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Critiques de Jason Starr (42)
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Mauvais Karma

Si Richard Segal avait pris le temps de lire l'horoscope toujours très pointu de Jeune & Jolie, il se serait claquemuré pour les dix années à venir, ce qui lui aurait épargné la période de sa vie la plus désespérante qui soit.

a - Richard et Paula viennent de découvrir un nouveau jeu, le " je t'aime moi non plus ".

% - Riri rame comme un damné dans ce nouveau job qu'il vient de décrocher.

♪ - Ritch biberonne comme jamais après avoir eu toutes les peines du monde à s'en détacher.

7 – Coeur de Lion renfermait en lui, à l'insu de son plein gré, un traumatisme adolescent mais ça, c'était avant. Avant de croiser accidentellement son ancien tortionnaire. Les deux gamins ont grandi, sa haine de l'autre tout autant.

Au fait, le héros s'appelle Richard. L'aviez-vous deviné?



Si sa vie fait passer celle de Cosette pour un délicieux conte de fée, il n'en demeure pas moins l'acteur principal, seul personnage susceptible d'infléchir cette spirale infernale. Seulement voilà, une propension surdimensionnée à l'échec conditionné plus tard, le chaos sans fin qu'est devenue sa vie semble n'avoir d'autre limite qu'une auto-destruction programmée.

Bienvenue dans le monde bucolique de Richard, sorte d'interminable gastro pachydermique. Et bon appétit si vous êtes à table !



Mauvais Karma est un bon bouquin qui alterne le meilleur comme le pire.

Le meilleur avec cette mise en situation improbable. Difficile de ne pas se demander comment tout cela finira tout en se réjouissant - pour les plus sadiques dont je fais partie – du flot d'emmerdes discontinu suscité par ce anti-héros au bord de l'implosion. Le rythme est soutenu, l'écriture à l'instar de l'intrigue captent durablement l'attention, les pages se tournent sans qu'il faille jamais se forcer, signe d'un intérêt certain pour l'infortuné Richard.



Le pire tient en un prénom, Paula, sa douce, que l'on adorerait voir réchapper d'un attentat pour, dans la foulée, être envoyée ad patres, éclatée sous les roues d'une ambulance se rendant sur les lieux du drame. Empathie proche du zéro absolu.

Les rapports de couple sont d'un gonflant achevé. Le gugusse a deux passions dans la vie. Passer son temps à tenter de reconquérir sa mégère apprivoisée. Roucouler lamentablement comme deux ados boutonneux adorant sautiller dans la rue à l'unisson tels deux cabris siamois tout en dévorant une douze boules passion-tripes au lard-harissa, les yeux larmoyants d'un trop plein de bonheur insoutenable retrouvé, sur l'air sans fin de " ma petite amie est de retour " d'un Cloclo qu'aurait jamais dû s'improviser électricien.



Exceptées ces rares poussées d'urticaires, Mauvais Karma tire largement son épingle du jeu. L'itinéraire suicidaire de ce jeune cadre à la dérive séduit. Et puis y a même pas de vrais titres de Cloclo à l'intérieur, alors...

3,5/5
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Sombres desseins

Max Fisher a tout pour être heureux ,une entreprise innovante et prospère ,une maîtresse pulpeuse ,Angéla et tout l'argent qu'il désire .Seule ombre au tableau ,sa femme ,qu'il déteste .Alors il va décider de s'en débarrasser grâce au réseau d'Angéla qui connait un tueur à gages .Seulement ,dès le contrat lancé ,tout va partir en sucette! Un bon thriller ,drôle et plein de rebondissements .

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Casual Fling, tome 1

Séducteur habile

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Ce tome contient une histoire complète qui n'appelle pas de suite. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits par Jason Starr, dessinés et encrés par Dalibor Talajić, mis en couleurs par Marco Lesko, avec des couvertures réalisées par Dani. Le tome contient également un texte de 2 pages du scénariste explicitant les circonstances de la création de la série, un texte d'une page de l'artiste, 2 pages de crayonnés pour les couvertures, la couverture variante de Mike Deodato Jr.



Dans un appartement de Manhattan, le papa Matthew Ryan est en train de préparer le petit déjeuner pour ses deux enfants de moins de dix qui sont déjà attablés : Emily et Justin. Son épouse Jennifer est déjà habillée, avec son manteau à la main, et elle farfouille dans son sac à la recherche de ses clés ou de son portable. Elle ramasse le biberon de Justin qui vient de tomber, et s'en va alors que l'alarme incendie se déclenche parce que le papa vient de rater les œufs. Il lui rappelle qu'ils ont rendez-vous à dix-neuf heures pour le récital de ballet de leur fille. Dans une grande tour de Manhattan, elle fait visiter les bureaux de la firme où elle est associée, à de nouveaux gros clients : Angela Foley, Harrison Wexler et Michael Stern. Arrivés dans la grande salle de réunion, elle leur présente les deux autres associés seniors : Denise Jenkins et James Stevenson. Alors qu'ils s'apprêtent à discuter affaires, le téléphone de Jennifer sonne. Elle sort pour y répondre : c'est Matthew qui souhaite savoir où elle a mis les couches de Justin parce qu'il n'y en a plus dans le sac habituel et qu'il vient de se lâcher. Elle répond qu'elle n'a pas le temps de tout expliquer et lui raccroche au nez. Elle va reprendre le cours de sa réunion.



