Oeuvre très courte, qualifiée de roman "cocasse" et que je vois plus comme une nouvelle d'autant que le texte est imprimé en gros caractères. Ce livre est surprenant, inattendu... et je n'étais pas habituée à un tel sujet avec les précédents ouvrages, que j'ai lus de cet auteur.
J'y découvre une satire de la vieillesse et de la solitude, ainsi qu'un regard accusateur vis à vis des auxiliaires de vie, qui parfois profitent de la situation et abusent de la fragilité des gens chez qui ils travaillent, au point de les dépouiller et surtout de leur faire subir des maltraitances.
Tout semble réuni ici pour que le scénario soit conforme, même si "les ficelles sont un peu grosses"...
Une autre facette des écrits d'Hervé Guibert.
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Je me suis placée dans la peau d'une lectrice qui lisait un conte imaginaire avec un personnage malintentionné. Guibert est un octogénaire dans ce roman. Lui, le gentil et pauvre être qui est victime de son valet subissant le joug de celui-ci. Méchant valet, fouineur, voleur, barbare et cruel.
Lu en avril 2019 / Points - Prix : 4,50 €.
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L'histoire d'un enchaînement conscient d'un homme en train de devenir vieux à un homme plus jeune, malintentionné et sans doute pervers. Autopsie d'une relation malsaine. Pour les amateurs du genre.
Commenter  J’apprécie         30 ![Mon valet et moi par Guibert Mon valet et moi](/couv/cvt_Mon-valet-et-moi_3404.jpg)
Quand Hervé Guibert écrit "Mon valet et moi" il n'a que 35 ans mais s'imagine dans la peau d'un vieil homme de 80 ans. Et ce n'est pas par hasard qu'il évoque la déchéance physique ; il est atteint du sida et va mourir quelques mois après la publication de ce texte court.
Il est court mais d'une grande profondeur et d'un cynisme qui lui donne toute sa valeur.
Il s'agit d'une sorte de journal, celui du vieil homme qui raconte la fin de sa vie avec son valet. Ce dernier est un jeune homme qui a fait du cinéma à l'adolescence et qui n'avait plus de travail. Il a été recruté par le narrateur, ancien auteur de pièces de théâtre légères.
Mais le valet sous ses airs courtois est un voyou.
Il va congédier le personnel et gérer l'ensemble des affaires de ce vieux et riche dandy qui habite rue de Varenne dans un hôtel particulier parisien. D'ailleurs, l'octogénaire il lui a cédé sa chambre pour dormir sur le canapé du salon car c'est plus pratique.
On voit comment petit à petit l'emprise du valet sur le maître va être de plus en plus importante jusqu'à lui voler sa morphine alors qu'il ne peut pas se défendre.
On ne sait jamais de quel côté est la servilité et c'est ce qui est très impressionnant dans l'écriture d'Hervé Guibert.
Et puis ça ne l'empêche pas d'avoir de l'humour notamment quand il se moque de Marguerite Duras. Petite revanche peut-être alors qu'ils ont tous les deux un point commun, cette écriture minimale et pourtant très puissante.
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Bel hommage d'un petit-neveu à ses grandes-tantes. Le sujet, la relation entre deux soeurs de 85 et 75 ans, est surprenant. Les photos ne sont pas spontanées, Hervé Guibert proposait un scenario la veille de son passage. L'image est belle, jamais impudique. Sans doute parce que photographiées avec amour.
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Certains livres nous attirent comme des aimants. Alors que je sortais de ma librairie habituelle et que je passais devant une autre librairie, j’ai découvert en vitrine la réédition de ce roman-photo d’Hervé Guibert. C’est un auteur que je connaissais déjà pour avoir lu plusieurs de ses livres avec beaucoup de plaisir.
L’histoire de ces deux grandes tantes (Suzanne et Louise) m’a tout de suite séduit, comme le photographe Kertész qui sera aussi «séduit et amusé par cette inconvenance élégante ».
C’est un très bel hommage à deux vieilles femmes recluses, qu’il sort de l’anonymat et qu’il fait revivre. Tout d’abord gênées, elles vont ensuite prendre part à ces mises en scènes et en avoir de la fierté, comme le dit cette belle dédicace de Suzanne « à Hervé notre très cher « petit-neveu », en admiration pour avoir tiré de notre obscurité ce livre trop brillant pour notre modestie ». Tout est dit !
