AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Irene Vallejo (39)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Un livre passionnant sur l’histoire des livres, qui explore principalement sa naissance et sa diffusion dans l’Antiquité, non sans se permettre quelques petites incursions à des époques ultérieures.



La longueur de cet essai historique peut faire peur, mais la lecture se révèle très agréable. La plume est fluide et accessible, les chapitres sont courts et bien aérés. Mais surtout, l’autrice nous plonge dans l’Antiquité d’une manière incroyablement vivante. On apprend une foule de détails plus ou moins insolites sur la vie quotidienne des gens de l’époque (que ce soit à Rome, à Athènes ou en Égypte). On a l’impression de déambuler dans les galeries des bibliothèques ou de lire par-dessus l’épaule des scribes et des copistes.



Un incontournable pour les amoureux·ses des livres!
Commenter  J’apprécie          742
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Un essai érudit sur l'origine des livres à nos jours.

Nous suivons l'évolution de la littérature, de la narration orale jusqu'au numérique.

Symbole de puissance, d'une élite excluant le peuple, les femmes, les nations conquises mais dont, surprise, les copies et l'enseignement étaient confiés à des esclaves.

Objet de luttes avec des batailles pour posséder les plus majestueuses des bibliothèques.

L'auteure aborde la nature de l'objet, sa conception, son organisation, ses mouvement ou sa conservation mais surtout son impact sur les sociétés.

Il manque, selon moi, un chapitre dédié à l'imprimerie, absente de ce récit.

Et puis, le livre qui fait peur, qui doit être banni, les autodafés, les écrits clandestins, les romans cachés dans les camps ou les dictature ; emblème de liberté.

C'est dense, un peu long parfois, mais souvent passionnant.

Les livres ou l'histoire de l'humanité.
Commenter  J’apprécie          391
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Pour moi qui suis une inconditionnelle de la lecture et des livres, cet essai sur l'invention du livre, sa création au fil des siècles a été un grand moment! J'y ai appris énormément de choses, et les livres me seront à jamais encore plus précieux. Un texte puissant et marquant!
Commenter  J’apprécie          00
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Quel magnifique essai sur l’invention de l’écriture et des livres ! Quel plaisir de lire un texte d’une qualité littéraire (excellente traduction de l’espagnol) qui nous raconte l’évolution des connaissances humaines et leur diffusion grâce aux initiatives d’Alexandre le Grand et au rayonnement et à l’essaimage de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie !



Il y a tant à dire sur cet ouvrage « accessible et émouvant dans sa simplicité » rédigé par une lectrice passionnée que j’ai décidé de publier mon avis de lecture en deux étapes. Je partage ici mes commentaires sur la première partie consacrée à la Grèce.



En prologue, après nous avoir intrigués avec la description d’émissaires envoyés pour récupérer des livres, Irene Vallejo définit l’objectif de sa démarche, raconter 2000 ans d’existence du livre, rien de moins :



« Quand les livres sont-ils apparus ? Quelle est l'histoire secrète des efforts produits pour les multiplier ou les détruire ? Qu'a-t-on perdu en chemin, qu'a-t-on sauvé ? Pourquoi certains d'entre eux sont-ils devenus des classiques ? Quelles pertes ont été causées par les morsures du temps, les blessures du feu, le poison de l'eau ? Quels livres ont été brûlés avec rage, quels livres ont été copiés avec passion ? Les mêmes ? »



De courts chapitres aux titres évocateurs (87 sur 300 pages) nous entraînent à notre rythme dans la grande aventure de la sauvegarde des connaissances humaines sur des supports physiques, de leur rangement et de leur conservation, de leur catalogage, de leur accès et même de leur destruction. Et du génie humain à la recherche de la meilleure « technologie » du moment pour écrire : de la pierre, aux tablettes d’argile (Mésopotamie), aux tablettes en bois, en métal ou en ivoire, couvertes d’un mélange de cire et de résine (Europe) et de formes rectangulaires produisant un étrange plaisir au regard, aux rouleaux de papyrus (utilisés chez les Juifs, les Grecs et les Romains) jusqu’au parchemin (peau d’animal) inventé à Pergame et au vélin (peau de mouton ou de veau mort-né plus lisse et plus fine que le parchemin).



On y apprend comment on fabriquait les rouleaux de papyrus et comment on les manipulait pour les lire; que Démétrios de Phalère est l’inventeur du métier de bibliothécaire ; comment étaient aménagées les bibliothèques grecques et celle d’Alexandrie ; que depuis les premiers siècles de l’écriture jusqu’au Moyen âge, la norme était de lire à voix haute.



Saviez-vous que pour rentabiliser au maximum les rouleaux de papyrus, « ce matériel coûteux, les livres étaient écrits sans laisser d’espaces entre les mots, ni les phrases, et sans les diviser en chapitres » ?



Un chapitre porte sur l’invention par les Sumériens des tablettes d’argile et sur leur sauvegarde grâce à certains incendies en Mésopotamie et à Mycènes. Il est aussi question de l’invention du catalogage, « la conscience de l’unité de la collection comme réalisation et aspiration », du métier de scribe en Égypte, de la découverte et du déchiffrement de la pierre de Rosette grâce à l’identification du nom de Ptolémée (Rashid) et du Projet Rosette (San Francisco) qui consiste à « enregistrer à l’échelle microscopique le même texte traduit dans mille langues » sur un « disque en alliage de nickel ».



Il est aussi question du travail des copistes et des erreurs de copies en copies, du rôle des bardes poètes (tisseurs de mots), des poèmes oraux, de la naissance de la poésie dont le langage rythmique était plus facile à mémoriser.



Évidemment, une partie de l’ouvrage est consacrée à l’origine de l’écriture avec les registres de propriété, à la naissance de l’esprit critique et de la littérature écrite. On y append que l’expression « livre » se réfère à l’étymologie du mot « biblíon » en grec de Byblos.



