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Critiques de J.D. Kurtness (31)
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Aquariums

Roman de passions joliment dévorantes et d’éducations atypiques bien digérées, de transmissions essentielles à travers les âges et d’écosystèmes en phase avancée de décomposition, « Aquariums »réussit le pari rare d’un pessimisme apocalyptique transformé sous nos yeux en paradoxal principe Espérance.





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/24/note-de-lecture-aquariums-j-d-kurtness/



Émeraude Pic est une jeune biologiste marine québécoise de haut vol, dont la thèse sur la reconstitution d’un écosystème tropical du golfe du Mexique, mise en pratique in vitro avec un tel succès qu’elle en retire peu ou prou le sobriquet de reine des aquariums, lui vaut d’être embarquée à bord du Charlie Chopine, navire scientifique devant tenter de reproduire ce petit miracle dans un environnement arctique désormais profondément dégradé. Alors qu’elle rejoint le port d’embarquement, perdu tout au nord du Québec, une épidémie redoutable, après avoir été négligée pendant des mois (tous les virus ne sont pas forcément serviables quant à leurs périodes d’incubation et de contagiosité), commence à se déchaîner sur tout le territoire.



Prise au piège de (ou au contraire protégée par) la capsule de survie qu’est devenu de facto le Charlie Chopine, elle voit défiler en un monologue intérieur férocement humoristique (et parfois extrêmement caustique) l’enfance et l’adolescence qui l’ont menée là, et qui l’ont aussi conduite à avoir pour meilleur ami Henri, enfant très à part du fait de sa mortelle ultra-sensibilité au rayonnement ultra-violet, devenu un génie de l’informatique désormais en charge de plusieurs aspects cruciaux de la première mission spatiale habitée vers Mars, qui s’élançait justement ces jours-ci… Si l’on ajoute dans ce paysage mémoriel façonné par les hasards et les nécessités humaines, sociales et, jadis ou naguère, coloniales, un vaisseau hauturier secouru par la tribu locale d’un peuple premier, une authentique sorcière versée en herbes et en philtres, un dantesque combat préhistorique entre un cachalot et un calmar géant (le Scott Baker de « Dans les profondeurs de la mer repose le sombre Léviathan » ne sera, à ce moment-là, pas si loin, de même qu’en des espaces voisins pourraient se glisser aussi bien les « Abysses » de Rivers Solomon que le « Superluminal » de Vonda McIntyre – dont on vous parlera prochainement sur ce blog), on obtient un cocktail magique, joliment déroutant et, par bien des aspects, étrangement prémonitoire si l’on pense à la date de son écriture.



Publié en 2019 au Québec chez L’Instant même, puis en 2021 en France dans la collection Courant alternatif des Moutons Électriques, le deuxième roman de J.D. Kurtness, deux ans après « De vengeance », nous propose le fabuleux mélange réussi, aux proportions méticuleuses, d’une saveur apocalyptique songeuse que l’on trouverait par exemple chez l’Emily St. John Mandel de « Station Eleven » et d’une imprégnation profonde des équilibres délicats des écosystèmes marins de l’extrême, tels qu’en rendait compte le grand Barry Lopez de « Rêves arctiques ». Et cela mâtiné avec justesse d’une dose d’émancipation adolescente joueuse – against all odds, pourrait-on dire – qui évoquerait la Marie-Andrée Gill de « Frayer » ou de « Chauffer le dehors ». Et tout cela brillamment servi par une écriture rusée, sachant pratiquer le véritable mine de rien, aussi à l’aise dans les moiteurs sauvages des internats de jeunes filles que dans les arcanes des techniques de réfrigération et d’oxygénation en biologie marine, dans les rituels conjuratoires d’une autre époque et dans les caractéristiques d’incubation et de transmission de nouveaux virus mutants issus de celui de la rage. Dans la Montreal Review of Books, Roxane Hudon note très finement que ni Émeraude ni Henri ne deviennent ce qu’ils sont (la traduction de l’anglais est ici de mon cru) uniquement du fait de circonstances sociales ou d’aléas d’éducation, mais bien à la fois du fait d’une transmission spécifique de quelque chose qui vient de loin, et d’une curiosité scientifique presque sans bornes. Et c’est ainsi que « Aquariums » s’inscrit aussi pleinement dans ce courant littéraire passionnant que l’on pourrait nommer, à l’image de la « Trilogie climatique » de Kim Stanley Robinson et de l’un de ses noms d’usage, le scientifique politique, ou plus exactement l’exploration des possibilités d’action politique et intime de la science contemporaine – une fois définitivement débarrassée de la mythologie délétère du progrès à tout prix devant d’abord nourrir les profits du capital.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Aquariums