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Dans ce récit entrecoupé de photographies Hervé Guilbert fait le portrait de ses deux grandes tantes, Suzanne et Louise. La première et la plus âgée, veuve de pharmacien, détient le patrimoine. La seconde, ancienne carmélite, tient la maisonnée et fait office de bonne. Un gros berger allemand est chargé de protéger les deux sœurs. L'auteur profite de ses visites pour écouter leurs récits, et devenir le témoin de leur existence respective. Il prend quelques photos à la dérobée avant de parvenir à les convaincre de poser pour lui. Cet ouvrage, qui s'apparente presque à un roman-photo, est un hommage émouvant à la figure de l’aïeul.
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Un recueil en deux parties, composé de descriptions brèves d’objets ou de lieux, souvent lugubres, naviguant entre appareils médicaux très connotés et cimetières abandonnés. Une lecture extrêmement dérangeante, à ne pas mettre entre toutes les mains. Je ne peux pas dire que je sois hypersensible, mais ce livre m’a fait passer quelques mauvaises nuits après l’avoir refermé. Si on trouve dans Vice quelques magnifiques passages (notamment les descriptions de la galerie du musée d’histoire naturelle et du Palais des Mirages), l’auteur verse parfois dans le macabre de bas étage, presque adolescent. Les descriptions se font alors morbides, choque bourgeois (la preuve, ça marche), inutilement chirurgicales. Une plume magnifique cependant, même si je ne pense pas du tout que ce recueil soit indiqué pour découvrir Hervé Guibert, qui a écrit de bien meilleures choses.
Commenter  J’apprécie         10 ![Vous m'avez fait former des fantômes par Guibert Vous m'avez fait former des fantômes](https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/413JCSFfrNL._SX95_.jpg)
Le titre extrait des correspondances de Sade donne le ton.
Aprèsles auto-fictions de Guibert, Mes parents, la trilogie du sida, etc., cette fiction est détourante.
L'univers sur-érotisé rappelle un peu celui de Genet, l'espoir en plus, la préciosité en moins.
Entre hiérarchie du mal et sanctification d'une soumission malsaine, les personnages multiples, liés par ces arenes où l'on sacrifie des enfants-bêtes, se succèdent dans un voyage initiatique qui ne mène nulle part, parsemé de sang et de foutre bleu.
La première partie est celle du dressage.
Prénomés Bébés, Pirate ou Lune, comme ils l'étaient Divine ou Notre-Dame chez Genet, les bandits sont sublimes, éclairés de leur crimes, humanisés par leur manies, leurs imperfections. Il sont des images vagues, comme des colosses fantasmés qui se font renverser, les uns après les autres, écrasés par ces enfants pâles pendus dans des sacs de toile.
La seconde est celle de Mickie et de son frère Radiateur. Enfant aux yeux qui brulent et à l'épée en carton, Mickie nous replonge dans l'arene d'où on venait de fuir, horrifié par l'irréel des mises à mort. Porté par les cris d'une foule de Divins, un poil dans la poche, c'est vers le combat qu'il va se perdre.
La troisième partie est courte. Quelques pages à peine. Comme un espoir léger, un échappatoire, une fenêtre grillagée dans une prison, qui laisse filtrer un peu d'air. Et une fin, composée d'une vague de points.
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Il est rare que j'hésite autant à terminer un livre... Celui-ci est le dernier de cet auteur qu'il me restait à lire, et autant j'étais tombé en amour pour ses autres opus, autant celui-là m'a laissé un profond sentiment de malaise. C'est une plongée dans l'abject, le malsain, décrit de façon presque chirurgicale. Je lis la pornographie la plus crue et les thrillers les plus gores, mais ces lignes m'ont amené là où j'ai préféré effacer l'histoire et me concentrer sur le style. Peut-être n'étais-je pas le lectorat ciblé
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Récit d'un voyage au Maroc, un ami et deux enfants.
Attention, ce livre est choquant, amoral et licencieux.
Je savais dans quoi je me lançais en l'achetant car j'ai décidé de lire tous les Guibert mais vraiment, là, je suis épouvantée par la vie de cet homme disparu qui était complètement dissolue. Je mets une demi étoile juste pour la citation relevée.
Lu en septembre 2019 / Les Editions de Minuit - Prix : 9,75 €.
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Impudique, plein de grâce, et incroyablement digne, comme à l'accoutumée, et ça remue, comme à l'accoutumée. Quel courage, ce livre. Sans parler de bien ou de mal (ne pas chercher de condamnation, de flagellation ni d'explication), ce récit (ou journal, ou carnet?), entre amour et désespoir, nous parle surtout du fantasme et de l'écriture. Et d'érotisme, d'amour, et de distance.
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Ils se sont rencontrés à vingt ans, lui, le jeune écrivain, elle, la jeune comédienne débutante.