L’auteure s’intéresse également au premier alphabet à partir du modèle phénicien et son évolution, à la naissance de l’autofiction et de la fiction, à l’apparition de la prose au VIe siècle av. J.-C., à la naissance de l’école et de la philosophie, aux premiers libraires « bybliopόlai » (vendeurs de livres), au prix des livres, au début de l’exportation des livres, aux librairies nomades et sédentaires, aux premiers ateliers de copie (reproduction) des livres.



En racontant l’histoire de l’écriture et de l’invention des livres, l’auteure met en lumière les impacts sur la conservation et la transmission des idées et du savoir humain. On y apprend qu’Aristote est probablement le premier collectionneur de livres. Pointent à l’horizon le concept d’humanités (étude des langues et des littératures latines et grecques), les premières formes d’éducation, les fondements des sciences bibliographiques et encyclopédiques avec le grand catalogue de la Bibliothèque d’Alexandrie « qui occupait au moins cent vingt rouleaux, cinq fois plus que l’Iliade d’Homère » pris en charge par Callimaque de Cyrène, le père des bibliothécaires, métier exercé exclusivement par des hommes jusqu’au début du XXe siècle. Aussi l’usage de l’alphabet pour classer et archiver les textes, la distinction entre les vers et la prose pour organiser la littérature par genre et les premières listes d’auteurs « enkrithéntes » (ceux qui sont passés au crible) qu’il faut avoir lu avant de mourir.



Irene Vallejo rappelle que Sapho est la seule présence féminine dans la littérature grecque dont les écrits nous sont parvenus alors que plusieurs auteures ont été oubliées. Mais que le premier auteur du monde à signer un texte de son propre nom est une femme : Enheduanna, la fille du roi Sargon d’Akkad.



De page en page, défilent sous nos yeux la naissance du Théâtre « lieu pour regarder » en grec avec la mention de la plus ancienne œuvre théâtrale conservée :



• Les perses d’Eschyle, peut-être le premier roman historique ;

• Hérodote et la naissance de l’Histoire « Historíai » « enquêtes, recherches » en grec ;

• l’origine du mot Europe : de l’akkadien « Erebu », parent du terme arabe actuel « ghurubu » « le pays où meurt le soleil », la terre du couchant, l’Occident, du point de vue des habitants de l’est de la Méditerranée. (225) ;

• Aristophane et la comédie antique comme genre littéraire ; la présence de bibliothèques dans les gymnases ;

• l’apparition des anthologies, de l’art oratoire et de la conférence, de la rhétorique et de la censure ;

• les récits sur des livres qui causent la mort ;

• la traduction universelle pour percer « des chemins vers les esprits des autres » et le cosmopolitisme, un « concept qu’inventa, dans une certaine mesure, Alexandre [le Grand] ».



Une somme considérable d’information à la portée de tous. Je partage avec vous ces quelques extraits qui m’ont particulièrement intéressé :



Les œuvres réparties en plusieurs rouleaux et leur intégrité :



« Au IVe siècle av. J.-C., les copistes et libraires grecs développèrent un système pour assurer l'unité des œuvres réparties en plusieurs livres. Le même système avait déjà été mis en pratique avec les tablettes au Moyen-Orient. Il consistait à écrire à la fin d'un rouleau les premières phrases du rouleau suivant, afin d'aider le lecteur à localiser le nouveau volume qu'il était sur le point de commencer. »



« Malgré toutes les précautions qu'on pouvait prendre, l'intégrité des œuvres était toujours menacée par une tendance incontrôlable à l'éparpillement, au désordre et à l'égarement. Des boîtes étaient préparées pour ranger et transporter les rouleaux. Elles permettaient aussi de protéger les livres de l'humidité, des marques des insectes, des morsures du temps. Chaque boîte contenait entre cinq et sept unités, cela dépendait de la longueur des œuvres. Curieusement, beaucoup de textes conservés de nombreux auteurs anciens sont des multiples de cinq ou de sept - sept tragédies d'Eschyle et autant de Sophocle, vingt et une comédies »



Les supports illisibles :



« Quand est apparu le DVD, on nous disait que nos problèmes d'archives étaient enfin résolus pour toujours, mais on revient à la charge aujourd'hui avec des disques au format plus petit qui, inévitablement, nous obligent à acheter de nouveaux appareils. Ce qui est étrange, c'est qu'on peut encore lire un manuscrit patiemment copié il y a plus de dix siècles, mais qu'il est impossible de voir une vidéo ou de lire une disquette datant de quelques années au plus, sauf si on a gardé tous nos ordinateurs et lecteurs successifs, comme un cabinet de curiosités dans les débarras de nos maisons. »



Le passage de la pierre au papyrus :



« Le rouleau de papyrus représenta une fantastique avancée. Après des siècles de recherche de supports et d'écriture humaine sur de la pierre, de l'argile, du bois ou du métal, le langage découvrit finalement son foyer dans la matière vive. Le premier livre de l'Histoire est né quand les mots, à peine des bulles d'air, trouvèrent refuge dans la moelle d'une plante aquatique. Face à ses ancêtres inertes et rigides, le livre fut dès le départ un objet flexible, léger, prêt pour le voyage et l'aventure. »





L’invention de l’écriture et du livre :



Avec l’écriture, « l’entrepôt de la connaissance cessa d’être exclusivement acoustique et se transforma en archive matérielle. »



Dans l’alphabet grec, « chacune de ses sept voyelles symbolisait une des sept planètes et des sept anges qui les président. »



« L’invention du livre est l’histoire d’une bataille contre le temps pour améliorer les aspects tangibles et pratiques – la longévité, le prix, la résistance, la légèreté – du support physique des textes. »



