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Critiques de J.D. Kurtness (31)
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Aquariums

PLAIDOYER POUR LA PLANÈTE BLEUE



C’est d’abord un kaléidoscope d’existences.

Un patchwork de vies, d’hommes, de femmes, d’animaux qui a priori n’ont pas grand-chose à voir entre eux.

Et pourtant…

Les premières pages sont donc un peu déroutantes, mais avec ce je ne sais quoi d’hypnotique, d’attirant, comme un « suis-moi » chuchoté entre les lignes par cette baleine qui s’éloigne sur la couverture…



Et puis il y a Émeraude. On la découvre d’abord par flashes, dans son enfance, son adolescence avec son père et alors peu à peu les pièces du puzzle s’organisent.

Les histoires fragmentées sont finalement les fragments de notre monde au bord du précipice. Un monde qui semble avoir atteint les limites de sa survie, constitué d’êtres vivants aux abois et d’une nature trop malmenée, surexploitée, et qui, pourtant toujours belle et colorée, s’essouffle dans un monde lui-même en pleine asphyxie.



L’histoire d’Émeraude se situe ici, dans une projection dystopique très proche de notre époque, et surtout extrêmement réaliste sous la plume de J.D. Kurtness. Émeraude est une biologiste marine passionnée qui tente coûte que coûte de sauver des espèces et d’en découvrir de nouvelles. Elle passe des mois dans l’Arctique coupée d’un monde prisonnier d’une fin qu’il a lui-même programmée.

Et pourtant, rien n’est totalement perdu.

Le monde au plus bas, comme dans les abysses sous-marines, peut encore se relever.



Et c’est là une des grandes forces de ce texte dense aux allures a priori apocalyptiques.

Dans un monde où le chaos prend des formes multiples, les mots de J.D. Kurtness n’oublient pas de voir s’ouvrir derrière ce désordre extrême, l’ESPOIR.

Ainsi, la fin est puissante, très émouvante, car elle éclaire et soulage en quelque sorte le lecteur des lourdes vies à la dérive qu’il a traversées, d’une planète au paroxysme de l’expression de son étouffement, de réfugiés climatiques ou victimes d’une pandémie de plus, de baleines trop longtemps sacrifiées…

et finalement la conclusion n’est pas aussi noire qu’on aurait pu l’imaginer. Les êtres vivants réunis autour d’une nature à renaître restent les clés d’un monde nouveau à construire.

À lire.🩵
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De vengeance

La narratrice tue accidentellement un camarade de classe. Son crime demeure impuni. Coup de chance : elle vient de trouver sa vocation et s'en réjouit. Seul regret: elle ne peut s'en vanter. D'emblée le ton est donné : nous voici avec une tueuse en série qui va, peu à peu, monter en puissance et se débarrasser de ceux qu'elle estime nuisibles à des degrés divers: cela va de celui qui manque l'écraser à celui qui ne ramasse pas les crottes de son chien. Pour commencer.

Socialement bien intégrée, patiente (très patiente), intelligente et organisée, elle passe inaperçue et en joue.

Pour elle, c'est un "passe-temps" que de se venger. Mais elle pratique cette activité avec beaucoup de distance et ne connaît pas toujours le résultat de ses actes, libre au lecteur de l’imaginer. Contrairement à d'autres tueurs en série, elle ne paraît pas outrageusement dérangée et tout l'art de l'autrice , pour peu qu'on apprécie l'humour noir (très noir), est de nous rendre acceptable son comportement...Une lecture intensément jubilatoire.
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Aquariums

C’est un curieux roman que celui que J.D. Kurtness nous donne à lire.

Le fil rouge, c’est l’histoire d’Emeraude Pic, enfant solitaire, qui devient océanographe et s’attache à faire revivre des écosystèmes détruits par la main de l’homme.

Mais l’autrice invite aussi au fil du récit d’autres personnages, une baleine, un boulanger, un calmar géant, un marin, un déserteur cannibale…, sans que l’on découvre vraiment quel est le lien entre eux, pas avant la fin.

C’est à la fois un peu décousu, déstabilisant et intriguant. Curieuse aussi cette quatrième de couverture qui raconte le dernier tiers du roman.



