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Critiques de Isabelle Aupy (127)
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L'homme qui n'aimait plus les chats

"L'art de faire un conte est là tout entier, dans ce don de tirer, du petit quelque chose qu'on a pu saisir de la vie, tout le reste : on noircit la page, puis on retourne à la vie, pour s'apercevoir que ce que l'on pouvait en connaître était au fond si peu que rien."

Italo Calvino, "Le Chevalier inexistant"



"À ce moment, je n'aurais pas su dire si on en avait besoin de nos chats. Est-ce qu'on a besoin des nuages dans le ciel, des papillons au printemps ou des mouettes sur le port ? Sans doute que s'ils sont là, c'est qu'il y a une bonne raison. Sans doute que non, on n'en a pas besoin, que oui, on peut vivre sans. On arrivait à vivre sans nos chats, mais on n'en avait pas envie."



"L'homme qui n'aimait plus les chats" est le premier roman d'Isabelle Aupy, il est aussi le premier ouvrage publié par la toute jeune maison d'édition du Panseur, une maison qui fait le choix de prendre le temps d'accompagner chacun de ses auteurs en ne publiant que de deux à quatre livres par an, une maison qui, de son propre aveu, espère être "percutée par l'inattendu d'une rencontre" ; pas de ligne éditoriale, donc.



"C'est la singularité d'une voix qui nous intéresse, ou en d'autres termes, comment un auteur use des mots et des techniques d'écriture, comment son oeuvre force à se tordre et provoque cet écart selon nous nécessaire, comment une parole nous transforme malgré nos résistances."



Ajoutez à cela que leurs livres sont de beaux objets. Oui, je suis très sensible à l'objet-livre. Celui-ci est chic et sobre, sa 1re de couverture, d'un raffinement non ostentatoire, son papier, d'un grain ivoire d'un bel effet et sa typographie, d'un confort de lecture parfait. Et quand, à la toute dernière ligne de la toute dernière page, je découvre un petit mot glissé là à mon intention "Merci à toi qui tiens ce livre entre les mains"… est-il vraiment besoin d'en dire plus ?



"Imagine une île avec des chats."



"La première phrase doit frapper à la poitrine. Entrer dans la peau et serrer le coeur. Sous-entendre que rien ne sera plus jamais pareil", (Colum McCann, "Lettres à un jeune auteur") ou alors, sans fracas, toute de douceur ouatée, susurrée, cette phrase inaugurale peut être une invite à fermer les yeux, à écouter la voix d'un homme qui d'emblée nous embarque et entrouvre les portes d'un monde inconnu…



"Imagine une île avec des chats."



Six petits mots où plane la musicalité des [i] et des [a], ce "petit quelque chose" d'Italo Calvino, il n'en faut pas plus pour que la magie opère.



Une île, une toute petite île, et ses habitants ayant laissé le continent derrière eux



"Sinon, on était tous des réfugiés comme on dit. Oui, on venait ici trouver refuge, on fuyait le continent parce qu'on n'y arrivait plus, qu'on cherchait un mieux-vivre, un mieux-être, ou pas forcément mieux d'ailleurs. On voulait trouver une manière d'être comme soi, tout simplement."



Dans cette galerie de personnages attachants, le narrateur porte le deuil de Louise, Thomas, le gardien de phare, guette le retour de sa famille, Léonore Guenel, doyenne de l'île et ancienne maîtresse d'école, accueille un professeur fraîchement débarqué, Monsieur le curé et Sergei, poète tchèque, sont les meilleurs ennemis du monde, Gaël ne sait pas mentir puisque la vérité sort toujours de la bouche des enfants, n'est-ce pas ?, Gwen a le coeur aussi généreux que le caractère bien trempé, et Ludo est un bon vivant à la gueule de grizzly.



"Car nous étions tous différents, nous possédions tous un truc à nous, jusque dans notre façon de penser, de parler ou d'être. Chacun avec ses histoires, ses envies. Y avait du commun bien sûr, sinon on se serait pas retrouvé là, mais y avait aussi beaucoup de singuliers. C'était notre force, je crois, d'être égaux sans l'être, de ne pas être semblables et de le savoir pertinemment, mieux encore : de le respecter."



Et les chats, bien sûr ; indifférents, errants, domestiqués, funambules, pantouflards, mais tous superbement indépendants. Quand ces véritables maîtres des lieux disparaissent subrepticement, mais irrémédiablement, la petite société ilienne se crispe.