Une fois la réunion terminée, les clients indiquent qu'ils ont d'autres réunions toute la journée, mais qu'ils ont prévu une soirée à Hudson Yards. Ses deux partenaires ayant déjà d'autres obligations, Jennifer Ryan déclare qu'elle sera ravie de les y retrouver. Le soir, avec une vue imprenable sur le monument Vessel, elle prend donc un cocktail Angela. Alors qu'elles papotent, Alex Miles vient saluer Angela qui le présente à Jennifer. Angela souhaitant aller saluer quelqu'un, Alex et Jennifer entament une conversation très plaisante, dérivant sur ses obligations de mère. Elle finit par le quitter et prend un taxi pour rejoindre le ballet de sa fille. Elle parvient sur place, avec une demi-heure de retard sur la fin de la représentation. Il ne lui reste plus qu'à rentrer chez elle et à s'excuser auprès de Matthew qui lui fait sentir sa déception, et évoque celle encore plus grande de leur fille Emily. Il finit par aller se coucher seul. Les jours suivants, la vie quotidienne reprend ses droits : promenade en famille dans les rues arborées, accompagner les enfants à des activités, les emmener jouer au parc, et dans le même temps, elle ne parvient pas à oublier le contact de la main d'Alex sur la sienne. Le lendemain, elle va chercher un café dans l'établissement en bas de son immeuble de bureau et elle a la surprise de voir arriver Alex Miles, venant prendre son petit-déjeuner.



Ce n'est pas le premier thriller de cet auteur pour l'éditeur AWA : il avait déjà écrit Red Border (2020, illustré par Will Conrad, une histoire poussive et peu convaincante. Le masque sur la couverture et la notion de relation sans lendemain font tout de suite penser à 50 nuances de Gris (2011) d'EL James. L'utilisation d'un masque pour des pratiques sexuelles entre adultes peu également faire penser à d’autres relatons aventureuses comme The Discipline Volume 1 (2016) de Peter Milligan & Leandro Fernandez. Le lecteur s'attend donc à des infidélités adultérines, et une forme de mise en danger de cette épouse jeune cadre dynamique à l'avenir prometteur, commençant à éprouver des regrets de s'être encombrée d'une famille. Peut-être que le masque annonce également un élément surnaturel qui viendrait incarner la passion charnelle de l'une ou de l'autre ? Le lecteur attend donc qu'il se passe quelque chose. Il peut compter sur Jason Starr pour rester très pragmatique, au ras-des pâquerettes même : Jennifer est sensible au charme bien réel d'Alex, à sa gentillesse, à sa sollicitude, à la liberté qu'il semble incarner, bref à tout ce qui s'oppose au train-train quotidien dépourvu de glamour, autant de contraintes l'empêchant d'être toute entière à sa carrière dans ce cabinet d'avocats de grand standing, où les deux autres associés sont plus âgés, plus de 20 ans de plus qu'elle, et attendent beaucoup de cette nouvelle collaboratrice. Les dessins sont d'ailleurs tout à fait dans ce registre pragmatique.



Dalibor Talajić travaille régulièrement pour illustrer des aventures de superhéros Marvel Comics, souvent pour un résultat qui peut sembler un peu fade par rapport aux pages plus spectaculaires de ce type de comics. La prise de contact avec cette histoire ne fait pas ressortir cette caractéristique. L'artiste dessine dans un registre réaliste et descriptif, totalement en phase avec la tonalité du scénario, avec un bon niveau de détails. De temps à autre, le lecteur voit bien que l'artiste se contente de représenter un visage en plan rapproché dans une case de la largeur de la page, mais il laisse surtout la place au lettreur pour caser toutes les informations requises par le scénariste. Il y a également plusieurs séquences avec des cases où se trouvent uniquement la tête de l'interlocuteur : là encore c'est une exigence du scénariste qui se justifie par un échange purement verbal au cours duquel seule l'expression du visage va indiquer quelque chose. Pour le reste, Talajić est réellement investi dans l'histoire qu'il raconte à commencer par les différents environnements. Certes, il n'est pas un décorateur qui sort du lot, mais il reproduit avec consistance la cuisine où Matthew rate le petit-déjeuner des enfants, la grande salle de réunion, aussi fonctionnelle qu'impersonnelle, le bar à la mode pour rencontres de sortie de bureau, l'appartement des parents de Matthew avec un aménagement très différent de celui de Jennifer et de leur fils, ou encore le pavillon d'Alex Miles. De ce point de vue, Talajić remplit son contrat de donner à voir au lecteur les différents lieux avec la sensibilité idoine, jusqu'à la représentation très convaincante du monument Vessel (2019) conçu par l'architecte Thomas Heatherwick.



Dans sa postface, le scénariste indique que la réalisation de cette histoire lui est apparue plus délicate que lorsqu'il écrit des romans, car il ne peut pas noyer chaque case d'un flux de pensées intérieures, et qu'il doit trouver des solutions visuelles avec l'artiste, pour faire passer les émotions correspondantes. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver que les moyens retenus sont vraiment basiques, ou plutôt bien trouvés. Toujours est-il, qu'ils sont appropriés et efficaces. Jennifer libérant son pied de son escarpin, Jennifer touchant son alliance alors qu'elle parle à Alex, le petit coup d'œil rapide au téléphone pour guetter un message, le regard de côté pour éviter de montrer franchement sa lassitude à son conjoint, la colère face au maître chanteur, la gêne à avouer sa culpabilité à son conjoint, le petit verre de vin pour se détendre, se toucher les cheveux, etc. D'un côté, le lecteur peut éprouver l'impression que l'artiste va piocher dans une bibliothèque de postures et d'expressions toutes faites ; de l'autre côté, il s'en sert avec intelligence et à propos. Le lecteur est donc bien immergé dans la banalité du quotidien, la banalité d'une femme éprouvant la sensation de rater des occasions, la banalité d'un adultère sans panache.