Ceci étant dit, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman très bien écrit.

Ce qu’il dit de l’écroulement programmé de notre monde est sombre mais l’autrice s’en tient aux faits scientifiques, ne dramatise jamais et le texte n’est pas dépourvu de lumière.

J’aurais aimé passer plus de temps avec certains personnages, leur évocation est parfois si brève qu’on les oublie trop vite.

J’aurais aimé aussi que ce roman prenne plus son temps pour raconter ces vies, mais cette rapidité dans l’enchaînement des générations, dans le récit de la vie d’Emeraude est peut-être là pour montrer que tout va vite et vite mal.
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Aquariums

Une séduisante histoire de familles qui, à l’origine aux antipodes, nagent et voguent dans le temps au gré des générations et qui se croisent parfois au fil des turbulences apportées par les vagues du destin. Aquariums, une perle de l’imaginaire québécois par J.D. Kurtness.
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Aquariums

Quel livre étonnant ! Il s'ouvre sur une citation de la Genèse évoquant la création de l'homme avant de plonger le lecteur dans une narration discontinue, succession de vignettes convoquant une baleine matriarche voyageuse, un requin aveugle affamé, un Amérindien du fonds des âges assistant à un combat baleine vs calmar géant, un marin du XIXème siècle, une fillette d'aujourd'hui qu'on voit grandir et se passionner pour la nature et le monde marin.



Il faut attendre la moitié du roman pour commencer à comprendre comment le récit s'articule, ses enjeux,.j'ai du m'y reprendre à deux fois, persuadée que j'avais tâté quelque chose. Mais j'ai été tellement charmée par la poésie qui se dégage des phrases et stimule un riche imaginaire que je me suis laissée totalement portée. Des images follement superbes se sont durablement imprimées ...



... cette vieille baleine épuisée qui tète « surprise par la chaleur du lait, sa richesse, son onctuosité. Elle tète longtemps, avec avidité. Une autre jeune mère prend le relais. L'appétit de la matriarche est grand. Quand, enfin gorgée et ragaillardie, elle reprend ses esprits, elle se met à chanter de toutes ses forces. Un appel à quitter ce lieu maudit et stérile et à la suivre vers un nouveau territoire. La banquise y est très épaisse, trop parfois, mais son instinct lui dit que cette fois-ci elles pourront la fracasser au prix de quelques nouvelles balafres. Elles perceront les glaces éternelles et feront naître un nouveau océan s'il le faut. »



... la vie dans les profondeurs bathyales avec leur « manière différente d'habiter le monde, de le percevoir et d'y intéragir existe à côté de nous. Comment se sent un poulpe dont chaque bras forme un système nerveux autonome ? De quoi est fait l'environnement d'un animal quand ses manifestations les plus vives lui parviennent par le biais des champs électriques émis par ses proies ? A quel rythme s'écoule le temps pour un arbre de sept cent ans ? Un corail de trois mille ans ? »



Le plus étonnant, c'est comment l'autrice est parvenue à instiller un pessimisme presque joyeux à son texte. Le contexte est douloureux, entre éco-anxiété et apocalypse réaliste, avec un monde qui se meurt irrémédiablement et une mission scientifique en Arctique qui veut sauver les écosystèmes en péril telle une arche de Noé. Et pourtant, son roman est lumineux, à l'instar de son dernier chapitre qui relie somptueusement toutes les scènes qui semblaient disparates. Le trait est sobre, dénué d'emphase pour parler de cette « fin du monde », laissant ainsi toute sa place à un récit contemplatif qui dépasse l'humain, et qui lui se développe dans le lyrique.



La narratrice, jeune scientifique embarquée à bord de ce navire hors du temps, convoque ses souvenirs, remonte sa généalogie, ses ancêtres, comme si dans l'apocalypse, les souvenirs du passé permettaient de ne pas mourir dans le présent et de survivre dans le futur. Dans ce plaidoyer écologique, la résilience de l'espèce est humaine ne se cantonne pas à une vaine espérance mais se déploierait dans un nouveau cycle de vie, différent, plus vertueux, possible en tout cas, avec une science émouvante et non strictement utilitaire.