"Les chats pour nous, c'était comme la liberté, c'est quand on la perd qu'on se rend compte qu'elle manque."



Dépêché sur le continent pour tenter d'éclaircir ce mystère et y apporter une solution, le professeur reviendra avec… des chiens que l'administration appelle chats…



"C'est important la façon de parler, n'est-ce pas ? de nommer les choses. Parfois les noms changent, parce que les anciens ne correspondent plus, ils n'évoquent pas l'idée entière, où ils évoquent de fausses idées, des associations malheureuses."



Et là vous vous dites, mais qui diantre va gober ça ? Eh bien, beaucoup plus que vous ne le pensez, étant donné que



"C'est ce qui arrive quand on appelle un chien un chat. On embrouille tout, on change les idées des gens, on les empêche de savoir ce qu'ils aiment ou ce qu'ils pensent. J'ai lu des pages et des pages d'histoires qui se ressemblent, qui ressemblaient à la nôtre surtout. Parce que cette histoire, elle existait ailleurs, comme toutes les histoires, elle existait partout. D'autres noms, d'autres lieux, d'autres méthodes, mais au final, ça revenait au même : à des gens qui perdaient leur liberté d'être."



Vous l'aurez compris, "L'homme qui n'aimait plus les chats" est un texte futé qui déroule son argument en toute simplicité, en tournant le dos aux grands effets, dans une langue économe et poétique. Si je me suis surprise à sourire devant l'inventivité de l'autrice et le cocasse de certaines situations, je n'oublie pas que le propos de ce court récit métaphorique et parabolique est grave, car il pose que les plus grands chambardements commencent souvent de la manière la plus anodine et insignifiante qu'il soit.



Il alerte sur les dérives d'aujourd'hui,



"Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd'hui, il ne fallait plus la force, il fallait créer le manque et le besoin."



plaide en faveur de la sauvegarde de notre liberté qui ne doit pas être tenue en laisse pour ne pas ployer sous le joug de la pensée unique,



"Les chats, je les aime parce qu'ils ne nous sont pas soumis. Ils viennent parce qu'ils le veulent, non par habitude, ou de ne pas savoir où aller. J'ai réalisé qu'à la question "c'est quoi un chat pour vous ?", j'aurais dû répondre : "un animal qui ne se tient pas en laisse". J'aurais dû répondre : "la liberté d'être soi"."



éveille contre les dissensions orchestrées où nous sommes exclus quand nous ne rentrons plus dans un même moule et voulons sauvegarder notre individualité,



"Les chiens étaient nos reflets. Ils servaient de miroir finalement : se ressembler pour se sentir moins seul. Se ressembler tous, une sorte de masse plurielle contre le singulier. […] Je ne faisais pas partie des « sans-chiens », je ne faisais pas partie des « sans-chats » non plus, je n'appartenais plus à rien."



dénonce les éléments de langage trompeurs dont on nous repaît et, astucieusement, nous appelle à la vigilance dès lors qu'il devient impossible de continuer à appeler un chat un chat, un chien un chien et que l'on nous fait le coup de l'autorité pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes.



Si "Fahrenheit 451" (Ray Bradbury) et "1984" (George Orwell) sont mis en exergue, Isabelle Aupy choisit d'offrir un dénouement bien moins sombre où pointe l'espérance. Elle évite l'écueil du ton docte et moralisateur en lui préférant la force tranquille de l'intelligence sereine et habile.



Rien d'étonnant à ce que "L'homme qui n'aimait plus les chats" ait reçu le prix Coup de foudre aux Vendanges littéraires de Rivesaltes, car la profondeur n'attend pas le nombre de pages.



Quant à moi, "percutée par l'inattendu d'une rencontre", j'ai envie de mettre ce 1er roman entre toutes les mains. Brava Isabelle Aupy ! Hâte de lire votre 2e roman, "Le Panseur de mots", annoncé pour mars 2020, toujours aux Éditions du Panseur à qui je souhaite bon vent.



Merci aux fées des 68 premières fois d'avoir eu la bonne idée de sélectionner pour cette session d'automne ce malin petit livre pourtant paru au printemps.



