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Citations de Jacques Ferron (40)


Un pays, c'est plus qu'un pays et beaucoup moins, c'est le secret de la première enfance; une longue peine antérieure y reprend souffle, l'effort collectif s'y regroupe dans un frêle individu; il est l'âge d'or abîmé qui porte tous les autres, dont l'oubli hante la mémoire et la façonne de l'intérieur de sorte que par la suite, sans qu'on ait à se le rappeler, on se souvient par cet âge oublié. Un pays, c'est plus, c'est moins qu'un pays, surtout un pays double et dissemblable comme le mien, dont la voix ne s'élève que pour se contredire, qui se nie, s'affirme et s'annule, qui s'use et s'échauffe à lui-même, au bord de la violence qui le détruira ou le fera vivre.
Bien avant moi, Anatole Parenteau, cet écrivain-menuisier qui n'a fait qu'un livre, un livre naïf et baroque que mon père aimait bien, La Voix des sillons, un livre surtout touchant par le désarroi qu'il traduit, le terminait par ces mots : «La patrie c'est tout, la patrie c'est rien.» L'interrelation des deux, de ce tout et de ce rien, je la retrouve en moi, indécise, au bord de je ne sais quoi, dans l'attente de je ne sais quoi, entre le goût de vivre et celui de mourir. Toute à moi, j'ai parfois l'impression de me fondre dans un pays intime qui a déjà existé en dehors de moi, dont je serais dorénavant seule dépositaire, et de n'être plus rien sous la girandole des amélanchiers en fleurs, dans le sifflement du vol de la bécasse qui, soudain, s'est élancée d'un fourré d'arrière-cour ou d'un amas de briques rouges et qui tournoie maintenant dans la lumière de Maskinongé au-dessus du quartier Hochelaga, mariant les pays de Léon et d'Etna de Portanqueu.
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... je tendais l'oreille pour en saisir les mots, mais les mots ne me parvenaient pas comme s'ils eussent perdu leurs lettres en chemin. (p. 146)
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...qu'il mourut si vieux qu'on le pensait déjà mort depuis longtemps. (p 61)
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- [...] Aubertin, dis-moi ce que tu penses de moi?
Aubertin hésita, prétendit ensuite que ce n'était pas facile à dire, ajouta:
- Je n'ai jamais employé d'autre médecin que vous. Il faut croire que vous me donnez satisfaction.
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Les adultes, vilains comédiens jouant toujours le même rôle, ne comprennent pas que l’enfance est avant tout une aventure intellectuelle où seules importent la conquête et la sauvegarde de l’identité, que celle-ci reste longtemps précaire et que, tout bien considéré, cette aventure est la plus dramatique de l’existence.
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C'était en petite banlieue avec ses trains de maisons défilant à vitesse égale de chaque côté de la rue sous les yeux ahuris de l'automobiliste enlisé dans le pareil au même.
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Il y a eu trop de commencements des temps, on ne saura jamais où l'on est rendu si l'on veut les garder tous. Mise à part la naissance, seule irrémédiable, tous les départs sont sujets à reprises; les commencements à recommencements.
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Je le ferai aussi pour mon orientement, étant donné que je dois vivre, que je suis déjà en dérive et que, dans la vie comme dans le monde, on ne dispose que d'une étoile fixe, c'est le point d'origine, seul repère du voyageur. On est parti avec des buts imprécis, vers une destination aléatoire et changeante que le voyage lui-même se chargera d'arrêter.
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Je cheminais sur l'autre rive du fleuve vers le hameau des Chiquettes, siège de la future paroisse de Sainte-Eulalie, à six ou sept lieues de Lévis, descendant de l'échelle absurde, glorieuse et branlante, d'une société qui s'édifiait tout en hauteur, dans le but de toucher terre et de fonder sur la réalité mon appartenance à un nouveau pays.
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Mes années d'insouciance ont coulé comme l'eau. L'arrière-goût m'en est venu plus tard. Il n'y avait plus de bons ou de mauvais cotés aux choses. Le monde s'est trouvé réuni limpide et sans saveur. À l'indifférence succédera l'habitude de l'indifférence.
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Le point de départ, qui devient après le point de départ, le point de retour, est demeuré longtemps le seul point fixe au monde.
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Le Québec, Connie, plus qu'un pays est une foi qui ne veut pas mourir. Elle le sauve sans cesse de n'être qu'un pays inachevé (p. 183)
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Le malentendu en littérature est à la base de la plupart des réputations. Il faut être un peu fou pour écrire. Comment expliquer autrement qu'un homme veuille se faire un nom avec les mots de tout le monde ?
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Dans ces vieux pays-là, vous ne le croirez peut-être pas, on parle quasiment comme ici, en français.
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Il était certainement assez jeune, mais à cette époque et même longtemps après, la soutane empêchait de telles considérations parce qu’elle intimidait, partie intégrante qui mettait ces Messieurs hors du temps. Ils restaient longtemps, très longtemps, sans âge, puis un jour ils étaient vieux et encore plus intimidants.
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Dans les lettres qu’il m’a écrites au sujet des Roses sauvages, Jacques Ferron s’est montré infiniment sensible aux lectures qui avaient été faites de son texte. En était-il ainsi de tous ses livres ? Je n’en sais rien. Au cours de notre longue correspondance, ce roman est le seul à avoir suscité de sa part un tel intérêt, une curiosité et une attention si complètes. C’est cette attention qui retient mon regard aujourd’hui à la relecture des pages, où, pour m’aider ou m’encourager dans mon travail de traductrice, il me parle des fleurs, de la « zoosphère », de sa tante Rose-Aimée, de la maladie de Baron aussi, soucieux surtout des commentaires qu’on avait pu faire sur celle-ci.
Postface de Betty Bednarski
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Notion ferronienne, le moi crucifiant exprime l'idée selon laquelle ce qui est propre à l'individu lui est un fardeau.
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FRANÇOIS LATERRIÈRE, le cinquième fils d'Esdras Laterrière du rang Trompe-Souris, à Saint-Justin de Maskinongé, était de bonne race; quand il eut seize ans, il en paraissait vingt. Son père lui dit:
— Tu n'es plus un enfant.
— Non, avoua-t-il.
La conversation n'alla pas plus loin ; quelques mois passèrent, le bonhomme reprit:
— Alors, mon gars, puisque tu n'es plus un enfant, as-tu pensé à ce que tu feras dans la vie?
— Oui, son père : un habitant comme vous.
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Un vendredi, à la nuit close, je rentrais à pied à la maison, comme j'avais l'habitude de le faire chaque semaine; je venais du collège des frères des Écoles Chrétiennes, à Longueuil, où j'étais pensionnaire.
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...Cadieu apprit que la dysarthrie , un mot nouveau qui l'inquiétait, n'avait rien de sorcier et qu'il signifiait tout bonnement parler avec difficulté, les dents toutes mêlées dans la bouche. ( p.172)
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