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Citations de Irène Théry (28)


6. « Pour certains, le cœur de l'identité personnelle est 'l'identité de genre' : le sentiment intérieur d'être homme ou femme, masculin ou féminin. Pour d'autres, le cœur de l'identité personnelle est 'l'identité sexuelle' : le sentiment intérieur d'être hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, etc. Dans l'un et l'autre cas, l'identité personnelle est conçue comme l'identité psychique que chacun peut découvrir à l'intérieur de lui-même, dans l'intériorité de son moi le plus intime, et elle apparaît comme la preuve la moins discutable d'une 'authenticité' de la personne. Il est intéressant de remarquer que, sous une tout autre forme qu'autrefois, un point de référence originel et naturel est toujours recherché. La grande différence avec le passé est que cette nature originelle de l'individu, loin d'être "la prise naturelle des liens de convention" (Rousseau), est considérée comme un lieu intérieur dont la valeur est d'échapper à toute prise de la convention sociale. Il revient à l'individu de découvrir ce lieu authentique en lui-même, de le préserver dans sa singularité, et de le protéger de toute atteinte de la société, redoutée comme une menace inquisitoriale. Les conventions sociales sont alors disqualifiées comme une sorte de théâtre aux personnages surfaits et factices. Il est important de souligner que dans cette perspective, l'identité personnelle intime – qu'elle soit de genre ou d'orientation sexuelle – n'est pas conçue comme ce qui permet une sorte de grand geste arbitraire d'autodéfinition de soi, contrairement à ce que prétendent les partisans d'un ordre symbolique psychanalytique qui ne cessent de critiquer l'ivresse de la toute-puissance du Sujet souverain. » (pp. 258-259)
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5. « Le marxisme, le fonctionnalisme, le behaviorisme ont été avec le structuralisme les principales formes qu'a prises l'adhésion d'une grande partie des intellectuels aux thèses des lois causales gouvernant nos comportements et faisant de l'histoire un "procès sans sujet". Ainsi, pendant une longue période, une sorte d'alternative s'est imposée : soit on considérait avec la philosophie du sujet, les théories de l'acteur rationnel et la sociologie du moi, que seuls les individus sont réels, et c'est à partir des caractères internes de l'individu qu'on cherchait à composer du social ; soit on considérait cette autonomie du sujet rationnel comme illusoire, et le dévoilement des grands mécanismes qui nous déterminent à notre insu devenait la tâche des sciences sociales et de la philosophie. Si je puis risquer cette image, il était alors difficile de refuser le choix entre être mangé bouilli par le subjectivisme ou rôti par le déterminisme, et de revendiquer le droit de sortir de la question.
[…]
La grandeur de Cornelius Castoriadis n'est pas seulement d'avoir fondé le groupe Socialisme ou Barbarie ; elle est aussi d'avoir su, dans une période qui l'acceptait si peu, montrer que, dans nos sociétés modernes, le projet d'autonomie de l'individu ne va pas sans l'autonomie de la société elle-même. Celle-ci exige de renouveler en permanence, par ce qu'il nommait la 'paideia démocratique', l'éducation d'individus capables de vouloir et de faire vivre une vie commune libre et solidaire qui ne s'impose jamais de soi. Elle ne peut aller sans la conscience de la responsabilité de chacun dans le triple mouvement de savoir recevoir, savoir transformer et savoir transmettre ce qu'il nommait 'l'institution imaginaire de la société'. » (p. 216)
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4. « L'agir sexuel a certes ses particularités, mais pour ne serait-ce que commencer à les décrire, encore faut-il reconnaître qu'il n'est pas moins investi d'attentes, d'imaginaire et de significations communes, pas plus ni moins libre que les autres formes de l'agir, et en tout cas ne contient en lui-même aucun principe intrinsèque de socialité. Participant de la forme de vie qui est celle des humains, aucun "donné biologique de base" ne saurait précéder cette forme de vie toujours-déjà là, qui est en quelque sorte le 'donné humain'. » (pp. 149-150)
