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Critiques de James Sturm (31)
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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

Cane Ridge, Kentucky, 1801. Un couple de pionniers du Far West participe à un rassemblement religieux réunissant des dizaines de milliers de personnes. Persuadés que la puissance divine va se manifester, ils sont emportés par la folie mystique qui envahit les lieux.



En 1886, dans l’Idaho, une communauté de mineurs ayant créé la ville de Solomon’s Gulch se déchire et bascule dans la folie par pure avidité.



Au début des années 1920, une équipe de baseball juive sillonne les Etats-Unis et doit faire face à l’antisémitisme ordinaire. En mal de liquidités, les Stars of David créent de toutes pièces un Golem pour attirer la foule à leurs matchs.



Les trois récits regroupés dans ce recueil plongent leurs racines au cœur du folklore américain. Religion, argent et Baseball : James Sturm revisite la sainte trinité du pays de l’oncle Sam. L’amertume est le sentiment qui traverse ces trois "nouvelles graphiques". Peuplée d’illuminés cupides, violents et racistes, cette Amérique là n’est pas belle à voir. Mais au-delà des faits avérés qui ont servi de trame à chaque histoire, l’auteur expose une vision très contemporaine de son pays. Car après tout, rien n’a vraiment changé. Et en utilisant le passé pour mieux éclairer le présent, James Sturm démontre que ces maux américains font en quelque sorte partie de l’ADN de son pays. Le propos est donc assez désespéré. Difficile de voir d’où pourrait provenir la lumière. Une œuvre atypique que certains pourront qualifier de lucide. Pas sûr pour autant que cette vision du pays soit partagée par beaucoup d’américains.



Ces trois histoires ont été réalisées à trois périodes différentes (1996, 1998 et 2001) et le fait de les réunir en seul volume permet de voir l’incroyable évolution graphique de James Sturm. Dans The Revival, la plus ancienne, le trait frôle l’amateurisme. Le noir et blanc est brouillon, les personnages semblent raides comme des poteaux, bref, c’est franchement moyen. Dans la seconde, le trait charbonneux s’affine et l’utilisation des ombres est beaucoup plus pertinente. Dans la dernière, l’évolution est encore plus palpable. Même si le trait reste épais, il se rapproche de la ligne claire et est beaucoup plus lumineux. Sans compter que l’utilisation des teintes grises donne davantage de caractère à l’ensemble. Au niveau du découpage, on est dès le départ dans une narration très maîtrisée. Je ne sais pas si James Sturm s’est beaucoup inspiré de Will Eisner, mais force est de reconnaître qu’il sait raconter une histoire en bande dessinée.



Pour finir, un mot sur le travail de l’éditeur. Un grand merci aux éditions Delcourt qui permettent aux lecteurs français de découvrir une œuvre plus proche de l’underground que des productions grand public. Une certitude, ce recueil ne fera jamais partie des meilleures ventes. Mais pour ceux qui aiment les BD singulières de grande qualité, vous pouvez foncer les yeux fermés.




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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

Cet album regroupe trois histoires avec en toile de fond l’Amérique profonde : une histoire de fanatisme religieux dans le Kentucky en 1801, une histoire de chercheur d’or en 1886 dans l’Idaho et enfin une histoire d’équipe juive de baseball au début des années 20. Ce qui relie ces histoires, c’est la ferveur religieuse et les croyances superstitieuses. James Sturm s’attache tout particulièrement aux rapports entre les gens, amitié, méfiance, racisme… Il y a une ambiance sombre dans les deux premiers récits, le graphisme renforce cette impression. Changement de lumière dans le troisième, autour du baseball, là, je suis parfois un peu perdu car je ne comprends pas grand-chose aux règles de ce sport, mais on ressent bien le folklore qui draine autour, avec des équipes “ethniques”, les cubains, les indiens... Malgré la description d’une pauvreté intellectuelle, allant jusqu’à l’obscurantisme, il se dégage de ces récits une certaine tendresse, bien qu’un peu condescendante pour ces hommes, James Sturm ne cherche pas forcément à condamner, c’est simplement une manière de raconter que l’Amérique s’est construite comme ça et que c’est ce qui lui donne aujourd’hui sa personnalité trouble. C’est en cela que cette bande dessinée est particulièrement réussie et juste.