Le récit est court, sans doute aurais-je aimé m'immerger encore plus longtemps, approfondir ma connaissance de plusieurs personnages, mais de façon évidente, J.D. Kurtness a un univers fort et singulier, loin des sentiers battus narratifs, qui ravira ceux qui seront sous son charme ou pourra déstabiliser ceux qui ne parviendront pas à relier les fils dans la première moitié du récit. Quitte ou double.

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Aquariums

Si vous êtes un adepte farouche des publications des Éditions Dépaysage, vous aurez sûrement déjà croisé la plume incisive de J. D. Kurtness dans le roman "De vengeance" et vous connaîtrez donc déjà son engagement écologiste.



Sinon vous pourrez toujours la découvrir avec le non moins plaisant, non moins original, et non moins engagé "Aquariums" fraîchement paru dans la collection Talismans.



Très different de son prédécesseur, ce roman fascine dès les premières pages. On se sent hapés par les états d'âme d'un jeune homme qui vient d'échouer à son rite de passage, puis saisis par la vision d'exception que le destin lui offre alors qu'il n'avait rien demandé. Nous sommes ailleurs, nous en voulons encore. Mais l'autrice décide de nous dérouter et de nous emmener plus loin.



Nous l'apprendrons bientôt, il y a bien une trame de fond, nous y suivrons Émeraude dans son parcours de vie atypique. Mais il y a aussi tout autour une aventure kaleïdoscopique qui se contrefout du temps, du lieu, de nos interrogations. Alors on fait confiance, on n'a pas le choix, on accepte de se perdre. On s'investit à fond et sans même y prendre garde dans cette vision du monde qui mêle mélancolie et optimisme, qui parle de l'histoire de l'humanité sans la faire centrale et sans la rendre anecdotique pour autant. Quelle différence entre le corail qui survit dans un aquarium et l'homme qui survit dans une navette spatiale ? Et finalement quelle importance si ce n'est la beauté d'un possible lendemain.



Perdez-vous, questionnez-vous, attachez-vous et détachez-vous, ayez confiance et vous saurez.
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Aquariums

Chacun a ses limites de style ou de genre avec les livres qu’il lit. Il est bon, parfois, de tenter de les repousser « pour élargir ses horizons littéraires » comme on dit… Mais ça ne fonctionne pas toujours, comme pour moi avec Aquariums de J.D. Kurtness…



Une histoire d’expédition scientifique arctique sur fond de pandémie au rhabdovirus, prétexte à remonter le fil d’une histoire personnelle et familiale marquée par le courage et la force des femmes.



Un livre complexe qui mélange histoire autochtone et trajectoire personnelle, approche scientifique et animaliste, fin du monde et responsabilités de ses habitants, effets papillons et baleines.



« N’empêche, ce ne sont pas les canons à harpon qui ont asséné le coup de grâce. C’est notre indifférence. »



Après une entame d’une force incroyable, voilà un livre qui m’a progressivement perdu sans jamais me rattraper. Malgré sa conclusion furieuse et enthousiasmante : « Je serai cette vieille qui crache dans la bouche des nouveau-nés, pour leur souhaiter la bienvenue et les immuniser contre le monde. »

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La vallée de l'étrange

J.D. Kurtness rentre dans la catégorie très spéciale des auteurices que je ne suis pas certaine d'apprécier, mais que je continue à lire malgré tout. Il y a dans son style quelque chose d'extrêmement original et perturbant qui va complètement à rebours des tendances générales. En ce sens, c'est rafraîchissant, surtout en voyant ses thèmes de prédilection – le désastre écologique et la place des technologies dans nos vies : autant leur traitement global n'est pas particulièrement original, autant la façon qu'a l'autrice de les aborder donne vraiment l'impression de les observer d'un oeil neuf.





L'intrigue des romans de Kurtness est souvent difficile à résumer et celui-là ne fait pas exception. En fait, plusieurs mois après ma lecture, j'ai bien du mal à me rappeler l'histoire elle-même. Par contre, je me rappelle parfaitement la thématique abordée : la montée de l'intelligence artificielle, qui vient ici poser des problèmes éthiques auxquels on n'aurait pas pensé de prime abord… et plus difficiles à démêler qu'on ne se l'imagine.



