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3.39/5 (sur 23 notes)

Né(e) à : Lausanne , le 25/03/1952
Biographie :

Journaliste à l’Agence France-Presse et auteur en 2012 de "Les choses comme elles sont. Une initiation au bouddhisme ordinaire"

Hervé Clerc, né le 25 mars 1952 à Lausanne, est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et titulaire d’une maîtrise de Philosophie à Paris II Sorbonne. Il a exercé pendant trente ans le métier de de journaliste au sein de l’Agence France-Presse, notamment en Espagne, Pakistan, Afghanistan et Pays-Bas. Il est l’auteur d’un essai sur le bouddhisme, Les Choses comme elles sont (Folio, essais, 2011), livre remarqué par la presse et les libraires.

Source : Albin Michel
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
La démonstration de Gilles me remet en mémoire une histoire indoue bien connue : le maître demande au disciple ce qui est vraiment essentiel pour lui dans cette vie éphémère et douloureuse. Le disciple répond : "Le Brahmãn." Ils sont à côté d'un puits. Dans crier gare, le maître plonge la tête du disciple dans l'eau. Trente secondes, une minute, deux minutes. Le grand maître relâche sa prise. Le disciple avale un grand bol d'air. Le maître lui pose la question : qu'est-ce qui était essentiel lorsque tu avais la tête sous l'eau ? Le disciple est bien forcé de reconnaître qu'il ne pensait plus du tout au Brahmãn et qu'il n'avait plus qu'une obsession : respirer.