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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

Lors de l’une de mes errances dans le rayon BD de la bibliothèque (il n’est pas particulièrement bien classifié je trouve, du coup, donc du coup faut parfois bien chercher pour trouver), je suis tombée par hasard sur ce comic book de James Sturn.



James Sturn n’est pas l’un des noms les plus ronflants de la bande dessinée américaine. Pourtant, quelques années après sa sortie de l’université, il se fait engagé comme assistant de production du magazine RAW d’Art Spiegelman (mondialement connu pour son chef-d’oeuvre, Maus). Ses divers comics ont été salué par la critique, notamment The Golem’s Mighty Swing qui se trouve dans America et pour lequel il a gagné plusieurs prix.



Dans America, James Sturn nous dessine une autre facette de l’Amérique profonde. Un recueil de trois histoires toutes basées sur fond d’appartenance : à une religion, à une communauté, à une ethnie à travers trois époques. Ce sont aussi trois histoires qui chacune brassent un thème qui encore aujourd’hui font partie intégrante de la culture américaine. James Sturn jette un regard très critique sur son pays, très loin de la petite maison dans la prairie. Chacune de ses histoires est inspirée de faits réels.



The Revival

La première histoire nous amène au tout début du 19e siècle. Un couple se rend sur les lieux d’un grand rassemblement religieux comme des milliers d’autres fervents afin d’écouter prêches et sermons. James Sturn nous montre ici le rapport le plus profond qu’à l’Amérique et son rapport à la religion. Sorte de secte, il dénonce dans un esprit macabre les manipulations et croyances faite au nom d’un dieu.



Cent Pieds sous la lumière du jour

Véritable face cachée de la ruée vers l’or (expression qui s’adapte très bien au récit d’ailleurs), description ironique et hostile d’un des plus grands préceptes américains: s’enrichir. Dans une mine qui ne rapporte pas d’or, avec des personnages affreux et sans scrupules, l’auteur offre une métaphore de cette Amérique capitaliste, prête à tout, même à piétiner les autres pour son propre intérêt.



Le Swing du golem

De loin la meilleure histoire du recueil, on suit une équipe de baseball juive, The Stars of David, qui traverse l’Amérique, jouant des matchs locaux pour gagner de l’argent. La couverture du comic représente d’ailleurs cette histoire. C’est elle qui avait su attiser ma curiosité, il faut dire que j’aime particulièrement le base-ball (eh oui!), sport national américain par excellence. D’ailleurs, les cases représentant les matchs pourront convaincre même les non-adeptes de ce sport tant elles aident à la compréhension de l’histoire et des différents personnages. Dans un contexte où racisme et intolérance font la paire, on se rend compte du sort réservé aux Juifs durant les années 20. Alors qu’on a tendance à associer la ségrégation raciale aux États-Unis comme étant une situation affectant principalement les personnes noires, cette histoire montre d’autres faces de cette haine puante. Les Stars of David sont une attraction, partout on vient voir jouer les Juifs, partout, on veut voir l’équipe locale les écraser.



Les trois histoires ayant été dessiné séparément à des moments différents, on voit toute l’évolution dans le trait et le dessin de l’auteur. Un dessin plus géométrique dans le premier, très sombre aussi, qui petit à petit va apporter des formes plus souples et une plus grande clarté aux cases. Le noir et blanc des deux premières histoires sont accompagnés d’un beige dans la troisième qui va donner plus de relief au dessin.



Petit OVNI du comic, America n’en reste pas moins criant de vérité. Publié chez Outsider (collection de Delcourt), cette collection se veut être celle du meilleur de la BD américaine indépendante.