« Le métier de penser le monde existe grâce aux livres et à la lecture, c’est-à-dire quand on peut voir les mots et réfléchir lentement à leur sujet, au lieu uniquement de les entendre prononcer dans le cours rapide du discours. »



« Ni le savoir ni toute la littérature ne tient dans un seul cerveau, mais, grâce aux livres, chacun de nous trouve les portes ouvertes à tous les récits et à toutes les connaissances. »



« De tous les instruments de l'homme, le plus étonnant est, sans doute, le livre. Les autres sont des extensions de son corps. Le microscope et le télescope sont des extensions de sa vue ; le téléphone est une extension de la voix ; puis nous avons la charrue et l'épée, extensions de son bras. Mais le livre est différent : le livre est une extension de la mémoire et de l'imagination. » Borges



L’effet Google :



« On a tendance à se souvenir mieux de l'endroit où est conservée une information que de l'information elle-même. Il est évident que la connaissance disponible est plus importante que jamais, mais presque tout est stocké en dehors de notre cerveau. Des questions inquiétantes surgissent: sous ce déluge de données, que reste-t-il de la connaissance ? Notre mémoire paresseuse est-elle en train de devenir un carnet d'adresses où chercher une information, sans trace de l'information elle-même ? Sommes-nous au fond plus ignorants que nos ancêtres à forte mémoire des anciens temps de l'oralité ? »



Vendre un livre :



« Quand on vend un livre à quelqu'un, non seulement on lui vend douze onces de papier, de l'encre et de la colle. Mais on lui vend une vie totalement nouvelle. De l'amour, de l'amitié, de l'humour et des bateaux qui naviguent dans la nuit. Il y a tout dans un livre, le ciel et la terre; dans un vrai livre, je veux dire. »



Les techniques et les technologies de la documentation :



« … les responsables de la [Grande] Bibliothèque développèrent des systèmes efficaces pour s'orienter parmi cette information qui commençait à déborder de toutes les digues de la mémoire. Inventer des méthodes comme le système alphabétique de classement et le catalogage, et former le personnel qui veillerait sur les rouleaux - philologues pour corriger les erreurs dans les livres, copistes pour reproduire ceux-ci, bibliothécaires pédants et souriants pour guider les non-initiés à travers le labyrinthe virtuel des textes écrits - furent des pas aussi importants que l'invention de l'écriture. […] Ce qui distingua la Grande Bibliothèque à son époque, comme de nos jours Internet, ce furent ses techniques simplifiées et très avancées pour trouver l'aiguille dans la botte de foin chaotique du savoir écrit. »



« Organiser l'information continue d'être un défi fondamental à l'ère des nouvelles technologies, comme ce fut le cas à l'époque [de la dynastie] des Ptolémées. Ce n'est pas un hasard si dans plusieurs langues - français, catalan, espagnol - nous appelons précisément nos appareils informatiques « ordinateurs ». C'est un professeur de lettres classiques de la Sorbonne, Jacques Perret, qui proposa en 1955 aux dirigeants français d'IBM, alors sur le point de lancer sur le marché de nouvelles machines, de remplacer le terme anglo-saxon computer, qui fait uniquement allusion aux opérations de calcul, par ordinateur, qui se réfère à la fonction - beaucoup plus importante et décisive - d'ordonner les données. L'histoire des péripéties technologiques, depuis l'invention de l'écriture à celle de l'informatique est, dans le fond, le récit des méthodes créées pour disposer de la connaissance, l'archiver et la récupérer. La route de toutes ces avancées contre l'oubli et la confusion, qui commença en Mésopotamie, atteignit son apogée, pendant l'Antiquité, dans le palais des livres d'Alexandrie, et serpente sinueusement jusqu'aux réseaux digitaux d'aujourd'hui. »



La destruction des livres :



« Au moment où vous lisez ces lignes, une bibliothèque brûle quelque part dans le monde. Une maison d'édition détruit ses invendus pour refabriquer de la pâte à papier. Non loin, une inondation plonge dans l'eau une précieuse collection. Plusieurs personnes jettent à la poubelle la bibliothèque dont ils ont hérité. Une armée d'insectes percent, grâce à leurs mâchoires, des tunnels de papier pour déposer leurs larves dans un univers de petits labyrinthes sur d'innombrables étagères. Quelqu'un ordonne une purge d'œuvres dérangeantes pour le pouvoir. Un pillage a lieu à cet instant dans un territoire instable. Ailleurs, on condamne une œuvre pour immoralité ou blasphème et on l'envoie au bûcher. »



« Quand un livre brûle, quand un livre est détruit, quand un livre meurt, c'est une part de nous-mêmes qui est irrémédiablement mutilée. Quand un livre brûle, toutes les vies qui l'ont rendu possible meurent aussi, toutes les vies contenues en lui et toutes les vies auxquelles ce livre aurait pu, dans le futur, apporter de la chaleur et du savoir, de l'intelligence, du plaisir et de l'espoir. Détruire un livre c'est, littéralement, assassiner l'âme de l'homme. » Arturo Pérez-Reverte



Comme par hasard, au moment où je révisais cet avis de lecture, on apprenait que des gangs armés avaient pris d'assaut la Bibliothèque nationale d'Haïti, située dans la capitale Port-au-Prince :



« …les malfrats sont en train d'emporter les meubles de l'institution. Ils ont également saccagé le générateur du bâtiment. […] Nous avons des documents rares, vieux de plus de 200 ans, ayant une importance patrimoniale qui risquent d’être incendiés ou dégradés par les bandits. » Dangelo Néard, directeur de la bibliothèque.



L’ouvrage est complété par des notes regroupées par chapitre, une bibliographie, un index des noms propres et une table des matières détaillée.



Dans un prochain avis de lecture, je commenterai la deuxième partie de cet ouvrage unique portant sur « Les chemins de Rome ».



