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Citations de Henri Massé (16)


La Rose et le Bouton
     
Le bouton dit à la rose fanée :
« Tu t’es lassée bien vite de la vie.
L’eau s’offre en abondance et l’espace nous est ouvert :
pourquoi t’es-tu déjà cassée ?
Parmi tant d’herbes et de fleurs,
nul autre ainsi ne s’est flétrie.
- La rouille, dit la rose, qui ternit mon miroir
n’est pas de celle qu’on efface.
Oui, le vin de mes jours hier était limpide :
je l’ai bu, il me reste la lie.
Le destin ne m’a pas en vain retiré mon éclat :
s’il me l’a pris, c’est pour te le donner.
C’est pour te faire place
que ce jardinier me maltraite.
Que peut-on dire au temps pillard ?
que peut-on faire quand arrive la mort ?
Tu entres en ce jardin au moment où j’en sors,
celui qui t’apporte m’emporte.
Il a inscrit au registre d’azur
ce que j’ai, moi, oublier de compter. »
Le bouton de rose s’ouvrit et jouit de l’air et de l’eau
sans penser qu’il se flétrirait.
En la taverne où nous vivons
le temps est échanson et nous buvons tous à sa coupe.
     
     
Parvîn E’tesami, née le 16 mars 1907 à Tabriz – morte le 5 avril 1941 à Qom, de son vrai prénom Rakhchandeh.
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Nul mortel n'a pu Te voir,
mille amoureux Te désirent pourtant,
il n'est pas de rossignol qui ne sache
que dans le bouton dort la rose.
L'amour est là où la splendeur
vient de Ton visage : sur les murs du monastère
et sur le sol de la taverne,
la même flamme inextinguible.
Là où l'ascète enturbanné
célèbre Allah nuit et jour,
où les cloches de l'église appellent à la prière,
où se trouve la croix du Christ
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C'est le vin qui met au jour la valeur des hommes,
et qui distingue des serfs ceux qui sont nés libres.
Il est le révélateur d'une bonne race.
Que de vertu contenue dans cette liqueur !
Les plus belles heures sont celles où l'on boit,
quand au jardin s'épanouissent roses et jasmins.
Que d'altières citadelles le vin sut forcer !
et que de poulains rebelles le vin sut dompter !
Combien de vilains avares firent après boire
Sur l'univers étonné pleuvoir les largesse !

Roudaki
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Ce bas monde est semblable à un arbre, ô mon fils !
et nous sommes sur lui comme fruits demi-mûrs.
Le fruit vert pèse fort à la branche de l'arbre,
parce qu'il n'est ni beau ni digne du palais.
Mais lorsqu'il a mûri, sucré, poissant les lèvres
il pèse doucement, alors, sur les rameaux.
Fanatisme, rigueur viennent de l'ignorance :
tant que tu es fœtus, tu te nourris de sang.
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L'humaine récolte en cet univers tourmenté
N'étant que de souffrir jusqu'au moment de rendre l'âme,
Heureux celui qui part au plus vite
Et fortuné celui qui n'est même pas né.
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Ivresse.