C'était en 1978. Il a transcrit ses mots à elle dans ce livre, sorte d’autoportrait thématique composé de vingt-quatre entrées, dans lequel Zouc, comédienne suisse dont les spectacles surent marquer toute une génération, expose ses souvenirs tour à tour amusants, cocasses, émouvants voire douloureux, les souvenirs d’une enfant différente physiquement, fascinée par la mort et à l’esprit pourtant espiègle.
Les souvenirs aussi de l’internement en hôpital psychiatrique qu’elle eût à affronter, alors âgée de seize ans et demi, puis enfin ceux de son arrivée à Paris.
Le lecteur écoute cette « confession », faite en toute franchise et simplicité, entre sourire aux lèvres et larme à l’œil.
Commenter  J’apprécie         40 ![Zouc par Zouc par Guibert Zouc par Zouc](/couv/sm_cvt_Zouc-par-Zouc_8922.jpg)
Ce petit livre à la si belle couverture avec une petite fille souriante croquant une pomme résume l'espièglerie de Zouc, humoriste suisse que j'adore. Paru initialement en 1978, il s'agit de la réédition de "Zouc par Zouc" devenu introuvable et un beau cadeau que mon mari m'a fait.
Dans les années 1970, Zouc s'est fait connaître et appréciée avec ses spectacles où elle dresse notamment le portrait des personnages qui l'entourent. On retrouve d'ailleurs dans ses sketchs grinçants et drôles sa qualité d'observation du quotidien.
"Zouc par Zouc" est une série d'entretiens menés par Hervé Guibert avec qui elle s'entendait bien. Elle se livre avec légèreté et gravité, humour et sérieux en improvisant des confidences lucides et sans complaisance.
Le livre est composé de séquences d'interviews sous forme d'exercices autobiographiques.
Elle raconte son enfance pas comme les autres, l'enfermement en hôpital psychiatrique après une tentative de suicide, la peur de ne pas être aimé mais aussi les passions et la fascination de ceux qui l'entourent. le chapitre le plus long intitulé L'asile est aussi le plus triste d'autant plus que l'on sait que c'est à l'hôpital (bien plus tard) qu'elle sera victime d'une infection nosocomiale qui va la contraindre à cesser son activité théâtrale. Mais c'est aussi un lieu qui a inspiré celle qui a marqué le monde de la scène francophone.
Challenge Riquiqui 2024
Challenge XXème siècle 2024
Challenge Gourmand 2023-2024
Commenter  J’apprécie         90 ![Zouc par Zouc par Guibert Zouc par Zouc](/couv/sm_cvt_Zouc-par-Zouc_8922.jpg)
Je me souviens très bien de Zouc. Je me souviens que je l’adorais quand j’étais petite, qu’elle me faisait rire, quoique différemment des autres. Elle avait quelque chose d’étrange, au sens fort, quelque chose de mystérieux. Je crois qu’elle me fascinait.
Puis un jour on ne l’a plus vue. J’étais petite, je n’ai pas posé de questions. Pourtant, même son absence était mystérieuse. Impossible de me souvenir si on me l’a dit ou si je l’ai imaginé, mais j’étais persuadée que Zouc était partie volontairement. Qu’elle ne voulait plus qu’on parle d’ elle. Qu’elle était passée à autre chose.
Alors je n’ai plus parlé d’elle mais je ne l’ai pas oubliée.
Et puis un jour, ses entretiens avec Hervé Guibert ont été réédités. Je me suis précipitée dessus, forçant presque mon libraire à ouvrir le carton pour satisfaire mon impatience.
En fait, ces entretiens ressortaient à l’occasion d’une pièce interprétée par Nathalie Baye. Au cours des émissions de promo, j’ai appris que non, Zouc n’était pas partie volontairement. Elle avait quitté la scène parce qu’elle souffrait d’une maladie grave, mais elle restait une femme vive, brillante, pleine de charme et de drôlerie. Et qu’elle était touchée et émue qu’on se souvienne d’elle.
Ça n’aurait rien changé si je l’avais su plus tôt. Je n’aurais pas su quoi lui dire ni où m’adresser pour le faire. Publiés chez l'arbalète (Gallimard), ses entretiens flèches touchent nos pomme, vrais cœurs de cible... on ne se quittera plus.
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«Dans la vie, je joue avec la vie et, sur scène, je montre la vie». Avec une simplicité confondante, bouleversante, Zouc l’humoriste, la comédienne, «l’artiste de variétés» se raconte au jeune Hervé Guibert à la fin des années 70: l’enfance triste, l’hystérie, l’hôpital psychiatrique, les séances de pose chez un peintre, l’obsession du suicide, le besoin d’être aimée, la révolte contre l’éducation bourgeoise… «Parfois j’ai l’impression d’être une herbe folle dans un champ.»
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