1er roman,

Lu pour la session automne des #68premieresfois


Lien : https://www.calliope-petrich..
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L'homme qui n'aimait plus les chats



C'est un roman un peu comme un conte philosophique, l'auteure fait chanter les mots ce qui donne un peu de dynamisme à cette histoire.⁣

C'est un texte assez déroutant au départ des chats qui disparaissent du jour au lendemain sur une petite île isolée. Je me suis dit OK mais où nous emmène t'elle ?⁣



Et puis, on comprend, alors on se met à s'interroger sur des questions existentielles, sur notre liberté, notre quête du bonheur avec ces limites et ces deviance, nos différences et surtout le pouvoir du langage.⁣



Un livre d'une grande force et très bien écrit que je vous conseille car en plus il est vraiment très court.⁣



Un grand merci à Jeremy et aux éditions du Panseur pour m'avoir fait découvrir ce premier roman très prometteur d'une autrice à suivre. ⁣

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L'homme qui n'aimait plus les chats

Un petit livre qui nous conte une étrange histoire. Il y est question de chiens que certains nomment des chats. Mais commençons par le début: "Imagine une île avec des chats", de toutes sortes, de toutes natures, et tellement libres que les habitants mirent du temps à s'apercevoir de leur disparition. Les habitants aussi étaient libres dans cette île. Ils l'avaient choisie comme refuge, pour fuir un continent devenu oppressant. Et tout ce petit monde cohabitait en parfaite harmonie, jusqu'au jour où leur liberté fut mise à mal.

Isabelle Aupy nous conte cette histoire originale, à travers les propos truculents et pleins de bon sens du vieux gardien de phare de l'île, qui a succédé à un autre vieux gardien de phare plein "d'évidences" lui aussi. Comme si le fait de veiller à la lumière du phare éclairait les pensées, surtout quand les étagères de ce phare sont pleines de livres qui vous révèlent à vous-même.

Peu d'habitants dans cette île, mais qu'ils sont attachants ! Tous différents mais unis. Que vient faire alors une administration continentale qui veut tout chambouler et imposer ses idées préconçues ? Sans doute est-ce une mise à l'épreuve pour mieux comprendre qui l'on est et ce que à quoi on tient vraiment.

Un premier roman prometteur que l'on prend réellement plaisir à lire.
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L'homme qui n'aimait plus les chats

« L’homme qui n’aimait plus les chats » nous emmène sur une petite île sans histoire. Mais un jour, ses habitants constatent la disparition de tous les chats qui la peuplaient. Et quand l’administration leur fournit de nouveaux chats pour les remplacer, qui ne sont autres que des chiens, leur quotidien va s’en trouver bouleversé. Pourquoi faire passer des chiens pour des chats ? Et si derrière la manipulation des mots, qui tente d’effacer l’idée de liberté représentée par les chats, ne se cachait pas le début de la perte de la liberté d’être et d’agir ?



« L’homme qui n’aimait plus les chats » est un livre déconcertant de prime abord. Son écriture sous forme de transmission orale d’un narrateur que l’on découvre par petites touches tout au long du récit nécessite un temps d’acclimatation. Mais très vite, le lecteur prend sa place dans cette petite communauté insulaire. Il apprend à connaitre ses différents membres, ces êtres cabossés par la vie qui ont trouvé un refuge dans cet environnement rude et isolé. Et avec eux, il s’interroge quand le récit prend une dimension un peu dystopique lorsque contrairement au dicton selon lequel « Les chiens ne font pas de chats », on fait passer des chiens pour des chats. Ce qui ne semble initialement qu’une plaisanterie un peu risible – les chiens-chats tenus en laisse e chargés de surveiller les maisons – fait évoluer les comportements des différents membres de cet univers ; créant des besoins artificiels et des obligations là où n’étaient que liberté, libre arbitre et esprit de communauté. Heureusement, l’espoir existe, notamment par l’intermédiaire des livres, à condition de trouver le courage d’agir individuellement et collectivement.



Un livre profond qui fait réfléchir sur la liberté, le danger des manipulations et de la pensée uniforme sans esprit critique.
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Une île où les chats vivent comme des princes et puis un jour, ils disparaissent tous. L'administration offre aux habitants de l'île, à la place des chiens.

Une jolie fable contemporaine où on entre dans l'histoire dès les premières pages.

Des personnages simples et vrais qui n'aiment pas qu'on leurs mente et à qui on ne leur fait pas prendre des vessies pour des lanternes.

Il faut respecter la liberté de penser et d'agir.

Une belle fable pour un livre agréable à lire.