Au bout de deux épisodes, le lecteur doit se rendre à l'évidence : pas de surnaturel dans ce récit. Ce dernier est exactement ce qu'annonce le titre : un coup d'un soir. Et voilà… Bien sûr le récit ne s'arrête pas là, et le scénariste surprend le lecteur en restant dans un registre adulte, et en montrant les personnages réagir comme des adultes intelligents. Forcément, il rajoute un personnage un peu providentiel qui nécessite un petit peu plus de suspension consentie d'incrédulité, mais pas tant que ça. L'auteur emmène alors le lecteur dans un thriller bien pensé, avec pas uniquement l'enjeu du chantage exercé contre Jennifer Ryan. Jason Starr raconte son histoire sans esbrouffe, sans révélation fracassante, sans moment de tension insoutenable, mais posément et honnêtement. Lui aussi sait intégrer un ou deux éléments plus remarquables, par exemple un concert du groupe Greta van Fleet, comme une réponse au Vessel. Le lecteur tique peut-être à un ou deux éléments, comme la sensei ou l'effet potentiellement dévastateur de la vidéo, mais pour le reste il y croit.



Un thriller de plus dans l'océan de la production de comics annuelle, avec des auteurs pas forcément très vendeurs. En outre, associer le pragmatisme de Dalibor Talajić à la banalité de Jason Starr ressemble à une recette pour créer un récit d'une rare platitude. Il y a un peu de ça, et en même temps ces deux créateurs sont de solides artisans. Ici, ils travaillent de concert et racontent quasiment honnêtement une histoire de chantage immonde et crédible, avec des personnages principaux refusant de jouer le rôle de victimes se laissant faire, et voyant plus loin que le bout de leur nez avec leur objectif de faire cesser les agissements de cet ignoble prédateur.
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Le Frisson

Un bon petit moment passé avec cette BD, genre comics, toute de noir et blanc vêtue.

L'histoire est une enquête policière, teintée de fantastique. On y trouve tour à tour, et avec de belles illustrations, des jeunes filles pulpeuses, des flics blasés et fatigués, du gore (mais bien traité, ça reste soft), du sexe, des meurtres sacrificiels, un prêtre pervers, des druides sanguinaires.

Tout ça de nos jours, à New York, entre des ifs et des buildings.

C'est rapide, musclé, sanglant et légèrement érotique.

Le scénario est solide, la fin est un peu convenue mais colle bien à l'ensemble. Les dessins sont bons, pas du tout exagérés par rapport au genre comics.

Une belle petite découverte au hasard des fouilles dans une bibliothèque.
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Harcelée

Katie Porter réalise son rêve d'enfant : vivre à New York.



Mais elle déchante rapidement. Elle travaille dans un cabinet où son chef passe son temps à la rabaisser ou à l'humilier. Côté coeur : pas facile de trouver le prince charmant qui la fera vibrer. Depuis 15 jours, elle a jeté son dévolu sur Andy, un mec immature qui ne pense qu'à se la faire le plus vite possible.



Katie est abonnée à un club de fitness où elle tombe par le plus grand des hasard (heu...pas si sûr en fait) sur un ami d'enfance, Peter Wells, qui bosse à l'accueil du centre. Plutôt mignon et avenant, elle espère s'en faire un ami dans cette grande ville où les vraies amitiés sont rares.



Malheureusement pour elle, Peter est amoureux d'elle à la folie et fera tout pour qu'elle le soit aussi. Le piège se referme petit à petit sur cette pauvre Katie qui n'a vraiment pas de bol dans l'histoire.



J'ai pris un grand plaisir à dévorer ce roman sur la plage.



Un roman classique dans sa construction (les évènements sont racontés selon la version de Katie ou Peter de manière alternée) mais qui fonctionne à merveille. Jason Starr manie l'ironie à la perfection et fait de ses personnages de vrais stéréotypes (une katie flippée à souhait et un peu trop naïve, un boyfriend quetard, un psychopathe poli et propre sur lui en surface et en réalité complètement taré, un flic proche de la retraite, injustement reconnu par sa hiérarchie dont l'enquête piétine). Tous les ingrédients sont là pour que les pages se tournent toutes seules avec certes une fin attendue, mais peu importe.



Un très bon moment de lecture. Je ne manquerais pas me pencher sur d'autres romans de cet écrivain que je découvre.
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Red Border

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Jason Starr, dessinés et encrés par Will Conrad, avec une mise en couleurs réalisée par Ivan Nunes. Il se termine avec une postface de deux pages du scénariste, et une illustration en pleine page de Mike Deodato junior. La couverture a été réalisée par Tim Bradstreet.