Je baise sa lèvre et je bois du vin ; je découvre ainsi la source de vie. D’elle, je ne puis me plaindre à personne ; et je ne puis voir personne avec elle. Tandis qu’elle boit le sang (de la vigne), la coupe a baisé sa lèvre ; et la rose, confuse, rougit voyant son visage. Donne à boire ! et ne parle plus du roi Djemchîd : qui sait quand il vivait, lui et les Kayanides ? ô beau musicien ! joue donc de la harpe ; et fais-moi gémir en froissant les cordes. La rose, sortant de sa solitude, est venue poser son trône au jardin ; plie donc le tapis de la tempérance, tout aussi serré qu’un bouton de fleur. Ne laisse donc pas l’ivrogne languide comme le regard de l’objet aimé ; pour lui rappeler sa lèvre vermeille, verse-lui du vin, encore, échanson ! Mon âme n’aspire en aucune sorte à se séparer du corps de sa belle : c’est qu’en tout mon corps — mes veines, mes nerfs — s’est insinué le vin de sa coupe. Hâfiz ! tiens ta langue un moment ; la flûte parlera pour ceux qui ne parlent pas.
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Celui dont l'habit fut déchiré par l'Amour
fut purifié d'avidité, de tout défaut.
Louange à toi, Amour, plein de profit pour nous !
O toi le médecin de toutes nos misères !
Remède à notre orgueil, à notre vaine gloire,
tu es pour nous Gallien et Platon ! Grâce à toi,
notre corps de limon s'élance vers les cieux,
les monts entrent en danse et deviennent légers...
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Jusques à quand, feu du désir ! me monteras-tu à la tête ?
Jusques à quand, soupir plaintif ! t'élèveras-tu de mon cœur ?
O toi, source de vif-argent, sortant de mon œil, jusqu'à quand
baigneras-tu ma face pâle de chagrin causée par l'amie ?
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Quand Chîrîn de sa main jetait l’eau sur sa tête [en se baignant], c’était le ciel fixant des perles sur la lune; son corps resplendissait autant qu’un mont neigeux, et de désir Chosroès avait l’eau à la bouche; et contemplant ce corps captivant, délicat, son cœur s’emplit de feu, ardent comme soleil; puis son œil répandit une pluie printanière, la lune se levant au signe du Verseau. Or, la belle ignorait que Chosroès la voyait, parce que ses cheveux lui tombaient sur les yeux; mais la lune surgit de ce nuage noir: sur le prince passa le regard de Chîrîn; elle vit un phénix monté sur un faisan, un cyprès qui avait poussé haut comme un charme. Et par pudeur son œil, se fixant sur la source, clignotait comme fait la lune sur de l’eau; la source de douceurs ne vit d’autre moyen qu’étaler ses cheveux comme nuit sur la lune; répandant l’ambre gris sur son brillant visage, en plein jour elle fit la nuit sur le soleil
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Carpe diem.

Quoi de meilleur que le plaisir : jardin, printemps et doux commerce ? Où donc est passé l’échanson ? Qu’attend-il donc ? Oh ! dis-le moi. Des bons moments que la fortune te fournit, sache profiter, car nul ne peut savoir d’avance quelle sera la fin des choses. Sois en éveil ! notre existence est suspendue par un cheveu. Sache te consoler toi-même : de quoi le sort s’attriste-t-il ? Que signifient l’eau de Jouvence et le jardin du paradis, sinon le bord d’un ruisselet et le vin qu’on boit aisément ? Le ciel lui-même connaît-il le secret voilé ? Fais silence, ô chercheur ! pourquoi discuter avec celui qui tient ce voile ? Si Dieu ne considérait pas mes erreurs et mes manquements, que signifieraient en ce cas son pardon, sa miséricorde ? Le dévot cherche le nectar de l’éden ; Hâfiz, une coupe ; auquel des deux le Créateur donnera-t-il la préférence ?
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Invocation.

Toi, tu es comme le matin. Je suis comme une lampe, à l’aube, dans une chambre solitaire. Daigne donc me sourire ! et vois comment je te livre ma vie. Tes cheveux en désordre ont tant brûlé mon cœur que la tombe pour moi serait lit de violettes. Je me tiens, l’œil ouvert, au seuil de ton désir, attendant un regard ; mais tu t’es dérobée. Que je te remercie ! Oh ! que Dieu te protège ! O mère des chagrins ! le jour que je suis seul, tu ne sors pas de mon esprit. De la pupille de mon œil je suis esclave : malgré que son cœur soit bien noir, elle fait pleuvoir mille pleurs, quand je dénombre mes douleurs. Mon idole à tous les regards se dévoile ; et pourtant personne ne surprend ce clin d’œil que moi je sais bien voir. Si sur ma tombe, à moi Hâfiz, ma bien-aimée passait comme le vent, je mettrais en lambeaux, à force de désir, mon linceul dans ma fosse étroite.
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Solitude.

Toi qui es loin de mes regards, c’est à Dieu que je te confie ; tu m’as brûlé l’âme ; pourtant je te chéris de tout mon cœur. Tant que je n’entraînerai pas le pan de mon linceul sous terre, ne crois pas que j’enlèverai du pan de ta robe ma main. Montre-moi le recoin sacré de ton sourcil : au point du jour, j’étendrai les bras pour prier et pour les jeter à ton cou... Je veux mourir en ta présence, ô toi, perfide médecin ! Je suis dans l’attente de toi ; enquiers-toi donc de ton malade. De mes yeux j’ai fait ruisseler sur mon sein cent fleuves de pleurs, en songeant aux graines d’amour que je sèmerai dans ton cœur. L’objet aimé versa mon sang, me sauvant du chagrin d’amour ; je rends grâces de ton œillade pénétrante comme un poignard. Je suis en larmes ; mon désir, quand mes pleurs coulent à torrents, ce serait de pouvoir semer dans ton cœur le grain de l’amour. Reçois-moi généreusement pour que, dans l’ardeur de mon cœur, de mes yeux je laisse tomber à tes pieds des perles, sans cesse. Hâfiz ! nectar, objet aimé, débauche ne sont point ton fait ; à tout cela, tu t’es livré ; je te pardonne cependant !
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La rose et le rossignol.

