Citations de Isaac Marion (118)
Comme la plupart d’entre nous. Nous le perdons aussi facilement que des clés de voiture, nous l’oublions comme une date d’anniversaire. Le mien commençait peut-être par la lettre « R », mais je n’en sais pas plus. C’est drôle parce que, quand j’étais vivant, je n’avais déjà pas la mémoire des noms. Mon ami M trouve qu’être un zombie ne manque pas d’ironie : tout paraît amusant, mais impossible de sourire, parce que nous n’avons plus de lèvres (elles ont fini par se décomposer).
Je suis mort, mais ce n’est pas si mal. J’ai appris à vivre avec. Ne m’en veuillez pas si je ne m’étends pas sur les présentations, c’est simplement que je n’ai plus de nom.
Nous mangeons, nous dormons et nous avançons d'un pas traînant dans le brouillard, compétiteurs d'un marathon sans ligne d'arrivée, sans médailles ni bravos.
Qu'est-ce qu'une ville et pourquoi continuons -nous à en bâtir ? Sans la culture, le commerce, les affaires et le plaisir: reste-il vraiment quelque chose ? à part un quadrillage de rue anonymes remplies de gens qui le sont aussi ?
Je lui vole ce qu'il possède pour remplacer ce qui me manque.
Elle force mon esprit à suivre des itinéraires qu’il a rarement empruntés jusqu’à présent. J’ai perdu le compte des mois ou des années depuis que je suis installé ici, mais, au cours de cette période, je n’ai jamais vu les créatures qui m’entourent comme des gens avec qui je vis, même si je les considère comme des humains. Nous mangeons, nous dormons et nous avançons d’un pas traînant dans le brouillard, compétiteurs d’un marathon sans ligne d’arrivée, sans médailles ni bravos. Aucun des habitants de l’aéroport n’a semblé trop perturbé quand j’ai tué quatre des nôtres aujourd’hui. Nous portons sur nous-mêmes le même regard que sur les Vivants : nous ne sommes que de la viande. Anonymes, sans visage, aisément remplaçables. Mais Julie a raison. J’ai des pensées. J’ai une sorte d’âme, si ratatinées et si impuissante soit-elle. Alors, pourquoi pas les autres ? Peut-être qu’il y a là quelque chose à sauver ?
Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Je regarde longuement ma main, sa chair gris pâle, froide et raide, et je la rêve rose, chaude et souple, capable de guider, de bâtir, de caresser. Je rêve que mes cellules nécrosées sortent de leur léthargie, qu’elles s’illuminent comme des décorations de Noël jusqu’au plus profond de ma noirceur. Je me demande si je suis en train d’inventer tout ça, comme l’effet de la bière. S’agit-il d’un placebo ? d’une illusion optimiste ? Quelle que soit la réponse, je sens que la platitude de mon existence est bouleversée. Des collines et des vallées se forment dans le paysage de mon coeur.
Je suis mort, mais ce n’est pas si mal. J’ai appris à vivre avec. Ne m’en veuillez pas si je ne m’étends pas sur les présentations, c’est simplement que je n’ai plus de nom. Comme la plupart d’entre nous. Nous le perdons aussi facilement que des clés de voiture, nous l’oublions comme une date d’anniversaire. Le mien commençait peut-être par la lettre « R », mais je n’en sais pas plus. C’est drôle parce que, quand j’étais vivant, je n’avais déjà pas la mémoire des noms. Mon ami M trouve qu’être un zombie ne manque pas d’ironie : tout paraît amusant, mais impossible de sourire, parce que nous n’avons plus de lèvres (elles ont fini par se décomposer).
Dans ma courte vie, j'ai fais tellement de choix, parce que je pensais qu'ils étaient indispensables, mais mon père avait raison: il n'y a pas de règle pour le monde. Tout est dans nos têtes, notre esprit de ruche collectif, à nous les humains. S'il existe des règles, nous en sommes les auteurs. Nous pouvons les changer comme bon nous semble.
Je me rappelle comment c'était avant, quand des facteurs biologiques et émotionnels complexes entraient en ligne de compte. Un rituel élaboré, avec ses épreuves, ses hauts et ses bas, ses larmes et ses tornades. C'était un supplice, une angoisse permanente, mais c'était la vie. L'amour nouveau est plus simple. Plus facile. Mais moins importants.
Quand le monde entier repose sur la mort et l’horreur, quand l’existence se vit dans un perpétuel état d’affolement, il devient difficile de s’émouvoir
The "bad neighbourhoods" of yesterday are the survival buffets of today, full of guns and drugs and all the other equipment necessary for living the low life. No neighborhood built for prosperity has any place in the new era - no one needs parks or cafés or fitness centres, much less schools or libraries. What's useful now is the infrastructure of the underworld, with its triple-bolted doors and barred windows, its hidden passages and plentiful supplies of vice. The slums and ghettos had the right idea all along. They were just ahead of their time.
Mais ce qui me rend triste, c'est d'avoir oublié nos noms. C'est ce qui me semble le plus tragique. Le mien me manque et je déplore la perte de ceux des autres, parce que je voudrais les aimer, mais je ne sais pas qui ils sont.
Tout finit par mourir. On sait tous ça. Les gens, les villes, des civilisations entières. Rien ne dure.
Qu'est-ce qui cloche chez les gens ? dit-elle, presque trop bas pour que je l'entende. Est-ce qu'ils sont nés avec des pièces manquantes ou est-ce qu'ils les ont perdues en cours de route ?
Je me surprends à sourire, un sourire qui s'étend bientôt à l'ensemble de mon visage. Je ne sais pas ce que je fais, comment je le fais, ou ce qui se produira quand ce sera terminé; pour l'heure, je n'ai qu'une certitude: je vais revoir Julie. Je sais que je ne vais pas lui dire au revoir. Et si ces réfugiés titubants veulent m'apporter leur soutient, s'ils pensent y voir quelque chose de plus important qu'un garçon courant après une fille, alors ils sont les bienvenus, et nous verrons bien ce qui arrivera quand nous dirons «OUI» face à ce monde atteint de rigidité cadavérique qui ne sait que dire «NON».
Voilà le nouveau visage de l'épidémie. Un fléau si puissant à présent, si profondément ancré et vorace qu'il n'est plus prêt à attendre la mort pour dévorer votre âme. Qu'il a décidé de se servir afin d'obtenir ce qu'il veut
Personne n'est à blâmer pour la condition humaine, mais on doit tous se bouger pour trouver un remède.
Ces vivantes sont vraiment formidables, elles ne semblent pas faire le lien entre moi et les créatures qui continuent à tuer tout ce qu'elles aiment. Elles me permettent d'être une exception, et ce cadeau qu'elles me font est une leçon d'humilité. Je veux trouver un moyen de leur rendre la pareille, mériter leur pardon. Je veux réparer le monde que j'ai contribué à détruire.
- Et si on parlait stratégie, pour commencer ? On se balade tous les deux dans cette ville comme un chaton dans un chenil. Changer le monde : tu n'as que ces mots à la bouche, mais tu restes assis là, à te lécher les pattes, alors que le cercle des pit-bulls se referme sur nous.C'est qui ton plan, on minou ?