J'ai trouvé le style moins froid et distant que dans ses deux précédents romans, peut-être, paradoxalement, parce que la narration est à la 3e personne et non plus à la 1e personne, et aussi parce qu'on a droit cette fois à des dialogues directs. Ainsi, d'une certaine manière, ce roman est le plus conventionnel de l'autrice, et le moins déroutant (sur la forme) à la lecture. Aussi, l'ouvrage m'a fait l'effet de continuellement tourner autour du pot, sans que je parvienne à comprendre si ce sentiment de frustration était voulu ou non… Et à froid, je dois admettre que je suis tout autant troublée que pour ses autres oeuvres.



En bref : une autrice à lire si vous cherchez à sortir de votre zone de confort.
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Wapke

excellent recueil de nouvelles, qui aborde des sujets difficiles et permet de mieux comprendre les conditions de vies des autochtones au Canada, les discriminations quils et elles subissent.

Une grande richesse dans les styles d'ecriture et dans les thematiques abordées.

Merci pour ce livre fabuleux !

mais que l'on ne trouve que trop rarement dans les librairies en france !!
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La vallée de l'étrange

Un roman de science fiction très court qui se lit très bien. J’ai beaucoup apprécié le sujet. Par contre je m’attendais à plus de cette histoire. Je trouve dommage que plus des trois-quarts du livre soient dédiés à expliquer le processus qui a mené à la création de Sim plutôt qu’à l’intrigue qui le concerne par la suite, car le lecteur s’attache à lui.
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La vallée de l'étrange

Roman court de SF. Presque une nouvelle à mon humble avis. Mélange d’intelligence artificielle, de technologies quantiques et de…vie « primitiviste » (dans un contexte du futur hypothétique) de retour à la terre.



Il y est aussi questionnements éthiques en relation avec les inventions technologiques actuelles.



Très bon roman de SF.
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La vallée de l'étrange

En entrecroisant son histoire à celle de Sim, un de ces robots, laissé à lui-même, J. D. Kurtness pousse au bout de leur plus laide logique plusieurs des craintes que nourrit l’avènement d’outils comme ChatGPT.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Wapke

Le livre se présente comme un recueil de nouvelles d'anticipation autochtone. Je crois par contre que si vous êtes fan de littérature d'anticipation, cette lecture n'est pas pour vous. Parce qu'au final, beaucoup des nouvelles du recueil sont des variations sur la même trame : Le système actuel est tombé, que ce soit par une crise climatique ou économique. Et le protagoniste s'adapte à un mode de vie où manquent certains luxes, mais y retrouve un sens de la communauté qui manquait à la vie d'avant.



Beaucoup de ces nouvelles sont excellentes, mais gagneraient à ne pas se trouver coincées entre deux autres trop semblables.Par contre, si vous êtes plutôt fan de littérature générale/réaliste, cela peut certainement vous plaire. Parce qu'en dehors du worldbuilding, la forme, le style, l'exécution et la voix de chaque nouvelle est unique. Les palettes de personnages sont riches et originales.
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De vengeance

Par plaisir de l’homicide



J.D. Kurtness, une nouvelle voix venue du Québec, retrace dans ce court et percutant roman le parcours d’une meurtrière «pour la bonne cause». Et réussit le tour de force de nous la rendre de plus en plus sympathique alors que les cadavres s’accumulent.



Tout a commencé par un homicide involontaire. En voyant Dave Fiset accroupi au bord de la rivière, la narratrice, encore adolescente, a l'idée de lui balancer un caillou dans les fesses. Mais son geste est imprécis. Quand elle se relève, il lui faut constater que l'aîné des Fiset est allongé sans vie, la tête dans l'eau. La meurtrière ne sera pas inquiétée. «Ce n'est pas que j'éprouve de la culpabilité, c’est l'impossibilité de me vanter que je trouve le plus difficile, Je fais donc de mon mieux pour oublier l'épisode.»

