AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jacques Semelin (67)


Å partir de l'été 1942, l'aide n'est pas seulement le fait de travailleurs sociaux, témoins directs de la souffrance des juifs. Elle s'est répandue à travers la population, spectatrice atterrée et reprobatrice de l'arrestation massive des juifs apatrides, en zone occupée d'abord, en zone libre ensuite. (...). Sans s'être donné le mot, des milliers de français ont, ici ou là, aidé et protégé des juifs contraints de se cacher et de fuir. (...)
Un paysan, un curé, une concierge, un enseignant, voici quelques métiers ou fonctions qui se trouvent souvent impliqués dans l'aide aux juifs. Mais il y en a bien d'autres. L'aide spontanée, on le verra, n'est pas toujours liée à une profession.
Commenter  J’apprécie          10
Au début de l'été 1942, qui aurait pu imaginer que la persécution des juifs en France allait se transformer en une entreprise génocidaire ? (...)
Le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee, dans la banlieue de Berlin, avait coordonné la "Solution finale", soit la destruction de quelques 11 millions de juifs européens, y compris ceux de Grande-Bretagne. Dans le même temps, des chambres à gaz étaient construites sur le territoire polonais pour opérer les mises à mort collectives, méthode de tueries déjà expérimentées sur des malades mentaux et des prisonniers soviétiques.
Commenter  J’apprécie          10
Mais au début de l'année 1942, une autre "logique" se met brutalement en place. Elle n'a pas été décidée en France mais Vichy va très vite y être impliquée. Cette "logique" inspirée par l'antisémitisme éradicateur des nazis, est proprement stupéfiante. Elle ne vise plus seulement à la détention et à la concentration des corps ou à leur exploitation économique : son but premier est leur destruction. Elle fera au total entre 5,1 et 5,6 millions de victimes juives à travers l'Europe.
Commenter  J’apprécie          10
Dans les années 1990, une autre mémoire se fait peu à peu entendre aux Etats-Unis, gagnant aussi Israël et la France : celle des "enfants cachés". Depuis les années 2010, il reste encore une parole de persécutés juifs trop peu prise en compte : celle de tous ceux, adultes et enfants, qui n'ont pas été déportés, mais qui auraient pu l'être. (...)
Je dirai simplement qu'ils constituent en France le vaste ensemble des juifs non-déportés. Quelle que soit leur dénomination, la question fondamentale reste de comprendre comment, en principe voués à la mort, ils ont néanmoins pu y échapper.
Commenter  J’apprécie          10
Cette fraîche odeur de forêt, je ne sais donc pas la décrire. Pourtant, elle me ravit et m’apaise. Je la hume, je l’embrasse, je me fonds dans son effluve qui se mélange si bien avec le chant des oiseaux. Heureusement qu’ils sont là, bien présents à mes oreilles, me dis-je à moi-même. Qu’un monde sans l’exubérance et la gaieté des oiseaux serait donc déprimant, pour tout dire, sinistre. Ce serait la mort sur terre ! Chaque fois que je vais en forêt, je sais au moins que je vais y retrouver les oiseaux. Ils enchantent mes pas et je leur en serai toujours reconnaissant.
Commenter  J’apprécie          10
La formation de l'État d'Israël, à la fin des années 1940, n'échappe pas à cette dynamique politique fondatrice. Certes, son histoire est singulière du fait de la longue persécution des juifs, jusqu'à la tentative de leur destruction totale au XXe siècle par l'Allemagne nazie. En ce sens, la création d'un État hébreu, et destiné à apporter aux juifs une sécurité définitive, constitue un avant et un après dans leur histoire millénaire. Mais, comme dans bien des cas, cette construction de l'État s'est faite aux dépens d'un Autre précisément perçu comme indésirable. Ainsi, une nouvelle école d'historiens israéliens a mis au jour la réalité des expulsions et des massacres de Palestiniens perpétrés en 1948 par des unités militaires israéliennes, dont les plus connus sont ceux du 9 avril 1948 à Deir Yassin et 11 juillet 1948 à Lod et Ramleh.
Commenter  J’apprécie          10
Cela doit nous rendre particulièrement prudents quant à la fonction émancipatrice de la culture comme mode « d'élévation » de l'homme par l'instruction. Certes, les philosophes des Lumières ont défendu l'idée que la culture constitue l'authentique voie vers l'épanouissement de l'individu, vers sa liberté. Mais cette conviction mérite pour le moins d'être nuancée. Bien entendu, l'éducation de l'être humain est un moyen de l'affranchir de la misère, de l'ouvrir à la connaissance du monde et de lui donner des instruments pour agir plus efficacement en connaissant ses lois. Cependant, la culture ne possède pas en elle-même la faculté de conduire l'homme à se libérer de la violence. Bien au contraire, elle peut lui donner les moyens d'être plus ingénieux dans l'exercice de la violence, sinon de la cruauté.