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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

3 histoires issues du folklore américain.

3 époques.

3 ambiances.

Sans être inoubliable, l’ouvrage se lit facilement, nous mettant face à une culture différente, une histoire particulière qui s’est construite, comme souvent, dans les larmes et la douleur.

Le fil rouge est la religion. Ses dérives et ses accès. Ses combats aussi… Même si les références ne sont pas les nôtres, l’ouvrage ne laisse pas indifférent. Le dessin, quant à lui, est simple et efficace.

Enfin, la troisième histoire, la plus longue, vous permettra de vous familiariser un peu avec les règles obscures du base-ball.

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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

[James Sturm] cerne par son esthétique sobre les reflets sombres d'une Amérique rongée par ses mythes, écrasée par les mensonges de son propre rêve.
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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

Le propos de America est indéniablement actuel, et n’exhume le passé que pour mieux montrer d’où viennent les courants délétères qui parcourent les États-Unis […]. Cette réédition salutaire est une bonne occasion de se pencher sur les premiers pas de ce grand auteur américain, à l’œuvre trop rare et atypique.
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Ceux qui s’attendent à une biographie détaillée de la vie et de la carrière de Satchel Paige, ce joueur de baseball à la longévité sans pareille et au lancé légendaire, ressortiront sans doute déçus de ce one-shot.



L’incroyable parcours de ce joueur de couleur qui surclassa tous ses adversaires n’est en effet qu’effleuré à travers le regard d’Emmet, l’un de ses anciens adversaires. Cette approche permet à James Sturm de s’écarter de la chronique sportive, pour s’attarder sur les conditions de (sur)vie des noirs aux États-Unis pendant la première moitié du vingtième siècle.



À cette époque, les lois « Jim Crow » constituent une barrière quasi infranchissable entre noirs et blancs, entre riches et pauvres. Cantonné dans une ligue exclusivement réservée aux noirs, Satchel Paige va cependant contribuer à faire évoluer les mentalités et éclabousser tous les joueurs de baseball de son talent, pas seulement les noirs. Si le thème du racisme est au centre du récit, l’auteur s’attarde cependant un peu trop sur les scènes de baseball. Si le fait de décrire un lancé de balle sur plusieurs pages permet de cerner le talent de Satchel Paige et de restituer la tension qui accompagne les rencontres, les néophytes s’en lasseront cependant assez vite. Si je peux comprendre qu’un récit venant d’outre-Atlantique aie du mal à résister à la tentation de toucher au baseball, le sport aurait néanmoins seulement du servir d’excuse pour aborder les conditions des gens de couleur, sans entrer dans de tels détails. Du coup, l’album n’étant pas très épais, l’auteur ne fait qu’effleurer les choses plus importantes.



Le graphisme de Rich Tommaso ne foisonne pas de détails, mais colle bien au côté rétro de l’époque et, au final, je suis malgré tout ressorti assez satisfait de cette lecture.
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