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L'homme qui n'aimait plus les chats

Comment ne pas avoir envie de se plonger dans cette histoire avec un si bel objet, j'ai vraiment eu un coup de cœur pour ce livre et sa couverture! J'ai ensuite tourné les pages et découvert l'histoire de cette île racontée par un des habitants, un vieux monsieur qui nous raconte sa vie entourée de ses amis Thomas le gardien de phare, Gwen jeune veuve, Sergei le musicien et tant d'autres car ceux qui habitent là l'ont choisi, ils se connaissent tous, une véritable communauté avec une vie rythmée d'habitudes et entourée de chats, ces animaux libres d'aller et venir puis un jour les iliens vont se rendre compte qu'ils ont tous disparus! Le mystère est entier et ils vont avoir à cœur de le résoudre, le professeur tout juste nommé va alors se rendre sur le continent pour en connaitre la cause mais les réponses qu'il va leur ramener ne les convainquent pas en tout pas au début… 



Voici un court roman tel une fable, un conte philosophique qui nous interroge sur notre rapport au monde, à la consommation et aux besoins que la société nous crée en transformant nos désirs. Qu'est-ce que la liberté finalement? Pouvoir choisir ses propres désirs et accepter de faire différemment des autres comme on l'entend! Certains iliens vont finalement accepter dès le départ, d'autres se résigner au fil du temps et pour les derniers irréductibles le choix ne leur sera pas laisser! En peu de pages, l'autrice arrive à nous amener sur le chemin de la réflexion quant à notre manière de vivre et nos choix tout cela grâce à une plume fluide et subtile. 



Une très jolie découverte tant sur le fond que sur la forme. J'ai vraiment était séduite par ce court roman qui se lit d'une traite, touchée par notre narrateur et son île, à découvrir! 
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Un très beau texte, une véritable ôde à la liberté, et qui nous met en garde sur les dérives du langage et de ces politiques qui veulent contraindre de façon pernicieuse les populations. On retrouve des goûts d'Orwell et de Matin Brun dans ce texte extrêmement percutant, qui nous transporte dans une île au climat venteux et où un drame plus grand qu'on ne le croit se trame... A lire et à partager
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L'homme qui n'aimait plus les chats

« Imagine une île avec des chats » Voici la première phrase du roman d’Isabelle Aupy.



C’est l’histoire d’un vieil homme, du curé, de la maîtresse d’école, du gardien de phare, du pêcheur et des autres habitants de l’île. Ils vont connaître un changement dans leur vie paisible et sans embûche. Ils habitent sur une île où les chats vont et viennent comme ils le souhaitent, des chats indépendants et libres... des chats! Un jour, les chats disparaissent. Arrivent sur l’île des agents, ils répartissent des chiens aux habitants, des chiens qui ne sont pas des chiens mais des chats, du moins... c’est ce que veulent faire croire les agents.



C’est une histoire courte qui engendre une grande réflexion pour le lecteur. Ce roman est un écho et une métaphore de notre société, il pose des questionnements intéressants, comme celui des croyances, de la liberté et de la manipulation par le langage. Le roman commence d’ailleurs par des citations de ces classiques que nous connaissons « 1984 » et « Fahrenheit 451 ». Cela en dit long ! C’est une histoire que j’ai dévoré en un rien de temps et que j’ai adoré ! C’est un récit original, agréable à lire, bien écrit, avec un sujet complètement actuel et abordé avec subtilité ! N’hésitez pas à vous le procurer !
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Un conte qui dénonce l'uniformisation de notre société d'une manière très originale.

sur une toute petite île, quelques dizaines d'habitants vivent tranquillement. Il y a aussi les chats, les pantouflards, les indépendants etc. Et puis un jour ceux ci disparaissent. Les habitants commencent à s'inquiéter lorsque surgit une agente du gouvernement !

découvrez ce conte mais aussi les éditions du panseur !
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L'homme qui n'aimait plus les chats

"L'homme qui n'aimait plus les chats" (2019) est un très court roman, tirant très franchement sur la fable, écrit par Isabelle Aupy.



Alors avec ce bouquin, j'ai vécu une expérience troublante.



D'une certaine manière, il s'agit d'une petite pépite. En quelques traits de contexte rapidement esquissés, Aupy parvient à explorer les modalités du langage et surtout ce qu'il contrôle, la liberté de penser et de formuler et l'endoctrinement. Et ceci en racontant simplement l'histoire d'insulaires perdant du jour aux lendemains leurs chats, remplacés par le gouvernement par d'autres... "chats", mais qui aboient et se tiennent en laisse. C'est un récit millimétré: rien n'en dépasse et chaque envoi d'idée est absolument précis. C'est donc extrêmement bien maîtrisé.