Comme le remarque une survivante du génocide au Rwanda, l'instruction « ne rend pas l'homme meilleur, elle le rend plus efficace. Celui qui veut insuffler le mal, il sera avantagé s'il connaît les manies de l'homme, s'il apprend sa morale, s'il connaît la sociologie. L'homme instruit, si son cœur est mal conçu, s'il déborde de haine, il sera plus malfaisant ». Je ne comprends donc pas tous ceux qui continuent à s'étonner que la barbarie ait pu jaillir d'une nation européenne aussi cultivée que l'Allemagne. La culture n'est pas en soi un rempart contre la barbarie. Elle donne au contraire des armes à celui qui veut justifier rationnellement ses émotions et ses passions.
Commenter  J’apprécie          10
« Comprendre n'est pas pardonner » , a répondu l'historien américain Christopher Browning au tout début de son maître ouvrage sur l'évolution de ces policiers allemands d'Hambourg devenus les exécuteurs de masse de juifs polonais. « Renoncer à comprendre les tueurs en termes humains rendrait impossible non seulement cette étude, mais toute histoire de la Shoah qui soit autre chose qu'une caricature », ajoute-t-il. [Cf Des hommes ordinaires – C Browning] Et de rappeler cette phrase de l'historien français Marc Bloch, écrite peu de temps avant qu'il soit exécuté par l'occupant allemand : « Un mot, pour tout dire, domine et illumine nos études : comprendre. »
Cette démarche de compréhension s'enracine d'ailleurs dans l'expérience même du massacre, quand les victimes se demandent : « Quel sens a tout cela ? » , « Pourquoi moi ? » , « Qu'ai-je donc fait ? » . Or, à peine arrivé à Auschwitz, Primo Levi reçut cette réponse cinglante : « Ici, il n'y a pas de pourquoi » (« Hier ist kein warum ») . C'est à ce primat d'une apparente incohérence imposée par les bourreaux qui transforme la volonté de comprendre aussi en un devoir moral. Se refuser à comprendre, ce serait alors reconnaître leur triomphe posthume. Ce serait admettre que l'intelligence à faire le mal a été et reste définitivement plus forte que celle qui vise à en percer les mystères. D'un point de vue éthique, une telle position est insoutenable. Au nom même de tous ceux qui se sont demandé : « Pourquoi ? », nous avons un devoir d'intelligence.
Commenter  J’apprécie          10
(p. 29)
Chez Klarsfeld, le livre se conclut par ces mots souvent cités : "Les Juifs de France garderont toujours en mémoire que, si le régime de Vichy a abouti à une faillite morale et s'est déshonoré en contribuant efficacement à la perte d'un quart de la population juive de ce pays, les trois quarts restants doivent essentiellement leur survie à la sympathie sincère de l'ensemble des Français, ainsi qu'à leur solidarité agissante à partir du moment où ils comprirent que les familles juives tombées entre les mains des Allemands étaient vouées à la mort".
Commenter  J’apprécie          00
Bien entendu, l'éducation de l'être humain est le moyen de l'affranchir de la misère, de l'ouvrir à la connaissance du monde et de lui donner les instruments pour agir plus efficacement en connaissant ses lois. Cependant, la culture ne possède pas en elle-même la faculté de conduire l'homme à se libérer de la violence. Bien au contraire, elle peut lui donner les moyens d'être plus ingénieux dans l'exercice de la violence, sinon de la cruauté.
[...]
La culture n'est pas en soi un rempart contre la barbarie. Elle donne au contraire des armes à celui qui veut justifier rationnellement ses émotions et ses passions. (106-107)
Commenter  J’apprécie          00
En refusant l’affrontement physique, les opposants défient les dirigeants communistes sur le terrain du symbolique, terrain sur lequel ceux-ci sont de plus en plus vulnérables, du fait de leur incapacité à faire adhérer les populations à des valeurs auxquels ils ne semblent plus croire eux-mêmes.
Commenter  J’apprécie          00
Ce n’est pas le média qui crée l’ouverture de la société, mais l’aspiration à l’ouverture au sein de cette société qui constitue un public potentiel pour ce média.
Commenter  J’apprécie          00
Résister sans armes suppose le dépassement de la peur face à des pouvoirs particulièrement brutaux.
Commenter  J’apprécie          00
Le propre de la résistance est de s’attaquer au pouvoir de l’occupant et de ses forces collaboratrices, en mettant en cause la prétendue légitimité de sa présence, ses symboles, sa propagande et ses moyens de répression.
Commenter  J’apprécie          00
Résister, c’est d’abord trouver la force de dire non, sans avoir toujours une idée très claire de ce à quoi on aspire.
Commenter  J’apprécie          00
À propos du port de l'étoile jaune :