Irene Vallejo Moreu est une philologue et écrivaine espagnole originaire de Saragosse. Elle a reçu de nombreux prix, entre autres le Prix national de l'Essai 2020 pour L'infini dans un roseau. Elle détient un doctorat en philologie classique de l'université de Saragosse et de celle de Florence. Elle se consacre principalement à la recherche et à la divulgation d'auteurs classiques. Elle collabore avec des journaux, publie des essais, des romans et des livres pour la jeunesse.





Originalité/Choix du sujet : *****



Qualité littéraire : *****



Appréciation générale : *****


Lien : https://avisdelecturepolarsr..
Commenter  J’apprécie          50
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Que voilà un livre impressionnant de culture et de savoirs sur la naissance des livres dans l'Antiquité !

Parfois quelques redites nécessaires selon les thèmes abordés.

C'est vraiment un livre de base sur le sujet qui ne se lit certes pas comme un roman mais qui est passionnant pour ceux qui s'intéresse au sujet.
Commenter  J’apprécie          50
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Voici un livre sur l'histoire des livres.



Un de ces livres qui aurait pu commencer par « il était une fois », tant l'auteure nous embarque avec elle dans une épopée passionnante à travers l'Antiquité gréco-latine. Elle nous raconte l'histoire de l'alphabet et de l'écriture, des supports de celle-ci (de la pierre au papyrus en passant par les tablettes enduites de cire), l'histoire du livre en tant qu'objet (des rouleaux encombrants de papyrus aux premiers codex reliés par pages) et en tant que contenant (des livres de comptes aux livres de contes, en passant par la poésie, la fiction, les idées), et même l'histoire de la lecture, d'abord à voix haute pour un groupe de personnes puis silencieuse, pour soi-même.



L'écrit, qui nous paraît si évident et omniprésent aujourd'hui, a pourtant suscité la méfiance à ses débuts. Ainsi, Socrate était convaincu que le passage de l'oralité à l'écrit entraînerait paresse intellectuelle et atrophie de la mémoire. On se demande ce que le philosophe athénien aurait pensé aujourd'hui d'Internet et des GPS, par exemple.



Si l'écrit et les livres ont peut-être, d'une certaine manière, « figé » l'oralité, il n'en reste pas moins qu'ils l'ont aussi, paradoxalement, sauvée de la disparition. Sans leur retranscription laborieuse au fil des siècles, l'Iliade et l'Odyssée, les pensées de Platon, les vers d'Ovide seraient-ils arrivés jusqu'à nous ?



Des conquêtes d'Alexandre à l'obsession de la dynastie des Ptolémée à bâtir à Alexandrie une bibliothèque qui contiendrait tous les ouvrages du monde connu, de la Villa des Papyrus à Herculanum disparue sous la lave du Vésuve à la bibliothèque de Sarajevo détruite par les bombardements, « L'infini dans un roseau » est aussi une petite histoire de l'Humanité à travers le prisme de sa relation à la littérature.



L'ouvrage est dense, riche, foisonnant, très documenté, mais qu'on se rassure, il n'est jamais austère. Ce livre n'est pas un essai de philologie qui serait écrit dans une langue académique, objective et factuelle, bourré de données désincarnées rigoureusement exposées. La narration est chronologique, mais Irene Vallejo fait régulièrement des liens avec l'époque contemporaine, livre des réflexions, des hypothèses et des anecdotes personnelles. On y trouve aussi des touches d'humour (parfois ironique), de la fluidité et de la poésie dans l'écriture, et un bel équilibre entre érudition et vulgarisation. Mais surtout, Irene Vallejo nous partage sa passion pour les livres et la littérature, et rend compte de leur importance capitale dans la sauvegarde et la diffusion du savoir, des idées et des histoires à travers le temps et l'espace, malgré l'obscurantisme et la barbarie.



Un bel hommage aussi aux milliards d'anonymes à travers les siècles, comme vous, comme moi, qui contribuent à la transmission des messages infinis portés par les livres, convaincus du pouvoir de ceux-ci.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          562
L'infini dans un roseau : L'invention des l..



Ce que j'ai aimé :



Passionnant et instructif: Irene Vallejo nous offre un récit captivant et riche en informations sur l'histoire du livre, depuis ses origines jusqu'à nos jours.

Hommage vibrant aux livres: L'auteure exprime avec passion son amour des livres et souligne leur importance dans la transmission du savoir et de la culture.

Le livre est rempli d'anecdotes fascinantes et de références historiques, tout en restant accessible à un large public.

L'ouvrage nous invite à réfléchir au rôle crucial des livres dans la société et à la nécessité de les protéger.



Ce que j'ai moins aimé :



Structure parfois décousue: La chronologie n'est pas toujours linéaire, ce qui peut perturber la lecture.



En conclusion:



"L'infini dans un roseau" est un ouvrage fascinant et inspirant qui plaira à tous les amoureux des livres. C'est une ode à la littérature et à son pouvoir de transformer le monde.



Un livre qui peut être offert à des amoureux des livres.
Commenter  J’apprécie          40
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Ce récit passionnant sur l'histoire du livre et de la littérature dans l'Antiquité bénéficie en outre d'une écriture très agréable, fluide, douce, limpide, poétique. Il ne fait aucun doute que l'autrice, l'universitaire espagnole Irene Vallejo, aime raconter des histoires. C'est beau, on est touché par le merveilleux de l'aventure du livre, et ça fait du bien !

L'infini dans un roseau, titre superbe, raconte l'évolution des livres en tant qu'objets physiques, comment on passe des tablettes mésopotamiennes aux rouleaux de papyrus et de parchemin, pour arriver il y a environ 2 000 ans aux codex, les "livres à pages", dont certains étaient plus petits même que nos livres de poche.