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3. « Pour Mauss, être "une femme" comme partenaire d'une vie sociale n'est en rien réductible à être une épouse ou une mère, si importantes soient les alliances matrimoniales et la famille dans la vie d'une société. C'est tout aussi bien être une sœur, une initiée, une prêtresse ou une magicienne, une chanteuse de "voceros", une ordonnatrice de vendetta, une belle-mère, une ancêtre, une horticultrice... Toutes choses qui ne sont pas des caractères internes de la personne mais des statuts, supposant des 'manières sociales d'agir' en relation à autrui. Toute relation sociale instituée, et non pas seulement toute relation de parenté, peut être divisée par sexes. » (p. 127)
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2. « Durkheim serait-il le premier théoricien du "genre" comme construction sociale ? Il semble même aller plus loin que bien des théories actuelles en incluant d'emblée la taille du corps et du cerveau dans ce qui est partiellement façonné par la vie sociale. Soulignons cependant que son analyse des caractères sexués est fort différente des thèses contemporaines fondant le "genre" comme identité du 'moi' sur l'intériorisation précoce de stéréotypes sociaux artificiels dont la fonction serait d'asseoir en la naturalisant la domination masculine. Durkheim ne parle pas d'identités mais de capacités ou d'aptitudes différentes et n'évoque aucune volonté collective "des hommes" de dominer "les femmes". Pour lui, les aptitudes personnelles sont tout simplement issues de l'action sociale coordonnée des hommes et des femmes au sein d'une société qui assure sa solidarité sexuée en valorisant et instituant la division des rôles masculins et féminins. » (p. 107)
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1. « […] Les sociologues durkheimiens prendront appui sur la pensée de Rousseau pour franchir le pas qu'il n'a pu franchir et s'émanciper, de façon cette fois radicale, de l'universel mythique que forge la vision individualiste. À l'universel de la 'nature humaine' comme ensemble d'attributs physiques et psychologiques communs aux individus de l'espèce imaginés à l'état isolé et présocial (la raison, la pitié, l'intérêt, l'amour...), ils opposeront un autre universel : celui de la 'nature sociale et historique' de l'humanité, dont l'unité fondamentale passe nécessairement par les différences entre les sociétés concrètes où chacun pense et agit en relation avec d'autres et, ce faisant, devient ce que nous appelons un "individu".
[…]
On peut donc – et selon les durkheimiens on doit – être individualiste au plan moral et politique comme membre d'une société moderne, convaincu que ses valeurs sont meilleures que celles des sociétés traditionnelles, tout en refusant l'individualisme "conceptuel" ou "méthodologique", qui est au fond une pensée incohérente. Cette critique du mythe de l'individu atomistique et autarcique, clos sur ses attributs et ses propriétés, permet d'apercevoir la face oubliée du mythe moderne des origines : celle qui fait de "la société de l'homme et de la femme" la forme originelle de toute socialité. » (pp. 64-65)
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L’engendrement avec tiers donneur en AMP ne peut être assimilé ni à une procréation charnelle, ni à une adoption. C’est pourquoi nous proposons d’instituer pour lui une modalité sui generis d’établissement de la filiation, reposant pour tous les couples sur une « déclaration commune anticipée de filiation ».
Ces propositions signifiant qu’à notre sens l’engendrement avec tiers donneur doit cesser d’être maquillé en procréation du couple receveur, et être reconnu comme une nouvelle manière de mettre des enfants au monde, nous proposons que l’AMP soit ouverte sans tarder aux couples de femmes.
Nous ne nous prononçons pas sur l’encadrement de la gestation pour autrui (GPA), le groupe étant très divisé à ce sujet. En revanche, dans l’intérêt majeur de l’enfant, nous préconisons unanimement la reconnaissance des filiations issues de GPA à l’étranger.
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La condescendance, cette forme typiquement masculine de la bêtise.
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