Pourquoi un 3/5, alors? Eh bien parce que finalement, j'ai trouvé le bouquin... Très simple. Si ses effets sont démesurés, pouvant amener à des heures de discussion au bas mot, le bouquin fait finalement peu d'effort pour nous y amener. Les thématiques sont passionnantes, bien sûr, et on le sait : il vous suffit de constater l'importance de la postérité de "1984" et de sa novlangue. Et "L'homme qui n'aimait plus les chats" frappe juste, mobilisant des idées obsédantes, mais le faisant un peu facilement. La faute peut-être à ce format de fable, qui en restant très général, s'adapte à tout mais manque de maestria pour engager le lecteur. C'est donc intelligent, certes, mais presque un raccourci vers des champs de questionnement. Disons, pour filer la métaphore, que ça ne demandera pas le même effort que paver une vraie route pour la même destination.



Mais bon, au vu de la longueur du bouquin, vous auriez tort de vous priver de cette lecture très agréable et sincèrement intéressante.
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Voilà un roman à mettre entre toutes les mains. C'est bien simple, lorsqu'on l'a terminé on n'a qu'une envie : le relire et le partager !



L'histoire est portée par une voix singulière, celle d'un vieux messieurs qui semble s'adressait au lecteur. Ce qu'il raconte est une étrange tentative de manipulation, se déroulant sur une île et comment une poignée des habitants tente d'y résister.



L'écriture est puissante. C'est le premier roman d'une écrivaine qui, je pense, fera parler d'elle, je l'espère en tout cas, parce qu'ici la littérature retrouve ces lettres de noblesse.
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Pour le premier avis, nous allons parler de L'Homme qui n'aimait plus les chats.

Dans ce roman, Isabelle Aupy nous emmène sur une île peuplée de chats. Certains sont totalement libres de leurs allées et venues, tandis que d'autres préfèrent rester dans une maison, bien au chaud. Nous rencontrons par ailleurs notre protagoniste, qui ne sera pour nous qu'un simple "je" et grâce auquel nous entrons dans le quotidien de cette petite île peuplée de chats.



"Puis, ils ont disparu, sans qu'on le voie vraiment d'ailleurs... C'est le problème avec les chats, ils sont tellement libres qu'on a mis du temps à remarquer leur absence, ou que leur nombre diminuait doucement."



Le roman tourne autour de cette fameuse disparition. Petit à petit, les chats disparaissent, sans que personne ne sache comment, ni pourquoi. C'est une île, alors comment peuvent-ils s'en aller ? Une habitude est rompue, un mode de vie est brisé. Jusqu'à ce que les habitants du continent débarquent, leur offrant quelque chose d'inédit : des chiens. Oui, mais attention ! Des chiens, qu'ils surnomment "chats", afin que les habitants retrouvent leurs habitudes, sans se poser trop de question...



Et c'est là que ce roman devient brillant. Notre protagoniste, comme nous, n'est pas dupe. Un chien n'est pas un chat. Pourtant, aux fils des pages, l'auteure nous donne des arguments, montrant que les deux ne sont pas si différents... Tant et si bien que l'on finit par y croire ! Cette articulation philosophique des habitudes finit par nous convaincre nous aussi. Ce qui montre à quel point le langage est puissant. Il peut créer des habitudes, les défaire, les changer, ou bien créer des barrières, même sur une petite île.



Un roman brillant donc, qui fait réfléchir sur notre société et notre façon de penser.

"Ce mot était sorti. Des "non-chiens". Je ne l'oublierai pas ce mot."
Lien : https://laboitealettres.weeb..
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Imaginez que vous habitez sur une île dont les chats disparaissent. Cela vous interroge, mais sans plus.

Et puis une brigade arrive et vous vente les mérites du chien, rebaptisé « chat » : un compagnon fidèle qui gardera votre maison et vous aidera à aller vers les autres.

Et même si vous n’en voulez pas, la brigade se chargera de vous imposer un « chat » avec laisse.

Vous l’aurez compris, dans cette lecture on peut remplacer chien et chat par : smartphone, réseaux sociaux, voiture….. bref, tout ce dont nous n’avons pas forcément besoin mais qui nous est devenu indispensable.