L'ouvrage est aussi une mine d'informations sur la symbolique des livres au fil des siècles, le rôle qu'ils ont joué dans la conservation, la transmission des savoirs, pour établir des ponts entre les différentes cultures. Aussi sur les périls qu'ils ont affrontés à toutes les époques (ainsi que leurs gardiens libraires et bibliothécaires), victimes de nombreuses persécutions pour être des symboles de liberté, les refuges d'idées nouvelles et subversives.

Irene Vallejo nous rappelle que les histoires, avant les livres et l'écriture, se transmettaient à l'oral. L'oralité explique notamment que l'homme ait commencé par écrire en vers, pour conserver les rythmes de la langue parlée. La figure d'Homère incarne cette transition entre oralité et écriture. La prose quant à elle n'apparaît qu'au VIe siècle.

Le livre conte l'histoire de l'invention de l'alphabet au cours du IIe millénaire. Plutôt DES alphabets : l'alphabet phénicien vers 1250, sans voyelles, puis grec au VIIIe siècle, qui reprend le phénicien en y intégrant des idées nouvelles. Celui-ci démocratise l'écriture, auparavant réservée à l'élite des palais en raison de la complexité d'un système basé sur des centaines de représentations schématiques, nécessitant un long apprentissage. D'un coup on se met à écrire les sons du langage, non plus les choses et les objets. Avec cette démocratisation et le fait nouveau de la permanence de l'écrit dans le temps, naît chez les bardes, les poètes, les auteurs, un besoin de reconnaissance et l'envie de marquer la mémoire des hommes, passer à la postérité. Viennent aussi la critique du pouvoir, la poésie sociale si on peut dire (Les Travaux et les Jours d'Hésiode), la philosophie (Héraclite), dès qu'il est possible d'exprimer grâce à l'alphabet des idées beaucoup plus complexes, abstraites, d'interrompre ses lectures pour lever la tête, réfléchir à ce qu'on vient de lire, méditer.

J'ai été fasciné d'apprendre que les critiques formulées aujourd'hui à l'encontre d'Internet, comme quoi cette immense base de données, où tout est facilité, inviterait à une certaine paresse intellectuelle, à ne plus faire d'effort pour retenir l'information, solliciter notre mémoire, sachant qu'à présent elle se trouve en-dehors de nous-mêmes et qu'elle perdure, Socrate les formulait déjà en son temps à propos du langage écrit et des livres. Pour cette raison, il n'a jamais souhaité écrire. Décidément, on n'invente jamais rien, tout n'est qu'un éternel recommencement... J'ai même envie d'ajouter à cela que c'est également vrai de nos jours carrément avec l'expérience vécue : on ne profite plus de la vue d'un paysage, d'un concert, d'un tableau dans un musée, on les prend immédiatement en photo ou en vidéo, parfois sans même y avoir jeté un coup d'oeil. Ainsi, on ne prend même plus la peine de vivre l'événement, mais on en confie le "souvenir" (qu'en fait on n'a même pas) à un appareil dont on sait qu'il pourra nous le restituer plus tard...

L'ouvrage est divisé en deux grands chapitres, sur la Grèce d'abord, puis le monde romain. Irene Vallejo parle d'un transfert culturel qui s'est opéré de l'un à l'autre. C'est la Grèce conquise qui a envahi son vainqueur, pour reprendre le mot célèbre d'Horace. Au fur et à mesure de leurs conquêtes, les Romains pillent des milliers de bibliothèques et de livres, réduisent nombre d'hommes et de femmes en esclavage. Très souvent, ces esclaves grecs sont beaucoup plus instruits et cultivés que leurs maîtres. Ce sont eux qui sont en charge dans le monde romain de réaliser les copies des livres, d'entretenir les bibliothèques, du secrétariat, de l'administration. Toute la littérature romaine revendique de calquer la littérature grecque.

Ainsi, on observe, même à l'époque, une confrontation entre un monde qu'on pourrait qualifier d'assez inculte, brutal, guerrier (Rome) et un monde beaucoup plus fin et cultivé (la Grèce), même si celui-ci était aussi en guerre permanente. On retrouve l'idée de cette confrontation aujourd'hui, rappelle l'autrice, dans la représentation caricaturale de l'Américain bourru mais qui domine le monde, et de l'Européen plus sage et cultivé. le même transfert culturel s'est effectué au XXe siècle avec le cinéma, l'art, la littérature, les sciences, en raison de la fuite d'Europe à partir des années 30 de très nombreux intellectuels et artistes comme Peggy Guggenheim, Nabokov, Arendt, Einstein, etc.

Un livre donc pour tous les amoureux du livre, désireux d'en savoir davantage sur l'histoire belle, épique, souvent tourmentée, de l'objet de leur passion !

Commenter  J’apprécie          90
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Dans cet essai au titre très poétique, l'écrivaine espagnole Irene Vallejo s'intéresse à l'apparition dans l'Antiquité d'une invention formidable qui fait encore aujourd'hui partie de notre quotidien : le livre.

Au-delà de l'objet et de son évolution formelle, qui pourrait être traitée en un seul chapitre, Vallejo nous conte en fait une histoire de l'Humanité à travers l'évolution des pratiques de l'écriture et de la lecture. Des ambitions mégalomanes d'Alexandre le Grand à la création de la grande Bibliothèque d'Alexandrie par la dynastie des Ptolémée, de l'hégémonie héllenistique à la globalisation à la mode romaine, de l'invention d'un système de classement à celle du codex, le domaine d'étude est très vaste. Mais ce qui frappe, c'est l'intemporalité de certains récits. On trouve, malgré les millénaires d'écart, bien des ressemblances avec l'époque actuelle, notamment quand l'autrice parle du monde "globalisé" sous le règne des Ptolémée, quand la culture grecque était la culture dominante du bassin méditerranéen. On croirait entendre parler de l'impérialisme américain contemporain, et l'on constate les mêmes replis identitaires dans cette civilisation en bout de course... Intéressante aussi l'analyse selon laquelle le passage à l'écriture et à la lecture a profondément modifié notre rapport à la mémoire et à l'expression. Avant de coucher les grands récits sur le papier (ou le papyrus, ou tout autre support), l'oral était le principal mode de transmission des savoirs et des mœurs, et les poèmes épiques étaient un art à part entière transmis par les bardes. En faisant du livre une extension de notre esprit, on a permis de fixer pour les siècles à venir les témoignages du passé, mais perdu à jamais un patrimoine culturel vivant en figeant les textes. On apprend d'ailleurs que des philosophes comme Aristote méprisaient l'écrit, inférieur selon lui au dialogue permanent entre l'orateur et l'auditeur. Pourtant, Irene Vallejo le souligne à maintes reprises, les livres sont l'outil indispensable pour se souvenir des expériences de nos ancêtres, de leurs grandes idées comme de leurs erreurs, remparts contre l'obscurantisme, et ouvrant tout un monde de possibles.