« Black star » est un roman graphique racontant l’histoire (réelle) de Satchel Paige, vedette noire du baseball aux Etats-Unis à la carrière relativement longue (des années 20 aux années 60 environ). Il faut être franc, je n’ai jamais entendu parler de ce lanceur surdoué. L’histoire ne manque pourtant pas d’intérêt, même si elle n’est pas forcément évidente à suivre pour celles et ceux ne maitrisant pas les règles du baseball (nous devons être un certain nombre dans ce cas…). Elle permet en revanche de mettre en lumière de façon assez crue, la ségrégation raciale en vigueur à cette époque aux Etats-Unis : sur le seul plan du baseball, les noirs ne pouvaient ainsi jouer dans les mêmes équipes que les blancs, les conduisant à créer leur propre ligue professionnelle (la negro league). Effarant quand même… la carrière exceptionnellement longue de Paige, et son fabuleux niveau, lui permettront de figurer au Baseball Hall of Fame en 1971.
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Satchel Paige est un génie du base-ball. Un problème : il est noir dans une Amérique ultra ségrégationniste des années d'avant 2de guerre mondiale. L'album est donc un récit de vie assez fascinante, tant le héros est un "personnage" hors du commun. La société d'alors est analysée avec beaucoup de finesse et de vérité, et on apprend beaucoup de choses sur le base-ball (je crois même avoir compris quelques règles). Un récit passionnant qui n'est pas que centré sur le sport.
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Voici ma première BD sur le base-ball, un sport que je ne connais que très peu. Bref, les nombreuses pages sur les matchs de base-ball ne m'ont pas spécialement parlé, surtout que les actions sont assez détaillées et répétitives, je trouve. De plus, ça ne donne pas beaucoup de mouvement à l'histoire. Cet album devrait plaire aux aficionados de ce sport, mais pour les autres, il est difficile de se laisser emporter par cette histoire lorsqu'on ne connaît pas les règles du jeu. Par contre, le côté historique, avec la ségrégation, m'a bien plus intéressée. On voit bien que les hommes et les femmes ne sont pas traités de la même façon selon leur couleur de peau, dans le sport (deux tribunes séparées, deux équipes également), mais aussi dans la vie quotidienne. L'épisode du fils d'Emmet, battu par des propriétaires terriens blancs sans scrupules juste parce qu'il n'est pas avec son père dans les champs de coton, est significatif. Dommage que les explications historiques et sportives n'arrivent qu'à la fin de l'album, il n'est nulle part fait mention dans l'histoire de notes complémentaires. Cela aurait pourtant bien aidé pour comprendre le contexte en même temps que la lecture de l'histoire. Le dessin quant à lui est agréable, simple mais efficace. L'album n'est pas en noir et blanc, mais plutôt en marron et blanc, ce qui fait penser aux vieilles photos jaunies... Une lecture donc mitigée, pas désagréable non plus, mais je n'ai sûrement pas tout compris...
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Superbe évocation de Satchel Paige, lanceur de base-ball de légende qui a joué pendant plus de 40 ans durant!

Une BD qui rappelle aussi ce que la ségrégation impliquait, même quand on avait un talent reconnu de tous.

Le dessin bicolore magnifie le réalisme qui se dégage de cette superbe bande-dessinée.
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Juste excellent.



Une très belle mise en images du quotidien des joueurs de couleur aux Etats-Unis pendant cette période bien sombre se la ségrégation raciale.



Les noirs étaient privés de tout, ne pouvaient quasi profiter d'aucune facilité accordée aux blancs, mais... leur amour du Baseball était intact.



Ils avaient même créé la "Negro League", composée essentiellement de joueurs noirs, mais aussi hispaniques etc... et leur niveau de jeu n'avait rien à envier aux "Pros" blancs.

D'ailleurs, lorsqu'un match inter-racial tournait en faveur des noirs, bien souvent cela se terminait tragiquement pour ces derniers : coups, décisions arbitrales plus que douteuses, agressions, jets de pierre... rien ne leur était épargné.



Leur plus belle revanche ? La signature de Jackie Robinson chez les Dodgers de Brooklyn en 1945.



Mais le meilleur joueur de la Negro League était le lanceur Satchel Paige qui finira par rejoindre les Indians de Cleveland en 1948, à l'âge de... 42 ans.



Voici son histoire...

Voici leur histoire !
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Roman graphique d'une sobriété étonnante, qui sous couvert d'un faux titre biographique, se révèle d'une documentation complète et casé avec pertinence.