Quelques années plus tard, elle est en ville pour ses études dans un appartement quasi insalubre qu'elle partage avec Gustave et sa cousine Simone. Ce ne sont pas ses maigres revenus de traductrice qui lui permettront d'améliorer son ordinaire, de se nourrir avec autre chose que des pâtes, de souffrir du froid en hiver, de la canicule en été. «Nouilles, café et marijuana: la diète de l'étudiant.» Après avoir essayé en vain d'améliorer l'isolation en injectant de la mousse expansive entre les cloisons, elle hérite du reste du tube. C'est alors qu'elle conçoit un nouveau plan pour se venger de tous ces profiteurs et pollueurs qui détruisent la planète. À la nuit tombée, elle va injecter de la mousse dans les gros pots d'échappement, puis s'en va. Par prudence, il est hors de question de traîner dans le quartier ou même de chercher à savoir quels sont les effets de son petit jeu. Gare aux propriétaires de chiens qui oublient de ramasser les crottes de leur animal de compagnie, aux administrateurs de sociétés énergétiques – gros pollueurs – ou encore aux violeurs. «On trouve toujours de bonnes raisons. Le crime parfait se présente tout simplement». Alors, elle s’amuse tout en se disant qu’elle ne fait que rendre justice.

Jusqu'au jour où elle déroge à cette règle et intervient dans son propre écosystème. Muni d'une carabine à plombs, elle tire sur des voisins bruyants depuis le toit de son immeuble. «C'est de la négligence, de la faiblesse. Je pense que la ville me rend folle. Du moins, elle me fait faire des erreurs.»

J. D. Kurtness ose mettre en scène, avec beaucoup d'humour noir, une narratrice méchante, calculatrice et froide, tout en réussissant le tour de force de nous la rendre sympathique. Il faut dire, comme elle le théorise elle-même, que son visage son est son meilleur alibi. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Et qu’elle parvient avec finesse à nous faire croire qu’elle n’est qu’une victime du système. Un système qui, elle le sent bien, va finir par la broyer. Car la technologie avance à pas de géants dans son domaine – elle est traductrice, rappelons-le – et elle sent bien que les machines vont bientôt la supplanter. Alors, il est raisonnable d’agir.

Ce premier roman très culotté est paru en 2017 au Québec où a été multi primé : Prix coup de cœur des amis du polar, Indigenous Voices Awards (saluant un écrivain autochtone émergent) et Prix Découverte du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les éditions dépaysage ont eu la bonne idée de nous faire découvrir cette nouvelle voix percutante, corrosive et fort prometteuse.






Lien : https://collectiondelivres.w..
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De vengeance

L’histoire d’une jeune femme qui, à l’âge de 12 ans, commet un homicide accidentel, qui change sa vie.

Depuis, elle prend l’habitude de tuer tout ce qui la dérange. Et il y a matière à s’agacer dans notre monde…



Un monologue où elle décrit ses colères et ses actions dans une langue très contemporaine et directe, truffée d’expressions québécoises.



Une lecture qui fait réfléchir sur notre monde et sur ce personnage qui, au fil des pages, nous devient presque sympathique.



Etonnant !

Laissez-vous surprendre…

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De vengeance

•DEXTER INNUE• J'ai bien conscience d'un peu vous aguicher avec cette référence, et pourtant c'est la première qui m'est venu lors de cette lecture. Alors oui, notre héroïne n'est pas aussi hémoglobinique que notre expert en médecine légale, mais ils ont quand même le point commun de débarrasser le monde de personnes peu respectables.Notion subjective de la respectabilité ici. Son spectre d'évaluation étant assez large puisque nous pouvons passer de crottes de chien non ramassées sur les trottoirs à des délits sexuels. En résumé, il ne faut pas trop l'asticoter notre meurtrière…« Qui n'a pas déjà rêvé de tirer quelqu'un dans la face avec un fusil de chasse ? Peu importe les raisons. Elles sont toutes bonnes, sur le coup. C'est quand elles demeurent bonnes longtemps que j'agis. »Tout a commencé par un homicide involontaire lorsque notre narratrice a 12 ans. La victime : la petite brute de l'école, Dave Fiset. Une mort accidentelle dont elle n'a jamais été inquiétée et qui va lui donner ce goût de la « justice ». En grandissant, elle mène une vie normale voire banale. Elle devient traductrice et partage une collocation avec Simone et Gustave. Même eux ne se doutent de rien. Pourtant cette double vie n'est pas de tout repos. Elle dort peu la nuit, trop occupée à commettre ses méfaits ou à faire du repérage …La vengeance n'est-elle pas un plat qui se mange froid? Un récit que j'ai beaucoup aimé, tant sur le fond que la forme. Un monologue, tel un journal intime, dans lequel nous suivons les pensées et le quotidien d'une héroïne hors norme. J'ai adoré le ton. Il y a de l'humour, c'est corrosif et complètement décalé. Dès les premières pages, le lecteur est interpellé « J'ignore à qui je m'adresse. Tu es une créature du futur, puisque le moment présent est déjà terminé ». Puis comment ne pas éprouver de l'affection pour ce personnage ? Oui elle tue. Mais l'immoralité de ses actes passe au second plan face à ses justifications. Et une personne qui sauve des chiens ne peut pas être totalement mauvaise après tout, non ?🤪. Le seul bémol que je pourrai soulever, c'est la fin que j'ai trouvé un peu précipitée … Mais je ne vous en dis pas plus !  

