaire. Inutile de gâcher cette parcelle de temps arrachée aux parts de marché et à la concurrence.
Le pauvre, il ne sait faire qu'une chose : polluer et gagner de l'argent !
Accompagnée d'un grand oiseau, une silhouette aux longs cheveux couleur de nuit joue de la flûte. entraînées par la musique, des bêtes au long corps souple quittent les arbres et viennent s'enrouler autour des machines.
Puis le ciel se couvre, les ténèbres tombent sur le chantier et engloutissent tout jusqu'au matin.

À peine la magissorcière a-t-elle fermé la porte qu’un canacri affolé arrive par la fenêtre.
— Hiii ! hurle-t-il. C’est la grande déglinguerie ! Hiii !
Le canacri tourne sur lui-même tandis que sa guitare émet des grincements stridents.
— Du calme ! dit la magissorcière. Ou je ne comprends rien à ce que tu racontes !
Le canacri est obligé de détendre les cordes de sa guitare pour qu’elle se taise enfin.
— Explique-toi, maintenant ! dit la magissorcière.
— Ils sont en pleine déglinguerie, sur la planète Tourneboule ! Ça va sûrement se propager jusqu’ici !
— J’ai peur que ce ne soit déjà fait… dit la magissorcière. Regarde le canacoincoin et les poissonvols !
Alors elle saisit son zieutatout et le pointe sur la planète Tourneboule.
Le zieutatout cligne deux ou trois fois de l’œil et fait la mise au point. Les premières images apparaissent, terrifiantes : la pollution fait rage. Du ciel se détachent des plaques noires prêtes à contaminer l’univers. Tous les êtres qui ont respiré cet air sont atteints : les malmorphosés se comptent par millions.
— C’est horrible ! s’écrie Chaminou.
— Il faut faire quelque chose ! s’exclame Chamatou.
La magissorcière saisit délicatement le canacoincoin et le dépose sous le micromateur. Sur l’écran, apparaissent les poumons de l’animal, envahis de taches noires.
— C’est tout encrabouillé, là dedans ! murmure la magissorcienne.
Elle force le grossissement et une drôle de fleur aux tentacules noirs apparaît. C’est un carboflor, le microbe responsable des malmorphoses.
— Si on ne fait rien, ces Tournebouliens vont détruire l’univers ! Chaminou ! Chamatou ! Au travail ! Préparez du bleuate d’air pur pour soigner les malades !
La magissorcière ouvre une grande armoire et prend un bocal où dort un bracadabra, une sorte de serpent à main enroulé sur lui-même. Elle dévisse le couvercle du bocal et dit au bracadabra :
— File jusqu’à Tourneboule. Ramène-moi le grand détraqueur qui est responsable de toutes ces horreurs !
Alors le serpent se déroule et s’allonge, s’allonge, s’allonge démesurément. Main grande ouverte, il bondit vers la planète Tourneboule, faisant trembler tout l’atelier.
Enfin les époux sont réunis. Athena retient l'aurore au bord du ciel. Ainsi, le roi et la reine d'ithaque ont devant eux une nuit interminable pour tout se raconter.
« Vendre Tom ! dit le père indigné. Pas question, c’est mon fils ! » (p. 15)