Étrange en ces temps de covid de lire un roman qui prédit une épidémie majeure qui décimera une grande partie de la population en attendant un vaccin. On suit dans ce roman une jeune scientifique qui recrée des écosystèmes et qui participe à une mission dans le Nord. On découvre plusieurs personnages dans différentes époques, difficile parfois de suivre le fil de ces récits qui semblent parfois déconnectés les uns des autres.
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Wapke

Demain.

C'est ce que signifie Wapke, en attikamekw, langue d'une des nombreuses Premières Nations du Québec.

Ô combien j'ai trouvé original ce thème choisi par Michel Jean, qui a dirigé ce recueil de nouvelles d'anticipation rassemblant 14 auteur.e.s autochtones, dont certaines nouvelles plumes.

Quelle vie auront les communautés autochtones dans le monde de demain, un demain parfois pas si lointain ?

Si l'ensemble des contributeurs partage la vision d'un Grand Changement à venir, les voix sont plurielles, et même dans la dystopie, certaines portent la flamme de l'espoir et d'autres broient du noir.

Parmi mes préférées, je citerai Les enfants de lumière, de Virginia Pésémapéo Bordeleau : elle y narre un monde post-apocalyptique où les traditions ancestrales des premières nations permettent à l'humanité entière de survivre, et où l'amour reste la meilleure foi en l'avenir et la plus grande force de reconstruction. À la manière d'une légende, ce récit inclusif me transporte.

Dans certaines de ces nouvelles, les blessures de la dépossession des territoires et de la déculturation sont encore vives et se dressent telles un spectre vivant prêt à engloutir de nouveau les Nations ... Elles se veulent un cri d'appel politique. J'espère qu'il sera entendu.



Je recommande vivement cette lecture, pour une immersion dans la richesse et la diversité des âmes autochtones, à qui nous devons un profond respect, pour le passé, pour l'avenir, dès aujourd'hui.


Lien : https://www.nathydeurveilher..
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Wapke

Mon évaluation reflète une moyenne globale pour ce recueil. Les nouvelles qu'on y retrouvent sont malheureusement de qualités inégales. Heureusement, celles qui se démarquent m'ont fait découvrir d'excellents auteurs et autrices autochtones. Concept très apprécié.
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Wapke

Le commentaire de Lynda :



Quatorze superbes nouvelles écrites de main de maître par un collectif, tous très talentueux.

Le point commun, parce qu'il y en a un, c'est l'anticipation, d'ailleurs le titre Wapke, qui signifie demain en langue Atikamekw, est très représentatif de ces nouvelles.

Les sujets entre autres sont survolés dans ces nouvelles : la vieillesse, la mort, l’Histoire, la dégradation de l’environnement. Tout est reporté dans le temps que ce soit en 2030 ou même 2100. Oui, on peut voir très loin avec nouvelles.

J'ai aimé chacune de ses nouvelles, dans un contexte actuel épidémique, plusieurs de celles-ci sont à propos.

Un futur, qui ne s'annonce vraiment pas plus drôle, et ce, pour chacun de nous, autochtone ou autres. Mais j'aimais entendre leurs voix, savoir par-delà leurs mots, comment ils envisagent l'avenir, pas l'avenir de demain, mais un avenir un peu plus loin.

