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Will Conrad (Illustrateur)
EAN : 9781733499361
144 pages
Awa Comics (20/10/2020)
2/5   1 notes
Résumé :
A young Mexican couple narrowly escapes the Juarez Cartel by fleeing across the border into Texas, only to be run down in the desert by the Cartel’s most brutal thugs. Rescued by a mysterious local who takes them to the safety of his family’s ranch, the couple soon realize their hosts have more than just skeletons in their closet. Trapped in a house of horrors beyond their wildest imagination, the army of assassins on their trail might be the least of their problems... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Jason Starr, dessinés et encrés par Will Conrad, avec une mise en couleurs réalisée par Ivan Nunes. Il se termine avec une postface de deux pages du scénariste, et une illustration en pleine page de Mike Deodato junior. La couverture a été réalisée par Tim Bradstreet.

À Juárez au Mexique dans un pavillon en banlieue, trois couples d'amis discutent de la situation. Eduardo, professeur assistant en sociologie, évoque son dernier cours avec ses étudiants : son intervention sur le fait de vivre dans la peur constante du crime organisé, sur la nécessité de dénoncer les crimes. Sa conjointe Karina Santiago a d'ailleurs déposé un témoignage sur une malversation dont elle a été témoin. La conversation évolue vers le fait que les hommes ne respectent pas toujours la parole des femmes. Un coup est frappé à la porte. La maîtresse de maison va ouvrir et se trouve nez à nez avec deux individus armés de fusils automatiques. Ils ouvrent le feu, tuant net deux invités, puis le plus jeune se lance aux trousses de Karina. Eduardo tue César d'un coup de couteau dans la nuque. Dans sa somptueuse villa, Javier Jefe, allongé dans son lit, profite d'un massage par une jeune femme en string, tout en se plaignant qu'elle n'est pas très douée. Sa séance de relaxation est interrompue par un de ses hommes de mains qui vient l'avertir que le raid a échoué : son neveu César y a trouvé la mort, et Karina est parvenue à s'enfuir avec Eduardo. Jefe indique à la prostituée qu'elle peut repartir à Guadalajara, et exige qu'on lui amène Manny, celui accompagnait César.

Eduardo et Karina se sont enfuis avec leur voiture. Ils se rendent bien compte que leurs options sont comptées. Il faut qu'ils abandonnent leur véhicule pour ne pas être repérés, et qu'il ne leur reste qu'à traverser la frontière à pied pour trouver refuge aux États-Unis. Eduardo a du mal à se remettre du fait qu'il ait tué un homme. Jefe est en train d'interroger Manny : ce dernier est agenouillé par terre, les mains liées dans le dos, et le pistolet de Jefe braqué directement sur son front. Il l'abat froidement devant ses hommes de main. L'un d'eux indique que la voiture des fuyards a été retrouvée à proximité de Socorro. Karina et Eduardo continuent de marcher. Ils n'ont plus de réseau, mais elle a pu télécharger une page de conseil pour traverser la frontière. le meilleur moment est avant l'aube. Au milieu de nulle part, ils tombent sur Tito un adolescent qui leur donne des conseils pour réussir à traverser. Après une discussion délicate, ils finissent par se décider pour le suivre. Afin de diminuer son stress, Tito s'est roulé un petit joint, et il en propose une bouffée à Eduardo qui accepte bien qu'il n'en ait pas l'habitude. Ils finissent par arriver devant un barrage mobile routier, sans aucun policier. Ça ne s'annonce pas bien compliqué de traverser la frontière.

La scène d'introduction commence par une discussion évoquant la qualification de Juárez comme ville avec le plus haut taux de criminalité du monde, ainsi qu'une forme de machisme larvé et bien réel, mais sans vraiment rien développer, en restant au niveau de gentilles généralités. le premier meurtre survient brutalement dès la page 3, indiquant que le récit se situe plutôt dans le genre thriller & action, que chronique sociale réaliste. Effectivement, le scénariste utilise ensuite des conventions de ces deux genres pour une intrigue rapide, sans chercher à approfondir ces personnages, ou les thèmes évoqués. le lecteur s'accroche et attend de voir ce que le couple en fuite va devoir affronter. Une fois la frontière passée avec perte et fracas (6 morts), ils sont recueillis par une famille texane dans un ranch qui leur offre l'hospitalité pour leur donner le temps de se remettre avant de repartir. Pendant ce temps-là, Javier Jefe continue de progresser pour les rattraper, tout en marquant chaque étape d'une ou deux exécutions sommaires pour bien rappeler qui est le chef, et quel est le prix de l'échec. La suite contient encore un interrogatoire particulièrement éprouvant, ainsi que plusieurs morts brutales et soudaines.