Il se dégage une gamme variée de gestes spontanés de soutien de la part de Parisiens anonymes. On peut distinguer ainsi :
- port de l'étoile par solidarité ;
- signes de sympathie ;
- salutation marquée de la part d'un inconnu ;
-réprobation à l'encontre d'une attitude antisémite ;
- service en priorité dans un commerce.
On sait en outre, que des jeunes arborent des étoiles de fantaisie portant des inscriptions telles que "Zoulou", "Swing", "Papou".
Commenter  J’apprécie          00
(....) le massacre procède avant tout d'une opération de l'esprit: une manière de voir un "Autre", de le stigmatiser, de le rabaisser, de l'anéantir avant que de le tuer vraiment.
Commenter  J’apprécie          00
« Vous avez entendu ce rouge-gorge, là-bas ? » Je dresse l’oreille et j’entends en effet un oiseau. « Non, non, pas lui. Ça, c’est un vulgaire moineau qui est sur le fil en face de nous. Le chant des rouges-gorges n’est pas du tout comme ça. » Il se lance dans un sifflotement magnifique. J’en reste coi et lui exprime mon admiration. « J’adore les rouges-gorges, explique-t-il, parce qu’ils annoncent le printemps. Ils arrivent du Mexique tout rachitiques et après avoir mangé beaucoup de vers chez nous, ils en repartent bien gras. »
Commenter  J’apprécie          00
Chère radio, comment ne pas te rendre hommage ! Tu as été, tu restes toujours ma fenêtre ouverte sur l’univers. Toutes ces voix, toutes ces musiques que tu me fais entendre, continuent à me donner les couleurs de la vie et nourrissent mon imagination. Comme un détenu dans sa cellule, aux heures les plus sombres de ma chute, tu ne peux pas savoir combien tu m’as aidé à ne pas me sentir enfermé dans la prison de mon aveuglement. Tu as été mon système respiratoire, grâce auquel j’ai pu rester branché sur les rumeurs du monde.
Commenter  J’apprécie          00
Je dois avoir l’air ridicule avec ma canne et mon chapeau. Pourvu que personne ne me voie… Oh, après tout, tant pis ! Mieux vaut mettre toutes les chances de mon côté. Je compte encore une vingtaine de marches – elles sont vraiment petites, il faut faire attention de ne pas les rater. Soudain, ma canne touche le sol : arrivée sur la terre ferme. Ouf ! Je reprends pied et je fais une pause.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacques Semelin (121)Voir plus

Quiz Voir plus

Adjectifs qui n'en font qu'à leur tête😋

Un bâtiment qui n'est plus une école

Une ancienne école
Une école ancienne

12 questions
128 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , adjectif , sensCréer un quiz sur cet auteur

{* *}