L'histoire du transport clandestin du manuscrit de ce livre hors de l'Albanie communiste est déjà en soi émouvante.
Mais il suffit de l'ouvrir pour ne plus le lâcher; je suis ressortie fascinée par la puissance de l'allégorie antique pour décrire la lente mais inexorable tragédie du broyage de l'individu par le système . Encore mieux que l'Antigone d'Anouilh !
Commenter  J’apprécie         20 ![La Fille d'Agamemnon par Kadaré La Fille d'Agamemnon](https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/415E066CJRL._SX95_.jpg)
Récit très dense qui se passe en une journée, mais pas n'importe quelle journée. Celle du premier mai, pendant lequel avait lieu le fameux défilé, la fête la plus importante du temps du communisme. Faire partie des élus qui pouvaient y assister dans une des tribunes officielles, était très couru, cela indiquait que l'on était en faveur, une récompense des plus importantes et visible à tous. Et notre personnage principal se trouve pour la première fois de sa vie convié à cette distinction. Mais en même temps, la femme qu'il aime lui annonce leur rupture. Son père, promu numéro deux du parti, ne veux pas qu'elle fréquente cet individu douteux, de peur que cela ne finisse par nuire à sa carrière. Et Suzana se soumet à l'injonction paternelle.
Un livre vraiment réussi, les descriptions des festivités du premier mai sont sarcastiques et cruelles à souhait, en même temps que l'auteur trouve un ton plus lyrique pour évoquer l'amour du narrateur et de Suzana. Même si la comparaison avec Iphigénie ne m'a pas complètement convaincue, c'est un livre qui décortique avec justesse et sans emphase le quotidien et les mécanismes de domination dans un régime totalitaire. Tout en gardant une dimension humaine.
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Des aspects autobiographiques? Kadaré a été proche du pouvoir malgré ses écrits corrosifs mais il a du s'exiler. Ici, le personnage principal ne se sent pas à sa place dans la tribune de la fête du 1er Mai: on va se demander ce qu'il a fait pour cet "honneur". Il est en désaccord avec la politique dictatoriale de son pays aussi sa fiancée met fin à leur relation pour être en harmonie avec la position élevée de son père: elle sacrifie son amour . L'auteur, pétri de culture de la Grèce antique compare le sacrifice de Suzana à celui d'Iphigénie. La raison d'état prime sur les sentiments.
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L'Albanie sous la domination ottomane.
Commenter  J’apprécie         00 ![La Poupée par Kadaré La Poupée](/couv/sm_CVT_La-Poupee_2049.jpg)
Un texte au caractère intimiste, hommage contrasté de Kadaré à sa mère, qu’il surnomme « la poupée ». Cet écrivain albanais, je l’ai découvert pour la première fois, il y a plus de 30 ans avec un texte captivant, « Avril brisé ». Une très passionnante lecture qui m’avait autant happée qu’effrayée au regard des coutumes et des usages particuliers de cette terre d’Albanie.
Traditions, comportements si différents et si âpres envers les femmes, plus particulièrement. Une société à l’histoire tourmentée, chahutée… qui m’avait quelque peu fait songer à l’univers de l’écrivain turc, Yachar Kemal….
Au centre de ce récit, la figure prépondérante, complexe de « la Poupée », maman de l’auteur, femme-enfant, fragile, manquant de confiance en elle… se retrouve dans la maison de sa belle-famille, avec une belle-mère, intelligente et omniprésente… Cela sera, des années durant la guerre larvée et permanente, devant le fils unique, « notre écrivain »… qui ne saisit rien à ce conflit domestique, sournois et tenace, avec comme « unique juge permanent », Le Père...
