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Citations de Jami Attenberg (52)


Les aliments sont faits d'amour. Manger, c'est aimer. Aimer, c'est manger. Et si un gros morceau de pain peut apaiser les pleurs d'un enfant, en quoi est-ce un problème?
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Daniel était son voisin, son ami, et Robin avait vraiment de l'affection pour lui, mais elle ne voulait pas s'engager dans une relation à long terme. Plus jamais. Parce que le couple était un cauchemar. Tant de contraintes. Tant de compromis. Tant de disputes. Il y en avait toujours un qui morflait à la fin. Dans le pire des cas, les deux morflaient, et il ne restait rien.
(p. 125)
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Ce qui est sûr, c'est qu'elle n'était pas préparée à ça. Même après une enfance et une adolescence passée à biberonner la quintessence de la culture populaire, qui montrait volontiers les collèges des quartiers pauvres sous un jour déplorable. Non, vraiment, rien dans la vie - pas un film, pas une chanson, pas un épisode de New York Police Judiciaire, pas un cours de lycée, pas un conseiller d'orientation - ne l'avait préparée à cette année d'enseignement dans un bahut rempli de gamins à risques.
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La lâcheté était un choix comme tant d'autres.
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Elle ne rentrait plus dans ses tailleurs, ni dans ses vestes, ni dans ses chemisiers, ni dans ses jupes, ni dans ses pantalons, ni dans ses collants, ni même dans ses chaussures. Pourtant elle ne pouvait se résoudre à renouveler sa garde-robe. L'heure était peut- être venue de suivre sérieusement le régime Weight Watchers. La perspective oscillait dans son esprit, asses vague pour être sans cesse repoussée.
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Bon sang, ce qu'elle pensait à la bouffe, ces temps-ci.
Il faut dire qu'elle était épuisée par sa journée de boulot et heureuse de ne pas avoir à y penser jusqu'au lendemain (alors qu'elle aimait bien son travail [d'avocate] et n'avait jamais rechigné à la tâche, bien faire son travail étant à ses yeux, comme ses parents le lui avaient appris, le signe d'un comportement à la fois très juif et très américain). En théorie, elle aurait dû se réjouir de passer du temps avec ses enfants. En pratique, elle les trouvait un peu barbants. Jouer avec eux l'ennuyait. Ils n'y pouvaient rien, les pauvres ! Le fait même de JOUER lui posait problème. Même enfant, elle n'avait jamais vraiment compris l'intérêt d'une telle activité. Pour s'immerger complètement dans l'univers du jeu, il fallait être capable d'adopter une autre personnalité. Edie avait déjà du mal à supporter la sienne. Pourquoi en endosser une autre ?
(p. 101-102)
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Nous avions assisté à quantité de divorces, parmi nos enfants, nos frères et soeurs, nos collègues, mais nous pensions qu'à partir d'un certain âge [après 60 ans], les couples ne se défont plus. Alors quand Richard a quitté Edie après sa première intervention chirurgicale (c'est à dire au pire moment possible), nous sommes restés stupéfaits. Incapables d'interpréter sa décision, voire de la juger. Edie n'était pas facile à aimer, nous l'admettions volontiers, mais elle était digne d'amour. Richard estimait-il qu'il n'avait pas à se soumettre à la morale classique - celle qui régissait tacitement notre vie à tous ? Etait-il un individualiste forcené déterminé à saisir sa dernière chance de bonheur ? Ou un lâche incapable d'affronter la maladie de sa femme ? Avait-il perdu son âme ?
(p. 241)
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Jusqu'à présent, Middlestein avait rencontré quinze [internautes] divorcées. Certaines se montraient plus amères que d'autres, et même plus amères que sa femme, mais c'était aussi, et de loin, les plus drôles de toutes : endurcies par la souffrance, aguerries par la pesanteur de la paperasse et des démarches juridiques, contraintes par quelques séances de thérapie de se livrer à un minimum d'introspection, elles avaient appris à rire d'elles-mêmes et de leur situation (en toute spontanéité ou avec une pointe de cynisme). En matière de premier rendez-vous, ces femmes étaient de vieux routiers. Elles se jetaient à l'eau. Elles se pliaient en quatre pour trouver un nouveau partenaire.