La grande qualité de cet ouvrage est que, bien que son autrice soit de toute évidence une érudite, le langage utilisé est très accessible, nourri de références littéraires mais qu'elle parvient à vulgariser sans pédanterie. Cela se lit (ou s'écoute) comme un roman. Elle rend aux auteurs antiques leur profondeur et leur diversité - car quand on n'a pas fait d'études de lettres, on a tendance à se représenter ces textes comme des monuments austères ; elle révèle l'humour des uns ou la modernité d'esprit des autres. Dans notre ère post #metoo, on appréciera d'ailleurs Ovide, l'auteur des Métamorphoses, dont on connait moins le sulfureux "Art d'aimer". À une époque où les femmes étaient victimes du devoir conjugal, où les esclaves étaient des jouets sexuels pour leurs maîtres et où la pédérastie était admise, Ovide assumait ouvertement qu'il préférait "aux fillettes" les femmes mûres et expérimentées se donnant librement à lui, et faisait une éloge de la sexualité féminine dans ce livre destiné aux lectrices. Vallejo n'oublie pas non plus de rendre hommage aux poétesses oubliées de l'Antiquité, dont le seul nom à peu près connu reste Sappho.

Irene Vallejo nous fait voyager dans le temps avec cette œuvre riche en enseignements, mais on peut lui reprocher quelque peu de trop se perdre en digressions, faisant des allers et retours dans le temps et l'espace, d'Alexandrie à Oxford, de la fondation de Rome aux États-Unis pendant la Grande Dépression en passant par les camps de concentration de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui la pousse parfois à se répéter (le livre fait quand même 538 pages, soit 20 heures et 33 minutes d'écoute). Néanmoins on retiendra les talents de conteuse de l'écrivaine, forte de son amour pour les livres et la lecture et du désir de partager sa passion.
Commenter  J’apprécie          00
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Un livre génial que j’ai dégusté à petites doses, riches de multiples informations et de réflexions stimulantes. Je ne sais comment remercier Isabelle Vallejo. J’imagine que ce livre pourrait devenir comme une "bible" dès lecteurs de Babelio. Pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore lu, je leur dis sans hésitation "Lisez-le. Vous serez encore un peu plus heureux après, pour le passé, l’aujourd’hui et demain".
Commenter  J’apprécie          20
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

J'ai repéré cet essai au moment de sa sortie au format poche en début d'année, étant friande d'essais historiques utilisant des sujets ou angles d'attaque originaux (ici, l'histoire du livre). Et bien entendu, en tant que grande lectrice et acheteuse compulsive de livres, je ne pouvais pas passer à côté d'un essai qui parle de livres ^^



J'ai eu du mal à accrocher au départ à cet Infini dans un roseau, la faute à la manière utilisée par l'autrice pour dérouler son propos : je m'attendais à un essai historique "classique", qui nous raconte l'histoire du livre de manière chronologique et en fait, même si Irene Vallejo suit grosso modo une narration chronologique, on a surtout un essai un peu "fourre-tout", où l'on saute du coq à l'âne au fil des réflexions de l'autrice. Ça a été très déstabilisant pour moi lors des premières pages, mais je me suis accrochée et bien m'en a pris car j'ai ensuite eu beaucoup de plaisir à lire cet essai.



On sent que l'autrice est passionnée par son sujet et elle parvient à transmettre cette passion au lecteur : au fil des pages, on est captivé par l'histoire de la bibliothèque d'Alexandrie, la manière dont les collections ont été constituées, dont les livres ont évolués, comment cela s'est traduit dans notre vocabulaire... Irene Vallejo fait également des apartés où elle évoque des livres, des films ou des éléments de pop culture pour étayer son propos, c'est une très bonne idée car d'une part cela rend cet essai accessible à tous et, d'autre part, la lecture est très divertissante. J'ai en tout cas noté quelques livres évoqués ici et dont la présentation a piqué ma curiosité.

Je ressors également de cette lecture en ayant appris plein de choses, sur l'histoire du livre certes, mais aussi des bibliothèques, des librairies, des lecteurs... J'ai aussi révisé ou découvert pas mal de choses sur la Grèce et la Rome antique et sur l'histoire de l'Espagne.



Petit avertissement cependant pour terminer : l'autrice cite plusieurs fois des romans et leurs intrigues pour justifier son propos (par exemple, Le Nom de la rose d'Umberto Eco, Le Liseur de Bernhard Schlink ou encore 84 Charing Cross Road d'Helene Hanff) et dévoile souvent la totalité de l'intrigue... Mieux vaut donc être prévenu pour éviter d'être malencontreusement spoilé sur des livres que l'on n'a pas lu !