Nous sentons Kadaré adorant sa mère…. Comme il peut être aussi fortement exaspéré par elle. Beaucoup de chagrins, de non-dits où l’écrivain exprime fort justement cette histoire familiale qui lui a aussi donné « l’envie d’écrire ». Il y parle de son pays, de sa ville natale, de ses premières vantardises de tout jeune écrivain…de ses liens avec son père, de ses amitiés, de ses premiers pas dans l'écriture, ses études, etc... et en contrepoint permanent, cette figure maternelle qui intrigue....
« Au moins, en ces instants, aurais-je aimé t'assurer (mère de l'auteur) une fois encore que le malentendu entre nous deux non seulement ne m'avait en rien entravé, mais m'avait été plus salutaire que toute compréhension. Car, comme j'avais essayé tant de fois de te l'expliquer, chez les individus, la question du don se manifeste souvent par son contraire: c'est plus souvent une chose qui fait défaut qu'une chose en plus. (p.145) »
« Je savais que cette explication était impossible à lui donner. Et encore plus impossible de l'éclairer sur le fait que non seulement je ne me sentais pas borné par ses propres carences, mais qu'il m'arrivait parfois, et même de plus en plus souvent au fil des ans, de m'en prévaloir. De plus en plus je me plaisais à croire que c'était là précisément, dans cette appréhension décalée de l'univers, cette inexactitude qui faisait reculer la raison, bref, que c'était dans cet entêtement enfantin à ne pas céder un pouce de terrain que gisait, peut-être, l'origine de ce qu'on appelle le don d'écrire. »
Un écrit tout à fait prenant, étrange où les deux personnages-pivots se trouvent être la maman de Kadaré, le second, la maison natale… mystérieuse avec des pièces interdites, un passage secret, et l’obsession paternelle pour la restaurer. Le troisième…en filigrane est le grand Shakespeare !!... qui se mêle à des hommages confirmés pour l’écriture et la Littérature !
Un écrit fort , authentique d’un fils à sa mère, et à ce terreau de l’enfance qui a été favorable, propice à son attirance, son élan irrésistibles vers les mots et l’écriture …De très riches lignes qui disent beaucoup de la naissance de la vocation et de la construction d’un écrivain…
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Il me semblait connaître cet auteur et j'ai pris par hasard et curiosité celui-ci à la bibliothèque. Malheureusement, je l'ai trouvé sans aucun intérêt et l'ai assez vite abandonné : c'est en fait une autobiographie, romancée peut être, destinée à reconstruire la vie de sa mère... Tant pis!
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Le personnage principal de ce roman est la poupée, la mère de l'auteur. Cette histoire autobiographique nous raconte les relations familiales entre une mère, son fils, la belle-mère et la maison. L'auteur nous parle de son village, de la grande maison et de ses amis. Ses débuts difficiles pour écrire des poèmes, il va s’entraîner avec des réclames qui lui prennent beaucoup de temps et de son énergie et qui ne lui rapporte pas grand chose. Un jour, il comprendra et commencera à écrire poèmes, roman. Comment donner un titre au roman et avancer dans sa vie.
Ce livre se lit facilement malgré tous les petits paragraphes.
Commenter  J’apprécie         40 ![La Poupée par Kadaré La Poupée](/couv/sm_CVT_La-Poupee_2049.jpg)
Il s’agit d’un récit biographique qui va de l’enfance de l’auteur à la mort de sa mère. La poupée, c’est elle, sa mère, fragile, discrète, manquant de confiance en elle. L’autre «personnage» du livre c’est la maison natale, typique pour l’Albanie, si mystérieuse avec ses pièces interdites, son passage secret, et sa taille qui rend sa restauration impossible et obsessionnelle pour le père. C’est un livre intimiste, sorte d’hommage à une mère avec laquelle il y a eu une communication minimaliste: l’auteur a compris sur le tard qu’il y avait eu une guerre larvée, sournoise et tenace entre la poupée et sa belle-mère dans la maison de laquelle elle était venue vivre en se mariant. C’est prenant, étrange, une découverte des usages et coutumes d’Albanie, de ses traditions, de ses comportements envers les femmes. J’ai bien aimé l’ambiance créée dans ce texte, mais j’ai souvent décroché, il y avait trop de non-dits pas clairs pour moi,et la succession incessante de paragraphes très courts dont les liens ne sont pas toujours limpides n’aide pas. Le fait qu’il n’y ait aucune action ou si peu n’aide pas non plus.