.

En bref, un premier roman singulier et percutant !


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De vengeance

C’est un livre assez court, mais un long monologue, quasi sans dialogue. Une confession ; une interpellation. Un texte qui dérange, qui appuie là où ça fait mal et qui vient secouer notre conscience et notre morale.



Depuis toute petite, la narratrice de De vengeance de J.D. Kurtness a développé une vocation de justicière d’un monde qui se finit et dont la fin semble de plus en plus proche chaque jour qui passe.



Elle répare les erreurs de ceux qui s’égarent, des petits tracas du quotidien aux fautes impardonnables. Mais quelle que soit la cause, sa vengeance n’a pas de nuances et sa sanction est généralement mortelle : puisqu’on est déjà trop nombreux, quel mal y aurait-il à éliminer ceux qui se comportent mal ?



N’aimant rien tant qu’observer, petite, le monde de haut depuis son arbre au bord de la rivière, ou le toit de son immeuble par la suite, la narratrice se désespère de ses contemporains. Et les punit avec toute la force de sa légitimité auto-déclarée.



« L’enfer, c’est les autres, et il suffit de quelques secondes où je me mets à énumérer ce que je déteste de l’humanité pour chasser tout sentiment de culpabilité. Tous ces gens qui se tortillent comme des asticots, je les hais passionnément ».



Et c’est là tout l’intérêt du livre, ce cheminement de pensées justificatives qui arrivent à rendre totalement empathique une narratrice si froidement inhumaine. Et qui finissent par nous interroger sur les limites de la vengeance, quand elle devient peu à peu jouissance.



Même si la fin sans message m’a laissé perplexe, j’ai pris beaucoup de plaisir avec ce livre bien noir, atypique – mais bienvenu – dans la collection Talismans de Dépaysage. Plaisir renforcé par les mots québécois volontairement laissés dans le texte, permettant de découvrir les délicieux « m’écrapoutir », « quétainerie », ou « granos ».

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Aquariums

Ce court roman de 150 pages est difficile à résumer, et la quatrième de couverture en raconte uniquement la deuxième moitié (ce qui fait qu’on passe toute la première moitié à se demander quand l’histoire va enfin démarrer).



On y suit la vie d’une jeune fille, Émeraude Pic, depuis notre époque jusqu’à un futur proche ravagé par la crise climatique. Sa participation à une expédition en Arctique constitue la fin du roman et l’évènement le plus marquant. En parallèle, on suit l’histoire de sa famille depuis le 19e siècle, chaque début de chapitre étant centré sur l’un des ancêtres. On comprend à la fin ce parti pris,



Le style de l’autrice est comparable à celui de De vengeance : froid et clinique, uniquement descriptif, sans dialogues directs. Cela crée un effet de contraste intéressant avec le réel souci de la narratrice de préserver l’environnement et son désespoir face à la curée capitaliste. Et bien que j’aie eu du mal à adhérer à ce style, j’ai tout de même apprécié ce côté sobre, dénué d’emphase et de romantisme, qui donne une vraie force à ce plaidoyer écologique.