Commenter  J’apprécie          50
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

J'ai pris un très grand plaisir à lire cet ouvrage. On devine un énorme travail derrière cette histoire du livre, de la fin de l'oralité à la chute de l'empire romain. On découvre ainsi la montée en puissance de ce support, lié à la création de l'alphabet et de l'écriture. L'auteure déroule ainsi une histoire de près de 3000 ans dans un récit vivant et riche d'informations et d'anecdotes. Elle n'hésite d'ailleurs pas à se référer à des évènements actuels pour étayer ses explications, ce qui facilité grandement notre compréhension. Elle revisite ainsi, toute l'antiquité occidentale, à travers le prisme du livre.

Un grand merci à l'auteure.
Commenter  J’apprécie          271
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

C'est sans doute l'exemplaire que tout amoureux des livres est émerveillé d'avoir entre les mains et qu'il s'empressera d'offrir aux autres amoureux des livres qu'il compte dans son entourage. C'est un récit de 600 pages qui est en fait le roman passionné et passionnant dont le livre est le héros. Érudit, très documenté, bourré de références littéraires et historiques et pourtant très accessible, limpide dans l'écho qu'il parvient à trouver chez le lecteur qui a déjà éprouvé nombre de situations ou de sensations décrites. C'est au fil de l'installation de cette connivence que le lecteur prend conscience d'appartenir à une grande et belle communauté née de nombreux siècles auparavant et enrichie par la créativité, la volonté de certains, par quelques miracles aussi face aux soubresauts de l'Histoire. L'histoire du livre se confond avec celle des conteurs (et conteuses), des empereurs, des poètes, des philosophes, des rêveurs et bien sûr des lecteurs. C'est tout ceci que nous raconte Irène Vallejo, philologue de profession avec une parfaite alliance de pédagogie, d'analyse et de passion.



Elle choisit comme point de départ la volonté, le rêve fou d'Alexandre le Grand de réunir tous les livres du monde dans la grande bibliothèque d'Alexandrie. A l'époque le livre est un rouleau de papyrus plus ou moins long, compliqué à lire et à manier ainsi qu'à repérer dans l'entassement sur des étagères de personnes suffisamment riches pour les acheter ou plutôt les faire recopier. Je ne vais pas ici résumer les 600 pages de l'épopée qui nous mène jusqu'au 21ème siècle, mais il y est question du passage de l'oralité à l'écrit, du statut des écrivains, de l'avènement et du développement des bibliothèques publiques, de la transformation de l'objet jusqu'à celui que nous connaissons (il y a un avant et un après Gutenberg, bien sûr), du rôle des libraires, de l'incidence des différentes périodes historiques et notamment de celles qui ont présidé à de dramatiques destructions... et il est aussi question des lecteurs, de ce que les livres véhiculent depuis les temps anciens. Les livres sont des miraculés, le chemin que certains textes ont parcouru depuis l'Antiquité relève du parcours du combattant. Et c'est ce miracle qui se renouvelle à chaque fois que nous ouvrons un de ces livres. On croise au cours de ce récit nombre de questions que l'on se pose chaque jour, comme de savoir ce qu'est un classique (fantastique chapitre !), et on prend conscience de cette incroyable richesse contenue dans les bibliothèques et si facilement disponible à présent.



Mon exemplaire est marqué d'un nombre impressionnant de post-it, et je sais que c'est un livre que je vais souvent consulter. Non seulement il est truffé d'informations historiques, linguistiques, littéraires mais il parvient à faire le lien entre les époques. Il parle des livres mais je crois que surtout il nous parle de nous, lecteurs enthousiastes, passionnés, voraces, éclectiques, insatiables, amoureux. Un pur concentré de bonheur qui décuple - oui c'est possible - l'envie de lire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          210
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Lorsque mon libraire m’a conseillé ce livre, je n’ai pas été des + enthousiaste. Il faut dire qu’un livre sur l’invention des livres n’annonce pas une lecture accessible et simple. Pourtant c’est tout le contraire, l’auteure possède une écriture fluide et simple en étant extrêmement documenté sur chacun de ses propos.

Irène parle, en parallèle, de sa propre expérience et de sa découverte des lettres et des livres. Il y a des passages à méditer presque tous les chapitres avec des phrases marquantes. Le titre du livre est aussi poétique que son contenu.

Je me demande si ce n’est pas le meilleur livre de l’année que j’ai lu …

Commenter  J’apprécie          40
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Bien sûr j'aurais pu le faire, dix fois, cent fois, mille fois peut-être et cela aurait été mérité,même si je ne suis pas là ni habilité à decerner des médailles du mérite. Et ce que j'ai donné n'était pas une médaille,non. Pas une médaille mais un baiser, oui. Terminant ce midi "L'infini dans un roseau", j'ai embrassé la dernière page du livre . "El beso en el pan" "le baiser sur le pain" comme le titre d'un joli livre d'Almudena Grandes. Un baiser de gratitude envoyé à Irene Vallejo qui nous a fait le plus beau des cadeaux, ce chant d'amour -lucide pourtant - au livre et au mot, à ce fil tendu entre les siècles et les hommes à travers les guerres, les destructions, les rimes des poètes et les contes murmurés aux oreilles des enfants à l'heure du coucher. J'ai envie d'offrir ce livre à tous mes amis, non mieux, à chacun de mes amis.
Commenter  J’apprécie          20
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Superbe essai qui se lit comme un roman. Le texte fourmille d'anecdotes truculentes.

C'est une ode incroyable qui emporte son lecteur sur des rives antiques. On sent à travers les mots enchanteurs employés que l'autrice est une fervente admiratrice des mots et des histoires. C'est un régal à garder sur sa table de chevet.

Commenter  J’apprécie          50
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Un long et passionnant essai à savourer tout l'hiver. Plus qu'un récit d'histoire, une ode à la magie des livres. Avec d'incessants allers-retours entre nos quotidiens et les mondes antiques, l'auteure spécialiste de la littérature antique, nous livre une belle réflexion sur nos liens avec la lecture.



Comment le livre a-t-il réussi à traverser les épreuves du temps ?

