Nous ne devons pas renoncer à la technologie mais la manier avec sagesse comme le ferait le docteur Jekyll en conservant à l’esprit la santé de la Terre et non celle des hommes. C’est la raison pour la quelle il est beaucoup trop tard pour le « développement durable » ; nous devons opter au contraire pour un repli durable.
Le changement climatique est plus dangereux pour la vie sur Terre que presque toute autre maladie concevable.
Extrait d'un entretien à l'AFP en juin 2020 (pandémie de covid-19) de James Lovelock, scientifique britannique indépendant et écologue, qui vient de mourir à 103 ans.
Nous vivons à une époque où dominent les polémiques et non la réflexion, et n’entendons généralement que les arguments avancés par des groupes de pression voués à la défense d’un intérêt particulier, quand ils prétendent parler au nom de l’intérêt général.
L’idéologie de la société industrielle - mue par les notions de croissance économique, de standards de vie de plus en plus élevés, et par la foi dans les nouvelles technologies - est inapplicable à long terme. Nous devons faire évoluer nos idées et aspirer à une société prônant un équilibre sain entre la population, l’utilisation des ressources, l’élimination des déchets et l’environnement. Nous devons surtout considérer la vie avec respect et émerveillement. Nous avons besoin d’un système éthique dans lequel la nature possède une valeur pour l’homme, mais aussi intrinsèque. L’univers est à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de nous.
Sir Crispin Tickell.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est qu’une partie de la tâche qui nous incombe ; il nous faut aussi cesser d’utiliser la surface terrestre comme si elle nous appartenait en propre. Ce n’est pas le cas : elle appartient à la communauté des écosystèmes qui, en régulant le climat et la composition chimique de la Terre, servent la vie en général.
La Terre est la planète de l'eau. Sans eau il n'y aurait pas eu de vie, et la vie dépend toujours dans une mesure considérable de cette impartiale générosité. C'est l'élément de référence ultime. Tout écart par rapport au point d'équilibre vital sur notre planète pourrait se traduire par une modification de la structure et de la composition de l'eau, considérée comme référence absolue. Les propriétés d'acidité et d'alcalinité, de potentiels d'oxydation et de réduction sont estimées par rapport à la neutralité de l'eau. L'espèce humaine utilise le niveau marin moyen comme point de base par rapport auquel sont mesurées les dépressions de terrain.
Un système homéostatique pardonne beaucoup d’écarts par rapport à son état d’équilibre, mais seulement tant qu’il demeure à l’intérieur de ses capacités de régulation ; trop près de ses limites, il risque, face à une perturbation de grande ampleur, de sauter à un nouvel état stable fort différent du précédent, ou même de se désagréger. La pollution, les changements des modes d’exploitation du sol ou la modification de l’écologie des plateaux continentaux pourraient ainsi déclencher des désastres à l’échelle planétaire. La régulation du climat terrestre se trouve peut-être très proche de l’une de ses limites. (page 176)
Le présent ouvrage explore la Terre avec les yeux d'un praticien imaginaire de la médecine planétaire. Il me plaît à voir en ce médecin un généraliste qui se rendait au chevet de ses malades ; quelqu'un qui vivait avant l'époque des antibiotiques et de la biologie moléculaire ; qui était un virtuose du diagnostic, qui savait apporter le réconfort et pouvait parfois guérir en infléchissant la direction suivie par les processus naturels.
Le concept de médecine planétaire implique l'existence d'un corps planétaire en quelque sorte vivant, susceptible de connaître la santé comme la maladie. (préface p.6)
La vie, l’univers, la conscience et même les choses aussi simples que le fait de rouler à bicyclette ne peuvent s’expliquer totalement par des mots. Nous commençons seulement à nous attaquer aux phénomènes émergents, et ceux du système Terre sont aussi difficiles à comprendre que la mystérieuse physique quantique de l’enchevêtrement. Mais cela n’exclut pas pour autant leur existence.
Les régions vraiment critiques qu'il conviendrait de surveiller avec soin sont plus probablement les tropiques et les mers proches des rivages continentaux. C'est dans ces régions, qui ne font l'objet de presque aucune surveillance, que des entreprises nocives risquent d'être pratiquées jusqu'à un point de non-retour avant que les dangers soient reconnus.