Une époque où la communauté Africaine-Americaine trouve du réconfort dans le national pastime à travers les negro-leagues, qui aura marqué les esprits avec la première star noire de l'époque. Le récit nous emporte dans cette période ségrégationniste vu et revu, qui sortira du lot de par la légende Satchel Paige. Le héros d'une communauté de par ses performances sportives et ses qualités de showman, transcendant la color Line d'un monde qui changera peut à peut.
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Fantastic Four: Unstable Molecules

Ce tome comprend les épisodes 1 à 4 de la minisérie, initialement parue en 2003, formant une histoire complète, relativement indépendante (il faut connaître les caractéristiques principales du premier épisode des Fantastic Four pour l'apprécier). Le scénario est de James Sturm, les dessins et l'encrage de Guy Davis. Robert Sikoryak dessine et encre les cases consacrées au comics de Vapor Girl.



Le récit commence par 2 pages de texte dans lesquelles James Sturm explique qu'il s'est rendu compte que Stan Lee et Jack Kirby avaient basé les personnages des Fantastic Four sur des membres de sa propre famille ayant réellement existé. Viennent ensuite une reproduction des pages 9 à 13 de l'épisode 1 de la série "Fantastic Four", initialement paru en 1961.



L'histoire commence en 1958, alors que le professeur Reed Richard étudie le comportement de molécules étranges. Il reçoit la visite d'un groupe d'étudiant dont un certain Adrian Lampham assez critique et impertinent. Susan Sturm se conduit en épouse modèle, en veillant sur son petit frère depuis le décès de leurs parents, et en s'occupant des tâches domestiques dans le foyer de Reed Richards (même s'ils ne sont pas mariés). Johnny Sturm zone dans les rues, avec Rich Mannelman son meilleur ami. Ben Grimm est une célébrité locale dans son quartier, entraineur de boxe, apprécié de ces dames (en particulier Myrna, sa compagne du moment).



Quand le lecteur commence sa lecture, il perçoit nettement l'influence d'Alan Moore dans la forme du récit. James Sturm inscrit cette histoire dans une époque déterminée, il rédige des textes venant étoffer le concept de départ qui est que les Sturm, Richards et Grimm étaient des individus ayant vraiment existé, qui auraient servi de modèles à Jack Kirby et Stan Lee pour créer la dynamique familiale des Fantastic Four.



Le lecteur a le plaisir de (re)découvrir les dessins à l'élégance discrète de Guy Davis, dessinateur attitré de la série BPRD pendant plusieurs années (à commencer par Plague of frogs). Ce dessinateur combine une apparence surannée (adaptée aux années 1950), avec un aspect évoquant des croquis rapides (pour une impression de spontanéité), et un degré de précision épatant. Il recrée les années 1950 avec une fidélité et une authenticité sans faille, qu'il s'agisse des vêtements, des constructions, des sous-vêtements (le soutien-gorge de Susan), des véhicules, etc.



Alors même que le lecteur éprouve l'impression donnée par des dessins vite-faits, il constate dans le même temps que le langage corporel est mesuré et expressif, que les individus ont des morphologies variées et réalistes. Guy Davis conçoit des mises en scène qui évitent les suites de têtes en train de parler, au profit de la gestuelle des individus, de leurs déplacements permettant d'avoir d'autres aperçus de leur environnement. Guy Davis est donc un metteur en scène très compétent, doublé d'un accessoiriste intelligent. La reconstitution s'avère passionnante sans être envahissante ou écrasante. La direction d'acteurs est aussi discrète que parlante, le lecteur s'attachant immédiatement à chacun des personnages.



Alors que le titre laisse présager un lien très fort avec les superhéros des Fantastic Four (les fameuses molécules instables dont sont faits leurs costumes), le lecteur constate rapidement que ce récit est plutôt l'occasion de dresser un portrait de la société des États-Unis en 1958, à l'amorce d'une évolution sociale significative.



James Sturm commence par montrer que Susan Sturm se trouve à l'étroit dans son rôle de femme au foyer. Ben Grimm ressent un malaise existentiel, en ressentant ses limites d'individu sans espoir d'évolution. Johnny Sturm ne trouve pas sa place dans l'establishment, pas plus que son ami Rich Mannelman. Reed Richards regrette déjà que Susan Sturm ne lui soit pas inféodée, comme une dépendance au service de sa propre carrière.