J’ai aimé le narrateur qui est une personne comme une autre, qui ne veut pas spécialement de ces nouveaux « chats », mais qui n’a pas le choix.

Une lecture qui fait réfléchir sur nos priorités.

Quelques citations :

Ensuite, y’a que le vent et la mer qui forcent les choses. Le temps aussi. Les hommes, ça ne se forcent pas, ça se tient par la main. (p.42)

Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd’hui, il ne fallait plus la force, il fallait créer le manque et le besoin. (p.62)

Ils nous les prenaient parce qu’ils avaient mis des mots sur des besoins qui n’étaient pas les nôtres. (p.93)

L’image que je retiendrai :

Celle du gardien de phare, comme une vigie sur l’île.
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L'homme qui n'aimait plus les chats

On me l’avait conseillé, dans la sois disante lignée de 1984, rien de tout cela , un livre sans surface que j’ai trouvé léger à faire bâiller. C’est une petite nouvelle vite lue mais je n’y ai pas trouvé de sources inspirantes ni d’idées attractives.
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Un hymne à la liberté, la liberté d'être soi et la liberté d'être là où on veut avec qui on veut
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L'homme qui n'aimait plus les chats

L’homme qui n’aimait plus les chats. Titre reçu d’une nouvelle maison d’édition, le Panseur. Premier abord, singularité de la jaquette. D’un jeu de lumière, on devine un texte qui apparaît et disparaît aussitôt, un peu à la façon dont les chats vont et viennent dans le récit.



Les chats. Tout un symbole. Animaux curieux, n’autorisant aucun maître, venant uniquement à leur bon vouloir. Les voilà disparus de l’île. Sans raison. Chacun se pose question, s’étonne, s’attriste de la perte des coquins. Un récit conté par un narrateur cherchant ses mots, alignant discours et questionnements. La poésie berce le récit, octroie moments de grâces. Avec le narrateur, on effectue une promenade sur l’île, on se laisse conter l’histoire des insulaires. Du lieu, de la temporalité, ces éléments sont absents, n’offrant aucun repère. Mais qu’importe. Il y a des allures de conte, de vieille tradition orale.



Survient le moment du changement. Des chiens apportés sur l’île, des remplaçants. Questionnement pour les uns, rapide acceptation pour d’autres qui musellent leur propre liberté sans conscience de l’abandonner. Chiens qu’on prétend être chats. Manipulation du langage. Aisance des syllabes tricotées pour assujettir les insulaires. C’est la manifestation d’un monde qu’on voudrait dompter. Île jouissant d’une trop grande liberté. Coule la rébellion dans le coeur de ceux qui n’ont pas oublié.



Les chats, félins indomptables.



Un roman étonnant. Une poésie qui se déverse à chaque page.

Un récit qui prend une forme différente à chaque lecture.

Conte.

Dystopie.

Émerveillement.

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L'homme qui n'aimait plus les chats

Le quotidien des habitants d’une petite île est troublé par la disparition de leurs chats, un à un, ils se volatilisent mystérieusement, eux qui sont si libres, ont-ils décidé de partir ? Rien n’est moins sûr, certains insulaires sont persuadés d’avoir aperçu des hommes transportant des cages rôder sur l’île à la tombée de la nuit. Bientôt, une étrange délégation débarque sur l’archipel, prétextant vouloir leur rendre leurs chats. Mais en fait des chats, ils reçoivent des chiens.



Ce livre a été un coup de cœur pour moi ! J’ai trouvé l’histoire très poétique, les personnages très justes et touchants. Bien entendu, les « chats » et les « chiens » sont seulement des allégories. « L’homme qui n’aimait plus les chats » invite le lecteur à ne pas laisser les autres penser pour lui et à ne pas croire aveuglément les gens ayant du pouvoir. L’absurde est utilisé afin de transmettre un message, une sorte de morale, et ce message est autant clair que beau. Bien qu’elle puisse au premier abord paraître légère, la trame narrative est rondement menée.
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Petit conte philosophique sur la liberté, l'importance d'appeler un chat un chat, sur ce qui nous rend unique et singulier, ...

"Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd'hui, il ne fallait plus la force, il fallait créer le manque et le besoin."

Dans le conte, il est question d'un besoin de chats qui sont en fait des chiens, plus dociles. Très belle écriture poétique !