À Juárez au Mexique dans un pavillon en banlieue, trois couples d'amis discutent de la situation. Eduardo, professeur assistant en sociologie, évoque son dernier cours avec ses étudiants : son intervention sur le fait de vivre dans la peur constante du crime organisé, sur la nécessité de dénoncer les crimes. Sa conjointe Karina Santiago a d'ailleurs déposé un témoignage sur une malversation dont elle a été témoin. La conversation évolue vers le fait que les hommes ne respectent pas toujours la parole des femmes. Un coup est frappé à la porte. La maîtresse de maison va ouvrir et se trouve nez à nez avec deux individus armés de fusils automatiques. Ils ouvrent le feu, tuant net deux invités, puis le plus jeune se lance aux trousses de Karina. Eduardo tue César d'un coup de couteau dans la nuque. Dans sa somptueuse villa, Javier Jefe, allongé dans son lit, profite d'un massage par une jeune femme en string, tout en se plaignant qu'elle n'est pas très douée. Sa séance de relaxation est interrompue par un de ses hommes de mains qui vient l'avertir que le raid a échoué : son neveu César y a trouvé la mort, et Karina est parvenue à s'enfuir avec Eduardo. Jefe indique à la prostituée qu'elle peut repartir à Guadalajara, et exige qu'on lui amène Manny, celui accompagnait César.



Eduardo et Karina se sont enfuis avec leur voiture. Ils se rendent bien compte que leurs options sont comptées. Il faut qu'ils abandonnent leur véhicule pour ne pas être repérés, et qu'il ne leur reste qu'à traverser la frontière à pied pour trouver refuge aux États-Unis. Eduardo a du mal à se remettre du fait qu'il ait tué un homme. Jefe est en train d'interroger Manny : ce dernier est agenouillé par terre, les mains liées dans le dos, et le pistolet de Jefe braqué directement sur son front. Il l'abat froidement devant ses hommes de main. L'un d'eux indique que la voiture des fuyards a été retrouvée à proximité de Socorro. Karina et Eduardo continuent de marcher. Ils n'ont plus de réseau, mais elle a pu télécharger une page de conseil pour traverser la frontière. Le meilleur moment est avant l'aube. Au milieu de nulle part, ils tombent sur Tito un adolescent qui leur donne des conseils pour réussir à traverser. Après une discussion délicate, ils finissent par se décider pour le suivre. Afin de diminuer son stress, Tito s'est roulé un petit joint, et il en propose une bouffée à Eduardo qui accepte bien qu'il n'en ait pas l'habitude. Ils finissent par arriver devant un barrage mobile routier, sans aucun policier. Ça ne s'annonce pas bien compliqué de traverser la frontière.



La scène d'introduction commence par une discussion évoquant la qualification de Juárez comme ville avec le plus haut taux de criminalité du monde, ainsi qu'une forme de machisme larvé et bien réel, mais sans vraiment rien développer, en restant au niveau de gentilles généralités. Le premier meurtre survient brutalement dès la page 3, indiquant que le récit se situe plutôt dans le genre thriller & action, que chronique sociale réaliste. Effectivement, le scénariste utilise ensuite des conventions de ces deux genres pour une intrigue rapide, sans chercher à approfondir ces personnages, ou les thèmes évoqués. Le lecteur s'accroche et attend de voir ce que le couple en fuite va devoir affronter. Une fois la frontière passée avec perte et fracas (6 morts), ils sont recueillis par une famille texane dans un ranch qui leur offre l'hospitalité pour leur donner le temps de se remettre avant de repartir. Pendant ce temps-là, Javier Jefe continue de progresser pour les rattraper, tout en marquant chaque étape d'une ou deux exécutions sommaires pour bien rappeler qui est le chef, et quel est le prix de l'échec. La suite contient encore un interrogatoire particulièrement éprouvant, ainsi que plusieurs morts brutales et soudaines.



Will Conrad est un artiste qui a travaillé pour Marvel et pour DC Comics. Le lecteur note une certaine filiation avec Mike Deodato junior, les cadrages penchés et les éclatements de cases en moins. Il réalise ses dessins dans un registre descriptif et réaliste, avec un niveau de détails élevé, ainsi que des décors présents dans 90% des cases. Le lecteur éprouve alors une impression de reportage, pouvant suivre des êtres humains plausibles dans des lieux finement représentés. Dès la première page, le lecteur est impressionné : une vue en extérieur du pavillon, de sa pelouse, de l'allée où est garée la voiture, du mur de clôture, des pavillons voisins, avec un éclairage rendant bien compte de la nuit tombante et des sources d'éclairage artificiel. Puis on passe à l'intérieur, et le lecteur peut voir la table mise, les modèles de chaise, le tableau accroché au mur. Il peut en déduire le niveau de revenu des hôtes, ainsi que leur goût en matière d'aménagement. Il peut ensuite comparer cet aménagement avec celui de la chambre à coucher de Jefe qui est plus clinquant. Eduardo et Karina passant un certain temps chez leurs hôtes texans, le lecteur les accompagne d'une pièce à l'autre : la salle à manger spacieuse et simple, la chambre également spacieuse et confortable, la véranda avec son banc en bois, les différents bâtiments du corps de ranch, le bureau de Raymond Colby Benson le troisième avec son tableau représentant le siège de Fort Alamo (1836), la cuisine, le sous-sol.