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Le mystère du titre est levé dès le début. Qui est cette poupée et pourquoi ce nom ? Ce n’est pas un livre à suspens au moins c’est clair, je m’étais renseigner uniquement sur l’auteur, je m’attendais à un roman.
Pas de déception non plus, c’est un récit autobiographique et je me retrouve bloqué à écrire ma critique car il ne s’y passe rien de plus que ce qu’il y a la quatrième de couverture. Je n’ai pas de reproche à lui faire, les un peu moins de 200 pages ne m’ont pas laissé le temps de m’ennuyer.
Pas la peine de faire du remplissage, je suis resté de marbre devant ce livre.
Commenter  J’apprécie         130 ![La Poupée par Kadaré La Poupée](/couv/sm_CVT_La-Poupee_2049.jpg)
Ce texte est dans une veine très différente des romans d'I.Kadaré, notamment de ceux que j'ai beaucoup aimé : "Chronique de la ville de pierre", "Le pont aux trois arches", "Avril brisé", "Le Palais des rêves". C'est une autobiographie familiale, dans le sens où l'on a une série de portraits des membres de la famille proche de l'écrivain, présentés chronologiquement depuis l'enfance de Kadaré jusqu'à la mort de sa mère. La maison familiale est un personnage important car elle habite les membres de la famille davantage que l'inverse. Le livre débute et se clôt sur elle.
Le texte est une succession de petits paragraphes, ce qui nuit à la fluidité de la lecture, car les liens de l'un à l'autre ne sont pas toujours évidents. J'ai souvent décroché. J'ai régulièrement eu du mal à saisir le sens des propos. Je n'ai par exemple pas compris grand-chose au chapitre dans lequel il parle de ses relations à son père avec un arrière plan oedipien. Fatigue du lecteur ou confusion du texte ? Les passages qui relatent ses débuts d'écrivain ont été particulièrement rasoirs pour moi.
En résumé, je me suis ennuyé. Heureusement, le texte est court. A ceux qui veulent découvrir Ismail Kadaré, grand écrivain qui arrive à bien faire sentir l'étouffoir qu'a été le monde communiste, dans des romans à la frontière d'un réel sinistre et du fantastique, je conseille de commencer par les romans cités ci-dessus.
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Cet ouvrage rentre dans ce qu'on pourrait appeler le sous-genre "hommage à maman".
On n'en trouve de toute sorte, chacun est unique, mais à force on parvient à trouver des similitudes dans ce genre d'ouvrage.
Oui mais là non, parce qu'on ne parle jamais de la maman mais de la Poupée, et qu'à force que l'auteur passe par mille détours pour narrer sa propre vie, on comprend de mieux en mieux ce qualificatif, d'abord presque méprisant et finalement très touchant.
La vie de cette femme qui semble dépassée par son environnement, cette vie gâchée par une société et un mari qui l'enferme dans un rôle d'épouse et de mère qui ne sort pas de son foyer, et qui de facto est chaque jour un peu plus en marge de sa société. Et pourtant la vie de cette femme qui comprend et ressent plus qu'elle ne laisse paraître.
Une très belle histoire.
Commenter  J’apprécie         50 ![La Pyramide par Kadaré La Pyramide](/couv/cvt_La-Pyramide_1669.jpg)
Pyramide, Pyramide, que n'es-tu restée à l'état de maquette!
Après le Général de l'Armée morte et Doruntine, voici la troisième figure de l'immense Ismail Kadaré dont Horusfonck fait la connaissance: La Pyramide...
