Les effets des mauvais traitements ne se dissipent pas comme par magie, quand le problème a été éliminé, au contraire, ils perdurent encore longtemps, comme la puanteur des poubelles bien après que le camion les a emportées. ( p 326 / éditions Actes Sud )
C'est la punition des enfants des parents violents. Pas de temps pour l'enfance, ni pour l'adolescence, ils n'ont droit qu'à une maturité à laquelle personne ne les a préparés.
Comme au cinéma, elle est sûre qu’un imprévu va faire échouer un crime planifié au millimètre : la chaise va tellement bouger qu’elle va l’écarter du trajet de la locomotive, ou bien Natalia va se libérer des liens qui l’immobilisent. — C’est brutal, murmure-t-elle. — Putain de fils de pute… renchérit Aitor et détournant les yeux de l’écran. — Fils, ou fille… ? rectifie Julia. — Non. Je parie que c’est un homme. Les femmes ne tuent pas de façon aussi violente. Nous sommes plus délicates. Le poison…
Personne ne répond. C'est la question que tout le monde se pose. En quoi sont-elles différentes ? Quel secret en fait la cible de l'assassin à la tulipe ?
C’est vrai, chaque fois qu’elles partent en goguette, Olaia attire tous les regards. À la loterie de la génétique, elle a touché le gros lot… Elle n’a pas besoin de courir ni de ramer pour emballer le premier jupon qui passe à sa portée. Cestero se moque de ne pas avoir un physique de mannequin : trop petite, des cheveux frisés pas terribles, mais elle se sent sûre d’elle, surtout depuis qu’elle a déniché cette pince qui lui permet de se lisser les cheveux.
— Tu l’as changé, non ?
Olaia montre l’anneau que Cestero s’est mis aujourd’hui à la narine droite.
— Oui, j’en avais marre de l’étoile. Je l’ai depuis presque deux ans.
— C’est chouette. Ça se voit mieux. Et celui du sourcil, génial… !
Je ne crois pas qu'il se soit passé un jour où je n'ai failli lui demander pourquoi elle m'avait eu, si elle n'avait eu l'intention de m'aimer. Mais je n'ai jamais osé lui poser la question. Je redoutais une réponse encore plus douloureuse que la question elle-même.
Ce n’est pas agréable, quand on rentre du commissariat, fatiguée, de trouver Andoni vissé devant la télé à plein volume avec une série de Netflix. Comment peut-il passer des heures entières à gober tous les épisodes les uns après les autres en fumant comme un pompier ? Il n’est même pas foutu d’ouvrir la fenêtre pour chasser les odeurs de tabac… Quand il s’agit de tabac, car lorsque ses moyens le lui permettent, ce sont des joints qu’il grille avec entrain.
Cestero a été jeune, elle aussi. Diable, elle l’est encore, et il lui est aussi arrivé de consommer un peu plus que du tabac, mais la moindre des choses est d’aller fumer sur le balcon pour ne pas incommoder la personne qui vit sous le même toit.
Les bancs de sable et la mer s’amusent à dessiner un beau tableau impressionniste qui met en harmonie les tons dorés et bleus du Cantabrique. Ce sont les caprices de la marée basse, cette heure magique où l’embouchure de la ria prend l’aspect d’un album photos.
Le rêve : laisser toutes ses enquêtes au fond d’un tiroir quand elle a fini son service. Heureusement, la mer l’aide à décompresser. Si elle n’avait pas sa baignade nocturne et le surf, elle deviendrait folle et devrait abandonner ce travail qui la passionne.
Mais elle aura beau nager, elle ne pourra pas y échapper, alors elle s’arrête et se met sur le dos. Il ne pleut plus. Le ciel est toujours couvert, la lune n’existe pas. Elle doit bien être quelque part, derrière les nuages épais. Les vagues, la houle qui s’accentue en se rapprochant de la plage où elles déferlent, la bercent doucement. Son corps ne pèse rien, il flotte sur la mer qui la revêt d’une froide parure de soie.
Elle ferme les yeux et revoit Natalia Etxano ; elle et sa souffrance.