L'artiste doit également rendre visuellement plausible le passage clandestin de la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Il commence par montrer Karina et Eduardo, chacun avec leur sac à dos, marcher dans une zone désertique, un peu au petit bonheur, droit devant eux. Il retranscrit bien la nature désertique et sauvage, sans aucune habitation ou aucun être humain à des kilomètres à la ronde. Conformément au scénario, il représente une route avec un simple barrage à base de croix et de fils barbelés. Pourquoi pas ? En fonction de son état d'esprit, le lecteur accepte plus ou moins facilement ce moment clé de l'histoire. Quel est le degré de probabilité de l'existence d'un point de passage aussi facile, sans garde ? Cette frontière mesure 3.150 kilomètres et il y a vraisemblablement des zones aussi désertiques ; d'un autre côté, les épreuves surmontées par les immigrants clandestins semblent indiquer que ladite frontière est difficilement franchissable. En fonction de sa volonté à consentir plus ou moins de sa suspension consentie d'incrédulité, le lecteur accepte plus ou moins facilement cette scène. Dans tous les cas, cela l'amène à reconsidérer la nature du récit, et à y voir plus un récit de genre qu'autre chose.



Ce récit ne constitue donc pas un commentaire sur l'émigration mexicaine aux États-Unis, ni sur le taux de criminalité de Juárez, ni sur une forme latente de misogynie. Les discussions entre Karina et Eduardo prennent parfois la forme de prises de bec, mais là encore, le scénariste reste au niveau de chamailleries qui ne donnent pas une idée de l'intimité des interlocuteurs, ni la profondeur de leur relation. Karina se plaint que son conjoint ne l'écoute pas, ne prenne pas en compte ses idées, comme si le fait d'être un homme rendait d'office ses propositions plus pertinentes. Elle le remet à sa place, mais de manière machinale, sans grande conviction, ce qui conduit le lecteur à en faire de même, en se disant que ces dialogues sont de pure forme. Du coup, il reporte son attention sur l'intrigue. Jason Starr joue d'abord sur la question de savoir si le couple parviendra à traverser la frontière, puis sur la réalité de l'accueil de la famille Benson. Le franchissement de la frontière s'avère donc beaucoup plus simple que prévu, une vraie passoire, peut-être un peu organisée. La famille Benson se montre très prévenante, offrant gîte et couvert, par pure bonté d'âme. Le couple note bien quelques détails bizarres, comme les remarques racistes du plus jeune frère, le caractère bourru du père, le goût très étrange des chimichangas servis par la mère. À partir de là, soit le lecteur n'a jamais lu d'histoire de ce genre, et il se laisse porter par la découverte d'une intrigue bien glauque. Soit il en a déjà lu de vaguement avoisinantes et il a du mal à croire le caractère prévisible de celle-ci ainsi que son manque d'originalité. Il n'arrive pas non plus à croire que le scénariste puisse lui-même croire au suspense en toc qu'il met en œuvre.



Une histoire qui démarre bien avec une narration visuelle très soignée dans un registre réaliste et descriptif permettant au lecteur de se projeter dans chaque endroit, de croire en ces personnages plausibles, et de les accompagner dans la zone désertique proche de la frontière entre le Mexique et la États-Unis, ainsi que lors de leur séjour dans le ranch d'un famille texane accueillante. Rapidement, le lecteur se demande si le scénariste compte vraiment sur le fait qu'il va croire ce qu'il lui raconte, et va accrocher au suspense de l'intrigue. Plus il avance dans l'histoire, plus il se rend compte que l'intrigue manque d'originalité et de profondeur.
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Petit joueur

Quand la naïveté se transforme en cause perdue.



"Petit joueur" de Jason Starr est un roman noir qui se déroule dans le New-York du début des années 80.



Mickey Prada est un jeune de vingt ans qui vit à Brooklyn avec son père atteint de la maladie d'Alzheimer. Sa mère est morte quand il était enfant, renversée par un chauffard. Mickey s'est accordé une année de battement après le lycée pour économiser en travaillant dans une poissonnerie, afin d'aller à l'université et devenir comptable.



Angelo Santoro est un client fidèle, et aussi un mafieux. En tant normal, il ne s'adresse à Mickey que pour être servi en crevettes et payer. Mais un jour, ils vont entamer une discussion autour d'une de leur passion commune : le football. Angelo découvre que Mickey aime parier sur des matchs, et cela tombe bien, car le bookmaker d'Angelo est aux abonnés absents pour la semaine. Le mafieux va donc demander à Mickey de prendre un pari pour lui.



Cette première mise va s'avérer perdante pour Angelo, qui va tenter de se refaire lors d'une seconde, tout aussi prolifique. Le hic pour Mickey, c'est que d'une part, Angelo ne va jamais lui donner d'argent, et d'autre part, il va continuer à parier. Mickey va vite se trouver dans un étau inconfortable, acculé de dettes par les paris d'Angelo, qu'il craint, et menacé par son bookmaker.



Devant cette pression insoutenable, deux choix s'ouvrent à lui : piocher dans ses économies et dire au revoir à ses études, ou alors accepter de faire un cambriolage en compagnie de son meilleur ami Chris.



Coup de cœur pour ce roman de Jason Starr, où plusieurs sentiments se mélangent : tristesse, humour, noirceur, amour, folie, naïveté. Les rebondissements et les chutes s'accumulent et nous laissent un sourire aux lèvres, surtout la fin. C'est d'ailleurs la force de ce roman, réussir à transposer le tragique et l'humour. Car nous sommes là en possession d'un roman très noir, la vie de Mickey Prada est loin du conte de fée, elle est un gouffre sans fin jusqu'à la dernière ligne. Ce jeune homme nous laisse un goût de tristesse, et en même temps il nous irrite par sa naïveté dont profitent les crapules qui gravitent autour de lui. Petit joueur est un roman à ne pas laisser passer, un magnifique bol d'air littéraire. À vous de vous y jeter !