L’ensemble m’a toutefois paru décousu, le fil directeur étant trop ténu pour donner une bonne cohésion à l’ensemble. La volonté de l’autrice de s’étaler sur certains événements plutôt que sur d’autres m’a parfois déroutée. Bref, c’était prometteur, mais un peu trop déséquilibré et pas assez abouti à mon goût.
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De vengeance

Qui es-tu ? Ton physique, tes valeurs, ton intelligence, tes émotions, tes opinions, tes connaissances ? Un mélange de tout ça? Saurais-tu le définir ?



La narratrice de ce roman sait très bien se résumer. Elle est une tueuse et ça lui donne du pouvoir.



Oh bien sûr, personne ne le voit. Elle a un joli minois inoffensif et passe partout. Une activité plus conventionnelle de traductrice pour des émissions de télé-réalité type "Confessions intimes" aux thématiques rocambolesques. Mais si elle vous a dans le viseur il y a de fortes chances que vous passiez un sale quart d'heure.



Ce qui la met hors d'elle et déclenche son petit "nettoyage humanitaire" vous le découvrirez en lisant "De Vengeance". Et il se pourrait bien que vous développiez des sentiments ambivalents pour elle.



Ce roman est puissant, vif, et n'hésite pas à mettre à mal les émotions du lecteur. Il pousse à la réflexion, va fourrager dans ce qui est l'essence même de notre humanité et nous en ressortons confus et fascinés à la fois.
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De vengeance

« Qui n'a pas déjà rêvé de tirer quelqu'un dans la face avec un fusil de chasse ? Peu importe les raisons. Elles sont toutes bonnes, sur le coup. C'est quand elles demeurent bonnes longtemps que j'agis. »



C'est ainsi que s'ouvre ce roman, percutant et direct. J.D.Kurtness ose la narratrice méchante qui n'a que mépris et haine pour le genre humain.



"Certains disent qu'un ange leur apparaît, qu'ils entendent la voix de Dieu. D'autres voient un documentaire sur les chimpanzés. Trouver sa vocation, quelle chance ! Sans ça, j'aurais peut-être dû chercher toute ma vie : Raël, la coiffure, le water-polo ? L'univers a rendu possible mon initiation au crime parfait : la chance du débutant. Pour la suite, ce serait moins facile, mais je savais maintenant que l'impunité existait. Il ne tenait qu'à moi de la conserver : mon feu follet au fond d'une jarre. »



Son monologue à la première personne s'apparente à un journal intime où elle raconte sans fard son parcours criminel depuis qu'elle a découvert sa « vocation » lors d'un meurtre accidentel - elle avait douze ans – ainsi que ses techniques pour tuer tout en passant inaperçue, avec un souci paranoïaque du détail lorsqu'elle planifie et prépare ses passages à l'acte. C'est d'autant plus dérangeant qu'elle est totalement intégrée à la société, amicalement, familialement et professionnellement.



Etonnamment, cette narratrice absolument atroce apparaît presque comme sympathique sous la plume enlevée et ciselée de son autrice. Sans doute parce que cette dernière la dote d'un humour grinçant à l'acidité redoutable et ultra efficace pour ceux qui goûtent cette forme d'humour. Ces réflexions sont aussi indignes et odieuses que désopilantes. Certes la meurtrière est une misanthrope rageuse au dernier degré mais ses « irritants » qui la poussent au passage à l'acte peuvent être les nôtres.



Ce sont toutes les dérives de nos sociétés urbaines contemporaines qui sont passées au crible. La narratrice veut « améliorer » la société en la débarrassant de ses importuns, petits ou grands : les propriétaires de chiens qui laissent déféquer leurs animaux à des endroits inappropriés ; les voisins qui vous empêchent de dormir par leur tapage nocturne aviné ; les chauffards etc, toute la médiocrité et le poison du quotidien.



J.D Kurtness a le sens du rythme dans son petit jeu de massacre. Dans le dernier quart, elle accélère mais sans doute trop. J'ai trouvé la fin beaucoup trop expéditive alors que c'était à ce moment-là que la tueuse sortait de sa routine méticuleuse. Cette acmé criminelle inattendue méritait vraiment d'être plus développée.
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