(p. 77-78)
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Puis la nourriture arriva sur la table. Fumante, bouillonnante, décadente. Des dizaines de plats remplis de mets trop riches, gorgés de sel et de sucre. Brioches bien dodues fourrées à la viande de porc, brocolis vert vif couverts d'une épaisse sauce d'huîtres, nouilles au sarrasin agrémentées de crevettes à l'aigre-douce, poulet laqué, palourdes charnues nageant dans une délicieuse sauce au haricots noirs ; beignets de poireaux et à la coriandre. raviolis garnis d'un fruit de mer ou d'un mollusque étrangement, mais délicieusement pimenté - (...).
Tout était succulent. Là-dessus, rien à dire. M Song avait du talent. Mais il y avait beaucoup, beaucoup trop à manger. Et tout, absolument tout , était mauvais pour sa mère. Ces gens ne voyaient- ils pas de quoi souffrait Edie ? Ignorait-ils que chaque bouchée de brocolis ou de poulet en sauce la rapprochait d'une mort certaine ?
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Sur le moment, elle serait tout de même bouleversée par la séparation. Elle fondrait en larmes en l'annonçant à sa fille et à son fils (bien qu'une petite partie de ces larmes soient destinées à les emplir de haine envers leur père). Un peu plus tard, elle cesserait de pleurer son départ parce qu'elle s'apercevrait qu'il ne lui manquait pas. Ensuite, elle recommencerait à pleurer, effarée d'avoir passé sa vie entière avec un homme qui ne lui manquait même pas, puis horrifiée de constater qu'il lui manquait, en fin de compte. Ou du moins, qu'elle regrettait sa présence, même s'ils ne se parlaient plus guère.
(p. 177)
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Elle mangeait tout ce que les hommes mangeaient, et même davantage. Ils fumaient, elle mangeait. Ils buvaient du café, elle buvait du Coca-Cola. La nuit, elle mangeait les restes. Quelle importance ? Les stocks étaient reconstitués chaque jour. Elle mangeait pour Golda [Meir], qui se remettait d'un cancer. Elle mangeait pour Israël. Elle mangeait parce qu'elle adorait manger. Elle le savait, parce qu'elle sentait son coeur et son âme se gonfler quand elle était repue [...].
(p. 32)
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Parce que nul ne peut revenir en arrière : quand on sait vraiment comment marche le monde, in ne peut plus l'ignorer.
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Le plan de départ en préretraite qu'Edie avait accepté de signer avec le cabinet d'avocats pour lequel elle avait travaillé pendant trente-trois ans lui permettait de conserver sa mutuelle à un prix extrêmement modique jusqu'à la fin de sa vie (ou même au-delà, si l'au-delà existait). Elle avait également droit à sa retraite à taux plein et à une somme d'argent substantielle, obtenue en échange de son silence quant au véritable motif de son départ : son poids perturbait les trois nouveaux directeurs du cabinet, descendants de ceux qui avaient embauché Edie des années auparavant, une Edie fraîchement émoulue de la faculté de droit, récemment mariée, pas encore enceinte et nettement plus mince qu'aujourd'hui. Elle avait été, à diverses périodes de sa vie, une femme plus intègre, plus prompte à se battre, à crier au scandale, et cette femme aurait estimé que la somme d'argent proposée était absolument indécente en regard des discriminations subies ; elle aurait même affirmé que tout l'or du monde n'aurait pas suffi à dédommager une personne qui s'entend dire - sans que les mots soient effectivement prononcés : 'Tu es beaucoup trop grosse. Peux-tu t'en aller, s'il te plaît ?'
Mais Edie était épuisée. Le monde entier l'épuisait. Elle avait ravalé son orgueil et accepté leur proposition, allant même jusqu'à leur sourire lorsqu'ils avaient échangé une poignée de main scellant la transaction.
(p. 174-175)
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[ Robin, fille ado, et Edie, sa mère ]
- Dis... T'en as pas marre, toi, des fois ? reprit Robin.
- Marre de quoi ?
- De ÇA, répondit Robin en désignant son propre corps.
Edie la fixait sans comprendre.
- D'être grosse, quoi ! Allez, maman. Toi et moi. On est grosses, tu le sais bien.