De quoi faire cogiter en ces temps de mise en place de pass sanitaire et autres vaccinations obligatoires.









































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L'homme qui n'aimait plus les chats

Lecture choc ;

Voilà un petit livre par la taille, mais qui a tout d’un grand tant sa portée est forte et tant il recèle de sujets et de thèmes.

Nous sommes sur une petite île où vivent sereinement une poignée d’habitants qui ont fait le choix de vivre ici isolés du monde. Une vie tranquille, presque immuable avec çà et là des chats. Ils n’appartiennent à personne, mais ils se sont attribués des maisons d’accueil et paisiblement ils accompagnent le quotidien des îliens. Alors  quand, subitement, ils disparaissent, leur manque devient criant, presque dérangeant, voire angoissant. L’Administration s’empresse alors de résoudre le problème en introduisant de nouveaux chats. Mais voilà, ces chats sont pour le moins singuliers, puisque ce sont des chiens !

De quoi semer la zizanie dans la petite communauté et faire souffler un vent de révolte.

.

Ce roman est une parabole, une fable philosophique, à la lecture simple et abordable qui regorge de matière à réflexion. Utilisant le registre de l’absurde, il aborde brillamment le sujet du libre arbitre et de la liberté de choix et il pose la question de l’endoctrinement et de l’endormissement des consciences. Il met aussi en lumière les dérives totalitaristes dans ce qu’elles ont de plus insidieux si l’on n’y prend garde ou si on relâche sa vigilance. Autant de sujets d’une actualité brulante qui rendent cette lecture nécessaire. Il illustre enfin l’articulation entre besoin et désir bien mieux que le meilleur des cours de philo. A noter aussi la réflexion très fine sur le langage, sur le pouvoir des mots, sur leur force et leurs dérives. Sans oublier une touche d’humour et de fantaisie qui rend le propos encore plus percutant.

Gros coup de cœur, vous l’aurez compris. Sur la quatrième il est comparé à 1984. Pour ma part, c’est plutôt à « Matin brun » que je l’apparente pour l’universalité de son message.

A mettre entre toutes les mains et à distribuer dans tous les collèges et lycées.

Merci Valérie @librairienouvellepage pour la découverte
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Sur une île, non loin du continent, vivent des hommes épris de liberté. Parmi eux, la vieille institutrice, le gardien du phare, le poète-musicien... et partout, des chats de toutes sortes, qui vont et viennent, les "pantouflards", les "domestiqués", ceux "qui aiment bien se laisser caresser, les "pas faciles à apprivoiser".

Un jour, les chats disparaissent. Est-ce arrivé peu à peu, sans que personne ne s'en rende compte ? Quelqu'un est-il venu les enlever ? Voulant trouver des réponses, on envoie un jeune professeur sur le continent : il revient avec une femme de l'administration. Pour les réconforter, on propose aux habitants de leur redonner des chats. Mais ce qui est présenté par les gens du continent comme des chats, ce sont des chiens, des chiens qu'on attribue aux insulaires, leur reflet qu'ils doivent tenir en laisse. D'abord, ils disent que ce sont des chiens, pas des chats : on leur affirme qu'ils se trompent. Il faut croire à ce qu'on leur dit ; on leur promet qu'avec ces nouveaux chats, ils ne seront plus seuls, qu'ils pourront plus facilement se rencontrer... On leur dit aussi que cela répond à leurs besoins... Or, le narrateur, dans son langage naïf, explique qu'ils avaient déjà tout (le récit est fait de son point de vue). Il constate justement qu'avec leur chien au bout de la laisse, les habitants ne se regardent plus. Leur imposer des chiens qu'on fait passer pour des chats est une entrave à leur liberté. Malheureusement, peu résistent, hormis le gardien du phare et une petite troupe autour de lui.



Cette courte fable, écrite par Isabelle Aupy, raconte comment, sans qu'on se méfie, la liberté peut nous être retirée. Sur fond de dystopie (le livre est placé sous le signe de Farenheit 451 et de 1984), le lecteur voit les gens se plier assez vite aux nouvelles règles, prendre des chiens pour des chats. Il n'y a pas d'éclats, pas de violence, juste une métamorphose du mode de vie qui se fait subrepticement.



La suite :
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L'homme qui n'aimait plus les chats

Pourquoi les chats de l’île ont-ils disparu ?

Ils ont été abattus par des agents venus du continent.
Ils ont été capturés par des agents venus du continent.

13 questions
39 lecteurs ont répondu
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