James Sturm évoque cette période de l'histoire des États-Unis avec habilité. Susan Sturm lit Peyton Place (1956) de Grace Metalious. Johnny rencontre Joey King qui mène une vie de beatnik et qui lit Sur la route (1957) de Jack Kerouac. Il ne s'agit pas d'une reconstitution de surface. Le scénariste met en scène des problèmes de société (style de vie alternatif, homosexualité, femme au foyer, délinquance juvénile, femme battue, main baladeuse) en montrant en quoi ces caractéristiques sont inacceptables, soit par l'establishment, soit par les victimes. Il montre comment le carcan castrateur de la société de l'époque commence à présenter des fissures, annonciatrices de bouleversements culturels majeurs. De ce point, cette reconstitution est très réussie, et parlante.



Du coup, le lecteur a du mal à comprendre pourquoi le scénariste accorde la même importance à inscrire son récit dans la mythologie Marvel. Il est donc fait référence au premier comics des Fantastic Four. Stan Lee et Jack Kirby font une apparition dans une soirée donnée par les Richards. Il est question de la place sociale des artistes de comics (et même du statut d'un lettreur). Plus pointu, Sturm intègre des références à l'histoire des comics Marvel, à l'époque où cette entreprise n'existait pas encore et portait un autre nom. C'est le cas par exemple de la référence à Patsy Walker, personnage de comics à destination d'un lectorat féminin (bien avant qu'elle ne soit intégrée à l'univers partagé Marvel, comme superhéroïne).



Le sous-texte de ces références à Marvel (Ben Grimm parle aussi de sa tante Petunia) semble insister sur le fait que les comics Marvel sont le produit de cette époque révolue. Plus pernicieux, le fait que Stan Lee ait fait des Fantastic Four une famille soudée contre vents et marées semblent signifier qu'il évoquait un âge d'or révolu, une époque bénie où la cellule familiale constituait une valeur sûre (enfin surtout pour les hommes intégrés à la société, avec des revenus suffisants).



Au final, le lecteur ressort séduit par cette reconstitution visuelle des États-Unis de la fin des années 1950, convaincu par le portrait des lézardes sociales, mais un peu décontenancé par le rattachement forcé aux personnages Marvel. 4 étoiles si le lecteur est venu pour les Fantastic Four. 5 étoiles si le lecteur accepte que les thèmes du récit sont assez forts pour faire oublier ce lien imposé de force entre les Sturm et les Storm.
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Hors-saison

Un récit en clair-obscur aux accents autobiographiques. Sans accabler son ex-compagne Mark constate que les bonnes intentions d’un divorce sans heurt ont vite fait de voler en éclat quand cette dernière monte ses enfants contre lui. Les reproches s’accumulent, les séances en couple chez la psy n’arrangent rien et le fossé se creuse entre deux êtres devenus des étrangers l’un pour l’autre. Rien de bien nouveau sous le soleil avec une telle thématique me direz-vous mais l’album tire son épingle du jeu grâce à son ambiance et son traitement graphique.



Tout en nuances de gris, les dessins au style anthropomorphe rendent compte avec une étonnante justesse de la tristesse de cet automne où Mark voit son monde s’écrouler. De Thanksgiving à Noël, les semaines passent et le blues s’installe, les problèmes s’accumulent et la morosité prend le pas sur tout le reste. Une histoire pleine de langueur et de mélancolie, certes loin d’être originale et pas follement réjouissante mais qui dresse le portrait touchant d’un homme, d’un mari, d’un père et d’un citoyen perdant un à un les repères qui lui permettaient jusqu'alors d’affronter la dure réalité du quotidien avec un minimum de sérénité.