- Je n'aime pas ce mot, murmura Edie.
- Si tu savais de quoi on me traite au lycée, poursuivit Robin.
Soudain, l'adolescente était mue par autre chose que la tristesse, quelque chose de nouveau et de cruel, au goût plus délectable que tous les sucres raffinés du monde : l'amertume.
- T'y aurais droit, toi aussi, mais dix fois pire.
Sur ce, Robin engloutit un autre cookie. Il fut à peine mâché avant de disparaître.
- Parce que t'es dix fois plus grosse que moi.
- Je suis désolée de te décevoir, marmonna Edie.
Elle s'était décomposée, ratatinée sur elle-même. Elle le savait et ne faisait rien pour se ressaisir, préférant couler à pic.
- Tu ne me déçois pas, répliqua Robin. Tu te déçois toi-même.
(p. 136-137)
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Enfant, Robin adorait écouter sa mère. Edie avait un vrai talent de conteuse. En bonne commère, elle avait l'oreille indiscrète. C'était aussi le genre de personnes à laquelle on confie des secrets. Elle semblait sage. Chaleureuse et bienveillante. A défaut de pouvoir vous aider, elle savait vous remonter le moral. Ce n'était que plus tard, lorsque vous la connaissiez un peu mieux, qu'elle pouvait se révéler terrifiante.
(p. 138)
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Quelle valeur peut avoir la nourriture aux yeux d'un enfant de six ans ? Parfois Benny n'acceptait de manger qu'un seul type d'aliment durant des semaines (macaronis au gratin pendant presque tout l'hiver ; sandwiches à la dinde, parfois sans dinde, parfois sans pain, durant tout le mois de mars). Edie [sa mère] n'avait pas l'énergie de se battre avec lui. Ce n'était pas une histoire de goût : ses choix semblaient plutôt liés, d'après elle, à des souvenirs ou à des personnes chères à son coeur. Peut-être avait-elle préparé un gratin de macaronis un jour de grand froid ? Réconforté par ce plat simple et chaleureux, Benny cherchait depuis lors à revivre cette sensation. Peut-être s'était-il pris d'affection pour un personnage de dessin animé qui mangeait des sandwiches à la dinde ? En tout cas, ses préférences n'avaient rien à voir avec son jeune palais innocent. Il était incapable, à son âge, d'éprouver la moindre excitation à l'idée de déguster le nouveau McRib. Ce hamburger n'avait aucun sens à ses yeux.
(p. 100)
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Elle poussa les portes battantes et retint un cri : Benny était assis à la table de la cuisine, muni d'une tasse de café, d'un cookie au chocolat et d'un livre les traits plissés. Il l'attendait depuis un moment sans doute. Il ne pourrait pas dormir tant qu'elle ne dormirait pas.
- Qu'est-ce qui t'arrive, maman ? Tu as soif ?
- je...Oui, j'ai soif. (...)
- Au fait pourquoi es-tu debout ? s'enquit-elle. Tu n'arrivais pas à dormir ?
- Je préférerais cent fois être ailleurs, je t'assure. Mais ton médecin m'a expliqué qu'il était essentiel, pour un certain nombre de raisons, que tu aies l'estomac vide avant l'opération.
A cause de ton poids, se retint-il de préciser. A cause de ton coeur. A cause de ta santé, ta vie, ta mort.
- Je voulais juste te rappeler cette consigne, ajouta-t-il. Au cas où tu l'aurais oubliée.
- Je venais juste chercher un verre d'eau.
- Et moi, je suis juste en train de bouquiner.
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Elle mangeait, mangeait et mangeait encore, rien ne pouvait l'arrêter, tête baissée, une baguette dans la main gauche, une cuillère dans la droite, comme s'il s'agissait d'un concours, comme si elle était engagée dans une course sans fin, comme si elle pouvait manger jusqu'à la fin des temps sans jamais remplir son estomac.
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Elle se meurt, papa ! Elle est littéralement en train de se tuer et toi tu l'as abandonnée comme si votre vie commune et sa vie en général n'avaient aucune importance.
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Chacun de nous prend des décisions. Bonnes ou mauvaises, on ne peut pas revenir dessus.
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