YB.
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Mauvais Karma

Richard Segal est commercial. Il vient de changer de boîte pour un salaire plus avantageux. Pour peu qu'il ramène des contrats signés en bonne et due forme, il touchera bientôt une prime conséquente. Le problème est là, en fait. A l'instant où commence cette histoire, il n'est pas parvenu à en dégoter un seul et sa hiérarchie, bien sûr, commence à lui mettre la pression. Richard est marié à Paula. Celle-ci l'a trompé il y a quelque temps et malgré cette légère entrave sur la voie de leur harmonie, ils ont tout de même décidé de continuer ensemble en suivant les préceptes de la plan-plan attitude. Ils se disputent de temps en temps et Richard s'excuse toujours pour arrondir les angles. Cerise sur le gâteau, ils ont un chien, un emmerdeur de chien qui aboie sans cesse et qu'il faut bien évidemment sortir, ce qui permet à Richard de décompresser ou de se recentrer sur des priorités de vie... A chacun sa méthode.



Il aurait pu surmonter la pression générée par son nouveau poste, il aurait pu redonner un nouvel et bel élan à son couple. Oui, il aurait pu. Seulement tout part en vrille au moment où il croise une vieille connaissance dans le quartier d'affaires de Manhattan. En guise de connaissance, un homme qui, à l'âge de 17 printemps avait violé Richard 12 ans d'âge. Richard ne parvient alors plus à refouler cet épisode comme il était pourtant parvenu à le faire jusque-là. De bien drôles d'idées le submergent alors et un air de vengeance s'infiltre dans les vapeurs d'alcool qu'il laisse à nouveau échapper.



On a tout dans ce bouquin d'à peine plus de 300 pages : le noir, le grinçant, la critique sociale - parce que sinon ce ne serait pas marrant - et une chute qui vaut à elle toute seule tout le plaisir de la lecture. Jason Starr est épatant dans sa description de l'univers impitoyable du travail en entreprise et de la course au fric. Pour vous donner une idée : pas de contrat(s), pas d'ami(s) ; des contrats et c'est tout le personnel qui vient vous manger dans la main, qui vous porte aux nues et ne jure que par vous ! De l'individualisme, de l'opportunisme, du faux-cuisme à la solde d'une société de consommation pas du tout, mais alors pas du tout repliée sur elle-même.



Jason Starr excelle aussi dans les émotions qu'il parvient à susciter, grâce à son style, à son humour dévastateur et à un sens du dialogue qui fait mouche à tous les coups. Tout ceci s'affiche à travers le prisme de Richard, narrateur de l'histoire, pour lequel on éprouve une sorte de pitié à double sens. On devient révolté lorsque le souvenir du viol se rappelle à lui, on est sensible à sa fragilité devant son incapacité à trouver des prises pour éviter de sombrer et, d'un autre côté, on le trouve pathétique dans son recours à l'autoappitoiement permanent ainsi que dans son aspiration au bonheur, aspiration travestie par le système pourri dans lequel il végète. Autant vous le dire, se glisser dans sa tête revient à pénétrer dans une antre de complexité renversante.



N'ayez crainte, on en ressort indemne.



Enfin, normalement...
Lien : http://bibliomanu.blogspot.com
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Le Frisson

Un thriller un peu ésotérique qui avait bien commencé et qui se termine de façon assez conventionnelle. L'idée est quand même un peu bizarre : récupérer le frisson de l'acte sexuel pour se régénérer et augmenter sa durée de vie. On se croirait dans un jeu vidéo...



On se servira pour cela des légendes celtiques et plus précisément de certaines pratiques des druides. Le cadre sera bien celui d'une ville de New-York où les rencontres fortuites peuvent se payer cher. Cette ambivalence de genre ne fonctionne pas toujours bien.



Cela reste un polar de bonne facture qui manque néanmoins d'originalité et qui se déverse dans une surenchère d'hémoglobines gratuites (tête coupée, corps démembré...). Graphiquement, le travail est bien réalisé avec des personnages au regard expressif. Cet album est le premier d'une collection baptisée "Dark night" pour les amateurs de polar. A surveiller!
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Petit joueur

Un bon moment passé avec Mickey Prada et son entourage dans un Brooklyn pittoresque. Ne tombant jamais dans la caricature ni du genre, ni des milieux sociaux évoqués, Jason Starr signe ici un excellent polar distrayant à souhait.



Point d'orgue de Petit joueur, la fin, véritable réussite, pousse le lecteur à une relecture des événements, induisant le doute sur certains points. Mais chut; je vous laisse le plaisir de le découvrir...
Lien : http://unlivresurmeslevres.b..
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Sombres desseins

Il s'agit d'un roman écrit à 2 mains par Ken Bruen et Jason Starr. On y retrouve bien la plume de Ken Bruen dont je suis fan.

Les dialogues sont toujours aussi truculents et plein d'humour, c'est un vrai délice.

Les personnages sont toujours aussi déglingos et dénués de tout sentiment ... Ça bute à tout va !!! A la fin, il ne reste pas beaucoup de survivants. L'histoire est complètement déjantée, ça va à 100 à l'heure, on tourne les pages sans jamais s'ennuyer.

C'est un roman policier bine noir mais assez léger et facile à lire. Et il faut le prendre pour ce qu'il est. Si vous recherchez de la profondeur, de la psychologie et des sentiments, il faut passer sa route.