J'adore l'écriture de Michel Jean, et ce collectif sous sa direction est bien représentatif, d'un milieu qu'il adore, de la façon qu'il nous en parle. Encore une fois, il se fait le représentant d'un collectif d'auteurs qui va nous mener vers une réflexion personnelle, sociale, environnementale, et encore plus.

Un livre que j'ai lu et que je vais relire, c'est certain. J'ai entre autres aimé, Cécile de Katia Bacon, Les grands arbres de Michel Jean et Uapush-unaikan d'Alyssa Jérôme, mais comme je ne veux pas toutes les nommées, je peux vous confirmer que chacune de ces nouvelles a un petit quelque chose qui vient nous chercher !

Je vous le recommande à 100 %.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Wapke

Voici une anthologie de 14 nouvelles d'anticipation/science-fiction d'auteurs autochtones francophones du Québec. C'est une initiative très intéressante qui donne une perspective assez différente : c'est globalement assez pessimiste, nostalgique du temps de la vie traditionnel et très préoccupé par les problèmes sociaux et environnementaux liés à la modernité.

La qualité des textes varie beaucoup et certains auteurs ne sont pas habitués au format de la nouvelle ou à faire de la science-fiction. Les expositions des contextes sont souvent amenées maladroitement et ne sont pas toujours très originaux pour des lecteurs familiers du genre. Les narrations ne sont aussi pas toujours très immersives et les constructions des histoires manquent souvent de propos articulé pour privilégier le côté « tranche de vie » et nostalgique.

Deux nouvelles sortent toutefois vraiment du lot et ce dans des registres très différents : « 2091 » d'Elisapie Isaac (oui, oui la chanteuse) et « Les saucisse » de J.D. Kurtness.

Le texte d'Elisapie nous montre le Nunavik (Nord du Québec) en 2091 par les yeux de guides touristiques inuit. Les personnages sont très réussis et touchant, la vision du futur est aussi pleine d'optimisme et de progrès – c'est très immersif et rafraichissant.

L'histoire de Kurtness n'est pas originale en soi, c'est une histoire d'un futur où la plus grande partie de la population vit dans la réalité virtuelle le corps dans des cuves, un peu à la Matrix. Mais, c'est bien écrit, de façon dynamique, c'est cynique et percutant car on suit les journées d'un croque-mort ! C'est pessimiste mais vraiment bien enlevé.

Bref, un recueil très intéressant par l'originalité des points de ses auteurs ; une excellente initiative. Il faut maintenant espérer qu'il y aura d'autres volumes.
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Wapke

Une série de nouvelles d’anticipation écrites par des auteurs autochtones talentueux.



Wapke signifie « demain » en langue atikamekw et le livre est un peu une commande de récits de science-fiction faite auprès d’auteurs qui ne touchent habituellement pas ce genre de littérature. On a donc ici surtout des récits post-apocalyptiques un peu convenus, avec les problèmes des changements climatiques et la destruction de l’environnement causée par l’industrie d’une part et d’autre part un groupe autochtone résilient qui survit grâce aux savoirs traditionnels.



Je caricature un peu, mais pour des nouvelles « d’anticipation », je n’ai pas été éblouie par un foisonnement d’imaginaire. Il faut dire que le quatrième de couverture est explicite lorsqu’il qualifie le recueil « abordant des thèmes sociaux, politiques et environnementaux d’actualité ».



Au final, un recueil inégal, mais une première tentative du genre qui a le mérite de rassembler des auteurs de qualité dont on a intérêt à découvrir les autres œuvres.

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Wapke

À la croisée des temps, des déceptions, des changements, hier en fumée, Wapke (demain) par anticipation, ou quand la pandémie devient source d’inspiration par extrapolation, 14 auteurs autochtones d’ici s’y prêtant au jeu, offrant de quoi pour le moins délicieux !
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Wapke

Wapke est un recueil de nouvelles d’anticipation autochtone, publié aux Éditions Stanké, sous la direction de Michel Jean. Ce recueil est le premier dans le genre à être publié au Québec. Comme je trouve qu’il faut lire la littérature autochtone, je n’ai pas hésité à dire oui.