J’allai de bonne heure au jardin pour cueillir la rose ; soudain la voix du rossignol vint à mes oreilles. Le pauvre souffre comme moi par amour d’une rose ; et il répand dans la prairie le bruit de ses plaintes. Je faisais sans cesse le tour du jardin, de l’herbage ; ce rossignol et cette rose occupaient ma pensée : la rose est l’amie de l’épine ; et le rossignol l’aime ; l’un ne reçoit nulle faveur ; l’autre ne change pas. Or donc le chant du rossignol éprouvait tant mon cœur qu’il ne me resta plus la force de l’écouter encor. Mainte rose s’est épanouie dans ce jardin : personne n’en a pu cueillir une seule sans souffrir des épines. Hâfiz ! n’espère nul plaisir du mouvement céleste, car on lui voit mille défauts, mais pas une bonté.
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L’abandonné.

Elle a repris son cœur et caché son visage. O Dieu ! avec qui donc puis-je mener mon jeu ? Quand mon âme aspirait à la nuit solitaire, sa vision m’apporta des grâces infinies. Pourquoi donc n’ai-je pas le cœur ensanglanté tout comme la tulipe, alors que de son œil semblable à un narcisse elle m’a contristé. O cuisante douleur ! comment pourrais-je dire que le mire céleste a soigné ma pauvre âme ? Elle m’a consumé comme un cierge, de sorte que la bouteille à long goulot pleura sur moi, et que le luth gémit, ayant pitié de moi. O vent ! voici le temps si tu sais un remède, car le mal du désir a menacé ma vie. Comment donc avouer, au milieu d’êtres tendres : « Mon amie dit ceci, mais elle a fait cela » ? L’ennemi n’a pas fait contre ta vie, Hâfiz ! ce que causa le trait décoché par cet œil sur lequel le sourcil s’incurve comme un arc.
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J’ai perdu mon cœur.

Musulmans ! autrefois je possédais un cœur ; je parlais avec lui si j’avais une peine. Quand je tombais dans un tourbillon de chagrin, ce cœur me permettait d’espérer le rivage. Cœur pitoyable, ami de ma tranquillité, qui servait de refuge à tout homme de cœur. Dans la rue de l’objet aimé, je l’ai perdu... O Seigneur ! cet endroit, qu’il était attachant ! La vertu ne va pas sans désappointement ; mais quel solliciteur fut plus frustré que moi ? Soyez donc pitoyable à mon âme troublée : elle était autrefois parfaitement lucide. Depuis qu’amour m’apprit à m’exprimer en vers, mon cas fait le piquant de toute réunion. Ne dis plus que Hâfiz est un homme subtil : nous le voyons, il est ignorant consommé.
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Loin de l’objet aimé.

O vent ! S’il t’advient de passer sur la rive du fleuve Araxe, baise le sol de la vallée et parfumes-en ton haleine. Les lieux où s’arrêta Selma — qu’à tout instant de notre part cent saluts s’envolent vers elle ! — tu les trouveras tout bruyants de conducteurs de caravanes et du tintement des clochettes. La litière de mon amie, baise-la ! Puis, en gémissant, présente-lui donc ce message : « Je me consume en ton absence ; tendre beauté, viens à mon aide ; dans les propos des conseillers, je n’ai vu qu’un air de musique ; je suis affligé par l’absence ; cela seul me sert de leçon »... Une intrigue amoureuse, ô cœur ! n’est pas un simple amusement ; joue ta vie ! L’on ne peut frapper avec le maillet du désir la balle qu’est le pur amour. Mon cœur renonce à l’existence, avec zèle, si son amie lui jette un regard langoureux, bien que les sages ne renoncent pour personne à leur libre arbitre. D’autres, pareils aux perroquets dans un champ de cannes à sucre, vivent au gré de leurs désirs, quand moi, soupirant de regret, moi, misérable moucheron, de mes mains je frappe ma tête. Mais si mon nom vient à la pointe de la plume de mon amie, c’est là tout ce que je demande à la suprême Majesté.
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