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Hors-saison

Hors-saison est une bouleversante plongée dans l’Amérique "profonde". Sans grande démonstration, ni effets de bord, James Sturm explique comment les élections en 2016 ont profondément chamboulé les fondations des USA.
Lien : https://www.actuabd.com/Hors..
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Hors-saison

La mise en scène est sobre, mais pas ascétique, sa ligne est sans fioriture mais pas sans expressivité.
Lien : http://www.bodoi.info/hors-s..
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Hors-saison

Exceptionnellement neutre dans son approche, à savoir quelques mois de vie sans beauté ni originalité particulière, Hors-saison fait partie de ces héritiers d’Une Vie de Maupassant ou de l’Assommoir de Zola, car hormis sa dimension d’autofiction, il renvoie à l’ordinaire pathétique de la majorité des destins.
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
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Hors-saison

Dans le récit d'inspiration autobiographique Hors-saison de James Sturm paru chez Delcourt Editions, Mark voit la vie en gris.

Nous sommes en 2016 et Les Mamas and Papas ne font plus rêver personne, pas Mark en tout cas, touché de plein fouet par ce qu'on appelle pudiquement les accidents de la vie: séparation, précarité, maladie de sa mère. Le rêve américain est mort et bien enterré tandis que l'environnement social de Mark s'effondre comme un château de cartes, tout cela sur fond de campagne électorale qui se soldera par l'élection de Donald Trump.





Mark, ouvrier du bâtiment, a eu deux enfants avec Lisa: Suzie et Jeremy. Lors des élections présidentielles de 2016, Lisa et lui, très engagés politiquement, font campagne pour Bernie Sanders. Suite à son éviction, Lisa va s'engager corps et âme pour Hillary Clinton au grand dam de Mark. S'en suit une incompréhension, tant sur le plan personnel que politique, qui va les conduire à la séparation.

Et c'est là que le récit, oscillant entre souvenirs d'un passé plus ou moins proche et actes du quotidien, débute.

Mark, submergé par la nostalgie, regrette le temps où il formait une famille avec Lisa et les enfants. Il va rencontrer de plus en plus de problèmes dans son travail. Contraint à vendre son camion pour pouvoir payer son déménagement, il sera exploité, floué par son patron Mick jusqu'à la rupture avec celui-ci. Commencera alors l'enchainement chronophage des petits boulots d'où ses difficultés à gérer le partage entre son travail et ses enfants…

La suite de la chronique sur L'accro des bulles
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Le jour du marché

Début XXè siècle.

Mendleman est un tisserand juif dont la femme va bientôt accoucher. Comme chaque semaine, il va vendre ses tapis au marché. Mais ce jour-là, il découvre que son acheteur habituel a pris sa retraite et que pour son successeur, la qualité importe peu comparativement au prix... Tentant sa chance ailleurs, notre homme ne parvient malheureusement pas à écouler sa production. Effrayé à l'idée de ne plus pouvoir nourrir sa famille, l'artisan perd pied.



Mendelman est un homme de l'ancien monde, respectueux des traditions et fier de la qualité de son travail. Il va découvrir l'émergence d'un nouveau monde basé sur le profit, où seul compte le rendement et les coûts bas. C'est un homme inadapté qui voit l'invasion de produits manufacturés aux détriments des vraies valeurs et dont les créations se voient vendues au moins offrant. On pourrait d'ailleurs y voir aussi un parallèle avec la création d'une oeuvre artistique.

C'est aussi un homme que cette première paternité fait peur. Un homme qui s'interroge sur son existence, sur le sens qu'il lui faut donner désormais. Un homme qui n'hésite pas à prendre Dieu à parti et à mettre en doute sa foi.



C'est un album simple, sans fioritures, où la parole va à l'essentiel. Les traits sont épais et les couleurs forment de vastes applats. Une planche pourra se découper en 12 cases comme offrir un seul plan muet et contemplatif.

Se déroulant sur une seule journée, le récit transforme le quotidien ordinaire d'un homme en petit conte philosophique qui rend également hommage à la communauté juive d'Europe de l'Est.



A découvrir !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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