Par contre, si vous voulez passer un bon moment, sans vous prendre la tête, et en vous fendant la gueule alors ce livre est fait pour vous. Bref du Ken Bruen pur jus, si on aime il ne faut pas passer à travers.
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Loser

Tommy, New-Yorkais de 32 ans, est videur dans un bar en attendant que sa carrière d'acteur démarre (le lecteur comprend assez vite qu'elle ne décollera jamais). Pourtant, il y croit dur comme fer, persuadé de son talent. Puis un jour, un type lui propose de s'associer avec d'autres participants afin d'acheter un cheval de course et se faire de l'argent. Seulement voilà, la mise de départ est plutôt élevée (10000 dollars) pour un mec qui claque tout son argent dans les courses. Pourtant, ce n'est pas ça qui va l'arrêter. Il envisage de dévaliser le coffre-fort du bar et va profiter de la gentillesse de son patron qui le considère comme son fils et son confident.



Si dans Harcelée, l'humour n'était jamais loin et le ridicule de certains personnages poussé à l'extrême, ici le roman est beaucoup plus sombre. Jason Starr distille une tension tout au long du roman et la fait monter crescendo. La lecture devient alors compulsive.



Jason Starr excelle dans la psychologie de son personnage, véritable raté, qui franchit "la ligne blanche" sans s'en rendre compte. Il en fait une proie facile dans ce New-York qui écrase les plus faibles. Un roman noir que j'ai vraiment eu plaisir à lire.
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Crise de panique

Adam Bloom, psychanalyste, vit dans une maison cossue avec sa femme Dana et leur fille de 22 ans, Marissa. Une nuit, deux cambrioleurs pénètrent dans leur propriété et Adam tue l'un d'eux dans un réflexe d'auto-défense. Harcelé par les médias, il redoute des représailles et assiste à la dégradation de sa relation de couple. Parallèlement, sa fille entame une idylle avec un homme mystérieux.

Jason Starr confirme ici son statut d'auteur majeur. Un auteur qui commence à avoir un lectorat assez fidèle. Il nous concocte ici une intrique classique mais très efficace, dans la grande tradition du roman noir américain. Même si par certain aspect il la dépoussière un peu, notamment avec son humour corrosif. Et comme à son habitude il maitrise parfaitement l'art du suspense et nous manipule avec celui de la tension psychologique. Un très bon polar noir et le portrait d’une Amérique en déliquescence .


Lien : https://collectifpolar.com/
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La ville piège

Un bon roman, agréable à lire. J'ai bien aimé le style de Jason Starr qui rend son récit vivant grâce notamment à ses nombreux dialogues. Deux bémols néanmoins : la façon dont les mésaventures de David commence ne m'a pas paru très crédible et la fin, surprenante mais trop sèche, est insuffisamment développée, ce qui laisse un goût d'inachevé. Il n'en reste pas moins un roman plaisant qui mérite le détour. 7,5 donc.
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Petit joueur

Les mésaventures d'un jeune italien dans le Brooklyn des années 80, mené en bateau par une bande de petits salopards malfaisants : notre brave Mickey va payer très cher ses désillusions, à l'issue d'un épisode initiatique d'une rudesse qui confine au sordide. Un petit roman bien mené, mais sans réelle envergure. Sur des thèmes très proches, Pelecanos et Price (Richard) on fait tellement plus puissant...
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Petit joueur

Attention, musique de fond : Le Parrain.



Tous les ingrédients sont là. Un petit gars de Brooklyn, les années 80, une poissonnerie, le nom de Mickey, un mec qui s'amène genre mafioso, des paris, des espoirs, des choix. Et si on se rend service, tout ça tout ça. Franchement, cela s'annonçait très bien, j'étais dans l'ambiance puisque j'avais mis la musique. J'avais aussi coupé le smartphone, internet, la totale. Et l'auteur décrit bien cette époque, même si en fin de compte, elle apparaît presque intemporelle. C'est fou. Les années 80 sont si proches mais elles paraissent presque archaïques quand on y pense. Les gens s'appelaient sur le fixe, par exemple et tout y paraît plus lent.



Mais je me disperse, car je me demande comment mes enfants verront ce livre. Mieux ou pas ? Personnellement, je ne pense pas qu'il vieillira mal et c'est sûrement un très bon point. Par contre, je ne pense pas que les gens pourront se situer dans ce livre car la toile de fond m'apparaît tout de même bien légère.





Un bon moment de détente.



Sisi, même si le livre est léger. Déjà parce qu'il n'a pas beaucoup de pages. Mais aussi parce que l'intrigue ne vaut pas non plus un truc énormissime, j'ai passé un très bon moment pendant ma pause déjeuner, comme l'impression de vivre d'un coup hors du temps. Tout simplement de faire une pause et c'était aussi le but recherché.



Mon seul regret au final, c'est un peu le fatalisme du roman. Non pas que je ne m'attendais pas à un roman noir. Mais j'ai pu deviner chaque mauvais tournant, ce qui m'a un peu gâché la surprise je dois dire. J'aurai aimé une petite prise de risque de l'auteur. Sûrement pour la prochaine fois.



