Ceux qui s'attendent à une biographie détaillée de la vie et de la carrière de Satchel Paige, ce joueur de baseball à la longévité sans pareille et au lancé légendaire, ressortiront sans doute déçus de ce one-shot.
L'incroyable parcours de ce joueur de couleur qui surclassa tous ses adversaires n'est en effet qu'effleuré à travers le regard d'Emmet, l'un de ses anciens adversaires. Cette approche permet à James Sturm de s'écarter de la chronique sportive, pour s'attarder sur les conditions de (sur)vie des noirs aux États-Unis pendant la première moitié du vingtième siècle.
À cette époque, les lois « Jim Crow » constituent une barrière quasi infranchissable entre noirs et blancs, entre riches et pauvres. Cantonné dans une ligue exclusivement réservée aux noirs, Satchel Paige va cependant contribuer à faire évoluer les mentalités et éclabousser tous les joueurs de baseball de son talent, pas seulement les noirs. Si le thème du racisme est au centre du récit, l'auteur s'attarde cependant un peu trop sur les scènes de baseball. Si le fait de décrire un lancé de balle sur plusieurs pages permet de cerner le talent de Satchel Paige et de restituer la tension qui accompagne les rencontres, les néophytes s'en lasseront cependant assez vite. Si je peux comprendre qu'un récit venant d'outre-Atlantique aie du mal à résister à la tentation de toucher au baseball, le sport aurait néanmoins seulement du servir d'excuse pour aborder les conditions des gens de couleur, sans entrer dans de tels détails. du coup, l'album n'étant pas très épais, l'auteur ne fait qu'effleurer les choses plus importantes.
Le graphisme de
Rich Tommaso ne foisonne pas de détails, mais colle bien au côté rétro de l'époque et, au final, je suis malgré tout ressorti assez satisfait de cette lecture.