Tout d’abord, il importe de mentionner que Wapke signifie futur en langue atikamekw comme il est stipulé sur la quatrième de couverture. Pour un recueil de nouvelles d’anticipation, le titre ne pouvait être mieux choisi. Ainsi, Joséphine Bacon (Innue), Natasha Kanapé Fontaine (Innue) ou encore Cyndy Wilde (Anicinipape et Atikamekw), pour ne mentionner que ces dernières, offrent un portrait post-apocalyptique à leur lectorat. Ils sont 14 à proposer des nouvelles sur ce que sera l’avenir et ce qui m’apparaît vraiment intéressant c’est que les autrices et les auteurs sont nommés et la communauté autochtone à laquelle ils appartiennent est identifiée. Aussi, les thèmes relevés dans ce recueil sont divers. Je peux citer l’impact du réchauffement climatique, le gouvernement autoritaire, la technologie, la fécondité, l’identité, le racisme, la discrimination, le fantastique, etc. J’ai trouvé ces nouvelles fascinantes, voire perturbantes en ces temps de pandémie. À cet égard, j’ai été profondément perturbée par «Pakan» (Autrement) de Cyndy Wilde. Ainsi, j’ai pu relever des éléments qui me semblaient tributaires de la réalité. Par exemple :



«Cette pandémie aura quintuplé la superficie du fossé qui sépare les Autochtones des Québécois» (p. 95)



Ou encore :



«La disparition d’une femme autochtone avait laissé la plupart des gens dans l’indifférence la plus totale». (p. 98)



On peut se référer aux nombreux cas de disparition de femmes autochtones qui sont demeurés des mystères. Ça donne froid dans le dos.



Mais encore, je me suis retrouvée en ce qui concerne la nature. Les nouvelles démontrent souvent à quel point les Autochtones ont besoin de la nature et qu’ils en sont près, qu’ils veulent préserver la Terre-Mère. Je ressens de plus en plus ce besoin d’être dans la nature, près des oiseaux et des arbres, des cours d’eau et ce, depuis le début de la pandémie. Il y a des passages magnifiques illustrant ce constat. Ainsi, dans la nouvelle «2091» d’Elisapie Isaac, Inuk de Salluit, il est mentionné qu’il faut accueillir le silence et qu’il importe de ne pas chercher à le meubler. Ce dernier invite au recueillement, à l’observation, à l’essentiel. Mais encore, il décrit le paysage du Labrador qui doit être splendide (je n’y suis jamais allée) :



«Sur le pont, Tayara admire la vue avec quelques voyageurs. Les vallées, les montagnes, l’infinie beauté du Nord. Ils voguent vers leur première destination, les monts Torngat, vers le Labrador. Un site spectaculaire, un de ses endroits préférés. À chaque visite, la même émotion le submerge. Il ne se lasse jamais depuis huit ans, à raison de quatre voyages chaque été. » (p. 113-114)



Si vous avez envie de découvrir des autrices et des auteurs de choix, n’hésitez pas à lire Wapke. Ce dernier est aussi empreint de poésie :



Une nuit d’étoiles et moi.

Il me semble entendre des pas.

Un vieil homme, panaches de caribou autour

de la taille, veste blanche brodée de rouge, perce

l’horizon.

Grand-père, je n’entends plus ton coeur.

Je sais. (Joséphine Bacon, «Uatan, Un coeur qui bat», p. 201.
Lien : https://madamelit.ca/2021/05..
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De vengeance

Une histoire béton! Un premier roman qui frappe, d’un style bien maîtrisé qui rappelle les films de Pierre Falardeau (pas les Elvis, les autres!). À quand le deuxième?
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De vengeance

Tout est (superbement bien) dit dans le résumé du livre. À LIRE D'URGENCE !
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