Comment les livres nous ont-ils aussi permis de traverser les pires crises et drames ?

Comment les livres tissent-ils des liens entre les personnes ?



Avis :

Bestseller en Espagne, il a toute les chances de le devenir aussi en langue française. Il est traduit en plus de 30 langues. Un livre indispensable sur les étagères de tout amateur de livres.
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
Commenter  J’apprécie          70
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Extraordinaire livre sur les origines du livre. A lire absolument pour tous les passionnés de littérature. La plume de Irene Vallejo est fluide et riche , on y découvre plein d’aspects méconnus de l’histoire de ces veritable trésors que nous aimons tant feuilleter et qui nous viennent de si loin! Un veritable bijoux merveilleusement écrit.

Commenter  J’apprécie          20
L'infini dans un roseau : L'invention des l..



Mélange de roman et d'essai sur "L'invention des livres dans l'Antiquité".



Irène Vallejo nous livre un récit pour comprendre l'histoire du livre.



Ce qui est très intéressant et qui rend le récit vivant, c'est qu'au-delà de l'aspect historique, l'auteure parsème son oeuvre d'anecdotes, anciennes ou actuelles. On passe ainsi de l'invention de l'alphabet au VIIème siècle avant Jésus-Christ, au plaisir des graffeurs de notre siècle à tracer des lettres.



Il y a bien sûr la naissance de l'écriture, avec tout d'abord des symboles. Mais les pictogrammes sont limités et ne permettent pas de faire passer des idées plus abstraites. Les anciens s'exprimaient avec des rébus, avant de venir à la création de l'alphabet. L'écriture commence lorsque les sons sont retranscrits. Une invention immense et fantastique qui date du VIIIème siècle avant JC et qui rend l'écriture plus accessible.



Il y a aussi le support. Si tout commence avec les tablettes d'argiles, celles-ci sont remplacées, petit à petit, par le papyrus découvert au XXIème siècle avant Jésus-Christ. Au début n'y sont inscrits que des hiéroglyphes ou pictogrammes avant d'y voir des lettres et mots. C'est donc oralement que les épopées comme L'Iliade et l'Odyssée d'Homère sont parvenues jusqu'aux scribes chargés d'écrire sur les rouleaux. Le papyrus est un support d'écriture léger, une fantastique avancée qui est cependant facilement détruit par l'humidité ou le feu. Il a aussi l'inconvénient de ne pousser qu'en Egypte, ce qui créé une sorte de monopole. C'est en voulant s'affranchir de ce commerce que le parchemin (à base de cuir) va être trouvé au IIème siècle avant JC. Il faudra attendre les années 80 après JC pour l'invention du codex, ancêtre de nos livres. Codex qui s'imposera entre le IIIème et le Vème siècle après JC.



Et s'il y a l'écriture, il y a aussi la lecture. Limitée aux quelques personnes instruites au début, l'arrivée du codex a révolutionné le savoir.



Au-dessus de tout ça, il y a l'Histoire.



Dans la première partie de l'ouvrage, c'est la Grèce qui domine un immense empire allant du bassin méditerranéen à l'Inde en passant par la Mésopotamie. Alexandre le Grand et son bras droit Ptolémée vont être le moteur de la création de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie en 331 avant Jésus-Christ. Un lieu ou les écrits des savants, philosophes, dramaturges, historiens ou écrivains vont être recopiés inlassablement sur des rouleaux de Papyrus.



Et comment s'y retrouver dans tous ces rouleaux ? C'est Calimaque de Cyrène, un poète grec, qui va inventer les bases de la classification des livres. Il écrivit aussi un catalogue des oeuvres des auteurs illustres du IIIème siècle avant Jésus-Christ.



Dans la deuxième partie de l'ouvrage, place à Rome. Au IVème siècle avant JC, Rome commence juste son expansion. Deux siècles plus tard, la population romaine est la plus riche du monde connu. L'extension se fait aussi à coup de pillages, et notamment des bibliothèques. On passe doucement des écrivains grecs à la littérature latine.



Un ouvrage très intéressant.



Après, sans être historienne, il m'a semblé qu'il y avait quelques inexactitudes, comme, par exemple, le fait qu'il n'y ait aucune référence à l'alphabet sérabite qui semble le premier alphabet.



Malgré cela et quelques longueurs, c'est un récit qui reste fluide, comme si on nous racontait un conte d'un autre temps. C'est une lecture très plaisante. A lire et à offrir pour toutes les personnes amoureuses de la lecture
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
Commenter  J’apprécie          70
L'infini dans un roseau : L'invention des l..

Voilà un ouvrage fondamental, d'une grande beauté et qui nous rappelle à notre passion commune : les livres et la lecture.



C'est un défi fou que s'est lancé Irene Vallejo, admirablement traduite de l'espagnol par Anne Plantagenet : celui de synthétiser quelque siècles d'histoire de la naissance des livres en 500 pages environ. De la Grande bibliothèque d'Alexandrie au Nobel de littérature remis à Bob Dylan, de son histoire intime avec les textes à la conservation de ces fragiles écrits à travers le temps, elle nous entraîne de chapitre en chapitre dans une sorte de chant historique et très documenté, se jouant des époques et mulitpliant les correspondances entre celles-ci.



Parfois émouvant, souvent édifiant, mais toujours intéressant (malgré quelques longueurs et redites), ce superbe livre très bien édité fera la joie des passionnés de lecture souhaitant en savoir plus. C'est aussi une bonne manière de se replonger dans l'Antiquité grecque et romaine, et revisiter un passé commun finalement encore très présent.



Je le recommande à tous les Babelionautes !
Commenter  J’apprécie          130




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Irene Vallejo (229)Voir plus

Quiz Voir plus

Où sont-ils nés ?

Albert Camus est né .....

en Tunisie
en Algérie
au Maroc

12 questions
37 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}