Mais pas n'importe quelle pyramide! C'est la plus haute, la plus célèbre, la merveille du Monde: La Pyramide de Chéops.
Avant même sa longue érection, l'amoncèlement de pierres va instiller le doute, les complots et la terreur! Les Égyptiens sont trop heureux, le peuple se relâche, prospère... La pyramide, tombeau et œuvre de mort, va engloutir vingt années de la vie égyptienne: Tous au boulot, et que ça saute et que ça pousse et que ça fouette et que ça meure sur les plans inclinée où s'acheminent les pierres venues des carrières parfois lointaines!
Cette Pyramide d'Ismail Kadaré, c'est son expression d'un pouvoir absolu, égaré et obtus d'un pharaon que ses conseillers flattent et encouragent dans sa mégalomanie... À l'image qui se perpétue de cette lointaine antiquité jusqu'à notre brûlante actualité d'une lignée de monarques, potentats et dictateurs mégalomanes... Ces chefs d'orchestre macabre d'une démesure généreuse en vies humaines sacrifiées, saccagées.
La Pyramide et son aura de mort va faire des petits, parfois horrifique, telle celle de Timur Le boiteux, constituée de têtes humaines coupées!
Je sors de cette lecture, plein de la poussière de ces pierres ajustées une à une, avec chacune leur lot de victimes.
La Pyramide est dans ma tête, désormais, comme une leçon à ne pas oublier.
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Livre écrit par Ismaïl Kadaré, faisant référence au temps où l’Albanie était soumise à la dictature d’Enver Hoxha, c’est un pamphlet politique présenté sous forme de fable ou de conte moral. Prenant l’image de la construction d’une pyramide dans l’Egypte antique, l’auteur explique qu’un bon moyen pour asservir un peuple et lui ôter toute idée de révolte, c’est de l’occuper à un travail qui ne sert à rien, mais mobilise toutes les ressources du pays. C’est ce qui arriva en Albanie, où furent construits des milliers de bunkers dans tout le pays, pour se protéger d’un agresseur qui n’existait pas.
Le style est très alerte et imagé, l’allusion politique transparente. D’une manière plus générale, c’est une analyse très précise de certains mécanismes de la dictature, avec par exemple les méthodes fondées sur la délation et la peur. La leçon est toujours valable dans notre monde actuel.
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J'ai été un peu déçue par ce livre, je ne m'attendais pas tout à fait à ça. Le style est lourd, ce qui correspond bien à ce que l'auteur veut transmettre, mais ça ralentit pas mal la lecture. On n'a pas de mal à imaginer que cette pyramide à fait couler beaucoup de sang, tout comme le régie albanais à l'époque de l'écriture de ce livre. Les régimes totalitaires se ressemblent tous.
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La construction de la pyramide à travers le récit qu'en fait Kadaré, illustre ce qui compte le plus pour l'homme : devenir éternel, et n'est-ce pas ce qui dépasse le prix de toutes les vies que coûte ce processus, avec tout ce qu'il a, justement, d'inhumain. Ce livre sur la Pyramide est un livre sur toutes les pyramides et à travers ces constructions démesurées un livres sur tous les pouvoirs et sur la volonté de tout pouvoir de se rendre éternel.
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: « La Pyramide» d’Ismail Kadaré. Ce roman date de 1992, Kadaré est alors en France . Sous les dehors du roman historique (la construction de la pyramide de Chéops) c’est la dictature totalitaire (au cœur de laquelle il a vécu) dont il démonte les mécanismes .En effet , la construction de la pyramide n’a pas essentiellement un motif religieux , c’est avant tout un instrument d’oppression et de contrôle social . Ce n’est pas la vie des Egyptiens antiques mais celle des Albanais sous Enver Hoxha , des russes sous Staline, des chinois sous Mao qui est dépeinte en filigrane ( culte de la personnalité, omniprésence policière, procès truqués , délation …) . Certes c’est du passé , mais sommes nous si certains de notre futur ?
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