Will Conrad est un artiste qui a travaillé pour Marvel et pour DC Comics. le lecteur note une certaine filiation avec Mike Deodato junior, les cadrages penchés et les éclatements de cases en moins. Il réalise ses dessins dans un registre descriptif et réaliste, avec un niveau de détails élevé, ainsi que des décors présents dans 90% des cases. le lecteur éprouve alors une impression de reportage, pouvant suivre des êtres humains plausibles dans des lieux finement représentés. Dès la première page, le lecteur est impressionné : une vue en extérieur du pavillon, de sa pelouse, de l'allée où est garée la voiture, du mur de clôture, des pavillons voisins, avec un éclairage rendant bien compte de la nuit tombante et des sources d'éclairage artificiel. Puis on passe à l'intérieur, et le lecteur peut voir la table mise, les modèles de chaise, le tableau accroché au mur. Il peut en déduire le niveau de revenu des hôtes, ainsi que leur goût en matière d'aménagement. Il peut ensuite comparer cet aménagement avec celui de la chambre à coucher de Jefe qui est plus clinquant. Eduardo et Karina passant un certain temps chez leurs hôtes texans, le lecteur les accompagne d'une pièce à l'autre : la salle à manger spacieuse et simple, la chambre également spacieuse et confortable, la véranda avec son banc en bois, les différents bâtiments du corps de ranch, le bureau de Raymond Colby Benson le troisième avec son tableau représentant le siège de Fort Alamo (1836), la cuisine, le sous-sol.

L'artiste doit également rendre visuellement plausible le passage clandestin de la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Il commence par montrer Karina et Eduardo, chacun avec leur sac à dos, marcher dans une zone désertique, un peu au petit bonheur, droit devant eux. Il retranscrit bien la nature désertique et sauvage, sans aucune habitation ou aucun être humain à des kilomètres à la ronde. Conformément au scénario, il représente une route avec un simple barrage à base de croix et de fils barbelés. Pourquoi pas ? En fonction de son état d'esprit, le lecteur accepte plus ou moins facilement ce moment clé de l'histoire. Quel est le degré de probabilité de l'existence d'un point de passage aussi facile, sans garde ? Cette frontière mesure 3.150 kilomètres et il y a vraisemblablement des zones aussi désertiques ; d'un autre côté, les épreuves surmontées par les immigrants clandestins semblent indiquer que ladite frontière est difficilement franchissable. En fonction de sa volonté à consentir plus ou moins de sa suspension consentie d'incrédulité, le lecteur accepte plus ou moins facilement cette scène. Dans tous les cas, cela l'amène à reconsidérer la nature du récit, et à y voir plus un récit de genre qu'autre chose.

Ce récit ne constitue donc pas un commentaire sur l'émigration mexicaine aux États-Unis, ni sur le taux de criminalité de Juárez, ni sur une forme latente de misogynie. Les discussions entre Karina et Eduardo prennent parfois la forme de prises de bec, mais là encore, le scénariste reste au niveau de chamailleries qui ne donnent pas une idée de l'intimité des interlocuteurs, ni la profondeur de leur relation. Karina se plaint que son conjoint ne l'écoute pas, ne prenne pas en compte ses idées, comme si le fait d'être un homme rendait d'office ses propositions plus pertinentes. Elle le remet à sa place, mais de manière machinale, sans grande conviction, ce qui conduit le lecteur à en faire de même, en se disant que ces dialogues sont de pure forme. du coup, il reporte son attention sur l'intrigue. Jason Starr joue d'abord sur la question de savoir si le couple parviendra à traverser la frontière, puis sur la réalité de l'accueil de la famille Benson. le franchissement de la frontière s'avère donc beaucoup plus simple que prévu, une vraie passoire, peut-être un peu organisée. La famille Benson se montre très prévenante, offrant gîte et couvert, par pure bonté d'âme. le couple note bien quelques détails bizarres, comme les remarques racistes du plus jeune frère, le caractère bourru du père, le goût très étrange des chimichangas servis par la mère. À partir de là, soit le lecteur n'a jamais lu d'histoire de ce genre, et il se laisse porter par la découverte d'une intrigue bien glauque. Soit il en a déjà lu de vaguement avoisinantes et il a du mal à croire le caractère prévisible de celle-ci ainsi que son manque d'originalité. Il n'arrive pas non plus à croire que le scénariste puisse lui-même croire au suspense en toc qu'il met en oeuvre.

Une histoire qui démarre bien avec une narration visuelle très soignée dans un registre réaliste et descriptif permettant au lecteur de se projeter dans chaque endroit, de croire en ces personnages plausibles, et de les accompagner dans la zone désertique proche de la frontière entre le Mexique et la États-Unis, ainsi que lors de leur séjour dans le ranch d'un famille texane accueillante. Rapidement, le lecteur se demande si le scénariste compte vraiment sur le fait qu'il va croire ce qu'il lui raconte, et va accrocher au suspense de l'intrigue. Plus il avance dans l'histoire, plus il se rend compte que l'intrigue manque d'originalité et de profondeur.
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