Pour rendre compte du décalage entre la réalité telle qu'elle est - vide, sans noyau, insaisissable - et telle que nous la percevons, douloureusement pleine, le bouddhisme a formulé la théorie dite des "deux vérités". La vérité "conventionnelle" (sammuti-sacca) nous permet de tenir la tête hors de l'eau et d'esquiver les coups de couteau. La vérité "ultime" (paramattha-sacca) est le nirvãna. Les deux coexistent mais de manière alternative, comme deux lampes : quand l'une est allumée, l'autre est éteinte, et inversement.
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« Dieu devient et passe », écrit Eckhart. L'étincelle, qui jaillit du foyer lumineux, disparait dans la nuit, mais le foyer lui-même ne devient pas, ne passe pas. Dieu peut être saisi, aimé, consommé : il passe. Mais la Déité est insaisissable, inconsommable et innommable : elle ne passe pas. Dieu et la Déité sont aussi différents l'un de l'autre que le ciel et la terre, dit maître Eckhart. Et c'est pourquoi il leur donne deux noms distincts. On ne désigne pas avec le même mot le ciel et la terre, le soleil et la lune, n'est-ce pas?
«Dieu n'apparaît que là où toutes les créatures le nomment, écrit encore Eckhart. Lorsque j'étais dans le fond et le tréfonds, dans le ruisseau et la source de la Déité, personne ne me demandait où je voulais aller ni ce que je faisais, parce qu'il n'y avait là personne pour m'interroger. Ce n'est qu'une fois écoulées au-dehors que toutes les créatures dirent : Dieu !» On s'écrie: Dieu! après, après seulement, quand on a été rattrapé par le ressac de l'existence et poussé au-dehors, dans le temps, rendu à la surface rugueuse des choses. Alors oui, cest vrai, parce qu'on n'est plus « dans le fond et le tréfonds », englouti, on s'écrie : Dieu! On s'écrie : Dieu ! parce qu'on existe à nouveau ; et Dieu, le pauvre bougre, si infiniment petit lui aussi, passant, léger, marginal, en comparaison de la Déité, est prisonnier avec nous dans le filet de I'existence. Quels regrets alors ! Alors oui, on s'écrie : Dieu ! parce qu'on n'a rien de mieux à faire qu'à crier et à appeler notre compagnon de détresse. On s'écrie: Dieu, où en sommes-nous, toi et moi? ou bien : Dieu, quelle chute! Mais il est trop tard déjà. Nous sommes pris au Verbe, et au fin maillage des mots qui traîne, étincelant, dans son sillage, et lui aussi, Dieu, est pris avec nous. On se prend la tête entre les mains, comme Adam chassé du paradis. Chute vertigineuse, rapetissement. Nous voilà définis, individualisés, incorporés, minuscules. Existants enfin.
Ce jour-là, l'homme est confondu, et quand il crie : Dieu ! ou : Dieu, sauve-moi! alors c'est sûr, il est loin, très loin de l'unité originelle. Il en allait autrement « dans le fond et le tréfonds » où il n'y avait pas le brouillard pluriel de l'existence, où il n'y avait pas Dieu et, en face de Dieu, comme dans un miroir, quelqu'un pour s'exclamer : Dieu! Il y avait une réalité sans mélange, sans qualité ni attribut : Gottheit. Pure simplicité, pure félicité, être pur.
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En ce temps-là, je ne songeais pas à l'enfer. Jamais je n'ai été srygiophobe. Ce mot est sans doute l'un des moins utilisés de la langue française. Il désigne une personne hantée par la peur de l'enfer.
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Nous pouvons avancer une autre raison forte et simple pour laquelle il serait impropre de dire que Dieu existe. Cette raison est que l'existence implique individuation, limitation, séparation, temporalité, tous caractères évidemment étrangers à l'idée de divinité, et qui lui sont même incompatibles. Dieu n'est pas à notre image, il est séparé de tout. Nous ne l'attraperons pas, ce poisson des grandes profondeurs, avec la ligne de l'existence, nous ne le ferons pas entrer dans nos filets. Trop petits, nos filets. Trop petit, notre esprit. Trop petits, nos concepts. Certes, mais alors sur quoi s'appuyer ? Comment progresser? Il faut chercher encore, avec ardeur.
En résumé, l'existence de Dieu ne saurait être considérée comme acquise, même pour un croyant. Elle ne va pas de soi. C'est nous qui tombons sous le coup de l'existence. Et encore, en sommes-nous bien sûrs ?
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À notre entrée dans le monde, dit Schopenhauer, nous chaussons des lunettes à double verre. Les deux verres sont interpénétrés. L'un est nommé «espace » et l'autre «temps ». L'expérience consiste à ôter les lunettes. Ce qui demeure est indicible. Ce n'est pas la mort, ce n'est pas la vie, ce n'est pas l'entre-deux. Ce n'est pas le néant. Ce n'est pas une perte, ce n'est pas une diminution (il est nécessaire, encore que l'on n'en ait guère envie, d'insister sur ce dernier point, tant sont nombreux les contresens). C'est juste le contraire bien sûr : le sage, dans sa sagesse, n'a pas moins de conscience, moins d'être et de béatitude - quelle absurdité serait alors la poursuite de la sagesse! Quels fous que ces sages !-, il en a infiniment plus.
La gouttelette, quand elle se confond avec la mer, n'est pas diminuée, elle est dilatée à l'infini.
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La déité gît dans le fond et le tréfonds de l'âme. Quand l'homme n'est plus « fixé au-dehors », qu'il n'est retenu par rien, aucun désir, aucune crainte, ni ombre ni image, tombe dans le tréfonds, dans la « nature originelle » de l'âme. Eckhart souligne le caractère nécessaire de cette chute en même temps que la félicité qui l'accompagne. Il met ainsi en évidence une loi de la mystique aussi fondamentale que la loi de la gravité en physique : si rien ne retient un homme, s'il n'est attaché à aucune propriété physique ou intellectuelle, à aucun savoir, aucune croyance, aucune réputation, aucune représentation, s'il est sans qualité, oublieux de lui-même, il tombe, c'est forcé, comme la pomme de Newton. Où tombe-t-il ? Dans la déité, qui est la face nord de Dieu.
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L'idée que Dieu, sans le miroir du monde, serait comme un trésor caché à ses propres yeux est surprenante. Dieu a besoin de la diversité, dans laquelle nous nous perdons, pour ne plus être, lui, perdu et plongé dans l'ignorance - « merveilleuse ignorance » certes, mais ignorance tout de même. À quoi sert un trésor s'il est caché? Qui jouira de son éclat? Il existerait donc, toujours si l'on suit cet enseignement singulier de l'islam, au sein de l'essence divine, un besoin, un élan ou une volonté de sortir de soi, de son prodigieux en soi, pour se connaitre. Cette volonté essentielle produit le temps, l'espace et, à la croisée des deux, cet enchaînement causal que nous appelons le "monde".
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Une première nomenclature désigne le Dieu personnel, celui dont Nietzsche annonce la mort : il est le clément, le miséricordieux, le seigneur, le régent des mondes, le protecteur... Une seconde série désigne le Dieu abyssal des mystiques (de quelques mystiques) et philosophes : il est l'immuable, l'esseulé, le sans pareil.. On le "cerne" - façon bien impropre de s'exprimer - en disant ce qu'il n'est pas : non, l'éléphant n'est pas une corde, pas une balayette, pas une colonne, non, non, mes amis, cherchons encore, cherchons mieux.
Pas ceci, pas cela.
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Pour des musulmans ou des hindous, la question du réel ne se pose pas. Dieu est identique au réel, qui est lui-même identique à la vérité et à l'unité. C'est tout un. Plus un homme est « proche » de Dieu - si tant est que l'on puisse s'en approcher ou s'en éloigner, ce qui est très douteux compte tenu qu'il est partout –, plus cet homme se réalise. Et inversement.
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Les histoires racontées par les sages tombent dans l'esprit des ignorants où elles poussent comme l'herbe.
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