Un grand merci pour les Editions Denoël pour la découverte.
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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Petit joueur

J'ai apprécié cette lecture tout d'abord pour son contexte et son époque. Etant une fan des Etats-Unis, la plongée dans le Brooklyn des années 80 m'a enchantée. Mais cette plongée n'a rien d'agréable, puisque il s'agit bien de suivre de près la descente aux enfers d'un antihéros par excellence. Car c'est la deuxième force de ce roman, la banalité du personnage de Mickey, qui pris au piège d'une vie difficile, veut juste s'en sortir. Alors je ne vous dirais pas s'il parvient à trouver le bonheur, mais suivre ce trajet de vie m'a fait traverser une cascade d'émotions. On passe de la tristesse, à l'espoir, du rire aux larmes en seulement quelques pages. Le style est très direct, sans fioritures , et colle vraiment à l'ambiance noire du roman . La galerie de personnages secondaires permet d'apporter de la profondeur au récit en abordant d'autres thèmes tels que le racisme dans une société américaine en pleine crise.



En bref une bonne découverte, que je vous conseille vivement !
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Le Frisson

Rhaaa, des morts violentes, du sexe et un soupçon de fantastique, voilà un vrai bon comic américain. Alors, pour vous détailler, le Frisson est le premier comic d'une nouvelle série intitulée "Dark Night". Cette série propose à des auteurs et dessinateurs de s'unir pour des projets originaux. Pour cet opus, Jason Starr, romancier américain, signe son premier scénario de comic. L'histoire est digne des meilleurs thrillers et la légende celtique imaginaire ne la fait pas plonger dans un délire fantastique. On reste scotché à ce scénario qui nous emmène toujours plus loin dans l'atrocité. Je reprocherai deux dernières pages à peine prévisibles. Heureusement, la ficelle n'apparaît que très tard.



Mick Bertilorenzi est italien et est plongé dans le comic depuis un moment. Ca se voit puisque son dessin rentre dans la ligne classique du comic américain en noir et blanc. Les traits sont francs, les effets sympathiques. Quant aux femmes, elles sont forcément sublimes, forcément pulpeuses, forcément diaboliques. Bref, le Frisson est un excellent thriller accrocheur, tendu et violent. Les amateurs d'histoires glauques teintées de fantastique trouveront largement leur compte. En espérant que les futurs opus de la série publiée par Delcourt soient à la hauteur.
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Sombres desseins

Apparemment Ken BRUEN n'est pas un auteur très connu en France, à voir le peu de lecteurs sur Babelio et la rareté des critiques de ses romans.

Et pourtant, cet écrivain irlandais vaut le détour, par son humour noir et déjanté, son style incisif et ses histoires bien troussées.

Ici, il s'agit d'un roman à deux voix puisqu'il le co-signe avec Jason STARR, auteur que je ne connais pas du tout, mais on y retrouve bien son style et son humour, donc un excellent moment de lecture distrayante.

Bien sûr, certains y trouveront des exagérations, trop d'hémoglobine et trop peu de sens moral, mais c'est ce qui fait tout le sel de ce polar !
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Loser

Les personnages que met en scène Jason Starr sont fascinants, de même que la lente mais inexorable déchéance qui les attend. Et autant dire que Loser - au sens tragique du terme - est à la fois un titre idéal pour ce roman, et aussi un parfait qualificatif pour les antihéros qu'affectionne tant l'auteur.



Quinze ans que Tommy Russo cumule les petits jobs insignifiants en attendant qu'un producteur repère ses talents de comédien. Mais après quelques rôles de figuration, les auditions se sont faites de plus en plus rares. Alors en attendant, Tommy travaille comme videur à l'O'Reilly's Bar, dont le patron le considère presque comme son fils. C'est sans doute pour ça qu'il a déjà accepté plusieurs fois de lui verser des avances sur son salaire, mais le problème c'est que ce n'est jamais assez, Tommy flambe tout dans les paris sportifs.

Alors quand une vieille connaissance lui propose de s'associer avec quatre autres parieurs pour acheter un cheval de course, Tommy sent que la chance lui sourit enfin. Seul problème : la mise de départ est de 10000 dollars. Tommy ne peut pas laisser passer l'occasion et pense alors au coffre-fort du bar, dont il a mémorisé la combinaison grâce à son étonnante mémoire visuelle...

Lui qui n'a jamais été un délinquant va alors faire un pas de côté qui finira par l'emmener bien loin de la frontière.



Si Tommy a certainement une existence médiocre, elle n'est pourtant pas misérable. Et le plus frappant est qu'il n'a pas forcément la poisse, mais qu'il fera systématiquement les mauvais choix.

Dans sa chute lente mais vertigineuse, plusieurs perches lui seront tendues mais il les ignorera toutes, s'enfonçant chaque fois un peu plus, gâchant sans s'en rendre compte à la fois toutes les belles occasions qui se présentent mais gâchant aussi tout - relations humaines ou professionnelles - ce qu'il a pu construire jusque-là. S'enfonçant dans un déni total, aveuglé par ses rêves de gloire, il perd pied. Sa lucidité sur les conséquences de ses actions semble s'effacer, un peu comme s'il sombrait lentement mais sûrement dans une espèce de réalité parallèle proche de la folie, jusqu'à l'irrémédiable.



Comme dans Mauvais karma, La Ville piège, Frères de Brooklyn ou encore Petit Joueur, Starr décrit avec une redoutable efficacité cette bascule, cet évènement déclencheur, aussi anodin soit-il, qui va précipiter ses personnages dans une engrenage fatal et agir sur eux comme un révélateur de leurs névroses et tendances sociopathes.

C'est cet implacable mécanisme de la chute et de la déchéance qui fascine le lecteur jusqu'à le saisir à la gorge. Et qui fait de Jason Starr le chroniqueur affûté de nos folies contemporaines.
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